Créé pour vous présenter mon dernier livre,je vous présente 4500 articles sur le thème de mon livre :les Templiers,des sujets ésotériques,des textes rosicrusiens,les mérovingiens, saint-Graal,Nostradamus,Mary Magdalene.Le Baphomet et le Tau, Château de Saumur,la femme dans l'histoire templière. Trésor templier.Histoires, légendes de Belgique,de France et d'Europe et Celtiques. La spiritualité. Développement personnel.
jeudi 11 octobre 2012
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mercredi 10 octobre 2012
Préface de LA GARDIENNE DE LA 9e PORTE.
Préface de Rudy Cambier
Éloge de la simplicité Dans son discours de réception à l’Académie Française, Buffon énonça cette phrase étonnante : Le style est l'homme même. Vérité surprenante de paradoxe : l'art n'est-il pas toujours et partout artifice, convention, déguisement ? Bien sûr que oui ! Mais combien de fois – des centaines, des milliers ? – n'ai-je pas constaté que Buffon avait vu juste... Car le paradoxe n'est pas là où on l'attend, pas dans l'art mais dans l'homme : le petit homme ordinaire est un petit menteur et l'homme public est un grand, un immense menteur. Telles gens qui ne parlent que de défendre ou prononcer la justice sont seulement avides et iniques ; tels politiciens ou syndicalistes qui se clament les défenseurs des petits travailleurs s'acharnent à faire grosse fortune, et vite ; telle vedette qui se construit une renommée de charmante gentillesse est, hors caméras et micros, une fort méchante rosse ; et tel don juan susurre "De toute ma vie je n'ai jamais croisé une femme comme toi" à celle qui vient de lui faire savoir en se plaignant de son homme qu'elle a envie de passer, dévêtue, une couple d'heures en présence de ce semi-professionnel de la baise subreptice. Les artistes aussi font tout cela. Mais l'art de l'écriture est différent en ceci que Buffon avait bien perçu : lue attentivement – vraiment attentivement – toute œuvre d'écriture livre l'être intime de l'écriveur. Je vais vous donner un exemple qui est à l'exact opposé d'Annik : si vous lisez attentivement les romans de Mauriac, vous comprenez que l'auteur, qui affecte et affiche la sainteté formelle, est un sinistre faux-cul infecté de presque tous les vices que Satan, en sa malignité, créa. Il y a un sacré bout de temps que je connais Annik. Deux images pour vous la montrer : Annik, dans la mer à Cuba, apprivoisant des dauphins jusqu'au point de les amener à venir la caresser, et Annik, quelque part en Afrique, parvenant à prendre et papouiller un lionceau à côté de la lionne qui surveille, et à portée d'un coup de griffe mortel ! Voilà donc qui est cette femme d'une force de caractère hors du commun. Par des moyens simplissimes – pas de mots, peu de gestes – elle conquiert l'âme des êtres sensibles en leur parlant avec le langage de son cœur seulement : bonté, gentillesse, générosité et simplicité. Le style d'Annik, c'est ça : pas d'effets gratuits, pas de "m'as-tu vu écrire", pas non plus de ces collections de ficelles et de trucs qu'on enseigne dans les écoles d'écriture américaines et autres, non, rien que la simplicité. Les cuistres, je le sais d'avance, dénigreront cette manière de faire les phrases. Je vais donc répondre par avance aux méchancetés dédaigneuses qu'ils n'ont pas encore dites. Moi, je suis un vieil homme de la terre et mon style est à l'image de la terre, parfois sec comme un désert, parfois gai comme un pinson, parfois acéré et attentif comme les loups en chasse, parfois complexe comme une molécule d'ADN, parfois calme comme un bord de mare. Mon style est terrien, celui d'Annik, lui, est stellaire en ce sens que ses livres sont composés uniquement d'une accumulation d'atomes légers, et puis tout d'un coup, on s'aperçoit que ça brille, comme une étoile. Mais seul le sage voit les étoiles... Il me reste à remercier Annik d'avoir puisé dans mes travaux une partie de la trame de son roman car cette histoire que j'ai découverte, l'histoire vraie de sauvetage de l'Ordre du Temple manigancé par le prieur de l'abbaye cistercienne de Cambron, est tellement surprenante et tellement belle qu'elle mérite de devenir une légende.
Les Centuries.
Rudy Cambier.
« Le poème, composé de dix Centuries, et connu sous le nom de « Prophéties de Nostradamus » n'a pas été écrit dans les années 1550 par le Provençal Michel de Nostredame ( 1503-1556 ), mais de 1323 à 1328 par un moine cistercien dont la langue maternelle était le picard parlé entre la Dendre et l'Escaut. L'histoire même du texte coulé de la plume d'Yves de Lessines, prieur de l'abbaye cistercienne de Cambron en Hainaut au début du 14ème siècle, est bien plus extraordinaire que les plus extraordinaires prophéties que les disciples et traducteurs de Nostredame ont cru y lire.
