jeudi 24 janvier 2013

Le plus vieux monument en pierre de Normandie.

À deux pas de la mer (15 kilomètres à l’ouest de Caen), entre une petite route départementale et quelques champs en jachère, se dresse l’un des plus anciens monuments en pierre d’Europe de l’Ouest.
Construit il a plus de 6000 ans et redécouvert par des archéologues vers 1830, le tumulus de Colombiers-sur-Seulles n’est pas qu’un amas de terre et de pierres, contenu par une série de murets en pierres sèches. C’est un lieu de culte.
Daté d’environ 4000 avant Jésus Christ, ce « cairn » remonte au Néolithique, dernière grande période de la Préhistoire, marquée par l’apparition de l’agriculture. Occupés par le travail des champs et la domestication des animaux, les hommes quittent leur mode de vie nomade et s’établissent dans les premiers villages. Les branches d’arbres et la terre glaise servent à construire des maisons et des enclos (un abri et un four en terre ont été reconstitués sur place). La pierre, elle, est essentiellement utilisée pour fabriquer des outils et dresser d’imposants monuments, appelés mégalithes.
Installé sur un point stratégique dans le paysage, le tumulus de Colombiers est une construction destinée à affirmer le lien vital unissant le groupe humain au territoire qu’il cultive. Sa construction est, sans aucun doute, le fruit d’un travail collectif. Mais ce grand édifice de terre et de pierre, dont la forme allongée et les deux pierres dressées rappellent un homme couché, est avant tout une sépulture. Ici étaient couchés pour l’éternité certains membres de la communauté, sans qu’on sache vraiment en fonction de quels critères ils étaient choisis. Les défunts étaient déposés à même le sol, en position fœtale. L’accès à la chambre funéraire, lieu central du recueillement, se faisait en empruntant un étroit couloir. Cette entrée, maintes fois ouverte par les hommes du Néolithique, symbolisait le lien entre le monde des morts et le monde des vivants. Un culte reste attaché au lieu. À quelques mètres de là, se dresse « la Pierre Debout », un menhir sur lequel on posait au XIXe siècle de petites pièces de monnaie pour « se marier dans l’année ».
Sources Histoires normandes.

Le Graal qu'est-ce que c'est ?

Qu'est-ce que le Graal?

Graal est la littérature médiévale considère comme un objet miraculeux promesses et sacré de la félicité terrestre et céleste. En Gralsdichtung dit qu'il est symboliquement la combinaison idéale de l'terrestre et le divin. Toutefois, le Graal peut être trouvée que par des personnes choisies et d'éligibilité lui une inscription mystérieuse, qui révèlent que le digne.

Le Graal, visibles à l'œil de chair une erreur

En bref: trouver le Saint Graal est, de connaître le monde. Toute personne en possession du Saint-Graal est à voir à travers le monde et sont capables de s'élever au-dessus. Les propriétaires du Saint-Graal est, dit-on pas plus d'un serviteur du peuple, encore et encore la douleur et la mort, mettre les lois de la terre. Le Graal de disposer de moyens de ne plus être esclave de la Terre (Terra). Qui verra à travers les lois de la terre et elle vaincra, la Terre perd (Terra) leur autrement inévitable avec son cortège d'horreurs (la terreur). Un tel homme éclairé échappe aux plus grandes horreurs jamais, et cela se voit sur le Erdperspektive de la mort (physique). Pour échapper aux diktats de la mort et de devenir immortel, déplacé beaucoup d'esprits et a alimenté l'intérêt pour le Graal. Cette envie de l'immortalité a fait naître un certain nombre de légendes sur la recherche du Saint-Graal. La recherche de l'immortalité (physique) n'est que d'une version limitée du monde et est guidé par l'œil de la chair et non par les yeux de l'esprit. Par conséquent, il suppose qu'il s'agit d'un "terrestre", objet du monde et non de quelque chose «intellectuelle» comme une idée, un objectif global ou tout simplement un caractère archétypal. Que les auteurs de l'Écriture ou le poète représente une tâche difficile et presque impossible.

