vendredi 16 novembre 2012

Les légendes de nains et de cobolds.

LES NAINS (Furnes. Bruges - Ostende.) Les légendes de nains et de cobolds ne sont pas rares en Belgique. Il n'est point de village qui n'ait à raconter quelque histoire de ces petits esprits surnaturels qui sont très doux et très- erviables aussi longtemps qu'on les laisse en repos, et que l'on ne paie point leurs bontés d'ingratitude. La Flandre occidentale est particulièrement riche en contes de cette espèce, la Flandre occidentale où la nationalité flamande s'est encore conservée pure et sans alliage, où habite encore la bonne foi germanique, la véritable loyauté, tandis que dans la Flandre orientale et le Brabant, depuis l'établissement des chemins de fer et même longtemps auparavant, la gallomanie s'était déjà emparée d'une grande partie des populations. A Furnes aussi, il y avait une grande quantité de nains, et beaucoup de fermiers leur devaient leur fortune. Lorsque ces petits êtres voulaient se dévouer à une Camille, ils commençaient par jeter de l'ordure dans le pot au lait. Si malgré cela le paysan et sa famille buvaient le lait, ils entraient dans la maison et aidaient à tous les travaux. De sorte qu'un fermier pouvait faire avec un seul domestique ce que d'autres n'auraient pu faire avec six valets, et une seule servante pouvait tenir toute la maison en ordre. Les chevaux toujours bien étrillés, avaient leur nourriture et de la litière fraîche, les vaches étaient traites, on n'avait qu'à prendre le lait; le grain transporté dans la grange était battu et vanné; les chambres étaient toujours propres, la batterie de cuisine brillait comme l'or et l'argent; la propreté était si grande dans la maison qu'on aurait pu manger sur le sol; et tout cela s'effectuait sans que personne sut de quelle manière. Et pour tout ce travail, ces bons petits nains ne demandaient qu'un petit pot de crème par jour; ce n'était pas trop en vérité. Cependant il arrivait quelque fois, souvent même, que certains paysans fussent assez ingrats pour se moquer des bienfaisants serviteurs, en leur donnant du lait aigre; alors les petits bons hommes abandonnaient la maison et le bonheur fuyait avec eux. Certain paysan avait une servante qui venait à bout de toute espèce de besogne sans paraître se donner la moindre peine. Elle seule soignait la métairie qui autrefois occupait quatre servantes. Elle était naturellement aidée par les cobolds, cependant le fermier l'ignorait. Il eut volontiers voulu connaître, comment elle venait à bout de sa besogne, mais il resta longtemps avant d'être sur les traces de la vérité. Enfin il remarqua que la fille se levait toutes les nuits et se rendait à la cuisine; il l'y suivit et fut témoin d'un spectacle qui le remplit d'effroi. En regardant à travers les fentes de la porte, il aperçut la fille occupée à préparer de la bouillie; la cuisine fourmillait de petits hommes rouges; chacun avait devant lui un petit plat dans lequel la servante mettait à chacun sa portion de bouillie. Holà! pensa le paysan, je vais leur jouer un bon tour, et le lendemain il jeta une gousse d'ail dans le lait qui était resté de la journée. La servante se leva comme d'habitude au milieu de la nuit, et alla dans la cuisine pour attendre les nains. Elle versa très-innocemment le lait dans la marmite; lorsque la bouillie fut prête, elle la servit aux cobolds; à peine en eurent-ils goûté qu'ils crièrent tous ensemble: Ail, ail, ail! Quittons ces lieux, le bonheur n'y reviendra pas; et disparurent au même instant. Le lendemain matin la servante demanda son congé et. le paysan ne put savoir ce qu'elle était devenue; dès ce moment, tout ce qu'il entreprenait ne lui réussissait plus; et il devint en peu de temps aussi pauvre qu'il avait été riche auparavant. Il arrive souvent que trop de bonté envers ces nains, les rend insolents…. Un certain meunier pourrait en dire quelque chose. Un soir il alla se coucher après avoir laissé dans son moulin trois sacs de grain non moulu, et à côté un morceau de pain beurré qu'il n'avait pu manger dans le jour, à cause d'une colique dont il avait été atteint. Lorsqu'il se rendit le matin au moulin, il trouva son grain changé en belle farine, mais le morceau de pain avait disparu. Cela étonna fortement le meunier, car il ne pouvait comprendre comment ce blé s'était moulu. Il voulut éclaircir ce mystère; à cet effet il plaça dans son moulin quelques sacs de blé et mit un morceau de pain beurré à côté; le soir il se blottit derrière un sac de farine pour voir comment se passerait la chose. Après être resté plusieurs heures dans une vaine attente, il commença à croire qu'il avait moulu lui-même le blé et qu'il avait mange le morceau de pain beurré, enfin qu'il avait oublié ces deux actions. Comme il pensait cela, il entendit remuer doucement à la porte du moulin et aperçut à la lueur de la lune dont les rayons traversaient la lucarne, un petit nain tout nu qui courut aussitôt au morceau de pain et le mangea de très-bon appétit, ensuite ayant mis le moulin en mouvement ils se plaça sous le premier sac l'enleva comme si c'eût été une cosse de pois, le vida dans la trémie et l'attacha presqu'en même temps à l'ouverture par où devait sortir la farine. Il l'examina pour voir si elle était bonne, et comme elle ne lui parut pas assez fine, il arrêta le moulin retourna la meule et la tailla mieux que n'eût fait un meunier ou un tailleur de pierres. Le meunier resta comme pétrifié, il osait à peine respirer, cependant il voyait avec plaisir le petit nain manier aussi habilement ses outils. La meule étant taillée, le nain la remit à sa place, le moulin recommença à tourner, et bientôt le blé fut changé' en belle et bonne farine. Alors il referma soigneusement le sac, se plaça dessous le souleva et le remit à sa première