Nous pourrions nous représenter l’aventure des Centuries comme une sorte de diptyque qui accolerait un panneau obscur à un panneau lumineux. Le premier correspondrait aux 220 premières années – de 1330 à 1550 – pendant lesquelles l’œuvre reposa quasiment inconnue et certainement incomprise dans la bibliothèque abbatiale. Le second panneau pourrait symboliser le coup de fortune qui a commencé avec Nostredame au milieu du 16ème siècle. Trompé par la graphie, la syntaxe et le style du vieux poème, croyant avoir découvert des prophéties inconnues parce que le moine avait déguisé les faits du passé en conjuguant les verbes au futur, le médecin provençal profita des troubles du temps et de la guerre qui ravageait la Flandre et le Hainaut, s’empara de l’œuvre d’un inconnu, l’emporta au loin, s’en prétendit l’auteur, la publia sous son nom et, saisi par des concours de circonstances rares, se retrouva élevé sur le pavois des plus grands prophètes. »
Ainsi commence « Le dernier Templier », œuvre de Rudy Cambier, passionné de vieux textes et picard de surcroît (La Picardie s’étend de la Belgique, en Wallonie occidentale au Nord de la France ), parlant depuis l’enfance le patois picard de sa région, « entre la Dendre et l’Escaut », ce qui le mit à même d’aborder les Centuries avec la science et l’aisance de qui se sent chez lui.
L’aisance…entendons-nous : le livre est issu d’un travail de 20 ans : une étude minutieuse, un travail patient, ardu, rigoureux, de chercheur:
« …je me remis monastiquement à mes deux besognes bénédictines du moment, menées de front, l’une dissipant l’ennui de l’autre. La première était l’étude lexicologique, étymologique et sémantique de chaque mot des Centuries, seule méthode qui nous permet de louvoyer entre les écueils, c’est-à-dire d’éviter les contresens sur lesquels s’embrochent avec une rare constance les exégètes trop sûrs d’eux qui oublient que les significations, les nuances, la charge émotionnelle, et même la sonorité d’un mot changent avec les époques. Le second travail consistait à comparer, mot par mot, lettre par lettre, huit anciennes éditions des Centuries, corvée obligée parce que les textes de Nostredame sont reproduits par ses commentateurs inspirés avec une fantaisie dans l’approximation qui, lorsqu’elle n’est pas délibérément mensongère et tricheuse, s’apparente à un art surréaliste de l’à peu près. Quand j’eus accumulé 1.100 pages de notes sur la question, j’estimai que j’avais obtenu un résultat à peu près fiable et je stoppai cette galère »
L’œuvre repose aussi sur l’extraordinaire culture de l’auteur. Cet homme connaît le Moyen-âge mieux que le fond de sa poche. Mieux, il est le Moyen-âge. Il s’est fait Moyen-âge – tellement pétri de son histoire qu’une partie de lui est devenue quelqu’un de là-bas.
Tout le monde est à même d’expliquer un texte du Moyen-âge dit Rudy Cambier. Mais pour le saisir, pour le comprendre vraiment, de l’intérieur, il faut changer son cerveau. Car rien n’est plus étranger à nos destins d’hommes du 21ème siècle, à nos rapidités, à notre superficialité de zappeurs que ce Moyen-âge profond, complexe, riche de sens et qu’on ne peut conquérir dans le calme qu’avec une sage lenteur.
Il fallait cette science extraordinaire, cette connaissance à la fois panoramique et anecdotique pour arriver, comme il l’a fait, à déchiffrer et comprendre :
« …les clés de ces significations cachées nous sont livrées par des moyens assez simples, fort classiques et très couramment employés dans la littérature du temps : une grosse faute volontaire, des permutations de syllabes, de lettres, un changement de lettre, une inversion des temps de la conjugaison ( le futur pour raconter le passé), des jeux de mots aussi et des traits d’humour sur les noms propres… bref, rien que du connu, mais glissé ici avec un tel talent, un tel naturel, qu’on n’aperçoit pas grand-chose à la première lecture, même si on est averti et attentif, et qu’on n’y comprend jamais rien si on ne sait pas comment fonctionnait l’esprit des auteurs et des lecteurs de ce temps-là »
Connaissance panoramique, disions-nous… Car l’auteur, qui sait s’attacher aux analyses les plus minutieuses, a aussi le souffle d’un admirable peintre de fresques. En veut-on un exemple? Voici, sous sa plume, la commotion de la Réforme :
« … pourquoi Nostredame a-t-il volé ce qu’il croyait être des prophéties et pas autre chose ? La réponse est simple : parce que cette espèce d’écrits était la lubie et l’obsession de son époque, jusqu’à la folie. Pourquoi cette déraison ? Parce que la Réforme avait secoué la Terre et détruit un monde.
A chaque grand chamboulement, les prometteurs de mauvais jours lèvent aussi vite et aussi dru qu’un semis de radis après une bonne pluie. Il est vrai que les prophètes, les médecins, les juges et les avocats ne prospèrent que dans le malheur. Que voulez-vous, si les hommes tuent, volent, sont malades, il veulent aussi savoir de quoi demain sera fait, et quand les certitudes perdent leur force, ils tentent d’éteindre le brûlant de l’inquiétude. Ils convoquent alors les prêtres qui prêchent, confessent et processionnent et/ou ils en appellent aux voyants et aux prophètes. Bref, ils usent des prophéties comme d’un emplâtre sur un ulcère.