Une version littéraire est une formation. Par une chose mentale dans l'image est nécessairement avoir recours à la forme. Quel que soit le poète choisit ce qu'elle devient ambigu et trompeur. Sinon, il est l'image du Saint-Graal. D'une part, il s'agit d'un tube ou d'une enveloppe, comme de la manière décrite ci-après. Pour d'autres, c'est une pierre, connue sous le nom "Pierre Philosophale" l'. Dans Parzival de Wolfram von Eschenbach, le Graal est interprété comme «la pierre aux propriétés miraculeuses." Il l'appelle "Lapsit Exillis". Dans beaucoup d'autres histoires, il est un merveilleux «élixir», une substance ou "Materia Prima", qui donne la vie éternelle. Dans la science d'aujourd'hui, nous pourrions dire «formule du monde" de le faire. Mais il ya toujours un dernier valide pour être reconnus forme, formalité ou formule - juste DAS, résultant grandi sous toutes ses formes. En réalité, il est une chose mentale à une forme minimale mais nécessaire de la part ou mieux, quelque chose qui la frontière entre le spirituel et le formulaire décrit. Si les manifestations littéraires sont donc pris dans leur choix sous forme littérale et trop concrète, la recherche du Graal passé de son sens réel.

Le Graal et son symbolisme historique

L'idée d'un Saint-Graal et son point de vue comme un objet provient des rapports crucifixion bibliques dans les évangiles du Nouveau Testament. Selon Joseph d'Arimathie * dans une tasse - ont pris le sang du Sauveur, qui doit être piloté par le côté soi-disant blessure causée par un mercenaire romain avec une lance - Saint Graal tard. Le bateau symbolise la capacité d'absorber le sang rédempteur * et donc le salut lui-même.

Tout cela est symbolique. Enregistrement et réception des présuppose de rachat que l'on comprend le processus de la crucifixion dans son symbolisme et examine son contenu. Que le contenu, à savoir la loi du monde, délivrée par un homme éclairé (Jésus) et capté par un récepteur. Pour la collection est la coupe, le navire, appelé le Graal. Ici, le navire d'interception décrit dans la Bible n'est pas en tant que tels être mentionnés. Seule la littérature extra-biblique traiter avec lui, et selon elle, le navire n'est pas tout, mais le calice.

La loi de la polarité

En Graal rencontrent donc deux images, le calice de la Cène et la Crucifixion de la foule par le sang du Christ. La combinaison des deux est évidemment un fond et à peine un niveau historiquement authentique. * Contenu, mais les deux vont ensemble très bien. Le vin de l'Eucharistie était déjà le symbole du sang du Christ. Avec la crucifixion qui est arrivé, il était logique que la remise du vrai sang a été ajouté à cette coupe. Le calice et le sang du Rédempteur vont de pair et se connecter sur passive, réceptrice. Les victimes et recevant correspondent à l'archétype du féminin. Ce Nouveau Testament, point de vue chrétien sur le monde est à l'opposé de l'. Précédant leur Ancien Testament, point de vue juif, dans lequel le principe masculin de l'application et de la force caractérise le point de vue de la création Les deux se complètent mutuellement et essayer d'intégrer à sa manière la contrepartie et adversaires apparents. Émanant d'une affirmation de soi existant et la force du judaïsme décrit ostensiblement la volonté d'agir et son exécution, culminant, mais le contenu de la réception de la volonté de Dieu. * A l'inverse, en le laissant se produire et la faiblesse apparente décrit (action par l'inaction) sortant religion chrétienne ostensiblement la souffrance et la compassion, culmine dans le contenu conscient, mais l'application de la révélation divine par l'écoulement du sang. Les deux perspectives sont complémentaires, et les deux approches n'ont pas naturellement un peu de son intégration à leurs enseignements religieux tendre. Pour comprendre les disparus respectif et le transport il est converti en images et en symboles.

mercredi 23 janvier 2013

La déesse du Sycomore.

Les chemins de l’au-delà



Senedjem et son épouse Iineferti parcouraient les chemins lumineux de l’au-delà depuis un certain temps déjà. Ils avaient déjà affronté de multiples périls dans la Douat, mais leur route s’annonçait encore bien longue pour atteindre les champs d’Ialou où ils pourraient vivre éternellement dans l’abondance.
Soudain, ils virent dans la lumière se dessiner la silhouette d’un arbre, un grand et majestueux sycomore. Nul part, de leur vie passée dans la vallée du Nil, ils ne virent un tel arbre ! Haut d’une quinzaine de mètres, le sycomore avait un tronc blanchâtre surmonté d’une luxuriante frondaison étalée. Il portait d’innombrables figues amassées en grappes devenant rouges à maturité.
Aussi, intrigués autant que fascinés, ils s’approchèrent respectueusement du sycomore. Lorsqu’ils touchèrent l’écorce qui frissonnait comme animé d’une énergie mystérieuse, une déesse leur apparut, émergeant soudainement du tronc de l’arbre. Elle était d’une incroyable beauté, son corps élancé et gracieux se confondait avec ce majestueux végétal. Une douce lumière et un parfum suave baignait les alentours.
Elle se pencha vers les deux voyageurs de l’au-delà et leur tendit une aiguière contenant l’eau pure et un plateau garni de pains et de gâteaux. Après s’être rafraîchis et rassasiés, Senedjem et Iineferti remercièrent la déesse du sycomore en récitant quelques prières et formules magiques qui leur permirent de poursuivre leur périple sur les beaux chemins de l’Occident.

