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lundi 12 novembre 2012
Le meunier du fond de Quarreux.
LE MEUNIER DU FOND DE QUARREUX
Histoire de sorcières
"Récits de l’Ardenne, 1858"
Par Marcellin LA GARDE
I
La partie la plus sauvage, la plus accidentée de la vallée de l’Amblève est, sans contredit, celle connue sous le nom de Fond de Quarreux (nom qui, par parenthèse, pourrait fort bien venir de squarrosus, rocailleux). Les versants des montagnes entre lesquelles elle est profondément encaissée présentent, en effet, un aspect âpre et sévère, qui s’harmonise parfaitement avec l’éternel fracas que produit la rivière, coulant en pente à travers une multitude d’énormes blocs granitiques qui entravent son cours et semblent comme tombés là des nues, car ils sont probablement étrangers au système des roches voisines. Aussi la vue de cette gorge solitaire et bouleversée – semée de ces gigantesques monolithes, qui se dessinent tantôt sur le fond miroitant des eaux, tantôt sur la verdure des bruyères et des genévriers, des hêtres et des chênes – a-t-elle quelque chose qui frappe vivement l’imagination, quand surtout on la visite, comme je m’en suis passé la fantaisie, par une belle soirée d’été, à la pâle clarté de la lune.
En vérité si, comme des témoignages presque irrécusables ne permettent pas d’en douter, les divinités de l’Olympe celtico-germanique ont eu des autels dans ces contrées, il eût été impossible aux druides de trouver un temple mieux approprié à l’adoration des symboles mystérieux et sombres de leur culte.
Nous ne devrons donc pas être surpris de voir un jour la gent archéologique prétendre que le Fond de Quarreux était le théâtre principal des cérémonies religieuses des anciens Ségniens et que les quartiers de roc qui s’y trouvent ont jadis formé des menhirs, des cromlechs, des dolmens, dont deux ou trois mille ans ont bien pu détruire l’arrangement symétrique. Puis le nom de Quarreux même serait invoqué à l’appui de cette thèse : le wallon querri, chercher, dérive évidemment du latin quaerere. Quarreux voudrait donc dire chercheurs. Or, les druides, à certaines époques de l’année, ne cherchaient-ils pas, en grande pompe et en s’entourant de mystère, la verveine, la sélage, le gui et autres plantes auxquelles ils attribuaient des propriétés merveilleuses ? Que d’étymologies se bâtissent de la sorte !
Nous savons bien que, dans l’opinion des géologues, ces fragments rocheux sont tout simplement des blocs erratiques de quartz bleu veiné, appartenant au terrain diluvien, et amenés là des glaciers du nord sur des bancs de glace poussés violemment vers le sud ; ou, pour autrement parler, que ce sont des moraines, comme on en trouve beaucoup dans les Ardennes.
Urbain Germain, entendant un jour cette explication donnée par un savant professeur de géologie, en rit sous cape, m’engagea à n’en pas croire un mot et voulut me faire connaître la véritable histoire de ces pierres curieuses.
Cette histoire, que je m’empressai d’écrire et de publier, et que d’autres m’ont empruntée – en la défigurant, comme certains industriels démarquent ou fondent ce qu’ils craignent de voir reconnu – je la reprends aujourd’hui, après l’avoir entendue de nouveau de la bouche de mon bon vieux maître dans l’art de conter.
La voici donc :
Il y a plusieurs centaines d’années vivait, dans le fond de Quarreux, un meunier appelé Hubert Chefneux. Il aimait Dieu et son prochain, avait une bonne et pieuse femme, de beaux enfants, dont l’aîné allait être bientôt en âge de l’aider ; son moulin lui rapportait de quoi vivre modestement, et il arrivait bien rarement que lui et sa famille eussent besoin de recourir aux simples qui croissent dans la vallée : tranquillité de conscience, bonheur domestique, santé, pain quotidien, que pouvait-il désirer de plus ?
Aussi était-il parfaitement heureux, et il avait pour habitude de dire que s’il n’eût été souvent obligé de chômer, tantôt à cause de la crue des eaux, tantôt parce que la rivière se trouvait presque à sec, il n’eût pas échangé son sort contre celui du sire de Stoumont, dont il relevait et qu’il voyait souvent, avec une suite brillante et une meute nombreuse, parcourir les bois environnants.
Mais il comptait, pour remédier au double inconvénient dont il se plaignait, sur l’héritage d’un vieil oncle, censier en Hesbaye, et qui passait pour avoir fait des économies. Aussi, lorsqu’il apprit la mort du bonhomme, notre meunier s’imagina qu’il allait toucher une grosse somme d’argent et, la veille du jour où il devait partir pour recueillir la succession, lui et sa femme en réglèrent d’avance l’emploi : elle devait servir à améliorer le moulin et surtout à faire exécuter des travaux qui permissent d’avoir toujours un égal volume d’eau, aussi bien en temps d’inondation que de sécheresse car, nous l’avons dit, c’était là les seules causes de chagrin qu’Hubert eût au monde.
Aller de Quarreux à Warfusée c’était, dans ce temps-là, un long voyage ; et quand le brave meunier, couvert de ses meilleurs habits, prit le sac aux provisions et le bâton noueux, ce furent, de la part de Catherine et de ses enfants, des embrassements, des pleurs et des recommandations sans fin, car c’était la première fois qu’il partait pour passer plus d’une nuit dehors.
II
Le lendemain, Hubert arriva sans encombre à Warfusée ; mais quel fut son désappointement lorsqu’il apprit que le défunt ne laissait qu’un peu de biens meubles et que, défalcation faite de ce qui revenait au seigneur pour ses droits féodaux et à l’église pour les funérailles, il ne lui resterait presque rien. Adieu tous les beaux rêves qu’il s’était forgés tout en cheminant : bâtir un moulin tout neuf dans un endroit plus favorable.
Après avoir reçu le peu qui lui revenait, il se remit en route pour Quarreux, en proie à une profonde déception et maugréant contre la mémoire de son oncle, qui l’avait déçu dans son attente.
Hubert, marchant donc tout pensif, se trompa de direction et dut demander son chemin. On lui dit de se diriger vers un bâtiment surmonté de deux ailes tournant dans l’air et qui se voyait dans le lointain.
