lundi 3 décembre 2012

Reliquaire du Saint-Sang
LE MIRACLE DU SAINT-SANG A BOIS-SEIGNEUR-ISAAC Parmi les multiples reliques et signes qui confortent, encore souvent, la foi du monde chrétien, - ossements de saints, morceaux de la Sainte-Croix, linceuls et autres restes matériels que l’on propose avec gravité à la prière des croyants -, il en est un qui attire spécialement l’attention : le sang du Christ. L’auteur de ces lignes n’y accorde pas une importance particulière sur le plan théologal, mais il lui faut bien admettre que ces reliques et signes font partie de la réflexion métaphysique de l’être humain, et, à ce titre, même peut-être un peu dévalués sur le plan philosophique ou intellectuel, ces reliques, ces signes, ce sang du Christ, méritent mieux que le simple dédain. En Belgique, on connaît quelques histoires ou légendes d’hosties qui, mordues par quelque mécréant, se mettent à restituer… le sang du Christ. Tous les Belges ont entendu cela un jour ou l’autre, historiettes généralement invérifiables que l’on retrouve d’ailleurs dans beaucoup de pays du monde chrétien. Ces historiettes pourraient bien ressembler à ce que nous nommons, de nos jours, des « légendes urbaines », ou, sur la Toile, des « hoax ». On mord dans l’hostie comme on mord dans un bifteck, et voilà que l’hostie, comme le bifteck, saigne. Miracle ! On en pensera ce que l’on voudra. Et de toute façon, les voies du Saigneur (sic) sont dites impénétrables. Heureusement d’ailleurs… Bref, le sang du Christ a, depuis longtemps, enflammé l’imagination des Chrétiens. Depuis les Evangiles, l’on sait que Jésus, un beau soir, bénit une quelconque vinasse et dit ensuite à ses disciples : « Buvez, ceci est mon sang ». Très peu de temps après, le gaillard se retrouve sur une croix romaine, souffrant mille maux, désespéré presque, hurlant à son géniteur céleste : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Un centurion romain, un certain Longinus, finit par le faire taire : il lui donne un coup de lance dans le flanc, qui met un terme au supplice. Le sang du Christ jaillit. On dit que ce sang sortant du cœur du Christ fut recueilli dans une coupe, laquelle coupe devint, dans les légendes ultérieures, le Saint-Graal. Le Saint-Graal, le mythe, l’obsession, des légendes du cycle arthurien, j’ai nommé l’affaire des Chevaliers de la Table Ronde, Lancelot, Perceval, le roi Arthur, Merlin l’Enchanteur, et tutti quanti. Bref et rebref, le sang du Christ devient une sorte de symbole du Christianisme même, de son message de régénération, de renaissance, de force. Le Christ est mort sur la Croix mais il est ressuscité, donc son sang – qui peut le plus peut le moins – est un symbole de régénérescence, et, dirons même certains, de vie éternelle. Le Christ a bien réussi sa mission. Il donne l’Espoir. Ce n’est pas rien. On me dira que la légende du dieu Mithra –autre apporteur d’espoir et grand concurrent du Christ en ces vieilles époques - fait aussi appel au don du sang, mais… mais… le sang du Christ vaut nettement plus que le sang d’un taureau, convenons-en. Inutile de s’expliquer là-dessus, chacun comprendra la nuance. Et, de fil en aiguille, ce mythe du sang christique n’arrête plus de hanter l’imaginaire chrétien. Le Saint-Graal, les hosties, etc, etc. Jusqu’au moment ou de petites histoires, de petits miracles courants en ces temps-là, deviennent des « points de fixations », qui s’amplifient, qui drainent des foules, qui mettent souvent le Vatican dans l’embarras, celui-ci devant bien statuer, à la longue, sur ce qui est miracle ou ce qui ne l’est pas. En Belgique, à part quelques hosties mâchonnées hâtivement de ci de là, il n’y a que deux lieux où l’on vénère – mais à sa juste valeur… et qui suis-je pour en parler ? -, le sang du Christ. A Bruges d’abord. J’en parle dans mon article « Les Templiers de Bruges ». Et ensuite, à Bois-Seigneur-Isaac, c’est le propos du présent article. Le 5 juin de l’an 1405, à la suite d’une série d’apparitions du Christ, une hostie laisse s’écouler du sang… Des miracles s’ensuivent, le mythe du « précieux sang » se répand, attire les foules. Des processions sont organisées. Le nouveau lieu saint devient lieu de pèlerinage. Il n’est pas dans mon propos de confirmer ou d’infirmer ces faits. Après tout, « que chacun se fasse sa religion »… Mais la croyance qui se développe là, fût-elle un simple « événement sociologique », met à nouveau en avant cette tendance, ce besoin qu’a l’être humain de rattacher sa vie à une transcendance, à quelque chose qui le dépasse. A ce titre, l’histoire du Miracle du Saint-Sang de Bois-Seigneur-Isaac mérite l’attention, quelle que soit la signification qu’on veuille bien lui donner. Bois-Seigneur-Isaac est une petite localité du Brabant dit wallon, proche de Nivelles. Le lieu qui actuellement constitue le réceptacle symbolique « d’un certain miracle du sang du Christ » en 1405, est l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac, monastère de Saint-Charbel , située rue A. De Moor n° 2 à 1421 Ophain- Bois-Seigneur Isaac. Après avoir été augustinienne puis prémontrée, cette abbaye est actuellement (en 2012) le lieu de méditation et de prière de moines chrétiens d’Orient, maronites libanais pour tout dire. Je vous renvoie maintenant à un texte de 1706 (dans sa réédition de 1739), à lire ci-dessous, baignant dans la religiosité certes un peu « passée de mode » de ce temps-là, mais qui ne saurait mieux décrire cette ambiance chrétienne « totale » que nous ne connaissons plus et qui fait néanmoins partie de nos racines. Cette histoire invite-t-elle à la prière ou au doute philosophique ? A ce sujet, je joue mon joker. Charles Saint-André

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