Déesse du Sycomore
Scène provenant du tombeau de Senedjem (TT 1) – XIXe dynastie, Deir el-Médineh)
Cette vignette illustre le chapitre 62 du Livre des Morts qui nous enseigne que nous pouvons " boire de l’eau dans la nécropole ". Cette eau pure et vivifiante est celle de la crue annuelle du Nil par laquelle " tous les pères et toutes les mères " reviennent féconder le pays afin qu’il puisse revivre éternellement. Cette eau miraculeuse est contenue dans un vase rituel (hes) dont la déesse du Sycomore se sert pour verser le précieux liquide sur les mains tendues du défunt.
La bienveillance de cette déesse, que l’on assimile généralement à Nout ou parfois à Hathor, fait ainsi référence à son aspect maternel vis-à-vis du voyageur de l’au-delà.
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sycomore photographié à Assouan (photo : Méryrê)

Il est assez étonnant, dans notre conception occidentale, que les défunts perçoivent les mêmes besoins que les vivants. Dans les croyances égyptiennes, la mort ne représentait qu’une étape transitoire, certes dangereuse, mais nécessaire pour accéder à la vie éternelle. Le défunt quittait ce monde « vivant » car il avait reçu tout ce dont il était nécessaire pour accomplir l’ultime voyage. Le corps préservé par la momification avait subi le rituel « d’ouverture de la bouche » qui consistait à réactiver symboliquement la bouche, les yeux et les oreilles.
Ainsi pourvu de tous ses sens, le voyageur de l’au-delà pouvait à nouveau percevoir le monde qu’il allait parcourir et profiter de toutes les nourritures célestes qui lui seraient offertes et qui étaient censées lui procurer une vitalité exceptionnelle afin qu’il puisse vivre à jamais.


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Ôtés du cadavre au moment de la momification, les principaux organes étaient conservés dans des récipients particuliers connus sous le nom de « vases canopes ».  Ce nom fut introduit par des antiquaires au XVIIIe siècle pour désigner les récipients contenant les viscères momifiés dont l’aspect était semblable à une effigie d’une forme particulière d‘Osiris adorée à Canope, une ville du Delta oriental.
La mort, ou plutôt la préparation de la vie dans l’au-delà, occupait une place prépondérante dans la culture de l’Égypte ancienne. En effet, la vie après la mort n’était possible qu’à la condition que le ka (double immatériel de l’être) puisse revenir dans un corps bien conservé et reconnaissable. La conservation du corps charnel (le khet) constituait donc une partie essentielle des rites funéraires. C’est la raison pour laquelle les anciens égyptiens pratiquèrent la momification depuis l’Ancien Empire jusqu’aux premiers siècles de l’ère chrétienne.

Un problème se posa rapidement : en effet, la décomposition d’un corps commence par la putréfaction des viscères, milieu dans lequel les bactéries prolifèrent. Ils fallait donc les ôter rapidement du cadavre mais ils étaient cependant une composante importante de l’individu. Le pragmatisme égyptien a rapidement résolu ce problème : isoler les viscères du corps, les momifier séparément et les conserver dans des récipients placés aux quatre angles du sarcophage.

Lors du processus de momification, les reins, mais surtout le cœur, considéré comme le siège de la pensée, de la conscience et de la mémoire restent en place dans le corps. Il s’agit de l’organe le plus important puisque sa pesée, lors du jugement par le tribunal divin, déterminera la survie du défunt dans l’au-delà. Par contre, le foie, les poumons, l’estomac et les intestins étaient extraits et momifiés indépendamment. Le cerveau, quant à lui, inutile aux yeux des Égyptien, était réduit en bouillie pour être ôté de la boîte crânienne.
L’un des plus anciens exemples connu de ces récipients est celui trouvé dans la tombe de la reine Hétèphérès, épouse de Snéfrou et mère de Khéops (IVe dynastie). Il se présentait comme une cuve carrée, en pierre, divisée en quatre par des cloisons qui était clos par une simple dalle.
Dès le Moyen Empire, les viscères sont répartis dans quatre vases individualisés dont le bouchon reproduit les traits du défunt éternellement jeune.
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Vases canopes à têtes humaines (musée du Caire)
À partir  la XIXe dynastie (Nouvel Empire), ces « portraits » sont remplacés par les images des Quatre fils d’Horus.  Associés aux quatre régions du monde, ils rappellent le rassemblement des lambeaux du corps d’Osiris dispersés à travers l’Égypte. Ainsi, leur présence à proximité de la momie, évoque la réunification des forces vitales du dieu sur son enveloppe matérielle, condition essentielle du succès de son existence post mortem. Un de ces fils à un visage humain tandis que les trois autres ont des têtes animales (babouin, faucon et chien/chacal). Chaque vase est également sous la protection d’une déesse et reçoit la garde d’un viscère précis.
Pour les enterrements de moindre qualité, les organes sont replacés dans le corps après avoir été enveloppé de tissus, chacun avec l’image correspondante (en théorie !) du Fils d’Horus, souvent confectionné en cire d’abeille.  Les embaumeurs ayant parfois fait preuve d’une certaine négligence dans la préparation de ces « paquets canopes » qui ne sont pas toujours en relation avec le génie qui leur est attribué d’ordinaire. 