– Qu’est-ce que cela ? demanda Hubert, qui n’avait jamais rien vu de pareil.
– C’est un moulin à vent, lui répondit le paysan à qui il s’était adressé.
Hubert poursuivit sa route et arriva près du moulin en question, devant lequel il s’arrêta ébahi, et qu’il examina avec une avide curiosité. Sur l’entrefaite, le meunier en sortit et l’habitant du fond de Quarreux l’aborda pour lui demander à pouvoir visiter son moulin, ce qui lui fut accordé. Il quitta son confrère hesbignon, l’esprit excité par ce qu’il avait vu, mais aussi plus accablé qu’auparavant, car il songeait que s’il avait obtenu la somme sur laquelle il comptait, il aurait pu élever un pareil bâtiment sur le plateau voisin de son habitation et ainsi faire double besogne, et dans tous les cas ne jamais chômer, car la saison où la rivière déborde est toujours celle où règnent les grands vents.
Vingt fois, Hubert se retourna pour voir le moulin ailé et, lorsqu’il arriva à un endroit où une ondulation du terrain allait le faire disparaître à ses yeux, il s’assit pour le contempler une dernière fois et il le transporta par la pensée sur la montagne de Quarreux. Il le vit se dressant fièrement au milieu des bois verdoyants et des roches grises ; il en était propriétaire : il s’y trouvait installé au milieu de nombreux sacs de grain et de farine et d’un grand concours de cultivateurs des environs, curieux de voir cette nouveauté et enviant le sort de l’heureux meunier. Hélas ! le cri d’une chouette tira Chefneux de ce songe riant, et il s’aperçut que la nuit était tout à fait venue.
Il se remit en marche dans un état qui tenait tour à tour d’une folle ivresse et d’un accablement profond, suivant que l’illusion ou la réalité occupaient son esprit. L’illusion, c’était le moulin à vent sur la montagne ; la réalité, c’était le petit vieux moulin à eau dans la vallée, c’était sa femme qui l’attendait joyeuse, et qui allait être si cruellement désappointée à son retour.
Aussi, d’étranges idées, qui lui avaient été jusque-là inconnues, se firent-elles tout à coup jour en son esprit. Il croisa un homme ayant l’air d’un riche fermier revenant d’une foire, et il se dit que celui-là avait peut-être dans son gousset la somme qu’il faudrait... Il passa devant une chapelle dont la porte à grillage laissait voir, ornant une statue de la Vierge, éclairée par deux chandelles, une couronne, un sceptre et plusieurs cœurs en or, et il se dit : « Si je possédais cela ?... » Mais il rentra aussitôt en lui-même, et demanda pardon à Dieu d’avoir eu de si mauvaises pensées. Pour ne plus être tenté, il se représenta son dernier-né qui n’avait que dix mois, tressaillant et agitant ses petites mains quand il le reverrait.
Il arriva à un carrefour où il dut s’orienter. Voilà que tout à coup il entendit, non loin de lui, un bruit de pas retentissants et bientôt déboucha, par un des quatre chemins, un homme de haute stature, la tête couverte d’un chapeau à larges bords, enveloppé dans une espèce de houppelande verte et qui s’arrêta brusquement à la vue d’Hubert, lequel, un peu ému de cette rencontre, se borna à le saluer d’un « Dieu vous préserve ! », et comme il se disposait à continuer son chemin, l’inconnu lui adressa aussitôt la parole d’un air délibéré :
– Il paraît donc, l’ami, que nous suivons la même direction. Tant mieux, le soir, on aime à avoir un compagnon de voyage.
III
La conversation s’engagea aussitôt et, suivant l’usage naïf de nos campagnes, le meunier dit tout d’abord qui il était, d’où il venait et où il allait. L’homme à la houppelande, lui, déclara qu’il appartenait à la corporation des maîtres maçons de Liège et qu’il voyageait pour affaires de bâtisse. Hubert avait le cœur trop plein pour ne pas éprouver, dans tous les cas, le besoin de s’épancher : mais la qualité que venait de décliner son interlocuteur l’engagea à lui raconter toute son histoire et à lui parler surtout de l’impression qu’avait faite sur lui la vue du moulin à vent qu’il avait visité sur sa route, et de son désir irréalisable, il le savait, d’en posséder un pareil.
Le maître maçon vanta beaucoup ces sortes de moulins, importés d’Orient par les croisés, montra leur supériorité sur les moulins à eau, supériorité consistant, dit-il, dans le parfait équilibre de la masse, qui se soutient et joue en l’air sur un simple pivot ; dans la disposition des ailes pour recevoir le vent ; dans le rapport de la force mouvante avec la résistance des meules et des frottements.
– Et, ajouta-t-il, quelle heureuse situation que ces lieux élevés, battus des vents presque toute l’année !
Ces paroles achevèrent d’irriter la convoitise du meunier.
– Oh ! dit-il, que je voudrais n’avoir jamais vu pareille machine ! Cette idée va me poursuivre chaque jour. Sans mon oncle, je n’aurais jamais entrepris ce fatal voyage avant lequel j’étais content de mon sort. Encore, s’il m’avait laissé de quoi !... Mais non... À peine, avec ce que j’ai reçu, pourrai-je faire construire une roue neuve à ma baraque... Au diable soit-il, le frère de ma bonne mère !
Et son imagination s’échauffant de plus en plus, il alla jusqu’à dire que pour posséder un moulin comme celui qu’il avait vu en Hesbaye, il renoncerait pendant cent ans à sa part de paradis !
À ces mots, son compagnon l’arrêta et le regarda fixement : puis il se mit à rire :
– En vérité, camarade, vous ne parlez pas sérieusement.
– C’est bien comme je le dis ! s’écria Hubert en frappant la terre de son bâton.
– Prenez garde, le diable peut vous entendre. Nous ne sommes pas loin du Champ des Makralles, où il préside le sabbat à l’heure de minuit, et cette heure approche.
À ce souvenir du champ des sorcières dont il avait entendu de si terribles récits, à cette pensée que minuit allait sonner et que c’était l’heure des apparitions sinistres, Hubert se sentit frissonner et, machinalement, il allait faire le signe de croix quand son compagnon lui prit le bras :
– Vous avez peur, meunier, lui dit-il, peur, rien qu’à l’idée que Belzébuth pourrait être à un quart de lieue d’ici ; et vous parliez tantôt de passer un quart de siècle en sa société s’il voulait vous enrichir ?... J’avais donc raison de dire que vos paroles étaient paroles en l’air.
