vendredi 1 novembre 2013

La Croix philosophe.


 Objet :
Enquête publique sur la cartographie de l'éolien wallon
Observations et opposition de l'ASBL IVO DE LESSINIS SUCCURSI ALBI à propos de l'implantation d'éoliennes sur le site de "La Croix philosophe" dans la Commune d’Ellezelles (Wodecq)
Notre association sans but lucratif a été créée le 9 mars 2007 en vue d'étudier les éléments d’histoire régionale et européenne révélés par un vieux texte qui peut être daté du 14ème siècle au moyen de diverses études philologiques ; divers indices précis et concordants permettent d’attribuer ce texte à Ivo de Lessinis (en français contemporain : Yves de Lessines), qui a été le prieur puis l’abbé du monastère cistercien de Cambron (Hainaut).
L’existence de ce personnage est confirmée par les documents d’époque, qui n’ont toutefois été que peu étudiés par les historiens locaux (Voir notamment GUIGNIES, V.-J., Histoire de la ville de Lessines, Mémoire de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres Hainaut, Cinquième série, Tome 5, 1892).
L’étude méticuleuse de ce texte, écrit en dialecte picard et longtemps conservée en tant que manuscrit, puis imprimé, publié et diffusé au 16ème siècle dans une forme francisée, sous le nom de « Michel de Nostredame » (alias « Nostradamus ») et sous le titre de « Prophéties », a été réalisée, par un habitant du Pays des Collines, Rudy Cambier, philologue et médiéviste.
Les conclusions de ces recherches ont été corroborées par plusieurs personnalités du monde scientifique, au nombre desquelles on peut citer Jean-Philippe Lahouste, Master-ingénieur, Docteur en sciences et Professeur au Pôle Académique Hainuyer, et Geneviève Mouligneau, Docteur en philosophie et lettres.
Ce texte fait toujours actuellement l'objet de nombreuses recherches et divers ouvrages historiques lui ont été consacrés, parmi lesquels :
Rudy CAMBIER, Le Dernier Templier, Tome 1, Le Chemin du Vieux Moine, Editions Pierre de Lune, Dison (Belgique), 2000
Cet ouvrage a été traduit en plusieurs langues notamment :
Rudy Cambier, Nostradamus and the Lost Templar Legacy, Adventures Unlimited Press, 2003
Voir : http://books.google.be/books?id=k13R3R1eHcgC&dq=inauthor:%22Rudy+Cambier%22&hl=fr&sa=X&ei=sBtxUqigC4i10wWD-4GICg&ved=0CD0Q6wEwAg
Rudy Cambier, Nostradamus e il segreto dei Templari, Newton Compton, 2004
Voir : http://books.google.be/books?id=t7YjAAAACAAJ&dq=inauthor:%22Rudy+Cambier%22&hl=fr&sa=X&ei=sBtxUqigC4i10wWD-4GICg&ved=0CEkQ6wEwBA
Cet ouvrage a été réédité récemment :
Rudy Cambier, L’oeuvre du Vieux Moine, Tome 1, Le dernier chemin des Templiers, Editions Louise Courteau, 2010
Voir : http://books.google.be/books?id=Ow_ReWjEemwC&printsec=frontcover&dq=rudy+cambier+templier&hl=fr&sa=X&ei=NhtxUuzfDvKb0AXNm4HwAw&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=rudy%20cambier%20templier&f=false
Jehan de la Oultre (alias de Jean-Philippe LAHOUSTE), Nostradamus, la fin d’un mythe, La Providence, Editions Fortuna, 2012
Voir : http://books.google.be/books?id=T6A3LgEACAAJ&dq=inauthor:%22Jehans+de+la+oultre%22&hl=fr&sa=X&ei=TBxxUsKvK-O-0QWo8YGwBg&ved=0CDIQ6wEwAA
et
L'oeuvre attribuée à Yves de Lessines indique plusieurs chemins venant notamment de Flandres et de France, et, en particulier l’itinéraire vraisemblablement suivi par une délégation de chevaliers templiers venus cacher dans la Terre des Débats un important dépôt, avant l’arrestation massive réalisée en 1307 sur les ordres du Roi de France, Philippe le Bel, et ce, dans l’attente d’une hypothétique reprise des activités de cet ordre, qui fut par la suite aboli « par provision » en 1307 en vertu d’une décision du Pape Clément V.
Le dernier de ces chemins relie le Village de Moustier (dans la Commune de Frasnes-lez-Anvaing) au lieu-dit « Le Blanc Scourchet », situé à Wodecq (dans la Commune d’Ellezelles), où, suivant le texte, le dépôt été dissimulé, s’agissant vraisemblablement de monnaies anciennes, de documents d’archives et de reliques précieuses pour l’époque, qu’évoque le texte attribué à Yves de Lessines.