À la fin du Nouvel Empire, cet usage devait être étendu à la plupart des momies mais on a encore retrouvé ultérieurement des vases canopes factices pleins (pseudo-canopes) qui ressemblent à de grosses quilles mais toujours à l’effigie des fils d’Horus.
La combinaison des Fils d’Horus et des quatre déesses forme un réseau protecteur autour des viscères. Les premiers, sont responsables de la préservation matérielle des organes mais incarnent également les fonctions vitales inhérentes aux viscères. La présence des enfants divins, associés aux points cardinaux, symbolisent la revivification du mort qui a retrouvé la totalité des éléments qui le composait, mais a aussi drainé toute son énergie dispersée aux quatre coins du monde.  Toute reconstitution individuelle prend une dimension universelle. Le défunt lie ainsi son destin à Osiris mais aussi avec l’Égypte elle-même puisque le rassemblement des membres du dieu étant en relation symbolique avec l’unité du pays.  La déesse-réceptacle, représentée par le corps du récipient, veille sur le défunt qui est en « elle » par le biais de ces viscères assimilés à l’un des Fils d’Horus, dont elle assume ainsi la « gestation ».
Les récipients, en pierre ou en terre cuite étaient parfois placés dans un coffret de bois décoré de vignettes représentant des scènes mythiques et de formules de protection.
 
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Vases canopes en pierre des quatre Fils d’Horus et leur coffret (Musée du Caire)

Fils d’Horus
Forme du bouchon Divinité protectrice Organe Point cardinal
Hapy Babouin Nephthys Poumons Nord
Douamoutef Chacal Neith Estomac Est
Amset Homme Isis Foie Sud
Qebesenouf Faucon Selkis Intestins Ouest
texte et photos (musée du Caire) : Méryrê
Sources Egypte vivante?

Les Colosses de Pierre.


Les Colosses de pierre


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Colosses de Memnon (Amenhotep III, XVIIIe dynastie), rive occidentale de Thèbes

Les Colosses de pierre aux corps mutilés
Fixent de leur regard éteint les temples oubliés.
Le vent a balayé les chants des prêtresses
Qui résonnent maintenant de leurs cris de détresse ;

Les signes magiques sur les murs gravés
Ont perdu leur âme et partout sont dispersés
Sur une terre stérile brûlée par le soleil
Qui n’est plus un dieu et n’a plus son pareil ;

Le fleuve ne déposera plus le précieux limon
Qui jadis nourrissait le vert sillon de la vallée fertile,
Hâpy, dieu du Nil, coule maintenant triste et docile,
Dompté par les hommes et par un mur de béton ;

Les Colosses de pierre, se meurent maintenant
Dans un dernier combat qu’ils perdront sûrement,
Rongé d’un ennemi sournois venu de la terre,
Le sel qui monte lentement, les transformant en poussière.

Méryrê, avril 2006.
 
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Photos : Méryrê, 2001
Sources Egypte vivante.

La maison de Séneb.