place. Eh! voilà un habile ouvrier, pensa le meunier, il ne me coûtera pas beaucoup de gages. Je ne lui donnerai pas de si tôt son congé. Chaque soir il déposait une grosse tartine à côté des sacs de blé, et dès ce moment il ne fit plus rien et devint très-riche, car le nain travaillait pour lui pendant la nuit, y mettait-il un nombre considérable de sacs, le lendemain il ne trouvait plus un grain de blé à moudre. Ce meunier avait le coeur très-reconnaissant, il ne savait comment récompenser ce bon petit nain pour les services qu'il en recevait. ll est vrai qu'il lui donnait toujours une tartine, «l'excellent gâteau cuit avec de la fine fleur de farine, mais cela ne lui semblait pas suffisant. En voyant toujours le nain tout nu, il eut la malheureuse idée de lui faire faire un habillement complet, il croyait l'obliger d'autant plus que l'hiver approchait et que le froid aurait pu le saisir. Il se rendit aussitôt chez le tailleur et lui dit: Maître, faites-moi un petit habit, un petit pantalon et un gilet pour un enfant de cette grandeur, et en même temps il indiqua avec la main la (aille du nain. Le tailleur le regarda avec étonnement et une expression qui semblait dire: Meunier, ton jugement n'est pas sain. Il lui dit cependant: Vous raillez vous de moi, maître meunier, je n'ai pas le temps de m'occuper de vos sottises. Cependant le meunier insista et le tailleur céda enfin: Hé bien! au nom de Dieu, dit-il, puisqu'il faut absolument vous satisfaire, après-demain, les habits seront chez vous. Il tint parole, et le surlendemain au soir il apporta le petit habit, le pantalon et la veste. Entretemps le meunier avait fait faire de petits souliers, des bas ainsi qu'une chemise. Il transporta le tout au moulin et le plaça sur une serviette à côté de- la tartine. Le nain accourut à l'heure ordinaire. Il est impossible de décrire la joie que ce petit être ressentit en voyant ces vêtements, il oublia son morceau de pain, et n'eut rien de plus pressé que de mettre au plus vite bas, souliers, chemise, pantalon, gilet et veste, et ainsi accoutré il se mit à danser et à faire des gambades, comme s'il eut perdu la tête; enfin il fit le tour du moulin et en sortit en sautillant. Des larmes de joie brillaient dans les yeux du meunier en voyant le nain aussi content. „Maintenant je puis dire que je lui ai fait plaisir!" s'écria-t-il. „La joie lui a probablement ôté le goût de travailler cette nuit; cela ira d'autant mieux demain." La nuit suivante, le nain ne revint point, la troisième, la quatrième, la cinquième nuit s'écoulèrent, le nain ne revint pas, enfin il ne reparut plus, et le meunier ne sut ce qu'il était devenu. Lorsque les nains servaient quelqu'un ils voulaient être obéis ponctuellement, car la désobéissance était sévèrement punie par eux. C'était1 la fête d'un village voisin de Fumes. La plupart des paysans oublièrent leurs blés qui étaient mûrs dans les champs et qui n'attendaient que le moissonneur. Un paysan cependant ne se fiant pas au beau temps, envoya tons ses domestiques et ses servantes au champ pour moissonner. On se figure bien le désappointement de ces gens qui comptaient bien s'amuser, lorsqu'on les força à se rendre au champ; le son des violons et des flûtes leur perça le coeur. Cependant ils eurent beau prier, le fermier tint bon et ils furent forcés de plier, s'ils ne voulaient recevoir leur paquet. Si la pièce de terre eût été de peu d'étendue ils auraient eu la perspective d'avoir fini avant le soir et d'aller alors à leurs plaisirs, mais hélas, le champ mesurait plusieurs journaux, et pour le moissonner il ne fallait pas moins de trois journées. Arrivés au champ ils prirent à contre-coeur la faucille et commencèrent à moissonner; ils n'eurent pas coupé deux gerbes, qu'ils jetèrent l'instrument d'un air découragé et murmurant contre la dureté de leur maître, ils se disaient que c'était vraiment un péché qui criait vengeance au ciel que de les forcer ainsi à renoncer aux plaisirs de la fête. Tout-à-coup ils entendirent derrière eux un bruyant éclat de rire, et se retournant ils aperçurent un petit nain qui les bras croisés riait comme un fou. Le premier serviteur leva sa faux en lui criant: « „Si tu ne cesses de rire, je te coupe en deux, chétive créature." „Coupe seulement" dit le petit nain en riant encore plus fort. „Tu t'en repentiras. Pourquoi restez-vous ici à travailler au lieu d'aller danser. Vous n'êtes que des nigauds." „Cela est facile à dire, répondit le valet," nous aimerions sans doute mieux aller à la danse que de nous ennuyer ici; mais le fermier s'est mis en tête de moissonner tout ce champ aujourd'hui." „Eh bien! en ce cas dépêchez-vous" répondit le nain en riant. „Cela est vite dit," murmura le moissonneur „mais tu ne peux pas comprendre ces choses là, passe ton chemin et laisse nous en repos." „Je veux vous prouver cependant que j'y comprends quelque chose," répondit le nain ,Je vous dirai de plus que, je m'y entends mieux que vous-mêmes. Si vous voulez faire ce que je vous dirai, je me charge de moissonner le champ en moins d'une heure." „Et que nous faudra-t-il faire?" s'écrièrent-ils tous ensemble. „Couchez-vous tous à terre et fermez les yeux. Ne les ouvrez pas pour regarder, car il pourrait vous en coûter cher.? Ils firent ce que disait le nain à l'exception cependant d'une servante qui, poussée par le démon de la curiosité, regarda en dessous du bras. Que vit elle? Le petit homme se plaça au milieu des épis et frappa dans ses mains. A son signal accoururent des milliers de petits nains pour recevoir ses ordres, lorsqu'il les leur eut donnés, ils se mirent gaiement à l'ouvrage et en moins d'une heure, le champ fut moissonné, à l'exception cependant de la partie qui était échue à la servante curieuse. Le petit nain battit des mains de nouveau