lundi 6 mai 2013

(suite) La fin des templiers par Rudy Cambier.

Yves fait part de son diagnostic au philosophe et lui expose que quelqu'un doit mettre Éliabel au courant de son état. Le Philosophe refuse catégoriquement et Yves se charge de la difficile mission. Éliabel sait maintenant ce qui l'attend. Yves tente de la consoler en lui parlant religion : échec. Désespoir d'Éliabel, puis elle s'en prend à Dieu, puis elle agresse verbalement le père Yves. Et elle parvient à l'acculer, lui : il finit par lâcher son secret : c'est l'histoire de la bataille des Éperons d’or, de la fin des Templiers et de la mise en sécurité du trésor de l'Ordre du Temple. Que faire pour diminuer la désespérance sinon placer son espoir dans l'impossible ? On n'a pas tout essayé ! C'est pourquoi Yves propose à Éliabel de rencontrer Paulus le Sage. La rencontre d'Yves et de Paulus commence par une courte comédie volontairement grinçante et volontairement placée en porte à faux dans un climat général de drame. Paulus le Sage ne se montre pas plus costaud qu'Yves pour dire l'inéluctable à la jeune fille. Ils vont tenter un truc fou. Aujourd'hui, en 1328, c'est sûr, personne ne peut guérir la phtisie, mais ils sont persuadés que la médecine va faire de grands progrès. Trouver le remède est une question d'années, disons au pire une décennie. Ou deux si les chercheurs ont de la malchance. Yves incite Paulus à utiliser son philtre transtemporel expérimental. Discussion entre Yves et Paulus : le philtre a-t-il déjà fait ses preuves ? Non. A-t-il fait l'objet d'expériences sur l'animal ? Oui. Peut-on garantir qu'il est inoffensif ? Certainement pas et même loin de là : le cobaye a de bonnes chances d'en trépasser. Peut-on viser juste le moment opportun ? On ne peut même pas y songer : il faudrait non seulement pouvoir régler la longueur du saut mais aussi connaître l'avenir. Tout sera une question de chance. Cependant les deux compères tombent d'accord pour tenter le déraisonnable car, foin de la soi-disant éthique médicale, même si les chances sont très très minces, il vaut mieux qu'Éliabel meure maintenant mais ses derniers moments éclairés par la lueur de l'espoir, plutôt que vivre un peu plus mais dans la noirceur du désespoir. L'insupportable n'est pas seulement la mort, c'est aussi l'attente de la mort certaine. Seconde comédie. Qui va partir pour le grand voyage ? Les jeunes ne peuvent y aller seuls, ils ont besoin d'un soutien. Julien demande à Yves : il est trop vieux. À Paulus : il lui reste tant de choses à faire. À Trimard : mais on ne l'a pas regardé : vêtu de haillons, hirsute et laid, loin de les aider, il leur nuirait plus qu'autre chose. Au Philosophe : on lui a fait trop de mal, il est usé, or partir avec eux c'est se recréer un espoir et il ne se sent plus la force d'espérer à nouveau. Reste Frère Sidoine qui s'y résout en grognant. Paulus expédie donc le frère lai et les deux jeunes quelque part dans le futur. Après leur avoir remis un antidote qui doit théoriquement leur assurer le retour. Le trio du 14ème siècle se pointe au 16ème siècle, hiatus qui nous offre un fabuleux prétexte à quiproquo et anachronismes. Tout à fait par hasard ils tombent sur Nostradamus qui séjourne à Cambron car, s'ils ont changé de moment, ils n'ont pas changé de place. Frère Sidoine va entreprendre la démolition systématique du mythe du Grand Prophète en montrant qui est Michel Nostredame. Cette comédie est un match de catch entre un Provençal vantard et un paysan picard madré, mais contrairement à ce que le public attendra, en finale, Nostradamus n’en sortira pas totalement détruit : Frère Sidoine vainqueur aux points. Tout le rôle de Nostradamus sera construit sur La Ronde des Jurons de Georges Brassens, scandée comme en écho par le "oufti !" de Frère Sidoine. Et tant que nous y sommes, pourquoi ne pas faire voisiner Brassens avec du "comique troupier" ? Le diagnostic du maître suivra presque pas à pas, sans les longueurs outrancières, le premier couplet de la chanson d’Ouvrard Je n’suis pas bien portant (J’ai la rate qui s’dilate, j’ai le foie etc. …). Reprenons le fil de l'histoire : Quand Frère Sidoine se manifeste, Nostradamus vient de mettre la main sur le manuscrit des Centuries, le poème énigmatique d'Yves de Lessines qui raconte la fin de l'Ordre du Temple. Il déchiffre difficultueusement le texte auquel il ne comprend rien, mais parce que les verbes sont employés au futur il est persuadé d'avoir mis la main sur des prophéties et il a résolu d'en faire de l'argent. Frère Sidoine questionne ce drôle de personnage et apprend qu'il est médecin. Est-il bon médecin ? Nostradamus revendique le titre de meilleur médecin du monde. Il prétend même connaître tout ce que les médecins ne découvriront que dans des centaines d'années. Pourrait-il soigner Éliabel ? À coup sûr ! Non seulement la soigner mais la guérir promptement, pourvu qu'on le paye grassement. Et là, il révèle son vrai talent de médecin : il se trompe dans son diagnostic et sa thérapeutique n'est autre chose qu'une babelutte. Démasqué comme charlatan, Nostradamus quitte Cambron, non sans emporter son précieux butin : le manuscrit des Centuries qu'il publiera comme si c'étaient ses prophéties à lui. Le voyage dans le temps, qui avait pour but la guérison d'Éliabel, se solde par un échec. Le fait de naître en un lieu donné à un moment précis nous grève d'une destinée, c'est-à-dire d'une vie que nous sommes tenus d'accomplir dans son entièreté et toute tentative de fuite – dans l'espace ou dans le temps – est un refus d'accomplir son devoir. Que faire ? S'asseoir ici et attendre Dieu sait quoi sinon la mort ? Éliabel souhaite retourner mourir dans la maison paternelle : la mort est moins rude quand elle vient nous prendre dans le lieu qui nous a vus naître. On décide d'avaler les antidotes préparés par Paulus le Sage. (à suivre).

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