La maison de Séneb

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La maison de Séneb était en effervescence depuis tôt ce matin. Ses amis étaient venus de tout le village et même des bourgs avoisinants pour l’aider à construire une annexe à sa maison. La maison de Séneb était devenue trop petite car son épouse Ibaou avait mis au monde deux vigoureux garçons, des jumeaux dont Séneb était très fier.
Voici plusieurs mois que Séneb avait patiemment façonné des briques en mélangeant de la terre avec de la paille hachée et de l’eau pour former une pâte épaisse dont il avait rempli des moules rectangulaires en bois. Il avait alors suffit de les laisser sécher sous les ardents rayons de Râ ! Seneb avait appris cette technique de son grand-père Ameny qui était briquetier et avait travaillé à l’édifications de plusieurs grands mastabas pour des notables de la province.
Il fallait alors maintenant construire cette annexe contre la maison. Les briques avaient été entreposées dans la cour et seraient amenées dans de grands paniers de roseaux tressés. Plusieurs de ses amis préparaient déjà le mortier en mélangeant de la boue, de la paille et de la poudre de tessons de poterie, que l‘on nommait communément la mouna.
Séneb était heureux, le chantier débutait à merveille.
Sur le sol en terre battue, Séneb et ses amis alignèrent d’abord une rangée de briques dans le sens de la longueur sur laquelle serait posée une seconde rangée dans le sens de la largeur sur un lit de mortier frais. Voilà qui sera solide pensa-t-il ! Rangée après rangée, les murs s’élevèrent rapidement, Séneb vérifiait régulièrement l’aplomb des murs à l’aide d’une grande équerre de bois et un fil lesté d’une pierre comme son grand-père lui avait enseigné.

La charpente serait construite à l’aide de petits troncs de palmier qui seraient assemblés pour supporter une couverture faite d’une épaisse couche de feuilles de palmier sur laquelle une couche de terre argileuse bien compactée viendrait assurer l’étanchéité de la toiture.
Deux jours avaient suffit à toute cette joyeuse équipe pour réaliser le projet de Séneb. Il lui restait encore assez de briques pour construire un petit muret autour de la petite cour de sa maison mais ce soir il allait organiser une très belle fête pour tous ces amis et pour remercier les dieux de leur bienveillance.
 
La maison égyptienne
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Restitution d’une maison-type du village de Deil el-Médineh (aquarelle de Jean-Claude Golvin)
On ne connaît guère les habitations égyptiennes que par l’étude des maisons du village de Deir el-Médineh, le village des artisans qui bâtirent les tombeaux de la vallée des Rois. Le village se développe de part et d’autre d’une rue qui forme un axe central nord-sud et qui divise le village en deux quartiers. Les maisons occupent une superficie moyenne de 72 m2 mais les plus spacieuses atteignent 120 m2. Le village étant occupé par l’élite des artisans, il est donc imprudent de transposer ce modèle aux villages « classiques » que l’on retrouve dans toute l’Egypte. Néanmoins, ces modèles offrent une bonne approche pour se faire une idée de l’habitat égyptien.
Voici donc une description « type » d’une habitation « populaire » de taille moyenne comme nous aurions pu en croiser dans tous les villages de la vallée du Nil à l’époque pharaonique. La partie basse des murs est construite en moellons reliés entre eux par de la mounia. Sur cette embase était maçonné des murs en briques crues comme décrits dans le récit de la maison de Séneb.
Les maisons répondent presque toutes à un plan identique, correspondant à un trois-pièces-cuisine disposé en enfilade. La porte est en bois et les montants peuvent être gravés d’inscriptions mentionnant les noms et titres des occupants.

La première pièce est une salle dotée d’une petite construction encore énigmatique, baptisée « lit-clos » à cause de sa ressemblance avec les lits traditionnels bretons. Il s’agit sans doute d’un autel, sorte d’estrade rectangulaire situé à environ 80 cm de hauteur, desservi par un escalier de quelques marches étroites en briques crues. Cet édicule avait souvent un décor peint (représentations du dieu Bès, scènes intimes, scènes de danse …) évoquant la sexualité, la reproduction et la fécondité. Les murs de cette pièce étaient souvent agrémentés de niches dans lesquelles on déposait des ex-voto aux dieux familiers et aux ancêtres.
La deuxième pièce constitue la salle principale. Au centre de celle-ci, une colonnette en bois posé sur une base en pierre supporte la charpente constituée de petits troncs d’arbre ou de palmier. Une banquette basse en briques est disposée le long d’un ou deux murs de cette pièce. Le sol est en terre battue, souvent recouvert de grandes nattes de roseaux. C’est la salle commune où l’on se retrouve pour discuter, prendre les repas ou se reposer.
A la suite de cette pièce, un couloir conduit à un ou deux réduits (chambre à coucher ou débarras) et à un escalier qui mène à la terrasse. Au fond de la maison, la cuisine à ciel ouvert s’appuie sur le mur d’enceinte. Elle présente tous les éléments nécessaires : four à pain, foyer, pétrin, jarres, meules et mortiers. Une petite cave est souvent présente pour y stocker les denrées au frais, l’accès se fait par une petite entrée dans le mur de la cuisine.
Un élément fondamental des maisons égyptiennes est le toit-terrasse où les familles pouvaient respirer l’air frais lorsque le soleil déclinait à l’horizon, chacun avait ainsi la possibilité de raconter les dernières nouvelles d’une journée toujours bien remplie.
On peut visiter une maison de ce type, reconstituée virtuellement, dans le jeux Égypte II. La prophétie d’Héliopolis – 2000, Réunion des Musées Nationaux, Cryo Interactive.
  Sources Egypte vivante.