Chefneux, un peu confus de la faiblesse qu’il venait de montrer après le mouvement auquel il s’était laissé entraîner, se hâta de répondre :
– Je n’ai pas parlé de richesses, mais seulement d’avoir un petit moulin à vent sur la montagne.
– Dès qu’on entre en rapport avec le diable, il n’en coûte pas plus de lui demander beaucoup que peu. Lorsqu’il donne le château, il y ajoute la ferme ; quand il donne le moulin, il donne aussi la maison. J’en sais quelque chose.
– Comment ?
– Oui, j’ai déjà travaillé pour lui. Il paie bien, c’est l’essentiel.
– Vous le connaissez donc ?
– Quelle question ! Je l’ai vu cent et cent fois.
– Vous n’avez donc pas peur pour votre âme ?
– C’est là un point dont nous ne nous occupons guère, nous autres, habitants des villes. Le principal, c’est de bien vivre en ce monde, puisque nous y sommes ; l’avenir ne doit pas gâter le présent. Être heureux, envié pour le reste de ses jours et assurer le sort de sa famille, cela vaut bien qu’on risque quelque chose.
En ce moment, les deux voyageurs étaient arrivés à un nouveau carrefour. L’homme à la houppelande verte dit à Hubert Chefneux :
– Je dois vous quitter ici. Dans sept jours, à la même heure, c’est-à-dire vendredi prochain, à minuit, je repasserai par cet endroit. Je vous dis cela pour le cas où vous voudriez recourir à mes bons offices, et je vous garantis que vous auriez une maison superbe, avec un moulin comme il n’en existe pas à cent lieues à la ronde, à cent lieues, entendez-vous ? Adieu, ou au revoir, selon que vous voudrez.
Et le bizarre étranger quitta brusquement le meunier, qui le vit prendre par un sentier, à gauche du chemin qu’ils suivaient, et se perdre peu à peu dans l’obscurité. Chefneux réfléchit en frissonnant, car ce sentier conduisait au Champ des Makralles...
IV
Il était près d’une heure du matin quand le meunier arriva sur le sommet de la montagne qui domine la vallée, du côté de la rive droite de l’Amblève. Il avait la tête en feu, les membres brisés ; il s’assit sur un tertre, et pour la première fois depuis qu’il s’était séparé de son compagnon de route, il put se recueillir un peu. Il repassa dans son esprit toute la conversation qu’il venait d’avoir, et il en résulta plusieurs problèmes, qu’il se mit à examiner les uns après les autres.
Ou le maître maçon était Satan en personne, ou c’était un sorcier influent, ou bien un mauvais plaisant qui avait voulu le mystifier.
Après avoir pesé mûrement les paroles de l’inconnu et les circonstances de la rencontre et de la séparation, Hubert s’arrêta à la seconde supposition :
– C’est tout bonnement, se dit-il, un homme qui est en relations avec le diable et qui se rendait au sabbat.
Ce point bien arrêté chez lui, il allait descendre le coteau lorsque la lune, restée cachée toute la nuit, sortit des nuages et inonda de ses rayons argentés le plateau où il se trouvait et le vallon où était son habitation. C’est sur ce plateau qu’il avait placé le moulin à vent de ses rêves : il le revit encore comme dans un mirage, en même temps que son chétif moulin à eau, couvert de chaume, se montrait à lui dans toute sa pauvreté.
On était à la fin du mois de mai. L’aube ne devait pas tarder à paraître, et Hubert se dit qu’afin de laisser reposer sa famille, il attendrait que le jour vînt pour rentrer chez lui ; puis, comme il n’avait que de mauvaises nouvelles à apprendre à sa femme, on conçoit qu’il ne fût pas pressé d’assister à la scène de désolation à laquelle il s’attendait.
À quatre heures, – car chez lui on se levait tôt d’ordinaire –, son fils aîné sortit de la chaumière, porteur d’un sac pour aller remplir la trémie, preuve qu’en son absence la pratique n’avait pas manqué. Il se hâta de descendre la côte et alla droit au moulin, où le gars poussa un cri de joyeuse surprise en voyant son père, et courut se jeter à son cou. Au bruit qu’il fit, sa femme et les plus âgés des enfants accoururent, et le meunier fut presque porté en triomphe dans son logis, tant on était heureux de le revoir après trois jours d’absence.
Mais bientôt sa bonne Catherine s’aperçut qu’il avait l’air triste, souffrant même, et lui demanda s’il était malade.
– Ma foi, on le serait à moins... Voilà ce que c’est que de trop compter sur les héritages...
– N’aurais-tu rien touché ? demanda la meunière.
– Si fait, reprit-il, mais pas ce que je comptais recevoir.
– Alors, combien ?
– Oh ! peu de chose... Vingt couronnes.
Or, ils avaient compté sur deux cents couronnes au moins.
Hubert s’attendait donc à voir sa femme se lamenter. Mais la douce physionomie de Catherine conserva son expression souriante :
– Eh bien, que la volonté de Dieu soit faite ! dit-elle. Nous avons bien vécu jusqu’ici de notre travail, et nous avons élevé nos cinq enfants ; nous n’en vivrons pas moins, maintenant que deux de ces chers trésors vont être bientôt en âge de pourvoir à leurs besoins. Voilà que Lambert a quinze ans et Jeannette treize.
Cette résignation de sa femme soulagea le meunier d’un grand poids.
– C’est dommage, cependant, répliqua-t-il : si l’oncle nous avait laissé la somme que nous avions espérée, nous l’aurions mise bien à profit.
Et tout en déjeunant, il fit la description du moulin à vent qu’il avait vu en Hesbaye, ce qui amusa fort sa femme et ses enfants.
– Voilà, ajouta-t-il en terminant, ce que nous aurions pu avoir.
Et il poussa un profond soupir.
– Oui, mais Dieu ne l’a pas voulu, dit Catherine. Il connaît mieux que nous ce qui nous convient et ce que nous considérons comme un bien, il nous le refuse parce qu’il sait que ce serait un mal. Voyons dans tout cela, au lieu de nous plaindre, une nouvelle preuve de sa bonté.