Dans la conception des Occidentaux de la fin du 15ème siècle, les hommes ne vivent pas plus longtemps que des lucioles, les royaumes croissent et meurent, les empires culminent puis trépassent, mais l’Eglise, « Epouse du Christ » est éternelle. Dans l’esprit de tous, la certitude ultime, plus que Dieu, c’est l’Eglise. Or, au milieu du 16ème siècle les Réformateurs ont attaqué l’Eglise romaine partout et l’ont vaincue en bien des endroits. Les princes de l’Eglise ne sont plus les maîtres absolus du destin des âmes, ils n’ont plus que leur parure et leur argent pour asseoir leur prestige, et leurs vices sont enfin stigmatisés comme abominables. En moins de 10 ans, le ciment de la société s’est délité, un ciment qui datait de Charlemagne et avait résisté à tout pendant 850 ans. Si les maîtres des âmes changent, c’est que même Dieu n’est plus une valeur sûre.
Contrairement à ce qui se répète, ce n’est pas l’abomination de la guerre totale qui explique la fringale des prophéties du 16ème siècle. Rien de nouveau dans les atrocités, sinon le prétexte : les faibles meurent des rapines et des massacres de la soldatesque depuis 10 000 ans. Le nouveau, c’est que la Réforme veut convertir le peuple, soit directement soit indirectement en convertissant les Grands. Quelle que soit la voie, la révolution de 1517 a fait qu’on peut désormais rejeter la servitude spirituelle. Or celle-ci est le fondement social le plus solide, et si Rome n’est plus Rome, l’édifice occidental se lézarde, un gouffre s’ouvre au milieu de la cité. Pire, aux guerres de conquêtes territoriales est venue s’ajouter la guerre de religion, or si dans les guerres des princes le peuple était passif, dans les guerres de religion il est acteur. Des puissances irrécusables ont été bafouées, des repères sociaux ont été, ici rejetés, là ébranlés, ailleurs menacés.
Voilà pourquoi la prophétouille devint la vache à lait de l’imprimerie. »
*
Le centre du livre de Rudy Cambier, c’est le texte de Yves de Lessines :
« Par sa nature même et dès le premier abord, l’œuvre est déjà fascinante. Nul besoin de créer un merveilleux de pacotille. Les Centuries représentent quelque chose d’unique parmi toutes les littératures du monde et de tous les temps : quatre mille vers qui sont autant d’énigmes historiques. Voilà un exploit dont on peut dire, à coup sûr, que personne d’autre ne l’a jamais égalé. Or ce n’est là qu’un tout petit début dans la découverte de la multiple splendeur de l’œuvre d’Yves de Lessines.
(…)
Le poème entier procède d’un esprit religieux et médiéval. Il est bâti sur un mode trinitaire. Il faut toujours ouvrir trois portes pour voir ce qu’on a mérité de voir. »
« (…) Par le seul jeu de l’intelligence du texte et des niveaux de lecture successifs, Yves de Lessines parvient, avec les mêmes mots et dans le même quatrain, à évoquer une histoire de son passé A LUI, une histoire de son présent A LUI, et à donner, en outre, une indication utile à celui qu’il appelle l’attendu. Cette dernière est la vraie finalité du texte qui n’a été écrit que dans ce seul but ; les autres sens sont les outils qui permettent à la fois d’éveiller l’attention de l’attendu et de leurrer les indésirables. Rien que ce trait révèle déjà que le prieur Yves était tout à fait un homme du Moyen-âge, âge qui fut, par excellence, le temps du règne, que dis-je le temps du despotisme du symbole, de l’allégorie et de la signification suggérée. La littérature médiévale est allusive, elle en appelle aux moyens les plus subtils de la composition ; qui veut percevoir toute la richesse de ce qui est simplement suggéré doit impérativement se mettre dans un état de réceptivité totale, condition nécessaire et préalable à une appréhension holistique du texte. »
« Le texte lui-même, par sa structure, est à l’image de la divinité à la fois une et triple.
(… )
Comme dans le jeu théâtral, où la vraie personne se trouve cachée par l’apparence, le poème présente un premier sens qui masque les deux autres, mais, de la même façon que les trois personae révèlent la divinité unique, les trois lectures ensemble donnent la clef de l’ultime vérité.
Tout ce que je viens d’exposer brièvement n’est qu’un aspect de l’œuvre, à savoir la technique de la construction des énigmes
(… )
Mais notre admiration pour cet aspect-là de l’intelligence de l’homme ne doit pas nous faire oublier le versant esthétique ( … )
« A la première lecture, même superficielle, de ce poème, l’abondance des images frappantes et des raccourcis saisissants secoue notre esprit. Yves de Lessines a le sens inné de la formule et de l’image : aucun artifice, aucune recette, seulement la voix du talent. Combien de vies résumées en un quatrain ? Combien de portraits cruellement frappés en deux vers ? Combien de grands personnages réduits à rien en une ligne ? Le tout passé au moulin d’un humour implacable qui va au tréfonds des choses, qui arrache les oripeaux des grands et montre ces gens-là dans leur nudité et leur vérité. »
*
Au départ, rien ne préparait Rudy Cambier à découvrir, sous le texte des « Prophéties de Nostradamus » même après qu’il eût identifié le poème des Centuries comme datant du début du quatorzième siècle, un écrit Templier. Et ce ne fût pas sans répugnance qu’il se résolut à l’admettre
« On parle beaucoup des Templiers dans les Centuries ? J’en fus le premier surpris et, pendant deux ans au moins, moi, l’ennemi ironique des racontars échevelés qui bourgeonnent sans arrêt sur l’affaire des Templiers, je restai totalement incrédule, imperméable à ce que mes yeux lisaient.