Bénou, le phénix égyptien.


Bénou, le phénix égyptien


« Celui qui se lève » telle est la traduction de bénou. En Égypte, celui qui se lève chaque matin pour éclairer le monde n’est autre que Râ. Bénou est donc Râ qui se lève ou plus précisément, le ba de Râ ayant pris la forme d’un héron majestueux.
Bénou est attesté dès l’Ancien Empire, mais à l’époque il ne revêt pas encore le noble aspect du héron mais bien celui d’une bergeronnette, petit oiseau de la famille des passereaux. Plus tardivement, Bénou prendra l’aspect d’un héron cendré (Ardea cinerea) un grand et bel échassier qui affectionne les lieux humides tels les fourrés de papyrus du delta ou ceux poussant sur les berges du fleuve sacré. Lorsqu’il jaillissait de l’eau, son mouvement pouvait rappeler celui de l’astre solaire s’élevant au-dessus de l’horizon. L’association avec Râ fut donc faite en toute évidence. C’est ainsi que l’on retrouve parfois Bénou remplaçant Râ sur la barque solaire, il est alors coiffé du disque solaire ou de la couronne atef qui le lie également avec Osiris.
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Plusieurs variantes de la naissance de Râ existent dans la cosmogonie héliopolitaine. Parmi celles-ci, on parle d’un œuf duquel aurait jailli le soleil. Cet œuf primordial, aurait été pondu par le « grand caqueteur » dont le cri déchira la première fois le silence : un oiseau du nom de Bénou. Dans ce mythe, il fut donc le tout premier être à se poser sur la butte primitive, la première terre émergée du Noun, cette butte qui pris le nom de benben.
Cet animal, présent sur terre depuis des temps immémoriaux inspira semble-t-il aux Égyptiens, l’idée d’une exceptionnelle longévité. Selon le mythe, il ressuscite tous les cinq cents ans après une flamboyante mort sur le bûcher de plantes aromatiques qu’allume le dernier rayon du soleil couchant.

Ovide, auteur latin du 1er siècle avant notre ère, écrivit à propos du bénou : « Il ne vit ni de grains ni d’herbe mais des larmes de l’encens et du suc de l’amome. A peine a-t-il accompli les cinq siècles assignés à son existence qu’aussitôt posé sur les rameaux ou la cime oscillante d’un palmier, il construit son nid avec ses serres et son bec, purs de toutes souillures. Là, il amasse de la cannelle, des épis, du nectar odorant, des morceaux de cinnamome, de la myrrhe aux reflets dorés ; par-dessus il se couche et termine ainsi sa vie au milieu des parfums. Alors du corps paternel renaît, dit-on, un petit phénix destiné à revivre le même nombre d’années. Quand l’âge lui a donné assez de forces pour soutenir un fardeau, il décharge du poids de son nid les rameaux du grand arbre, et emporte pieusement son berceau qui est aussi le tombeau de son père. Parvenu à travers les airs légers de la ville d’Héliopolis, il le dépose devant la porte sacrée de son temple. »
Dans le contexte funéraire, le bénou incarne le défunt en devenir car il était considéré comme « le ba issu du cœur d’Osiris ». Ainsi, le chapitre 13 du Livre des Morts nous révèle que le défunt souhaite pouvoir se transformer en « oiseau Bénou » et le chapitre 83 du même corpus, représente le défunt sous les traits d’un héron, au moment de la pesée du cœur devant le tribunal de l’au-delà présidé par Osiris. En fonction du jugement, ce héron (le défunt) pourra prendre ou non son envol et renaître pour une nouvelle vie.
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Bénou représenté dans la tombe de Néfertari (XIXe dynastie)
Outre des amulettes en forme de « bénou » que l’on retrouve principalement sur les momies de la Basse Époque, l’oiseau sacré est représenté dans plusieurs tombes comme dans celle de Senedjem à Deir el-Médineh où le bénou couronné d’une imposante couronne atef, est figuré aux côtés de Rê-Horakhty dans la barque solaire.
Les légendes entourant le Bénou (puis le phénix) ont largement survécus à l’époque pharaonique, ainsi croyait-on à l ‘époque romaine que l’apparition du héron sacré annonçait quelque événement d’importance. L’auteur latin tacide témoigne de ce fait car il rapporte que la mort de l’empereur Tibère (pour qui l’Égypte comptait particulièrement) survenue en 34 ap. J.C. aurait été annoncée par un phénix traversant le ciel !
Sources Egypte vivante.