Hubert aurait peut-être raconté à sa femme la singulière rencontre qu’il avait faite ; mais en entendant ces paroles, il se promit bien de ne pas en souffler mot. Cependant, s’étant couché pendant quelques heures pour se remettre de ses fatigues, il rêva de cette aventure, et pendant tout le reste de la journée, il ne put la chasser de son esprit.
V
Le lendemain, qui était un dimanche, après l’office divin auquel il assista dans l’église de Sougnez, Chefneux sentit le calme rentrer peu à peu dans son âme. Mais, dans l’après-midi, un orage terrible éclata et l’eau continua à tomber par torrents jusqu’au mardi matin ; de sorte que la rivière, débordée brusquement, arrêta les travaux du moulin. Et, pour comble de maux, Hubert s’aperçut que les pierres amenées par le courant avaient mis presque hors d’usage sa roue, déjà fortement endommagée.
– Ah ! disait-il à tout instant, je parie que le meunier hesbignon à qui j’ai parlé travaille à force, lui ; il fait un si bon petit vent ! Tandis que moi, me voilà les bras croisés et Dieu sait quand je pourrai me remettre à l’ouvrage, car je doute que ma roue puisse encore marcher. Qu’allons-nous devenir ?
Le jeudi, il se rendit à Stoumont pour y recevoir de l’argent, et entra dans un cabaret où il trouva un ancien bedeau de l’église, destitué parce qu’on le considérait comme un habitué du Champ des Makralles : il avait été rencontré à des heures indues par les campagnes, un flambeau à la main, et on prétendait qu’il avait des ressources dont l’origine n’était pas claire.
Hubert, qui auparavant eût fui Gilles Bertho, alla trinquer avec lui, et bientôt ils entamèrent une conversation qui fut entrecoupée par de fréquentes rasades. Inutile de dire de quoi parla d’abord le meunier, poursuivi par son idée fixe ; puis, l’ivresse le gagnant, il alla jusqu’à raconter, sans en rien omettre, l’aventure qui lui était arrivée pendant la nuit du vendredi précédent. L’ancien bedeau le regarda du seul œil qui lui restait, et qui avait alors un éclat étrange.
– Eh bien ! dit-il, que te proposes-tu de faire ? Serais-tu assez sot pour manquer une pareille occasion ?
Le meunier garda un instant le silence : il paraissait pensif.
– Si je pouvais, dit-il, obtenir quelques renseignements... Voyons, je vais te parler franchement... Tu dois le connaître, toi ?
– Et qui donc ?
– Le maître maçon.
– Ah ! je comprends, reprit l’autre en riant, tu crois aussi aux bêtises que l’on débite sur mon compte. Écoute bien ceci : c’est demain, me dis-tu, à minuit, que tu dois le trouver sur la Fagne. Eh bien, si tu es décidé à ne pas t’y rendre, déclare-le-moi nettement : j’irai, et comme j’ai mon envie aussi, car je voudrais savoir où se trouve certain trésor dont je soupçonne l’existence et qui m’enrichirait à jamais, je pense que le maître m’acceptera aussi bien que toi, car, quoi qu’en disent les imbéciles, mon âme en vaut une autre.
Gilles parlait-il ainsi pour exciter Chefneux ? Ou avait-il bien l’intention qu’il annonçait ? Toujours est-il que ses paroles firent cesser les irrésolutions du malheureux, qui prononça ce seul mot, d’une voix mal assurée, il est vrai :
– J’irai !
Il était nuit close lorsque le meunier revint chez lui. Pour la première fois de sa vie, sa femme s’aperçut qu’il était presque complètement ivre. Aussi ne fit-elle guère attention aux propos qu’il tint. Il parla d’un grand changement qui allait avoir lieu dans leur position ; il dit qu’il serait avant quelques jours le premier meunier du pays, et il voulut à toute force que sa femme tuât et rôtit, pour le souper, un cochon de lait qu’il s’était proposé d’engraisser ; mais, après beaucoup d’observations de la part de Catherine, il se contenta d’une poule. Il alla lui-même au poulailler pour happer la volaille ; mais, ayant saisi dans l’obscurité une poule noire, la seule de cette couleur qu’ils possédassent, il la lâcha avec effroi et finit par renoncer à faire bonne chère ce soir-là.
La nuit, Catherine s’étant éveillée pour allaiter son dernier-né, s’aperçut que son mari avait le sommeil très agité et l’entendit proférer des paroles entrecoupées, parmi lesquelles elle recueillit parfaitement celles-ci, prononcées d’une voix suppliante : « Monseigneur Belzébuth, en échange du moulin à vent et de la belle maison que vous voulez bien me faire bâtir, ne demandez pas mon âme pour plus de cent ans... c’est déjà si long. »
Un trait de lumière frappa la femme du meunier.
« Oh ! se dit-elle, mon pauvre homme a été sans doute entraîné au Champ des Makralles par l’idée d’avoir un moulin à vent. Que Notre Seigneur Jésus-Christ et la sainte Vierge nous protègent ! »
Le lendemain matin, la brave Catherine se leva de bonne heure et se rendit en pèlerinage à Notre-Dame de Dieupart. À son retour, en approchant de sa demeure, elle vit de loin Hubert assis sur le bord de la rivière, le front dans les mains et contemplant avec tristesse la roue immobile de son moulin. À l’aspect de sa femme, il se leva vivement et s’éloigna comme s’il eût voulu être seul avec lui-même et s’enfonça dans un bouquet d’aunes. La pauvre femme, en voyant son mari dans des dispositions si contraires à ses habitudes, se mit à pleurer. Cependant, à la pensée que Notre-Dame de Dieupart, qu’elle avait tant priée, ne pourrait manquer de venir à son secours pour la guérison de son cher Hubert, l’espoir rentra en elle ; mais hélas ! pour peu de temps.
VI
Quand vint l’heure du dîner, le meunier se trouva absent. On le chercha vainement aux alentours. Il ne reparut qu’à la nuit tombante. Le malheureux revenait de Stoumont où l’avait poussé le besoin de s’enivrer et de converser avec le vieux Gilles Bertho. Aux reproches de sa femme, qu’il avait plongée dans de mortelles angoisses, il répondit avec brutalité, lui qui, auparavant, ne lui avait jamais adressé une mauvaise parole.