Ayant fixé l’époque de la rédaction des Centuries, j’aurais déjà été un peu surpris d’y trouver trace de l’Ordre. Le roi de France n’a pas été seul, loin de là, à profiter de la suppression de l’Ordre. Le Vieux Moine sait que le roi de France et l’aristocratie française d’abord, les favoris des papes et les puissants de tous les pays ensuite, se sont précipités au dépeçage, arrachant de la viande ou des tripes à la bête abattue. Mais gare à celui qui oserait donner son vrai nom à leur infamie : Vous pouvez encore le vérifier tous les jours : les manières de faire le mal ont changé depuis, mais la nature humaine n’a pas du tout bonifié chez certains. Ils font le mal avec un plaisir d’autant plus intense qu’il est secret. »
( … )
« A priori, bien que surpris, j’aurais admis l’éventualité de trouver dans les Centuries l’une ou l’autre allusion à l’Ordre du Temple, à la condition qu’elles fussent évanescentes et rares.
Leur abondance et leur précision, en même temps que ce qu’elles semblaient révéler, les rendaient invraisemblables et, disons-le tout net, impossibles à croire. Il est vrai qu’au fil de mes lectures, j’avais croisé des choses templières dans des manuscrits du 12ème et du 13ème siècle, mais sans m’y accrocher. Je connaissais donc l’affaire, mais certainement pas plus que le reste de l’histoire du 11ème au 14ème siècle et assurément beaucoup moins que certains domaines de la littérature et de l’histoire de ce temps-là. En finale, il faut rester de bon compte et reconnaître que je suis plutôt rétif à avaler le premier roman venu et fort méfiant devant toute histoire un peu trop templière. Bref, je n’ai pas le profil d’un obsédé de l’ésotérisme cafouilleux. »
(… )
« Je confesse que mon malaise – et mon silence prolongé – naissaient du refus de me couvrir de ridicule en livrant un récit aussi déjanté. Pour en finir, et aussi parce que je fus contraint par une circonstance hors de l’ordinaire de sortir du silence, j’ai résolu le problème à ma manière. Je me suis dis que, puisque je m’en tiens à traduire et expliquer un texte, la seule attitude sensée est de ne pas prendre position et de déclarer : voici, basée sur l’explication historique et philologique des vers, la manière de comprendre les Centuries et tirez-en vos propres conclusions. C’est un texte difficile, quoique, eh bien, je le trouve certainement plus clair et plus censé que du Mallarmé. Toutes les tentatives pour l’expliquer ont abouti à des résultats incohérents, mensongers, voire parfaitement idiots, mais si on l’entend comme un texte templier, il prend du sens et il est cohérent d’un bout à l’autre. »
*
Ce que racontent les Centuries c’est l’extraordinaire exploit de trois hommes qui vont décider de faire échec à Philippe le Bel et de sauver ce qui peut l’être en cachant des biens, des reliques, des archives. Et le livre de Rudy Cambier en les campant devant nou, prend ici une force, une dimension profondément humaines, trouve, pour les célébrer, d’admirables accents lyriques :
« Aux confins contestés des royaumes du temps, entre France et Empire, entre Flandre et Hainaut, dans un petit canton de la plaine, le destin avait rassemblé ces trois hommes aux larges épaules qui allaient décider de sauver le Temple.
Le Templier flamand est celui qui a donné l’ordre de soustraire la richesse de ses frères à la rapacité du monde impur. »
( …)
« Ayant sauvé ce qui devait l’être », (il) disparaît pendant sept ans, c’est-à-dire pendant toute la durée de la procédure contre l’Ordre et de l’emprisonnement des dignitaires du Temple »
( …)
« Aujourd’hui trop vieux Templier, rescapé de tant de combats, usé de tant de misères, survivant de l’apocalypse, l’homme de Flandre attend. Lui-même et ses conjurés avaient cru sauver l’Ordre en sauvegardant les biens. Ils avaient cru qu’au matin après l’orage, une sonnerie de leur trompette rassemblerait les soldats épars. Hélas, une fanfare dans un cimetière peut faire pleurer les vivants, mais ne fait pas se lever les morts. Les Français ont tué les hommes. Qui aurait pu prévoir ? Pourtant un grand rêve ne meurt qu’à l’instant où meurt le rêveur. Quelle force est plus grande que l’espérance qui frôle le désespoir ? Dans leur tête, sur leurs lèvres et dans leurs yeux, la résurrection de l’Ordre était imminente. Le miracle était pour demain. Ils verraient le signe. Bientôt un homme nouveau viendrait…
Le vieux Templier de Flandre est revenu parmi les siens. Probablement devient-il frère convers, ce qui lui permet de résider en permanence à Cambronchaux, le domaine agricole de l’abbaye de Cambron, d’où il a vue sur le lieu de la cachette. Il attend…
Personne ne vient…
Il meurt.
L’abbé de Cambron, fait presque incroyable tant il est exceptionnel, a été forcé de démissionner de sa charge sans que nul en sache la cause. Simple moine, il attend…
Personne ne vient…
Il meurt.
Yves de Lessines, le vieux prieur, est désormais seul. Il attend…
Il songe à la parole de l’Evangile : Quand le temps fut venu…
Mais Dieu, qu’attend-il encore pour enfin, faire quelque chose ? Quand le temps sera-t-il accompli ? Sera-t-il un jour accompli ? Si Dieu est sourd, si sa Justice est aveugle, si la Providence dort, alors la sainteté est un leurre, et sa Parole, inanité sonore ?