Parfums et fards d'Egypte.

Parfums et fards d’Égypte



Comment se fardaient les Égyptiens, dans quelle ambiance parfumée évoluaient-ils, quelles étaient leurs pratiques corporelles ? Apparemment c’est un pan entier de la culture antique qui devrait nous rester à jamais inaccessible, tant le caractère volatile des parfums semble les condamner à l’oubli, tandis que les corps disparus ont emporté avec eux le secret de leurs pratiques quotidiennes. Et cependant, quelques pistes s’offrent à nous : les textes et les représentations qui, une fois que l’on a évalué correctement leur signification, se fondent nécessairement sur des aspects de la vie réelle. Enfin il reste des vases, vides ou contenant encore des restes. On se prend alors à rêver de recettes antiques…
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A la fin de la préhistoire, avant l’apparition de la civilisation pharaonique sur les rives du Nil, on ne sépare pas un défunt de sa palette à fard : on la dépose près de sa tête dans la sépulture. Ce fard vert est un minerai de cuivre, la chrysocolle, que l’on broie en poudre, à l’aide d’un galet, sur la palette. Il reste en usage jusqu’au début de l’Ancien Empire, puis est supplanté sous la IVe dynastie, à l’époque des grandes pyramides de Giza, par le fard noir à base de galène. Le poisson est la forme animale la plus couramment employée pour les palettes à fard de l’époque de Nagada, au dernier millénaire de la préhistoire, avant la naissance de la civilisation pharaonique. Il n’est pas rare d’observer des traces d’usure prononcée au milieu de la palette, indice de broyages répétés.
 
Palette à fard en forme de poisson de l’époque prédynastique
 
A l’Ancien Empire (vers 2700-2200 av. J.-C.), hommes et femmes considèrent les deux fards à yeux (vert de cuivre et noir de galène) et les huiles comme des produits particulièrement désirables pour leur vie d’outre-tombe. Ces produits de soin ne sont pas en eux-mêmes considérés comme sacrés. Ils ne font l’objet d’aucune formule dans les « Textes des Sarcophages » et dans le « Livre des Morts », les grands recueils de textes qui accompagnent le mort égyptien, pendant deux mille ans. Les biens désirés dans ces livres sont la nourriture, l’eau et le doux souffle du vent du nord…
L’archétype du vase à onguent parfumé pendant plus d’un millénaire, de la fin de l’Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire, 2200-1200 avant J.-C., est en forme de cône légèrement cintré : on le porte à son nez comme on respire la fleur de nénuphar bleu odorante. Ce produit parfumé est appelé « l’onguent-set de fête », comme s’il était préparé spécialement à l’occasion de festivités. A côté de cette forme bien caractéristique, il existe de nombreuses autres types de vases qui ont du contenir des huiles parfumées. Souvent taillés dans des pierres recherchées, ils représentent en eux-mêmes des articles de luxe. Réutilisables à volonté, ils ne correspondent donc pas à un contenu permanent et identique comme c’est le cas pour nos flacons de parfum contemporains.
L’Égypte ancienne ignore la technique de la distillation ; les produits parfumés consistent en onguents et en huiles mêlés de certains composants odorants extraits de plantes ou de résines, par macération préalable, parfois dans du vin, ou par l’expression du jus.
A la Deuxième Période Intermédiaire et au début du Nouvel Empire, entre 1700 et 1500 avant J.-C., les Égyptiens ont exploité des mines de galène, un sulfure de plomb qui est à la base du fard noir ou kohol, au Gebel Zeit, dans la montagne au bord de la mer Rouge. Un petit sanctuaire à la déesse Hathor, patronne des mines, a livré les restes d’objets déposés en offrande à cette grande déesse de l’amour et de la fécondité. Ce sont essentiellement des figurines de femmes nues, modelées en terre cuite, aux visages à peine esquissés, mais aux caractères sexuels développés, habillées de tissus de lin et parées de bijoux.
L’examen des représentations qu’offre l’art égyptien est un mode d’approche de l’univers des parfums et des fards qui n’est pas sans présenter des difficultés d’interprétation. Les hommes et les femmes de l’Égypte ancienne ressemblaient-ils vraiment aux images qu’ils ont laissées ? L’art place le masque de son style entre nous et la réalité passée, qu’il faut décrypter.
 
