vendredi 18 janvier 2013

Les paysans au Moyen Age.

Les paysans au Moyen Âge

Les mots suivis d'un * ont leur définition dans le glossaire .

Les débuts

Pour développer l'agriculture, il faut tout d'abord préparer le terrain autant que les hommes :
- défricher (par le feu, la hache) les forêts
- emblaver*
- se sédentariser pour surveiller et protéger la croissance des cultures et assurer la récolte.
Les hameaux se bâtissent et s'agrandissent au centre des terrains gagnés sur la forêt.
Entre 1050 et 1150 les seigneurs poussent les paysans à défricher pour augmenter la production agricole. Cette période s'achève au XIII° siècle. Les villages qui naissent ont pour nom : Neubourg (le nouveau bourg), Les Essarts (du verbe essarter* ). Dans le sud de la France on appelle bastides ces nouveaux habitats créés au XIII°s ou après la guerre de Cent Ans.
Après le défrichage, les troncs d'arbres abattus ne servent pas à construire le nouveau village. Le bois vaut cher, le seigneur le vendra.
Les défriches trop nombreuses et incontrôlées causent des catastrophes : glissements de terrain, inondations en chaîne, maisons emportées, bourgs et villages submergés.
Le système de défrichement de l'époque se fait d'abord et très souvent par le feu, qui laisse un sol très sensible à l'érosion.
Le plus souvent, beaucoup de forêts - et pas toujours celles qui sont susceptibles d'être défrichées - servent toute l'année à faire pâturer les troupeaux : le sol, dépouillé de toute petite végétation (celle qui retient l'eau en surface), part à chaque grosse pluie.
Les pouvoirs royaux ou régionaux furent contraints d'établir des lois et des règlements partout où cela se révéla nécessaire pour limiter les dégâts.

Les outils

L'araire : charrue de bois dépourvue de roues. Elle creuse des sillons sans retourner la terre. Elle est efficace sur les sols légers mais insuffisante pour les terres humides, argileuses du nord.
Plus tardif : la charrue.
Pour que le grain germe bien, il faut apporter de l'oxygène à l'intérieur du sol et seule la charrue à versoir aère la terre en profondeur. C'est un outil coûteux qui contient du fer et nécessite la force un animal de trait. La charrue comporte trois outils :
- le coutre (couteau qui coupe la terre verticalement)
- le soc (coupe horizontalement en profondeur)
- le versoir (retourne la terre coupée sur le côté).
La herse
La houe
La faucille

Les techniques agricoles

Les rendements sont généralement de 1 pour 2. On calcule que en général 1 à 1,5 ha étaient nécessaires pour subvenir aux principaux besoins d'une personne. Dans les meilleures périodes (fin du Moyen Age plutôt) le rendement passa à 1 pour 5.
Assolement triennal :
1° année : céréales d'hivers
2° année : céréales de printemps
3° année : jachère
Cheptel peu développé => peu de fumier
Travaux en fonction des saisons
Hiver
La terre gelée est au repos et les paysans se font bûcherons ou artisans.
Le bois sert à tout : à la construction, à la cuisine et au chauffage, à fabriquer des charrettes et des outils (râteaux, herses, fourches).
Sont aussi confectionnés des paniers, est tanné le cuir pour les chaussures et les harnais. Si le seigneur est un abbé, il demandera des peaux de moutons pour ses parchemins.
Printemps
[le printemps est aussi la période des disettes lorsque la moisson précédente a été maigre et que la nouvelle récolte tarde à venir.]
C'est le moment des labours (dès que la terre est dégelée) puis des semailles.
La fin de l'hiver est le moment de tailler la vigne. Elle est cultivée dans le nord de la France, en Angleterre et aux Pays Bas jusqu'au XIV° siècle.
Entre avril et juin a lieu la tonte des moutons.
Eté
C'est le foin que l'on fauche en premier, puis vient la moisson.
Les épis sont coupés à la faucille. Les tiges sont laissées sur place pour servir de pâture. Les chaumes seront brûlés afin de fertiliser la terre.La récolte des épis est déposée sur l'aire puis battue au fléau ou piétinée par les mulets. Pendant les mois suivants, le grain sera moulu en fonction des besoins.
Automne
En octobre la terre est travaillée à nouveau pour recevoir les semailles d'hiver qui germeront au printemps suivant.
C'est aussi le temps de la vendange.
A l'automne la forêt donne ses fruits : miel, glands pour engraisser les porcs, noisettes, châtaignes (dont on fait une farine qui remplace le blé pour les plus pauvres).
Dans les clairières on fabrique le charbon de bois.
Polycultures de céréales : seigle, blé, avoine, orge, millets.
Les céréales sont complétées dans l'alimentation par quelques légumineuses : fèves, pois, lentilles.
Dans les forêts on récolte pour le bétail autant que pour les hommes : glands, faînes, merises, pommes sauvages, nèfles, fruits de l'aubépine, cynorhodons, noisettes, prunelles, framboises, mures, fraises.
Le milleperthuis ou la marjolaine peuvent servir de condiment ou de remèdes.
Elevage : le porc est l'animal prédominant car il donne plus de viande par rapport à son poids. Tout se mange et sa chair grasse se conserve bien.
Des croisades, certains seigneurs ramènent les principes de l'irrigation. Ce qui fonctionne sous un soleil impitoyable et pour une terre aride fera des merveilles dans un climat plus tempéré.
La majorité de la main-d'oeuvre est louée. Manouvriers, gens de peine, sont embauchés suivant les travaux et les saisons. Leur recrutement se fait dans les régions proches des domaines. On trouve : laboureurs, faucheurs, moissonneurs, bergers, bûcherons.
Le fumier est l'un des seuls fertilisants que l'on connaisse à cette époque. Il est si précieux que l'abbé de Saint Denis demande à ses paysans - entre autres redevances - des pots de fientes de pigeons.
On ne peut pas augmenter les troupeaux pour avoir plus de fumier. Nourrir du bétail nécessite des pâturages et toute la surface de la terre sert aux céréales destinées aux hommes. De plus, boeufs et moutons mangent du foin pendant l'hiver . Mais ce fourrage est une denrée de luxe réservée aux chevaux des seigneurs.
Le cheval est un animal noble. il vaut trop cher en général pour tirer la charrue. Jusqu'à la fin du Moyen Age ce sont les boeufs que l'on attelle. Dans les régions pauvres c'est l'homme qui pousse l'araire.

