mercredi 19 juin 2013

(suite) La fin des Templiers par Rudy Cambier.

(suite) La fin des Templiers par Rudy Cambier. Scène 7 *** Albert Julien ! Julien Oui, Pa. Albert Julien tu me mets dans l'embarras. Julien (Silence.) Albert Julien … je suis bien embêté. Tu sais que ta mère me tanne le cuir. Julien ne répond jamais Où en es-tu avec cette histoire ? Ça fait du remue-ménage, mais il faut bien que les gens babillent. Tu peux te contrefiche de l'opinion dite publique qui vaut beaucoup moins que les filles du même nom, mais il y a ta mère qui elle, n'est pas une puissance négligeable. Il me plairait assez que tu l'envoies paître, mais ce ne sera pas un détail dans votre histoire d'amour. Quelles sont tes intentions ? Ce qui enrage ta mère n'est pas que tu fasses des frasques, c'est que tu ne deviennes pas curé. Note qu'elle pourrait s'en consoler si nuptialement tu visais très haut, mais toi, tout ce que tu trouves à lui ramener en guise de bru, c'est la fille du Philosophe ! Est-ce que vous avez des projets précis ? Mais comment pourrais-je t'aider si tu restes là buté comme un crapaud sous une betterave ? Et elle, cette demoiselle, pourquoi t'a-t-elle choisi, toi ? T'es-tu seulement posé la question ? Elle dit sûrement qu'elle t'aime mais n'y a-t-il pas du calcul là derrière ? Bien sûr, tu la crois, tu flottes sur un petit nuage, le Soleil brille plus fort. On est tous pareils à ton âge : on se dit "Je l'aime, donc elle m'aime, je l'épouse comme ça elle sera à moi et à personne d'autre et ça durera toujours". Les jeunes, ça s'enflamme aussi vite que de la poussière de paille dans une grange, et ça se termine de même : par une catastrophe. J'imagine que tu seras logé chez ton beau-père. La mère comment va-t-elle s'accommoder de sa fille en puissance d'époux ? Et celle-là en plus, comme toute femme adultère, elle est avide. Elle lorgne le bien de son mari et chaque soir, elle s'endort en espérant être veuve au matin. Tu verras : s'il arrive malheur au Philosophe, la mère et la fille s'entrebattront à mort pour l’héritage. Laquelle des deux gagnera ? Et puis, as-tu vu la mère ? Tu as regardé sa mère ? Si tu veux savoir comment sera une femme dans quinze ans, regarde sa mère. Regarde donc ta future belle-mère : une démarche de laboureuse, un nez de vigneronne, des dents de canassonne, un cul de percheronne, je m'arrête là dans le portrait, et tout ça mis à la disposition d'un escadron d'usagers : c'est abondant, autant que ça serve ! Voilà ce qui t'attend, mon fils Voilà ton avenir : telle mère, telle fille. Julien vient se planter devant son père, le défie du regard, puis méchant et sans crier : Julien Il y a une chose que tu ne peux pas imaginer : même comme ça, je l'aimerais. Même quand elle sera comme ça, si elle m'aime encore, je l'aimerai. Parce que toi qui sais tout, il y a une chose que tu ignores, c'est que la beauté d'une femme est dans l'œil qui la regarde. Mais je retiens que tu as sali la femme que j'aime. Albert Mais non je ne salis personne et tu aimes qui tu veux. J'essaye de t'ouvrir les yeux. As-tu seulement bien réfléchi ? Julien Réfléchi ? L'amour qui soupèse et calcule n'est pas l'amour. En amour, celui qui doit réfléchir n'aime pas. Je ne voudrais jamais d'une femme qui doit réfléchir pour savoir si elle m'aime oui ou non. L’amour fonce tout droit et il ne se cache jamais. S’il calcule, s’il se cache, c’est du cul ou c’est de l’intérêt, c’est pas de l’amour. Albert Bah bah ! L'amour est une fièvre de mars qui ne dure jamais plus que la saison des giboulées et la joie du couple nouveau-né est une fontaine bien vite tarie dans le désert de l'ennui. La vie quotidienne, mon garçon, est une procession de jours gris. Avant d’engager vraiment ton cœur, sache bien que le seul moyen pour qu'un ménage tienne en restant digne, c'est de faire la paire au quotidien. Julien Je l'aime. Je ne me suis donc pas demandé si nous faisions la paire ou la triplée puisque nous ferons un. Albert En tous cas, on dirait bien que cette fille t'a éveillé et c'est une bonne chose. Je vois que tu t'accroches à elle et je te donne raison : je sais que c'est une fille de valeur. Je dirai à ta mère que tu n'as pas cédé. Et quoi qu'il puisse m'en coûter, je te laisserai vivre ta vie comme tu l'entends. Sache seulement que de toutes mes forces et de toute mon âme je voudrais que vous soyez heureux. ° ° ° ° ° (à suivre).

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