– Plus de doute, dit celle-ci, l’esprit du mal est en lui.
Et elle fondit en larmes et se laissa tomber défaillante sur une chaise. Les enfants, voyant pleurer leur mère, pleurèrent à leur tour et se jetèrent aux genoux de leur père pour le calmer. Ce spectacle attendrit Hubert ; son front s’éclaircit, une larme vint mouiller sa paupière. Il pressa ses enfants sur son cœur, embrassa sa femme, puis sortit de la cabane, comme s’il eût éprouvé le besoin de respirer plus à l’aise.
Un combat terrible se livrait dans son âme... Mais le plateau était là, devant ses yeux, attendant la bâtisse si ardemment désirée, si souvent entrevue en songe qu’elle était devenue presque une réalité. Puis, le vieux Bertho lui avait raconté une foule d’histoires dont les héros riches et heureux en ce monde, semblaient le convier à les imiter.
Vers onze heures Hubert, croyant que sa compagne dormait profondément, se leva sans bruit et sortit. Mais le soupçon terrible qui dévorait Catherine depuis la veille l’avait tenue éveillée et, dès que son mari fut dehors, elle se leva à son tour et, rendue forte par une pensée de sublime dévouement, elle se dirigea vers le Champ des Makralles, car elle ne doutait pas qu’Hubert n’eût pris cette direction.
En effet, en côtoyant un petit sentier parallèle au chemin qui conduisait à l’endroit fatal, elle reconnut, dans le silence de la nuit, le pas de son mari.
Elle essaya de ne point le perdre de vue et, en marchant péniblement à travers les rochers et les ronces, elle put arriver en même temps que lui et sans avoir été aperçue, au carrefour où rendez-vous avait été donné au meunier le semaine précédente.
Elle vit qu’Hubert, parvenu là, regardait attentivement autour de lui, et n’apercevant rien, s’asseyait sur un petit tertre que couvrait un grand houx à la sombre verdure.
Quelques moments après, la pauvre femme, cachée derrière un buisson, vit, en frémissant des pieds à la tête, un homme de haute taille apparaître tout à coup. Elle crut que des flammes allaient sortir de terre, que des éclairs allaient sillonner la nue, que la foudre allait gronder, qu’un vent impétueux allait déraciner les arbres ; mais rien de semblable ne se passa.
Seulement, le corps de l’inconnu lui cachait son mari et elle ne put voir à quelles pratiques occultes ils se livrèrent. Faisant sur elle-même un suprême effort et serrant sur son cœur une médaille bénite à Dieupart, elle s’avança de quelques pas en rampant, et put entendre distinctement ces paroles prononcées par son mari :
– Ainsi, la troisième nuit, tout sera bien achevé, avant le chant du coq ?
Une autre voix répondit :
– Si, au moment où le coq chantera, les ailes du moulin ne tournent pas, je perds tous mes droits.
– Et c’est écrit ?
– Oui.
Catherine n’avait pas besoin d’en entendre davantage. Elle se signa, poussa un soupir étouffé et, le cœur brisé, s’éloigna pour retourner chez elle. Elle se recoucha, et lorsque son mari rentra, elle feignit de dormir profondément.
Le lendemain matin, Hubert annonça qu’il avait à se rendre à Louveigné pour s’y entendre avec un charpentier qui devait raccommoder la roue de son moulin. Mais il alla droit à Stoumont trouver Gilles Bertho. Il devait préparer sa femme à ce qui allait se passer, et il avait besoin pour cela d’un bon conseil. Le vieux compère lui dit qu’il se chargeait lui-même d’arranger l’affaire.
Vers le soir, en effet, un pèlerin passa devant la cabane d’Hubert : la femme se trouvait sur le seuil. Il lui demanda de quoi se rafraîchir, et la bonne Catherine s’empressa d’ouvrir le bahut aux provisions en lui disant : « Prenez. »
Le pèlerin, en s’en allant, lui dit d’un ton inspiré :
– Le ciel a voulu vous éprouver. Il est content. Votre mari désire un moulin à vent. Dès cette nuit, les anges commenceront à lui en bâtir un.
Et il s’éloigna rapidement en laissant Catherine d’autant plus épouvantée qu’elle ne douta pas que Satan lui-même se cachait sous l’apparence de ce pèlerin. C’était Bertho, comme on l’a deviné déjà.
Peu après, Hubert rentra. La meunière lui raconta simplement ce qui s’était passé, sans laisser percer aucun doute, car il y a dans le cœur des femmes des trésors inépuisables de délicatesse.
Et d’ailleurs, se disait-elle, à quoi bon faire rougir mon pauvre homme ? Il sera sauvé, je l’espère, et ignorera toujours que je savais tout.
Chefneux feignit d’éprouver une grande joie au récit de sa femme et fit entendre que, de son côté, il avait aussi reçu des avertissements mystérieux. Il osa même parler de remerciements à adresser au ciel.
VII
Entre onze heures et minuit, il se fit un grand bruit dans la paisible vallée. On entendit un roulement effroyable de morceaux de rochers et d’énormes pièces de bois, et au point du jour, des matériaux considérables se trouvèrent amoncelés sur le sommet de la montagne : les fondements d’un vaste bâtiment étaient déjà jetés.
La nuit suivante, le même bruit se répéta. Hubert se leva sans rien dire et sortit. Catherine, s’étant hasardée à regarder ce qui se passait dehors, vit des murs déjà entièrement élevés et, sur ces murs, un grand nombre d’hommes travaillant avec une rapidité prodigieuse.
Le lendemain, le bâtiment était presque achevé et à son sommet s’élevait une charpente tournant sur un énorme pivot : ce devait être le moulin à vent qui, ainsi, surmonterait la maison d’habitation du meunier, maison construite en pierres brutes d’une dimension extraordinaire, liées par de moindres pierres comblant les interstices, de sorte qu’elle présentait un caractère original tout à fait inconnu dans la contrée.
Hubert était dans l’ivresse, et il aurait voulu que tous les habitants des environs passassent par là. Mais par un hasard singulier, personne, pendant ces deux jours, ne parut de ce côté.
La troisième nuit, le meunier sortit encore et le silence de la vallée fut de nouveau troublé par un bruit formidable de coups de haches et de marteaux, sans cependant qu’aucune voix humaine se mêlât à ce bruit.