et, en un clin d'oeil, toute la bande laborieuse avait disparu. „Debout," s'écria-t-il alors. „La besogne est achevée," Tous les moissonneurs se relevèrent à cet appel et se réjouirent de voir leur tâche terminée. Ils s'étonnèrent cependant de voir une portion non achevée. Le nain fit semblant de ne point s'apercevoir de leur surprise. „Qu'en dites-vous" s'écria-t-il. „J'espère que je m'y connais mieux que vous tous ensemble?" „Par Dieu! il a raison" s'écrièrent les moissonneurs. La servante s'écria aussitôt: „Bah! il vous en fait accroire, ce drôle n'a pas fait cela tout seul, plus de cent mille nains l'ont assisté, il n'y a pas grande science à cela!" „Ah, ah!" dit le nain en riant, tu as donc vu comment cela s'est fait; hé bien pour te punir de ta curiosité, tu moissonneras la portion que mes gens t'ont laissée." Les moissonneurs ne manquèrent pas de se moquer de la servante curieuse qui fut forcée de faucher le reste du jour. Elle suait à grosses gouttes, et devait s'arrêter à chaque instant pour aiguiser sa faucille qui s'émoussait après trois ou quatre coups. Pendant ce temps, ses compagnons dansaient et s'amusaient à la fête. Ces nains se montrèrent très-bons pour un pauvre diable qui, sans eux, serait probablement devenu la victime - de son désespoir. Celui-ci servait en qualité de maître ouvrier chez un riche fermier, dont il aimait éperdument la fille. Elle lui était si chère, et ils étaient si étroitement liés, qu'il lui eût été impossible de la quitter. Cela durait déjà depuis plusieurs années, et il n'avait pas encore eu le courage d'avouer son amour au père de sa bien-aimée pour lui demander son consentement au mariage. Il était à peu près certain d'en essuyer un refus, car ce père était très-fier de ses richesses et en même temps fort avare; enfin d'un caractère très-désagréable. Ne pouvant plus y tenir, le jeune homme résolut, coûte que coûte, d'adresser sa prière au fermier. Il m'écoutera au moins, pensa-t-il, son coeur ne sera pas de pierre. Ayant mis ses habits de dimanche, il se présenta devant son maître, et lui dit: „Monsieur, voila déjà plusieurs années que je vous sers fidèlement. J'ai à vous demander une grâce que vous ne pouvez me refuser, quelque grande qu'elle soit." „Que voulez-vous dire? Parlez sans crainte," dit le fermier. Votre fille et moi, nous nous aimons depuis longtemps, maintenant nous désirerions nous marier, nous n'attendons plus que votre consentement." „Moi te donner ma fille" dit avec un sourire de mépris le fermier „moi qui l'ai refusée à bien d'autres qui avaient le gousset autrement fourni que toi? Qu'as-tu après tout? Tu es pauvre comme un rat d'église!" „Je suis honnête homme, et la pauvreté n'est pas un déshonneur. Je me donnerai beaucoup de peine, je vivrai comme vous l'entendrez, et nous ferons tout ce qui nous sera possible pour vous être agréables." „Paroles, paroles!" s'écria le paysan, „Si tu ne peux me payer dix mille florins en belles pièces d'or, tu n'auras jamais ma fille." „Dix mille florins d'or!" dit le malheureux: en bégayant. Il quitta la place et monta à sa chambre, de grosses larmes roulaient dans ses yeux. Il ouvrit son coffre pour visiter sa tirelire, mais hélas! elle n'en renfermait que quatre vingts ; à dix mille il y avait loin encore. Il jeta son or avec rage et sortit avec la ferme volonté de se noyer dans un étang voisin. La route qu'il devait suivre pour y arriver, passait par, une colline que l'on appelait la montagne des nains. Arrivé là, il s'entendit appeler trois fois par son nom. Il leva la tête et aperçut au haut de la colline un petit nain qui lui faisant signe de s'approcher, lui dit: „Pourquoi cours-tu si vite, mon ami?" Cela effraya le jeune homme, cependant il reprit courage, car il avait souvent entendu parler de la bienfaisance de ces petits cobolds, et déjà l'espérance renaissait dans son coeur. „Hélas! je suis fatigué de la vie" répondit-il „je vais me jeter à l'eau." „Et pourquoi cela?" demanda le nain. „Parce que mon maître ne veut pas me donner sa fille en mariage" répondit-il. „Comment!" s'écria le nain „refuser un joli garçon! En vérité je crois que tu m'en fais accroire. Pourquoi te la refuse-t-il?" „Parce que je n'ai pas dix-mille florins," répondit-il. Le nain se mit à rire aux éclats. Enfin il dit: „Pour une bagatelle semblable, c'est inouï. Ecoute, reviens ici, demain nous causerons de cette affaire. Mon ventre me fait encore mal de rire" et en même temps il disparut dans la colline sans que le paysan pût concevoir comment il y était entré, car on n'y voyait aucune ouverture. Il prit courage et se dit en lui même, qu'il pouvait aussi bien se noyer le lendemain, s'il jugeait encore la chose nécessaire, et tout en rêvant à l'avenir, il arriva à la maison. Le lendemain il se rendit à la même heure, près de la montagne aux nains, et ne voyant aucune trace du cobold: J'attendrai un instant, se dit-il et se laissant tomber sur l'herbe, il se releva presqu'en même temps en criant aïe! aïe! Il était tombé sur quelque chose de si dur, qu'il croyait que toutes ses côtes en étaient brisées. Tout en colère il rechercha la cause du mal; ô bonheur, un sac qu'il put à peine soulever était couché dans l'herbe! Il l'ouvrit et de beaux florins d'or nouvellement battus roulèrent dans sa main. Les ayant comptés aussitôt, il y trouva les dix mille florins. Quel être était maintenant plus heureux que notre villageois? 11 eût désiré remercier le bon cobold pour ce riche présent, mais il eut beau l'appeler, il ne le revit plus. Voyant que ses cris ne servaient à rien, il courut en toute hâte à la ferme et compta à son maître les dix mille florins, et épousa la fille. Après la mort du père il hérita de tous ses biens et continua la ferme où on peut le visiter encore aujourd'hui, s'il n'est pas mort.