Yves est en colère. Yves en a marre, il maudit Dieu, et, pire, il ne le regrette pas. Comment peut-on aimer un dieu aussi… Ah ! S’il le tenait là, devant lui, il lui dirait…. Et puis l’humilité : « Que Ta volonté soit faite et non la mienne… »
Quand le vieux prieur est à la grange de Cambroncheaux, il monte au champ de la Mère-Dieu, à la Croix philosophe, littéralement en vieux picard : le carrefour du sage… Là, au croisement de deux chemins, visible de loin, comme un phare guidant la nef du secours, il a planté un signe, l’Arbre du Temple, le saule pleureur. C’est là qu’il va méditer et attendre. »
(… )
« Attendre…
L’attente c’est l’espérance de chaque matin chaque soir déçue…
C’est la certitude qu’après la tourmente, viendra l’embellie…
N’est venue que la suite cruelle des jours vides…
Depuis quinze ans déjà, le petit abri blanc est la demeure d’un étranger. Quelqu’un qui ne sait rien. Un brasseur dont les descendants, après des siècles, habitent encore ce lieu hanté par des fantômes aux voix perdues. Quatorze fantômes… ombre de ceux qui avaient travaillé à l’entreprise.
Seuls trois d’entre eux connaissaient le secret du lieu. Ceux qui ont fait la marche ultime n’ont pas survécu : on n’a pas laissé de témoins et leurs os sont encore dans la cachette. Aujourd’hui le dernier, le Vieux Moine a encore l’espoir chevillé au corps. Etonnante confiance du vieillard qui regarde calmement la mort. Au soir d’une vie au cours de laquelle ses yeux ont vu quelques-uns des événements majeurs de notre millénaire, comment pourrait-il ne pas être déchiré entre le désespoir que souffle sa lucidité et l’espérance folle que lui commande sa foi ? Dans son récit la souffrance crie plus fort que l’espoir, mais c’est une souffrance religieusement vécue qui devient par là même souffrance divine. A ce niveau de spiritualité, on rejoint la souffrance que Dieu endure chaque fois que notre méchanceté est à l’œuvre. On entend nettement dans les Centuries le « Eli, Eli, lama sabachtani ? » du Vieux Moine.
Vieillir, c’est voir les siens mourir. Dans l’âme du trop vieux prieur il n’y a plus que le silence, le froid et la ténèbre du désespoir. Chaque jour un peu plus, il songe à la mort qui s’est déjà mise en route. Il marche vers son rendez-vous avec, dans sa besace, un secret. Un secret qu’il rumine. Un secret qui l’écrase et le désespère. Le désespoir le saisit parce qu’il sait que nul autre que lui ne pourra résister à l’avidité. Nul autre n’aura la force de rester pauvre gardien et humble serviteur, étant assis sur cette formidable richesse. »
(… )
« Il est seul à savoir et il n’a le droit de parler qu’à un seul, à celui que Dieu aura choisi. Pourquoi l’attendu ne vient-il pas ? Qu’a-t-il à traîner en chemin ? Où est-il donc, à cette heure-ci ? Le formidable secret qui se cache au fond de son cerveau et de son cœur va disparaître avec son pauvre corps mortel. L’armée de Dieu devra-t-elle mourir à jamais à l’instant où le vieux prieur va s’élancer vers la lumière ? Dieu ne le permettra pas. Dieu enverra quelqu’un demain, dans une semaine, dans un an…ou bien est-ce déjà le chemineau qui se hâte là-bas sur la route ?
Un jour enfin, il arrive qu’une aube de désespérance s’achève dans un crépuscule de gloire. Le jour béni entre tous où le vieux moine voit la lumière et entend Dieu : puisque pas un seul homme ne s’est montré capable de le porter, c’est Dieu lui-même qui va se charger du secret
Comment ? Voici : Yves le patient, Yves le désespéré va tout mettre par écrit, mais dans une forme telle qu’aucun mortel ne pourra la déchiffrer, sauf celui dont le destin est de faire renaître l’Ordre. A ce nouvel apôtre, le moment venu, quand il aura fait ses preuves dans les épreuves, l’Esprit-Saint donnera la Langue de Feu, la fulgurance, l’intelligence qui lui permettra de tout comprendre et de tout accomplir. Joie ! Joie ! Joie ! Pleurs de joie ! clamera comme lui Blaise Pascal quelques siècles plus tard. »
(… )
« La tension au long de son chemin de mise à l’épreuve spirituelle a été telle que son esprit brusquement libéré explose et produit un pur chef-d’œuvre. Mais un chef-d’œuvre d’une espèce telle que, l’ayant sous les yeux, les hommes se sont mis à divaguer parce qu’ils n’imaginaient même pas qu’une telle chose pût exister. L’œuvre était absolument impossible à déchiffrer si on ne savait pas qui était l’homme, sans revivre ses émotions, sans pénétrer son cœur et sans connaître son histoire. »
(… )
« Chaque nuit, pour quelqu’un qu’il ne connaîtra jamais, il trace les vers que tout son être a chantés dans la clarté du jour enfui, Estant assis de nuict secrete estude, seul repose sur la chaire d’airain… A Cambron, dans sa chambre de prieur, assis sur sa chaise d’apparat en bronze, à la lueur d’un lumignon et avec Dieu pour seul compagnon, le fidèle Cistercien cisèle un poème. Il enferme dans ses rimes le secret qui chante maintenant dans sa tête. Il compose une chanson telle qu’aucun homme n’en a jamais écrite, ni chantée, ni entendue de semblable : les Centuries. Quatre mille vers coulent par ses doigts sur les feuillets. Il a des mots superbes : les voix frémissent par les manches Splendeur divine ! Le divin pres s’assied. »
(… )
« … Il écrit sans cesse, et toujours la même chose. Il redit de cent manières diverses, pour que l’attendu, s’il ne comprenait pas tout, s’il ne déchiffrait qu’un peu, en sache assez pour accomplir le destin de Dieu.