Catherine aussi se leva :
– Le moment approche, dit-elle en frémissant.
La pauvre femme pria pendant un quart d’heure, mit tout en ordre dans la maison, comme si elle allait entreprendre un long voyage, déposa un baiser brûlant sur le front de chacun de ses enfants qui dormaient d’un profond sommeil, les contempla avec des yeux mouillés de larmes en les bénissant, allaita le plus jeune, qu’elle embrassa à plus de vingt reprises, se munit de sa médaille de Notre-Dame de Dieupart, jeta un regard suprême sur ce qui l’environnait et, suffoquée par les sanglots, sortit rapidement en disant :
– Que Dieu soit avec moi !
Elle gravit la montagne et arriva sur le plateau. Elle vit que le moulin à vent était presque achevé et que les bizarres ouvriers, au nombre de vingt ou trente, étaient tous occupés à la toiture.
Elle se glissa dans l’intérieur du bâtiment sans être aperçue...
Cependant Chefneux n’était pas loin. Assis sur une éminence, il calculait le temps minute par minute, prêtant avidement l’oreille pour entendre le premier cri du coq, en regardant attentivement les deux ailes du moulin pour voir si elles ne s’agitaient pas encore.
Tout à coup, il sentit une main s’appuyer sur son épaule et une voix, à lui bien connue, prononça ces paroles :
– Eh bien, l’ami, es-tu content ?
Hubert allait répondre au maître maçon, – car c’était lui –, lorsque soudain le coq chanta.
Les ailes restèrent immobiles. Elles ne remuèrent pas davantage au second cri qui se fit entendre.
Le meunier haletait.
– Eh bien ? murmura-t-il.
Le coq chanta une troisième fois.
Les regards du maître maçon ressemblaient à des charbons ardents, et il poussa une espèce de rugissement terrible, car les chants se succédaient et rien ne bougeait.
Alors, regardant le meunier d’un air menaçant, il adressa, dans une langue inconnue, quelques mots à ses satellites qui, restés immobiles sur le toit, ressemblaient à autant de statues.
Et aussitôt ceux-ci se mirent à procéder, avec une rapidité vertigineuse, à la démolition de leur œuvre. Les pierres colossales, les pièces de bois roulèrent avec un fracas épouvantable le long de la montagne.
Tout à coup, un cri déchirant frappa l’air et, au milieu des débris, une forme humaine, lancée rapidement à travers l’espace, vint tomber dans la vallée.
Quand l’aube parut, le maître maçon et sa bande s’étaient évanouis, et il ne restait plus pierre sur pierre de la belle maison que surmontait fièrement le moulin à vent.
L’ambitieux Hubert, plongé dans une espèce d’hébétement, regardait avec tristesse les débris qui jonchaient le fond de Quarreux lorsqu’il tomba comme foudroyé... Il venait de reconnaître, parmi ces débris, le corps mutilé de sa fidèle compagne.
La pauvre Catherine avait empêché les ailes de tourner pour sauver l’âme de son mari, du père de ses enfants, et elle était morte victime de son dévouement conjugal. Aussi, Dieu dut la recevoir dans son paradis, et elle eut, sans doute, la consolation de s’y retrouver plus tard avec son cher Hubert, car le meunier passa le reste de ses jours dans les regrets et les larmes.
France pittoresque.
La France pittoresque
12 novembre 1567 : mort du connétable Anne Montmorency, ami intime de François Ier et d’Henri II
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Anne de Bretagne, femme de Louis XII, tint sur les fonts baptismaux ce rejeton d’une illustre famille, né à Chantilly, le 15 mars 1493 : de là lui vint son prénom. Plus âgé d’un an seulement que le comte d’Angoulême, depuis François Ier, il se lia étroitement avec lui dès l’enfance : de là le crédit dont il jouit constamment sous le règne de ce monarque...
Un mythe tenace.
UN MYTHE TENACE
Publié le 8 novembre 2012
Les Templiers étendent rapidement, leurs possessions à l’ensemble de l’Orient latin et de l’Occident.
Ils élèvent commanderie,lieux de culte et châteaux pour accueillir les fidèles,abriter leurs communautés et défendre les territoires dont ils ont la garde.
Centre économique, pôle de pouvoir militaire et seigneurial et espace de vie monastique,qui tient à la fois du monastère traditionnel,de l’exploitation agricole,du palais aristocratique et parfois du château.
Un mythe tenace ,popularisé par Viollet-le-Duc( né le 27 janvier 1814 à Paris et mort le 17 septembre 1879 à Lausanne, est un architecte français, connu auprès du grand public pour ses restaurations de constructions médiévales.)
veut que les Templiers aient systématiquement bâtie leurs églises selon un plan centré,sur le modèle du Saint Sépulcre de Jérusalem.
En réalité ,en dépit de quelques exemples fameux(les rotondes de Londres,Paris ou Tomar),ils ont privilégié des constructions bien plus simples.
S’il n’existe pas de modèle unique d’architecture templiére,les frères s’étant pliés aux répertoires stylistiques et techniques locaux,on note toutefois des plans de prédilection qui révèlent l’esprit de simplicité et d’austérité qui imprègne l’ordre à ses débuts.La nef unique voutée en berceau brisé,terminée par une abside ou le plus souvent par un chevet plat,est une constante que l’on retrouve dans les églises conventuelles,mais aussi dans les chapelles castrales(rattaché à un château).La simplicité des élévations et la discrétion des éléments sculptés laissent en revanche la place aux décors peints,dont les rares exemplaires conservés sont à Cressac , à Pérouse ou en Catalogne.Il est possible d’identifier des familles d’églises stylistiquement homogènes à l’échelle d’une région.Ainsi,en Aquitaine,dans un espace marqué par l’efflorescence du décor roman,les chapelles Templiéres s’en tiennent au modèle du vaisseau unique,simplement éclairé au chevet par trois baies d’inspiration toute cistercienne.en Catalogne,les frères sont les premiers à utiliser l’arc diaphragme-solution de couvrement riche d’avenir-,qu’ils adaptent successivement aux constructions romanes et aux premières expériences gothiques.Au XIIIe siècle,l’ordre n’est pas insensible à ce nouveau style qu’il transporte du berceau francilien-le Temple de Paris,Epailly ou Rampillon-aux terres méridionales.Ainsi la chapelle du Temple d’Avignon ou la vaste église de Villalcàzar de Sirga,en Vieille-Castille,portent-elles les marques du gothique rayonnant.Preuve que les Templiers peuvent,à l’occasion,diffuser des formes et techniques nouvelles.C’est dans le domaine de l’architecture militaire que ces transferts sont les plus évidents,même s’il est délicat d’en déterminer précisément les canaux de diffusion.En occident,si les Templiers se sont conformés aux techniques et aux vocabulaires stylistiques locaux,commanderies, églises et châteaux n’en portent pas moins leur marque.L’aspect fonctionnel prime toujours,mais les frères n’ont pas hésité à adopter et à diffuser certaines nouveautés lorsqu’il s’agissait d’améliorer la défense d’un château ou d’exalter le rayonnement spirituel d’un lieu de culte.