Les trois ondines.

LES TROIS ONDINES. (Jupille. Liége-Louvain.) Dans l'ancien temps, lorsque les hommes n'étaient pas encore aussi corrompus qu'aujourd'hui, ils avaient quelquefois des relations amicales avec des esprits bienfaisants qui leur étaient utiles dans diverses occasions. Pendant que des nains et des Kobolds travaillaient pour leur éviter les fatigues, des anges jouaient avec les enfants au berceau et l'enfant Jésus lui-même sautait des bras de sa mère au milieu des plus grands et leur vantait lu magnificence qui règne derrière cette porte d'azur à clous dorés et à serrure d'argent. Puis il cherchait avec eux les petites paillettes que l'arc-en-ciel, ce pont céleste, laisse échapper de ses deux extrémités en disparaissant aux yeux des mortels. Chaque soir après les travaux champêtres, les paisibles habitants de Jupille (petit village situé près de Liége aux environs de la Meuse) dansaient innocemment sur la pelouse, et ces danses se prolongeaient souvent jusqu'au milieu de la nuit. Un soir qu'ils dansaient comme d'habitude en chantant de joyeuses chansons, ils virent s'approcher trois jeunes filles vêtues de blanc et portant des guirlandes de lys d'eau entremêlées dans leurs cheveux noirs et flottants. Des boutons de la même fleur ornaient leur sein virginal. Leur front luttait de blancheur avec le lys et la neige et une tendre rougeur couvrait leurs joues; en un mot, elles étaient si belles qu'on n'aurait pu trouver leurs égales dans toute la contrée. Elles s'avancèrent gracieusement vers les danseurs et donnèrent volontiers la main aux plus beaux jeunes gens qui vinrent les inviter; bientôt elles s'élancèrent avec légèreté dans le tourbillon. Après la danse elles se joignirent aux jeunes filles et chantèrent des chansons si belles que jamais on n'en avait entendu de semblables, et si tendres qu'elles allaient au cœur de ceux qui les écoutaient. Cela dura jusque près de minuit; mais lorsque l'horloge eut sonné onze heures trois quarts, les jeunes inconnues se levèrent, saluèrent poliment les villageois et se retirèrent au plus vite. Le soir suivant des louanges sur les grâces des trois aimables tilles volèrent de bouche en bouche et aucun villageois ne manqua à la danse, car tous ambitionnaient le honneur de danser avec les trois dames. Enfin on les vit venir des bords lointains de la Meuse; elles turent saluées par les acclamations de tous les danseurs et aussitôt les danses commencèrent. Parmi les villageois, l'un surtout avait jeté les yeux sur une des jeunes filles et il lui offrait le plus souvent qu'il pouvait la main pour la danse, et lorsqu'elle était engagée par d'antres, il lui donnait quelques fleurs champêtres qu'il avait rassemblées en bouquet, en un mot il avait pour elle des attentions particulières. Lorsque forcée par la chaleur, la jeune fille ôta ses gants et les déposa sur son siége, le jeune homme s'y glissa doucement s'empara de ces gants et les pressant sur son cœur, il jura de ne plus les rendre à l'inconnue et de les garder comme gage d'amour. On dansa avec tant d'ardeur qu'on ne s'aperçut pas de la fuite du temps; minuit sonna à l'horloge du clocher. Les trois jeunes filles coururent aussitôt, en poussant un cri de terreur, au banc sur lequel elles avaient déposé leurs gants. Une d'elles ne retrouvant plus les siens s'écria: „Où donc sont mes gants?" Personne ne put lui dire ce qu'ils étaient devenus, et les jeunes filles se retirèrent tout éplorées. Le villageois les suivit jusqu'aux bords de la Meuse. Là, elles s'élancèrent au milieu des ondes et disparurent à ses yeux. Malgré la satisfaction qu'il éprouva à cette découverte, un triste pressentiment s'empara de lui, et le lendemain matin il courut comme poussé par une force invisible à l'endroit où les jeunes filles avaient disparu; les lys de la couronne de l'une d'elles surnageaient seulement et les boutons qui avaient orné son sein, flottaient entourés de sang à la surface de l'eau. A cette vue le jeune villageois éprouva une douleur inexprimable. Vivre sans son ondine lui parut impossible. Il se précipita dans le fleuve et on ne le revit plus. Son cadavre ne fut pas même retrouvé.