Parfois la brûlure du désespoir lui fait crier : Trop tard viendra l’attendu. Mais tout de suite jaillit l’eau vive de l’espérance qui l’emporte dans les lointains : Pendant 500 ans, on ne parlera plus de nous qui étions l’ornement de notre siècle, mais après, le Temple renaîtra dans sa splendeur. Les mots d’Yves de Lessines ne sont pas une prophétie mais UN CRI. L’œuvre d’art vraie est toujours émotion vraie. Celle-ci est l’angoisse du vieux prieur Yves pétrie par son talent. »
*
« La fin du Temple fut un naufrage corps et biens, les Centuries étaient une bouteille à la mer. Yves de Lessines, leur auteur, déguisa son histoire sous des histoires, désigna un lieu précis sous le manteau d’un chemin à suivre et habilla sous la forme d’énigmes un cheminement qu’il voulait réel et spirituel à la fois, à l’instar d’un pèlerinage »
Rudy Cambier, au travers d’un décryptage de plusieurs quatrains des Centuries nous emmène alors avec lui dans ce cheminement :
« Ma démarche n’est ni une fantaisie, ni un fait du hasard. Elle vise à mettre en lumière le procédé même du Vieux Moine. Son poème révèle les routes suivies par les Templiers « obéissant à l’ordre hespérique », mais les noms de lieux cités répondent encore à un autre dessein : servir de points de repère destinés à attirer l’attention de l’attendu d’abord, à baliser sa route ensuite. C’est ainsi que, quand nous y regardons d’un peu près, nous voyons qu’aucune de ces notations topographiques ne nomme un lieu isolé, in abstracto, mais que toutes vont par couples, triplets ou carrés, définissant une direction ou nommant la prochaine étape. La technique de mise en forme de ces indications est tellement subtile que, dès que nous avons compris qu’il faut suivre un chemin balisé, n’importe quel nom de lieu repris dans les 4000 vers du poème peut servir de porte d’entrée : nous serons toujours conduits à l’endroit qu’il faut. »
(… )
« A l’instar du message qu’il porte, le mouvement général du poème est centripète, y compris dans sa construction. Ainsi, au premier niveau de lecture, nous partons d’une histoire ancienne pour glisser à un fait contemporain et aboutir au message templier ; nous approchons la signification comme le temps du récit vient à notre rencontre : par étapes. La même logique gouverne le tracé des itinéraires qui sont brossés à grands traits dans les zones de départ et de plus en plus détaillés au fil du voyage jusqu’à finir avec l’incroyable minutie de la miniature, comme si, étant nous-mêmes placés au point d’aboutissement, nous les voyions arriver depuis les lointains. C’est le moyen tout simple de la densité croissante des notations toponymiques qui structure la direction en restituant la perspective de l’auteur, naturellement placé lui-même à l’endroit crucial. »
Plusieurs chapitres sont ainsi consacrés à retracer le chemin qui nous mène là où le Vieux Moine a voulu mener l’attendu. Tout au long du déchiffrement des Centuries, nous effectuons un voyage, voyage vers le trésor du Temple bien sûr mais aussi, mais surtout, voyage en nous-même. Ainsi, arrivés au but, nous pouvons nous interroger avec l’auteur:
« Aveuglant ceux qui ne doivent ni voir ni savoir, éclairant l’envoyé du ciel, Yves de Lessines a mené l’attendu au terme de son voyage. Assis sur la pierre équarrie, l’inconnu voit le pignon blanc de l’abri, minuscule enclave templière sauvée par une ruse géniale de la rapacité des équarisseurs de Philippe le Bel. Y ayant caché l’essentiel juste avant la catastrophe, les Templiers vendirent à réméré le bien à un brasseur. ( … ) Il aurait donc suffi qu’un envoyé se présentât avec la somme convenue et le second exemplaire du document de vente pour que, sans avoir la moindre justification à fournir à qui que ce soit, les Templiers recouvrassent leur bien. Mais en attendant l’abri et le champ qui l’entourait n’appartenaient plus à l’Ordre du Temple, ils n’étaient plus saisissables, nul prédateur ne pouvait en faire sa proie et le nouveau propriétaire n’avait pas le droit de le vendre avant l’échéance du terme convenu. »
« Et quand le Vieux Moine fût mort, quand la flamme de sa chandelle ne luisait plus à l’étage de la tour, quand sa grande voix ne retentissait plus dans son abbaye parce qu’il dormait dans un trou, sans cercueil et la face contre terre en signe d’humilité, l’attendu est-il venu ? A-t-il trouvé la Terre des Débats et le village ? S’est-il, comme le Vieux Moine, assis sur la pierre quarrée ? Est-il entré dans la vieille maison ? A-t-il vu à la nuit tombante le Mont Aventine brusler de nuict et le ciel obscur tout à un coup en Flandres ? Ou bien est-il passé devant l’abri blanc sans comprendre ?