D‘aprés un texte de Damien Carraz
Ce contenu a été publié dans Architecture par templierveritas.
Que signifie : jeter le froc aux orties.
La France pittoresque
Expression : Jeter le froc aux orties
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Ces mots s’emploient, par extension, pour désigner l’acte de toute personne qui, par inconstance ou par découragement, renonce à exercer une profession ou à terminer ce qui était commencé. Dans le sens propre, c’est se dépouiller de la robe ecclésiastique pour prendre le costume civil, c’est-à-dire quitter...
► La suite sur http://bit.ly/Q2ppHD
dimanche 11 novembre 2012
Quelles questions les inquisiteurs posèrent-ils aux templiers lors de leur interrogatoires ?
Photo De Brocéliande à Avalon.
Templier Veritas
Revenons aux questions demandées aux Templiers pendant leurs interrogations : elles étaient très variées et très réfléchies par des avocats compétents, spécialistes dans les hérésies qui engendraient des problèmes à l'Église. Leur intention était de découvrir si les Templiers étaient Gnostiques, Doctes, Manichéens ou Cathares, fidèles au Dualisme, c'est-à-dire à l'existence de deux divinités : le bien et le mal.
Ils voulaient donc savoir s'ils étaient devenus Musulmans mais la question la plus importante était de découvrir si les Templiers considéraient Jésus comme un faux Prophète, comme un criminel du droit coutumier, ayant été crucifié pour ses infractions. Dans ce cas, les Templiers étaient parmi ceux qui crucifiaient Jésus-Christ une seconde fois selon la déclaration du roi Philippe le Bel.
Les Inquisiteurs connaissaient très bien cette énigme. Cent ans plus tôt, quelques Cathares nommés les Parfaits, leur avaient parlé de cette interprétation de l'Histoire de Jésus-Christ. Mais cette nouvelle image de Jésus était déjà connue par les hauts dignitaires de l'Église et gardée dans les archives de l'Empire Romain. Après le règne de Constantin, l'histoire fut réécrite pour satisfaire l'Église et, informés de cette décision, les Juifs furent persécutés car il voulaient dénoncer cette information. Connaissant cet épisode, les Cathares furent exterminés avec tous leurs documents. Mais avant leur suppression, ils informèrent les Templiers qui subirent à leur tour l'Enquête.
La légende de Viviane.
Fille d'un petit seigneur de la forêt de Brocéliande, nommé Dyonnas (un seigneur du nom de Dymas aurait fait bâtir ce château sur les rives du lac de Comper. Disciple et confidente exclusive de Merlin.
Un jour, Viviane rencontre Merlin dans la forêt de Brocéliande. C'est par le hameau de Folle Pensée que l'on peut atteindre, après une bonne marche, la fontaine de Barenton. A cette source s'est abreuvée toute la poésie du Moyen-Age.
Ici, pour la première fois, l'Enchanteur Merlin vit la fée Viviane assise au bord de la fontaine et il éprouva le premier choc d'une folle passion.
Mille prodiges sont rattachés à cette source. Il suffisait de verser quelques gouttes d'eau sur la dalle toute proche pour déclencher de terribles orages.
Celui-ci tombe amoureux. Il lui construit un château de cristal en une nuit au fond d'un lac. C'est pour cela qu'on appelle aussi Viviane dame du lac. Le château n'est visible que pour Viviane et ses serviteurs
Merlin lui transmit même le secret de l'emprisonnement éternel que lui-même ne savait pas défaire. Désireuse de garder son amant, Viviane usa du sortilège sur lui et l'emprisonna dans un arbre que l'on parait-il peut encore voir dans la forêt de Brocéliande. Ainsi ils vivent pour toujours dans la forêt, mais invisibles aux humains.
Elle élèvera Lancelot du Lac après l'avoir ravi à sa mère.
Sources Mythologica.fr
The begining of teh French Révolution 1789.
Paulo Cattani Diaceto
The Beginning of the French Revolution, 1789 – As witnessed by Thomas Jefferson
King Louis XVI needed money. His financial crisis forced the French monarch to reluctantly convene the Estates General in order to levy a new land tax that would hopefully solve his monetary woes. It had been 175 years since the last meeting of this deliberative body that included representatives of three Estates: the First comprised of the clergy, the Second comprised of the nobility and the Third comprised of the middle and lower classes.
The Estates began their meeting at Versailles on May 5, 1789 and quickly entered into a power struggle. The Third Estate soon declared itself a "National Assembly" that was representative of the people. This new National Assembly expressed its desire to include the other two Estates in its deliberations but also made it clear that it was determined to move forward without them. Louis attempted to shut down the National Assembly, but on June 20 its members declared that they would not disband until they had written a new constitution for France.
The tension increased, exacerbated by massive crop failures that led to a shortage of food. In Paris, mobs filled the city's streets. The fear spread that the king would retaliate with force. On July 14 the mob stormed the Bastille to obtain arms. The attack launched the nation down a pathway that would eventually lead to the destruction of the monarchy and the execution of Louis XVI.