François Rabelais : l'art de mêler érudition et impertinence.

La France pittoresque François Rabelais : de l’art de mêler érudition et impertinence ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬● Recevant la prêtrise vers 25 ans, Rabelais se livre pourtant avec passion à des études profanes et noue des liens avec savants et hommes illustres de son temps, s’attirant ainsi nombre d’inimitiés avant de se lancer avec un éclatant succès dans l’apprentissage de la médecine. Célèbre pour ses Gargantua et Pantagruel où l’on devine cet esprit vif, dévergondé mais aussi érudit qui lui vaudra l’admiration de La Fontaine et de Molière, Rabelais veut présenter un nouveau système d’éducation publique et ridiculiser les sots personnages d’une société dont il se pique d’améliorer les mœurs...

jeudi 15 novembre 2012

De méchants Seigneurs (1108).

Photo De Brocéliande à Avalon. Paulo Cattani Diaceto DE MECHANTS SEIGNEURS (1108) -------------------------------------------------------------------------------- SUGER nous conte l'histoire de la prise du château de la Ferté-Baudoin, tenu par Gui le Rouge et son fils Hugues de Crécy, afin de libérer le comte de Corbeil et Anseau de Garlande: Or donc Louis, roi de France par la grâce de Dieu, ne put perdre l'habitude qu'il avait prise dans sa jeunesse, je veux dire celle de veiller sur les églises, de protéger les pauvres et les indigents, de travailler sans cesse à la paix et à la défense du royaume. Gui le Rouge, dont il a été parlé plus haut, et son fils Hugues de Crécy, jeune homme intelligent, preux aux armes, mais fait pour le pillage et l'incendie et très prompt à jeter le trouble dans tout le royaume (1), ne cessaient de contester la supériorité royale, à cause de la rancune accumulée en leur coeur par la honte d'avoir perdu le château de Gournay. C'est ainsi que Hugues ne voulut même pas épargner son frère le comte de Corbeil, Eudes (2), duquel il n'avait reçu aucune assistance dans sa lutte contre le roi. Il tendit un piège à sa simplicité. Un jour que le comte Eudes avait décidé de chasser tranquillement chez lui, il s'aperçut, l'imprudent, de ce que la communauté de sang engendre en fait de réalités et d'espoirs quand l'envie l'a corrompue. Enlevé par son frère Hugues, il fut enfermé au château qu'on appelle La Ferté-Baudouin (3). On lui mit des entraves et des chaînes; aurait-il même eu le moyen de se tirer d'affaire qu'il ne l'eût pu qu'en faisant la guerre au roi. En présence de cette extraordinaire folie, les gens de Corbeil, en grand nombre - car la châtellenie était riche en antiques et nobles chevaliers (4) - recoururent à l'asile ouvert à tous de la majesté royale. Prosternés aux genoux du roi, ils lui firent savoir, au milieu des larmes et des sanglots, la captivité du comte et les motifs de cette captivité, le priant et suppliant d'employer sa puissance à le délivrer. Sa promesse leur ayant fait concevoir l'espoir de la libération, leur colère s'adoucit, leur douleur fut soulagée; à l'envi ils cherchèrent par quel procédé, à l'aide de quelles farces, ils pourraient recouvrer leur seigneur. La Ferté-Baudouin appartenait à Hugues non pas en vertu d'un droit héréditaire, mais par l'occasion d'un certain mariage avec la comtesse Adélaïde, qu'il avait répudiée tout en gardant son château (5). Des gens de La Ferté, conférant avec quelques-uns de Corbeil, promirent sous la foi du serment de les recevoir dans le château, non toutefois sans prendre leurs précautions. Le roi, qui s'était laissé persuader par ceux de Corbeil, s'avançait en hâte; pour éviter que la nouvelle ne s'ébruitât, il n'avait avec lui qu'une petite poignée de chevaliers de sa cour (6). Assez tard, alors qu'on bavardait encore autour des feux dans le château, ceux qui avaient été envoyés en avant, c'est-à-dire Anseau de Garlande sénéchal (7), choisi à raison de sa vaillance et les hommes d'armes, environ quarante, qui l'accompagnaient, furent reçus par la porte qui avait été indiquée et firent de vigoureux efforts pour s'en emparer. Mais la garnison, surprise du hennissement