Ci falt la geste que rudolf li cambi declinet le jor Msgnr
st.Lois l’an.MCMXCII. de l’incarnation N.S. »
*
Ce n’est pas tout.
« Le Dernier Templier » n’est pas qu’un superbe livre d’histoire servi par une culture hors du commun, ce n’est pas qu’une belle, subtile et scrupuleuse leçon de philologie, ce n’est pas qu’une grande aventure, qu’une quête spirituelle, qu’un beau rêve réel et restitué, c’est avant tout le livre d’un homme.
« Au commencement, j’aurais volontiers parié avec ma tranquille assurance de paysan enraciné dans ses collines… » Ainsi se présente Rudy Cambier au début d’un des chapitres du livre... et ainsi nous le retrouvons partout. Enraciné dans un terroir. Avec ce que cela apporte d’authenticité à sa parole
Ecoutons-le :
Cette phrase déjà citée : « Les prometteurs de mauvais jours lèvent aussi vite et aussi dru qu’un semis de radis après une bonne pluie » Il y a du vivant là-dedans, c’est beaucoup plus que de la littérature : on sent déjà croquer le radis sous la dent.
C’est le même homme qui, devant ces vers d’Yves de Lessines : « Des jours sont reduicts par les sepmaines, puis mois, puis ans, puis tous défailleront » commentera : « Sentez le rythme ! » Là encore la présence du vivant : la poésie, ça se sent comme cela, avec le corps. Avec la rondeur et la saveur des jours.
Enraciné dans une famille : On le retrouve à tous les âges, notre auteur et à chaque fois il arrache à l’oubli un morceau de son passé vivant : « Combien de fois n’ai-je pas entendu mon grand-père chanter la même chanson à l’accisien qui venait prélever l’impôt frappant le tabac qu’il cultivait : Il avait trop plu, pas assez plu, fait du mauvais vent, un gros orage… »… « Ma grand-mère m’a raconté l’affaire bien des fois. Depuis la nuit des temps et jusqu’à la dernière guerre, vers les années 37-38, nos chiens buvaient dans un pot en pierre laissé à dessein près de la pompe. Quiconque allait au puits renouvelait leur eau, de cette manière toujours fraîche. »…
« J’étais encore enfant, c’est-à-dire au tout début des années cinquante, quand mon père me mettait sur la barre de son vélo pour aller, le soir, écouter en une salle rurale les conférences des grands ingénieurs agronomes qui venaient expliquer le vrai progrès aux arriérés que nous étions. » ... « Grâce à mes longs démêlés avec le Pélo, un de mes profs de latin… » … « Au temps de ma préhistoire… » … « Je dois expliquer que je revenais d’une répétition de la fanfare et que, placé au bon endroit, à l’instant décisif, alors que son bras montait à la rencontre de la balle, j’avais envoyé une formidable sonnerie de bugle juste dans l’oreille d’un joueur de l’équipe adverse. Tétanisé, le gars avait laissé passer la balle de match. Nous avions gagné et Moustier avait perdu le championnat. Ce qui explique que les suppôts de l’ennemi étaient quelque peu ireux ce matin-là. » … « Voilà déjà trente ans passés, j’ai complètement refait la toiture de nos étables avec un ami de mon père. Entendons-nous bien : j’étais le manœuvre du charpentier Joseph Jean dou Paon, un vrai charpentier du temps de la belle ouvrage »… et jusqu’en ces derniers temps, sur le bord de déchiffrer l’une des énigmes des Centuries : « Ce coup de chance fut une envie subite …de carbonnades flamandes. A part en commenter la flaveur et le fondant… »
Et puis il y a ces photos qui ouvrent et ponctuent les chapitres comment autant de portraits aimés, de liens avec un pays, un paysage.
Ah ces souvenirs tout vifs, ces saveurs ! Voilà qui donne du relief à une étude philologique menée par ailleurs de main de maître et du caractère et du vécu à un livre d’Histoire !
Mais ce n’est pas fini, « J’étais jeune et je partis sac au dos, en stop. Tûr en resta toujours ébahi » Voilà que l’auteur nous prend par l’épaule, joyeux Tijl Ulenspiegel, et lui qui pratique le subjonctif imparfait sans broncher, nous parle familièrement : « On y ajoutera des délits commis à l’insu de son plein gré, comme disait si naïvement ce coureur cycliste abondamment piqûré »… « Revenant de très loin à nos moutons qui doivent se demander si leur berger n’a pas trépassé entre-temps… »… « Bien sûr la famiglia du Corse a coûté un os à la France » … « Philippe le Bel devait être un fana du Bourgogne »… « Un triste jour donc, allez deviner pourquoi, un olibrius tomba en pâmoison devant la Rochelle et en resta obnubilé. »… « Tout le monde sait ce qui distingue un masculin singulier d’un féminin pluriel
( chacun fait le bonheur de l’autre ) »… et ce récit d’une découverte capitale :
« J’étais donc à Moustier, dans le porche de l’Eglise paroissiale. La canicule m’essoufflait et, comme je doutais de trouver la fraîcheur dans le bistro local, je poussai mes pas dans l’église, histoire de respirer un peu. J’en fis quinze et repérai au bout du bas-côté droit, gravées sur la face de l’autel, deux Tables de la Loi.