Corvées, taxes et impots

Le seigneur fait payer cher sa protection, d'abord sous forme de corvées :
- curer les fossés,
- empierrer les chemins
- rentrer du bois,
- rentrer du fourrage...
Puis à mesure que l'argent circule mieux, les corvées sont remplacées par les redevances* :
- la taille (sert à payer la protection du seigneur). Elle apparaît après 1050. C'est un impôt direct. A partir du XIV° siècle, la taille devient un impôt royal.
- Les aides (taxes sur le transport des marchandises)
- le cens et le champart (forment le loyer de la terre). Pour avoir le droit de s'installer et de vivre sur la terre d'un seigneur, le paysan paie deux sortes de redevances. Le cens qui est fixe et le champart, calculé en fonction de la récolte ; plus celle-ci est bonne, plus le paysan paie cher.
Les banalités : Ces taxes liées au droit de ban que détient le seigneur étaient si fréquentes qu'elles ont donné le mot "banal" dans notre langage d'aujourd'hui.
Ces banalités coûtent chers aux paysans qui doivent payer un droit pour utiliser le moulin, le pressoir et le four à pain que le seigneur a fait construire et que lui seul a les moyens d'entretenir.
Les serfs doivent payer des impôts particuliers :
- la mainmorte au moment d'un héritage
- le formariage pour se marier à l'extérieur de la seigneurie.

La vie quotidienne

La moitié des enfants meurent en bas âge et rares sont les vieillards de plus de 40 ans.
Le pain est la base de l'alimentation.

Différents paysans

Au XII° siècle la plupart des paysans travaillent sur les terres d'un seigneur et sont locataires de parcelles (tenures* ). Ces paysans sont des hommes libres. Leurs parents où leurs aïeux se sont engagés par un bail, mais il dure parfois plusieurs vies. En théorie ils peuvent partir travailler la terre d'un autre seigneur. En réalité, ils restent par besoin de sécurité.
Seuls les serfs sont attachés à une terre, un maître. Mais ils ne sont pas non plus des esclaves. Ils peuvent vivre en famille et posséder quelques biens. Les serfs exploitent une partie du domaine que le seigneur garde pour lui : la réserve.
Les serfs doivent payer des impôts particuliers comme la mainmorte au moment d'un héritage et le formariage pour se marier à l'extérieur de la seigneurie.
A partir du XII° siècle de nombreux seigneurs affranchissent leurs serfs, préférant employer des salariés ou louer leur réserve à des fermiers (paysans qui paient un fermage, une sorte de loyer en argent, pouvant valoir un tiers ou même la moitié des récoltes).
Au cours des siècles, certains fermiers réussissent à s'enrichir. A la fin du Moyen Age ils forment la classe des laboureurs, qui possèdent une paire de boeufs ou un cheval et un attelage. Rien à voir avec les pauvres manouvriers qui n'ont que leurs bras.

Le seigneur et ses paysans

Dans les guerres, les paysans sont les premières victimes. Les adversaires veulent faire table rase de tout ce qui appartient à l'ennemi : récoltes et manants compris. Puis, il y a le pillage.
Le seigneur qui, seulement occupé par les plaisirs de la chasse, piétine et détruit sans scrupules les récoltes des paysans a existé. Ce n'est pas une exagération des livres d'histoire. Des chroniqueurs de l'époque rapportent ces faits. Louis XI même condamna sévèrement cette pratique.
Mais un tel comportement n'est pas systématique. Beaucoup de petits seigneurs, souvent ruinés eux aussi par la guerre, tirent la plus grande de leurs revenus des terres qu'ils possèdent. Elles sont exploitées par des serfs ou des manouvriers, ou cédées en fermage sous forme de tenure*. Mais toutes sans exception, doivent en fin d'année, par le jeu des redevances diverses, en nature ou en argent, leur rapporter de quoi vivre.
Le seigneur a souvent mieux à faire que de s'occuper de ses domaines. Il confie cette tâche à un intendant qui surveille les travaux agricoles et lève les impôts.
Mais si le seigneur est le plus fort parce qu'il possède les armes et le donjon, il ne peut pas faire n'importe quoi. Il est tenu par la coutume. Elle définit les droits et les devoirs de chacun. Transmise oralement par les anciens, elle est écrite à partir du XII° siècle.

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