des chevaux et du tapage inopiné que les cavaliers faisaient, bondit à leur rencontre. Entre les ouvertures opposées le chemin était resserré. Ceux qui étaient entrés ne pouvaient pas aller ou revenir à leur guise; ceux de la ville, placés devant les portes, ce qui ajoutait à leur audace, les taillaient en pièces à leur aise. Les premiers, plongés dans les ténèbres et desservis par l'étroitesse de la place, n'eurent pas la force de tenir le coup plus longtemps; ils regagnèrent la porte. Mais Anseau, emporté par son courage, rétrogradant et s'immolant, ne put y atteindre; l'ennemi l'y avait devancé. Ainsi surpris, il occupa bien la tour du château; mais ce ne fut pas comme seigneur, ce fut comme prisonnier, en compagnie du comte de Corbeil. Pareille était leur douleur, non pareille leur crainte, puisque l'un c'était la mort, l'autre le déshéritement seulement qu'il redoutait. Ainsi pouvait-on leur appliquer le vers : « Carthage et Marius se consolèrent de leur destin (8) ». Quand, avec la clameur des fugitifs, le bruit de cette rencontre fut arrivé aux oreilles du roi qui accélérait sa marche, il fut bien fâché de s'être laissé retarder et écarter de sa route par la gêne que lui causait la nuit noire. Il sauta sur un cheval très rapide et s'efforça d'aller audacieusement porter secours aux siens en se précipitant par la porte. Mais la porte était fermée à clef. Repoussé sous une grêle de traits, de coups de lances et de pierres, il se retira. Consternés de douleur, les frères et parents du sénéchal captif se jetèrent à ses pieds : « Ayez pitié de nous, disaient-ils, glorieux et vaillant roi, parce que, si cet abominable Hugues de Crécy, cet homme de rien, assoiffée de sang humain, venant ici ou emmenant là-bas notre frère, peut mettre la main sur lui de quelque manière que ce soit, il se jettera bien vite à sa gorge, sans aucun souci du châtiment qui l'attend dans le cas où, plus féroce que le plus féroce, il le ferait périr de malemort (9)». Cédant à cette crainte, le roi fit donc rapidement entourer le château, obstruer les voies qui menaient aux portes, établir en cercle quatre à cinq bastilles, et, en même temps qu'il usait des forces du royaume, il payait de sa personne pour la reprise des prisonniers et du château. Cependant Hugues, qui s'était d'abord fort réjoui de la capture, se sentit glacé de peur à l'idée qu'on allait lui arracher ses prisonniers, lui enlever son château. Dans son anxiété il se mettait en peine d'un stratagème qui lui permît d'entrer tantôt à cheval, tantôt à pied, il prenait tour à tour les dehors changeants et menteurs d'un jongleur et d'une courtisane. Un jour qu'il donnait toute son attention à cette affaire, du camp on le remarqua, on sauta sur lui. Impuissant à soutenir cette attaque meurtrière, il demanda son salut à la fuite. Tout à coup, parmi les autres et devant les autres, voici, emporté par l'élan de son coeur et de son cheval, Guillaume, frère du sénéchal prisonnier, chevalier élégant, preux aux armes, qui s'acharne vigoureusement contre lui et essaie de le mettre dans l'embarras (10). La vitesse de sa course eût suffi à le distinguer. Hugues l'aperçut; brandissant sa lance, il la tournait souvent dans sa direction; mais, dans sa crainte de ceux qui suivaient, il n'osait pas s'attarder et se remettait à fuir. Toutefois il était d'une habileté étonnante et hors de pair; s'il lui avait été possible de s'arrêter pour lutter seul à seul, il eût fait éclater la hardiesse de son coeur, soit en remportant un trophée de duel, soit en s'exposant au péril de mort, et y eût gagné un admirable renom. A plusieurs reprises il lui arriva, ne pouvant du tout éviter les villages situés sur la route ni échapper à l'attaque des ennemis qu'il rencontrait, de s'en tirer par une feinte trompeuse : il se donnait pour Guillaume de Garlande s'écriait bien haut qu'il était poursuivi par Hugues, invitait les gens, de la part du roi, à barrer le passage à ce dernier comme à un ennemi. Par ces stratagèmes et d'autres pareils, grâce à ses ruses de langage et à la vaillance de son coeur, il