Ces différents chemins aboutissent au coeur du Pays des Collines ; ils sont encadrés de paysages décrits avec précision par le même texte, qui, de manière voilée par divers jeux de mots, évoque de nombreux toponymes renseignés par divers documents de la même époque (en particulier le Cartulaire de l’Abbaye de Cambron et le Veil Rentier des Sires d’Audenarde) et encore conservés dans les appellations cadastrales anciennes et actuelles.
Au nombre de ces paysages, le principal se déploie autour du lieu-dit « Croix philosophe », situé à Wodecq (Commune d’Ellezelles), qui revêt une valeur historique de première importance, puisqu’à partir de ce point culminant sont visibles les constructions du lieu-dit « Le Blanc Sourchet », où se trouve encore actuellement une fort ancienne poutre en chaîne sculptée d’un symbole singulier qui indique une appartenance à l’Ordre du Temple.
Le lieu-dit « Croix Philosophe » est tout proche de la ferme de Cambroncheau, qui constituait une dépendance de l'Abbaye de Cambron, dont les exploitants sont cités dans les documents historiques de l’époque médiévale.
Les possessions médiévales de ce monastère dans ce qui constitue à l’époque « les terres de Lessines et de Flobecq », dites « terres de débat » (qui constitue l’ancêtre historique du Pays des Collines) sont évoquées notamment dans une étude du Professeur Michel de WAHA (ULB) concernant une propriété voisine : Bois, avouerie, seigneurie – Hubermont entre Flandre et Hainaut, Mélanges Albert Delcourt, Etudes et Documents du Cercle Royal d’Histoire et d’Archéologie d’Ath et de la Région et Musées Athois, VIII, Ath, 1989.
Le texte attribué à Yves de Lessines décrit à travers diverses énigmes, selon un style courant à son époque, un ensemble de repères précis qui demeurent visibles à partir des lieux-dits « Croix Philosophe » et « Blanc Scourchet », en particulier le Champ de la Mère de Dieu, situé à proximité du premier, et le Champ de la Vigne, situé à proximité du second, qui peuvent être repérés sur les documents cadastraux.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que le site du « Blanc Scourchet », qui fait partie de l’antique hameau de « La Pierre » et le site de la « Croix Philosophe », voisin de la Ferme de Cambroncheau, sont séparés par une route qui suit le tracé d’une antique voie romaine (dite « Chaussée Brunehaut ») qui reliait Bavay à Velzeke et qui se trouve sur le projet touristique « Viae Romanae » (Voir : http://www.ba-ve.com/) et que ces deux sites, visibles l’un de l’autre, sont topographiquement situés précisément à 1.000 pas romains l’un de l’autre.
La Croix Philosophe est par ailleurs pour les habitants du Pays des Collines, pour le Parc Naturel du Pays des Collines et pour de très nombreuses associations de notre région un lieu emblématique qu’il convient de protéger en raison des diverses légendes et traditions populaires dont il est l’objet et qui constituent des éléments de patrimoine immatériel, tandis que le paysage constitue lui-même leur prolongement à titre de patrimoine matériel, naturel, historique et folklorique.
Depuis les temps immémoriaux, le lieu, qui domine largement les alentours et est situé au croisement de très anciens chemins creux, fait partie de l'imaginaire de la région ; nombre de récits, contes et légendes s'y rattachent donnant à la Croix Philosophe un statut particulier de curiosité touristique qui attire les promeneurs.
On peut citer notamment les ouvrages suivants :
Roger Cantraine, Contes et légendes du pays d’Ath et des Collines, Paul Legrain, Bruxelles, 1990
Roger Cantraine et Jean-Pierre Ducastelle, Mémoire de Wallonie - Ath et le pays des collines, Paul Legrain, Bruxelles, 1991