Thomas Jefferson was America's minister to France in 1789. As tensions grew and violence erupted, Jefferson traveled to Versailles and Paris to observe events first-hand. He reported his experience in a series of letters to America's Secretary of State, John Jay. We join Jefferson's story as tensions escalate to violence on July 12:
"July 12
In the afternoon a body of about 100 German cavalry were advanced and drawn up in the Place Louis XV. and about 300 Swiss posted at a little distance in their rear. This drew people to that spot, who naturally formed themselves in front of the troops, at first merely to look at them. But as their numbers
their indignation arose: they retired a few steps, posted themselves on and behind large piles of loose stone collected in that Place for a bridge adjacent to it, and attacked the horse with stones. The horse charged, but the advantageous position of the people, and the showers of stones obliged them to retire, and even to quit the field altogether, leaving one of their number on the ground. The Swiss in their rear were observed never to stir. This was the signal for universal insurrection, and this body of cavalry, to avoid being massacred, retired towards Versailles.
The people now armed themselves with such weapons as they could find in Armourer's shops and private houses, and with bludgeons, and were roaming all night through all parts of the city without any decided and practicable object.
July 13
The next day the States press on the king to send away the troops, to permit the Bourgeoisie of Paris to arm for the preservation of order in the city, and offer to send a deputation from their body to tranquillize them. He refuses all their propositions. A Committee of magistrates and electors of the city are appointed, by their bodies, to take upon them it's government.
The mob, now openly joined by the French guards, force the prisons of St. Lazare, release all the prisoners, and take a great store of corn, which they carry to the corn market. Here they get some arms, and the French guards begin to form and train them. The City committee determines to raise 48,000 Bourgeois, or rather to restrain their numbers to 48,000.
July 14
On the 14th, they send one of their members (Monsieur de Corny, whom we knew in America) to the Hotel des Invalides to ask arms for their Garde Bourgeoise. He was followed by, or he found there, a great mob. The Governor of the Invalids came out and represented the impossibility of his delivering arms without the orders of those from whom he received them.
De Corney advised the people then to retire, retired himself, and the people took possession of the arms. It was remarkable that not only the Invalids themselves made no opposition, but that a body of 5000 foreign troops, encamped within 400 yards, never stirred.
Monsieur de Corny and five others were then sent to ask arms of Monsieur de Launai, Governor of the Bastille. They found a great collection of people already before the place, and they immediately planted a flag of truce, which was answered by a like flag hoisted on the parapet. The deputation prevailed on the people to fall back a little, advanced themselves to make their demand of the Governor, and in that instant a discharge from the Bastille killed 4. people of those nearest to the deputies. The deputies retired, the people rushed against the place, and almost in an instant were in possession of a fortification, defended by 100 men, of infinite strength, which in other times had stood several regular sieges and had never been taken. How they got in, has as yet been impossible to discover. Those, who pretend to have been of the party tell so many different stories as to destroy the credit of them all.
They took all the arms, discharged the prisoners and such of the garrison as were not killed in the first moment of fury, carried the Governor and Lieutenant governor to the Greve (the place of public execution) cut off their heads, and set them through the city in triumph to the Palais royal.
About the same instant, a treacherous correspondence having been discovered in Monsieur de Flesselles prevot des marchands, they seize him in the hotel de ville, where he was in the exercise of his office, and cut off his head.
These events carried imperfectly to Versailles were the subject of two successive deputations from the States to the King, to both of which he gave dry and hard answers, for it has transpired that it had been proposed and agitated in Council to seize on the principal members of the States general, to march the whole army down upon Paris and to suppress it's tumults by the sword. But at night the Duke de Liancourt forced his way into the king's bedchamber, and obliged him to hear a full and animated detail of the disasters of the day in Paris. He went to bed deeply impressed.
The decapitation of de Launai worked powerfully thro' the night on the whole Aristocratical party, insomuch that in the morning those of the greatest influence on the Count d'Artois represented to him the absolute necessity that the king should give up every thing to the states. This according well enough with the dispositions of the king, he went about 11 oclock, accompanied only by his brothers, to the States general, and there read to them a speech, in which he asked their interposition to re-establish order. . . Tho this be couched in terms of some caution, yet the manner in which it was delivered made it evident that it was meant as a surrender at discretion.
The storming of the Bastille
. . . The demolition of the Bastille was now ordered, and begun. A body of the Swiss guards, of the regiment of Ventimille, and the city horse guards join the people. The alarm at Versailles increases instead of abating. They believed that the Aristocrats of Paris were under pillage and carnage, that 150,000 men were in arms coming to Versailles to massacre the Royal family, the court, the ministers and all connected with them, their practices and principles.
The Aristocrats of the Nobles and Clergy in the States general vied with each other in declaring how sincerely they were converted to the justice of voting by persons, and how determined to go with the nation all it's lengths.
The foreign troops were ordered off instantly.
July 16
Every minister resigned . . . and that night and the next morning the Count d'Artois and a Monsieur de Montesson (a deputy) connected with him, Madame de Polignac, Madame de Guiche and the Count de Vaudreuil favorites of the queen, the Abbe de Vermont her confessor, the Prince of Conde and Duke de Bourbon, all fled, we know not whither.
The king came to Paris, leaving the queen in consternation for his return . . .the king's carriage was in the center, on each side of it the States general, in two ranks, afoot, at their head the Marquis de la Fayette as commander in chief, on horseback, and Bourgeois guards before and behind
About 60,000 citizens of all forms and colours, armed with the muskets of the Bastille and Invalids as far as they would go, the rest with pistols, swords, pikes, pruning hooks, scythes &c. lined all the streets thro' which the procession passed, and, with the crowds of people in the streets, doors and windows, saluted them every where with cries of 'vive la nation.' But not a single 'vive Ie roy' was heard.
The king landed at the Hotel de ville. There, Monsieur Bailly presented and put into his hat the popular cockade, and addressed him. The king being unprepared and unable to answer, Bailly went to him, gathered from him some scraps of sentences, and made out an answer, which he delivered to the Audience as from the king.
On their return, the popular cries were 'vive le roy et la nation.' He was conducted by a garde Bourgeoise to his palace at Versailles, and thus concluded such an Amende honorable as no sovereign ever made and no people ever received."
References:
Jefferson's account appears in: Boyd, Julian (ed.), The Papers of Thomas Jefferson, vol 15 (1958); Hibbert, Christopher, The Days of the French Revolution (1981).
How To Cite This Article:
"The Beginning of the French Revolution, 1789," EyeWitness to History, www.eyewitnesstohistory.com (2007).
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