réussit dans sa fuite à se jouer à lui tout seul d'une multitude. Quant au roi, ni cette occasion ni aucune autre ne le fit renoncer à l'entreprise du siège; il resserrait le blocus, il fatiguait la garnison. Il ne cessa ses attaques qu'après un assaut donné à l'insu des chevaliers, grâce à une machination ourdie par une partie des gens de la place et après avoir par sa puissante valeur rendu la capitulation inévitable. Dans le tumulte, les chevaliers, fuyant vers le donjon, ne s'occupèrent que de sauver leur vie, non d'échapper à la captivité; le fait est qu'enfermés là dedans ils se trouvèrent hors d'état et de se protéger vraiment et de sortir de quelque façon que ce fût. A la fin, certains étant tués, davantage encore blessés, ils se rendirent, eux et le donjon, en se soumettant à la décision de la majesté royale, non sans le conseil de leur seigneur. Ainsi, « à la fois débonnaire et criminel en une seule et même action (11)» il restitua, avec autant de sagesse que de clémence, un sénéchal à lui-même, un frère à des frères, leur comte aux habitants de Corbeil. Parmi les chevaliers qui se trouvaient à l'intérieur, il y en eut qu'il déshérita, ravageant leurs biens, d'autres qu'il entreprit de punir très sévèrement, leur infligeant, pour terrifier leurs pareils, le tourment d'une incarcération prolongée. C'est ainsi que par une si belle victoire obtenue de Dieu contre l'opinion de ses rivaux, il ennoblit grandement les prémices de son règne (12). Notes: 1) Le chroniqueur de Morigny (édition Mirot, page 22) parle de lui à peu près dans les mêmes termes : « Homme hardi et de main prompte, hypocrite et dissimulateur en toute espèce de matières, oppresseur des pauvres, tueur de paysans par cupidité » (Vir audax et manu promptus, simulator et dissimulator cujusvis rei, oppressor pauperum et agricolarum cupidus interemptor). - Gui, comte de Rochefort (Seine-et-Oise, canton de Dourdan), surnommé le Rouge à cause de la teinte de ses cheveux, frère de Milon le Grand. Voir un tableau généalogique des familles de Montlhéry et de Rochefort dans A. Fliche, Le règne de Philippe Ier, page 321, note 2. 2) Ils avaient la même mère, Adélaïde de Crécy, laquelle, veuve de Bouchard II de Corbeil, avait épousé Gui de Rochefort, dont elle avait eu comme fils Hugues. 3) Aujourd'hui la Ferté-Alais, Seine-et-Oise, arrondissement d'Étampes. Il y a lieu de penser que c'est de la comtesse Adélaïde (Aalez) que vient le nom actuel (Dom Basile Fleureau, Histoire de la ville et du duché d'Étampes, 1683, page 562). 4) Les Grandes Chroniques traduisent : « La chastellerie de Corbueil, qui d'ancienneté est renommée de grant noblesse et de grant chevalerie ». 5) Confusion entre Hugues, fils d'Adélaïde de Crécy, et Gui de Rochefort, son mari, père de Hugues. 6) Voir le récit de l'expédition contre Sainte-Sévère. 7) Au moins depuis l'avènement de Louis le Gros, peut-être même depuis la brouille du roi Philippe et du prince Louis avec les Rochefort pendant l'été de 1107, après l'affaire de Gournay (M. Prou, Actes de Philippe Ier, page CXLI). 8) Lucain, Pharsale, II, 91-92. 9) Ils étaient pourtant beaux-frères, Anseau de Garlande ayant épousé une soeur d'Hugues de Crécy. 10) Guillaume de Garlande; il fut plus tard sénéchal, de 1118 à 1120, après la mort d'Anseau. 11) Ovide, « Métamorphoses », III, 5. Le mot « criminel » s'explique par la méchanceté d'Eudes de Corbeil. 12) D'après la chronique de Clarius (Duru, Bibliothèque historique de l'Yonne, tome II, page 516), le siège de La Ferté-Alais aurait eu lieu « au coeur de l'hiver, sous la neige et les averses » (in ipsa hieme, per nives, per grandines). On peut admettre avec A. Luchaire (Louis VI le Gros, Annales de sa vie et de son règne, Paris, 1890, in-8°, n° 61) la date de décembre 1108. Sources: « Suger - Vie de Louis VI le Gros », éditée et traduite par Henri Waquet, archiviste du département du Finistère, « Les Classiques de l'Histoire du Moyen Âge » publiés sous la direction de Louis Halphen, Tome 11, Paris, Librairie Ancienne Honoré Champion, éditeur, 1929, pages 89 à 97.