 
Il est manifeste que les visages et les corps représentés constituent un idéal de beauté conventionnel, et ne reflètent que rarement les caractéristiques des individus, peu importantes aux yeux des Égyptiens. En revanche, les standards de la mode et de l’esthétique sont probablement fidèlement reproduits ; les quelques perruques et vêtements retrouvés témoignent en faveur de l’exactitude des figurations égyptiennes, à l’intérieur des contraintes imposées par le style de dessin. Le maquillage des yeux tel qu’il est reproduit dans l’art est-il inventé de toute pièce ? 
Une des énigmes des représentations égyptiennes est celle du cône sur la perruque. Les textes et les scènes attestent la pratique de verser sur la tête des parfums liquides, à base de myrrhe. Dans les banquets figurés dans les chapelles des tombeaux du Nouvel Empire, des serviteurs passent de la pommade sur les bras et sur la perruque des invités. La volonté des Égyptiens de rendre visible les éléments importants que l’œil ne voit pas les amène à pratiquer le rabat à la verticale ; le cône est sans doute à l’origine le « rabat » d’une couche de pommade. Les parfums tenaient une grande part lors des repas : vase à onguent et fleur de lotus portés aux narines, fleurs sur les mets, sur les têtes, autour du cou.
 
Pazair
Des nombreux objets d’art ont été conservés de cette époque, beaucoup ont trait à la toilette, signe de l’importance de ces préoccupations dans la vie égyptienne : des flacons raffinés, en matériaux précieux, empruntant des formes inventives, qui rompent avec la grande statuaire. Ils proviennent des caveaux des tombes, car il est d’usage à cette époque de déposer auprès du cercueil, parfois à l’intérieur auprès de la momie, les ustensiles employés sur terre, comme s’il s’agissait d’un simple déménagement.
Les usages demeurent parfois mystérieux : soit parce qu’ils ne contiennent plus aucun reste, comme c’est le cas des jolies cuillères dites « à fard », soit parce que l’analyse des produits contenus, comme celle des graisses, ne livre pas leur usage avec certitude. Aucun de ces vases ne porte une prière pour le mort ou une dédicace à un dieu, ce qui indique leur caractère profane ; leur emploi ne correspondait donc pas à des « rites » autres que le désir d’être conforme au goût du jour.
 
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Cuillère à fard en forme de bouquet de lotus
Bois – L : 20,2 cm, l : 7,6 cm – Provenance inconnue, Nouvel Empire
Hannover, Kestner-Museum, 2873
Cette cuillère associe deux végétaux, le lotus et le perséa. Le motif est sculpté en creux et forme le cuilleron destiné à contenir le fard ; un petit couvercle monté sur pivot, aujourd’hui perdu, devait fermer le récipient. La silhouette cordée du fruit de perséa évoque le disque solaire émergeant du lotus primordial au moment de la « Première fois ». Le fruit du perséa est lié à l’évocation du renouvellement du cycle vital de la crue. La transposition du milieu naturel sur le plan mythique et cosmique garantit au détenteur de l’objet le retour du cycle et par là-même la renaissance.

Au VIIIe siècle avant J.-C. apparaît un nouveau type de vase dont la forme évoluée sera reprise dans tout le Proche-Orient méditerranéen comme flacon à huile parfumée : l’alabastron. La réputation de l’Égypte comme fournisseur de parfums est grande dans le monde grec qu’elle côtoie de façon accrue à partir du VIe siècle av. J.-C.
A partir du IVe siècle avant J.-C., la ville de Mendès dans le delta est régulièrement citée comme le lieu de production de parfums recherchés et exportés. Pline, au Ier siècle de notre ère, en livre les composants principaux : de la myrrhe, de l’huile, de la résine. Les auteurs classiques citent également le vin, le miel, la cardamome dans la composition d’autre onguents égyptiens.
Les parfums avaient même leur divinité, incarnée par Chesmou, représenté sous forme humaine à tête de faucon, de bélier ou de lion suivant les époques. Il tient généralement dans les mains deux vases à onguents dont les formes nous rappellent celles des vases de pierre que les Égyptiens réservaient à ces précieux produits. Le rôle de parfumeur divin dévolu à Chesmou ne cessa de croître les siècles passant. Les plus grands temples se dotèrent ainsi de « chambres à parfums » à la fois laboratoire de confection et lieu de stockage comme on peut encore en voir à Edfou ou à Dendérah.
Les onguents utilisés dans les temples donnaient lieu au mélange d’huiles (de lin, de castor, de palme, etc.) avec des parfums les plus précieux importés généralement de l’Orient à prix d’or : benjolin, extrait de cèdre du Liban, myrobolan d’Arabie, encens et myrrhe du Yémen, oliban et térébinthe du pays de Pount, cinnamone d’Éthiopie ou encore nard de l’Inde. S’y ajoutaient encore des extraits de genêt, de labdamum, de safran, d’anis, de menthe poivrée, de cannelle … preuve de la variété et des origines diverses des produits utilisés
Sources Egypte vivante.