Je m’approchai et faillis tomber de mon susse. Le texte gravé était incompréhensible. Pire que ça : débile et farcesque. Une bouffonnerie sur un autel, avouez qu’il y avait de quoi rester paf ! »
(… )
« …Je traversai la nef en passant devant ce que, comme le bon peuple de chez nous, je nomme le banc de communion et, en tête de l’autre bas-côté, je trouvai naturellement un autel secondaire, celui de la Vierge.
Rebelote ! Deux tables de la Loi ! Je ne refaillis pas tomber de mon susse mais ce fut tout comme. Deux tables c’est bien, quatre c’est trop. »
(… )
« Plutôt délirant…
Qu’est-ce que c’est que ce machin ?
Avec ça en main, ( la transcription des tables de Moustier )
Qu’eussiez-vous voulu que je fisse ?
Je rentrai chez moi
Manger deux tartines.
Et me reposer… »
Par ailleurs, il l’avoue et on sent chez lui tout le frémissement jubilatoire qui l’habite quand il se livre à cet exercice, Rudy Cambier est aussi un polémiste :
« Vous direz que je maltraite mes ennemis, « dit-il joyeusement, « mais que voulez-vous, un homme sans ennemis est comme un chien sans puces : sa vie n’est qu’un long sommeil » Et les Nostradamistes d’en prendre tout au long du livre pour leur grade !
« Pour éclairer le chemin de la vérité, la meilleure chandelle est encore de dire un peu de mal de l’adversaire. J’aime la polémique. Je veux dire que, ayant banni toute méchanceté de mon cœur, j’aime le ton de la polémique honnête pour son côté vif et plaisant, un peu théâtral aussi. La polémique au sens hégélien n’est-elle pas, en fin de compte, le moteur le plus efficace du progrès humain ? » (… ) « Mais les humains doivent mieux apprendre encore que c’est une faute de transiger avec le Mal et que c’est une indignité de faire des manières avec les méchants et leurs complices, quels qu’ils soient. Pas besoin de nous justifier : défendre le Bien et le Juste a un sens »
(… )
« Votre indulgence, donnez-là à qui la mérite et réservez-la donc à mon verbe qui tempête »
Il y a enfin, il y a d’abord, en Rudy Cambier, et cela fait tout le prix de l’écrivain et de son livre, un esprit véritablement original et indépendant, un rebelle qui ne se laisse pas monter sur la cervelle. En lui toujours ce petit garçon ébloui et animé de l’intérieur par ces premiers mots de Rousseau découverts dans un des livres de son père : « Je forme une entreprise qui n’eût jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur »
Ecoutez-le gronder : Et d’abord dans cette parenthèse : « …l’intrigue ( pudiquement qualifiée « diplomatie » quand elle est maniée par les grands ) »
« Le vrai dérange souvent, et vous avez sûrement remarqué que ces dérangés trouvent toujours le lieu inconvenant et le moment mal choisi. Ayons donc nous aussi toujours à l’esprit que quand on nous sert le sempiternel : « pas ici, pas maintenant, pas comme ça », il convient de traduire : « pas CA » ou « pas Vous ». Le sachant, résignons-nous à ne point plaire à qui n’est pas plaisant et posons donc, sans barguigner trop, les bonnes questions en exigeant les réponses factuelles. »
« … Si nous voulons espérer comprendre ce que nous veut l’auteur de ces quatrains, c’est bien le moins de se mettre à son diapason…
Les sans culture ne le peuvent pas, les esclaves de la pensée unique ne le peuvent pas non plus, les carriéristes ne le peuvent pas ni ne l’osent : ne pas se soumettre à l’opinion des grands bonzes et de leurs réseaux, c’est se suicider. Ah, ils m’énervent les installés dans le système qui posent en postulat que le fait qu’ils ne comprennent pas quelque chose prouve qu’elle n’existe pas et qui nous écrasent de leur certitude dédaigneuse parce qu’ils croient que tout ce que ne sait pas leur petit savoir n’a pas existé. Le fait qu’ils soient persuadés que leur science sait tout ne prouve pas qu’ils savent tout, ni surtout qu’ils soient capables de réfléchir. Je pourrais vous donner dix, cent, mille exemples où le temps a rapidement prouvé que ces « autorités », que ces grands « patrons » étaient de grands crétins, adroits, sachant utiliser les tons et les poses, mais des crétins. La plupart de ces gens font illusion, mais ils sont seulement doués de mémoire. La réflexion est le travail du cortex cérébral, la mémoire tout entière est logée dans le système limbique et l’amygdale, c’est-à-dire le cerveau reptilien. (…) Quand nous entendons quelqu’un, ne lui demandons pas d’énumérer ses titres, écoutons ce qu’il dit et réfléchissons, faisons nous aussi travailler notre cortex plutôt que d’avaler tout en bloc comme un reptile ingurgite son repas pourvu que le nourrisseur ait un uniforme de gardien de zoo… »
Voilà l’homme. Ecce homo.
« Il faut qu’il y ait de la chair dans un livre » ( je cite )
Effectivement, dans le livre de Rudy Cambier, le verbe se fait chair.
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