Berber Society.

Georgiana Elizabeth Spencer BERBER SOCIETY ~ Berber society is tribal and is based on Islam and the clan. Islam strengthened the ancient patriarchal system by emphsizing that submission to your parents is synonymous with obedience to God and it also sublimated many old customs and incorporated them into its religious ritual. It is an all-encompassing system and prescribes the code of conduct that governs all private and public life, whether religious or secular. The code of good manners is called "Hashumah" and it combines the concepts of honour, respect, modesty and shame. Every one knows his place in society and what is "proper" for them to say or do. The Berbers are still mainly settled farmers, with significant minorities of nomads and city dwellers. The old common law ('Ada, Kanoun) is transmitted orally from generation to generation and is still widely used. The tribe is based on blood ties to a common ancestor who is seen as a supernatural protector and mediator and whose tomb serves as a pilgrimage centre. All members of a tribe call themselves "Bani 'Amm" (cousins). The smallest unit in the tribe is the "hearth" (household - the extended family living under the authority of the eldest male). A number of hearths form a clan (Firqah), which is fairly autonomous in running its own affairs. The tribe is composed of several clans. Blood relationship is the basis of all social life. It involves people in its widening circles of family, extended family, clan and tribe, each circle having definite obligations. This attitude is best summed up by the Middle Eastern proverb: "Myself against my brothers, my brothers and myself against my cousins, my cousins and my brothers and myself against the world". Each person is expected to have a deep loyalty to his community and its moral code. Marriages to cousins on the father's side are preferred. The married son continues to live with his father, the daughter when married moves in with her husband's family. If divorced or widowed the woman returns to her father's home. Three to four generations may live together in an extended family that can number as many as fifty people. Berber women enjoy more freedom than that common among Arab women. They are not veiled, they can chose to divorce and they retain their dowry. Communal duties include building and owning granaries. The community is also obliged to protect each individual's guests. Settled farmers build one storey stone houses in their villages. The semi-nomads construct their houses and granaries of pounded earth and live in tents made of goats hair when at pasture. Home industries such as pottery, basket making and weaving are performed by the women. In Berber villages the meeting of all adult males (Jama'ah) in the village square is the ultimate political power centre. The Jama'a elects a village head for a limited term, though in practice some wealthy heads of family wield much of the power. The nomads elect a permanent chief and council, the semi-nomadic tribes a seasonal chief who oversees the migrations. The Sharifs, who claim descent from Muhammad, still form the highest caste in the villages. The Marabouts, heads of the Sufi brotherhoods, are also much respected and some are venerated as saints. In conservative families, female influence is thought to be detrimental to a boy, and he is removed from his mother's sphere at the age of six or seven, when he is placed under the supervision of a male relative who takes over his education. He is taught to obey and respect his parents and the many customs and traditions that are still absolutely binding. Berber architecture and crafts show the combined influence of the Middle East and of Muslim Spain. For decoration Berbers use a simple composition with alternating decorated and coloured stripes. Festivals (Moussems) are an important feature of Berber life usually held towards the end of summer. They are an occasion for a great gathering of the tribes and clans, usually held at the tomb of a well known saint. Trade, fairs, sacrifices, ceremonies and marriage arrangements are all part of the fun. Despite the emergence of new classes in the cities and the effects of modernisation the old values continue to have a strong hold on society. Solidarity among male relatives is a must, even when they no longer live near each other. It is an obligation to help all relatives in need. Girls are married off as soon as possible as celibacy is considered a shame. Large families are still favoured and marriages are commonly arranged by parents who prefer relatives to strangers. In both government and economy, a parallel chain of command comprising informal family and tribal ties is often the real power broker.

Language of the Berber.

Georgiana Elizabeth Spencer ‎~ LANGUAGE OF THE BERBER ~ The Berber dialects belong to the Hamitic subfamily of the Hamito-Semitic language group. They include: in Morocco, Shilha (Tashilhait) spoken by the Shluh, Tamazight by the Berrabers and Tarifit (Zenatiyeh) spoken by the Rif. In Algeria, Kabyle (Tamazirt, Zwawah) spoken by the Kabyles, Shawia spoken by the Shawias and Tamashek spoken by the Tuaregs in central Sahara and north of the Niger river. The sound systems of the various dialects are quite different from one another, but vocabulary and grammar are quite similar. The Arabic script is used for writing all dialects, except for the Tuareg dialect which still uses an ancient Libyan writing system (Tifinagh). Berber dialects borrowed many words from Arabic and contain some words borrowed from Phoenician and Latin. They are spoken languages transmitted orally from generation to generation, as Berber writers wrote in the languages of their conquerors: Punic, Latin, Arabic and French. There are some inscriptions in ancient Libyan, no Berber documents from the early Islamic period, and only a few from the 12th century onward, mainly religious works in Arabic script intended for teaching Islam and for religious edification. Most writing in the Maghreb was done in Arabic. In the 19th century Europeans started collecting texts orally from Berbers and writing them down. Later, translations of the Old and New Testaments were made by Catholic and Protestant missionaries. Secular works are rare. There are Arabic-Berber dictionaries and books on popular medicine. There are a few compilations of customary Berber law and some adaptations in Berber of Arabic stories. Since the eighties, new Berber publications are appearing especially in France, designed to preserve and strengthen the specific Berber heritage. Similar to Semitic languages, Berber words are made up of roots inflected according to a schema, the root containing two or three consonants. There are two genders, masculine and feminine, and two numbers, single and plural. The vocabulary is quite large and includes many Arabic loan words for religious and intellectual terms. Berber folklore is rich and has been transmitted mainly orally. There are many proverbs, fables, humorous tales, animal stories, religious and historical legends. Berbers are also fond of riddles and of songs and poems about love and war that are recited at festivals and gatherings.

Les Fresques de la Chapelle de Cressac.

Templier Veritas Les Fresques De La Chapelle De Cressac : Dominant la vallée du Né,en Charente,la chapelle de la commanderie du Dognon renferme les plus belles fresques attribuées aux frères du Temple.Si d'autre lieux templiers furent sans doute décorés,les peintures de Cressac sont les seules en France à avoir résisté à l'usure du temps. Exécutées vers la fin du XIIe, siècle,elles mettent en scène un roi sur sa monture, vraisemblablement Philippe Auguste partant pour la terre Sainte ,ainsi que des scènes de croisade. On y voit des charges de cavalerie et peut-être une représentation de la victoire des croisés devant le Krak des Chevaliers Hospitaliers,en 1163.Geoffroy Martel, frère du comte d’Angoulême,et Hugues de Lusignan y avait vaincu Nur al-Din,seigneur de Mossoul...