7 / DANS L'OMBRE DES TEMPLIERS
- Ils nous ont laissé la vie sauve et je les remercie de nous avoir
épargné, nous ne méritions pas de finir comme de vulgaires
coupe-jarrets. Nous avions aussi très peur pour les femmes et les
servants, pensant à toute la cruauté que pouvaient leur faire subir les
huguenots. Gloire et louange à notre Seigneur qui les a finalement
conduit sur la voie de la sagesse, afin de ne point apporter le malheur
dans notre petite communauté…
Les premiers conflits entre
protestants et catholiques éclatèrent à Seyne-la-Grand-Tour, mais
également dans plusieurs villes de province. Le parti des réformés
encouragea la haine et le fanatisme, insultant les catholiques, menaçant
même de tuer un prédicateur jésuite, car il faut dire que la ville de
Seyne appartenait aux protestants. Les
calvinistes maltraitèrent aussi les dominicains et pillèrent leur
monastère. Tortures et meurtres allèrent bon train, même jusqu’à
enfermer des religieux dans des tonneaux transpercés de clous, qu’ils
précipitèrent du haut des collines. Ces désaccords n’épargnèrent
malheureusement, ni les réformistes, ni les papistes, car chaque camp
poursuivait sans relâche son engagement afin de défendre ses propres
convictions religieuses. De nombreux clans s’affrontèrent pitoyablement
dans des joutes oratoires pour finir par s’entretuer, une façon peu
orthodoxe pour certains de régler définitivement leurs divergences.
Finalement, la guerre éclata dans toutes les provinces du royaume en
l’an de grâce 1562. Ces affrontements causèrent la mort de plus d’un
million de personnes, ainsi que de grands désastres financiers.
- Nous ne sommes jamais revenus à Pinaudier, mes frères et moi, et cela
malgré nos multiples demandes. Honoré Quiqueran de Beaujeu, Grand
Prieur à Arles envoya à notre place dans le pays de Seyne d’autres
frères pour reprendre les biens de l’Ordre. Alexandre de Pontis, membre
de Saint-Jean intenta des procès contre les usurpateurs de façon à
récupérer toutes les possessions de la commanderie. Cela Après avoir
retrouvé leurs biens, des chevaliers s’installèrent dans l’hôpital, seul
bâtiment qui n’avait pas subi les affres de la guerre. Ils restèrent
quelques années pour porter assistance aux malades et aux plus démunis.
Malheureusement, L’hôpital resta vide sans qu’ils puissent apporter un
quelconque soutien à ces nécessiteux. Peu à peu l’ancienne commanderie
resta veuve de ses maîtres.
Je l’écoutais en silence, évitant
de faire le moindre bruit pour ne pas déranger cet extraordinaire
protecteur des pauvres et des opprimés, lorsque soudainement, les huit
croix de malte s’effacèrent en même temps que disparurent les
chevaliers.
- Attendez ! m’écriai-je.
LA SUITE DEMAIN...
Seyne les Alpes (04)