Conscients de cette valeur touristique particulière de la Croix Philosophe, la Maison du Tourisme du Tournaisis a repris dans sa brochure « Randonnées pédestres dans le Tournaisis (2) - Parc naturel du Pays des Collines », deux promenades qui passent par cet antique croisement de chemins de terre :
- la promenade de la Croix Philosophe, n° 2.06
- la balade au Pays de Petite Elle, n° 2.07
Ces itinéraires sont décrits comme des promenades sur « une route de crête (qui) conduit à la Croix philosophe » au coeur de la nature dans « un calme relaxant » et « le long des champs, prairies et bois de la région ».
Toutes deux ont pour point de départ l'Ecomusée du Pays des Collines et font donc partie au premier chef de l'offre touristique de l'Ecomusée de La Hamaide, important lieu d'appel du tourisme à Ellezelles depuis sa fondation le 6 juin 1975
Ces promenades sont renseignées sur divers sites de tourisme notamment le site bilingue officiel de promotion de Wallonie-Bruxelles Tourisme.
La Croix Philosophe figure aussi depuis le début des activités de l'Ecomusée du Pays des Collines comme un des endroits privilégiés des moissons à l'ancienne organisées chaque année et qui drainent des milliers de visiteurs et des promenades réalisées à cette occasion ou à d'autres moments de l'année par les Guides-nature des Collines, les Sentiers du vert Savoir et de nombreux groupes de marcheurs et randonneurs de Wallonie et de Flandre.
Le 20 novembre 2004, le panorama de la Croix philosophe est repris au nombre des trois panoramas superbes de la Commune d'Ellezelles présentés dans le site officiel de la Commune et à ce titre consultable et visualisable à 360°. On peut retrouver la photographie panoramique de ce paysage dans les archives du site officiel de la Commune d'Ellezelles à la date du 20 novembre 2004.
Toutes ces informations, qui font l’objet de diverses brochures publiées par les pouvoirs publics, sont également disponibles sur l’internet à la disposition de tout un chacun.
Dès lors, par leur taille et leur l’aspect visuel, l’implantation d’éoliennes viendrait compromettre de manière irrémédiable la qualité de ces paysages ; en outre, nous nous inquiétons de l'impact environnemental important de l'implantation d'éoliennes (en particulier, les pollutions sonores et cinétiques), précisément sur un ensemble de terrains qui hébergent de petites entreprises agricoles de dimension familiale, lesquelles constituent des fleurons du Parc Naturel des Collines et de l’agronomie wallonne.
C'est donc en lien avec de nombreuses associations du Pays des Collines que les membres de notre association demandent que le site de la Croix Philosophe (Lot 1 – Ellezelles - Wodecq) soit intégralement préservé dans son état actuel.
Enfin, il y a lieu d’insister encore sur l'importance historique de ce paysage, puisque ce site s’avère de la plus haute signification pour l'Histoire de l'Occident médiéval et sa sauvegarde s’avère indispensable pour le bon développement touristique et socio-économique de notre région.
La population du Pays des Collines a d’ailleurs bien compris tout l’intérêt de ce patrimoine à la fois naturel et historique, puisqu’une une pétition réunissant 620 signatures a été adressée aux autorités compétentes pour la protection et le classement du paysage décrit depuis le site de la Croix Philosophe.

Sources asbl Ivo de Lessines.

The templars.


mardi 29 octobre 2013

Le maître de Flandre (suite)


LE MAÎTRE DE FLANDRE ( 7 ) - Texte de Rudy Cambier
7ème épisode du texte inédit de Rudy Cambier: A 9 kilomètres de l'Italie du 12ème siècle...

"... Au Moyen-Âge, même pour les grands lettrés, c'est bien plus vague et il en est ainsi partout en Europe. Quand un médiéval parle de la France, il n'entend pas du tout l'hexagone que nous connaissons et que Louis XIV disait être son "pré carré". La Lorraine, c'est l'Allemagne, l'Alsace est loin en Allemagne, la Bretagne n'est pas en France, ni le Languedoc, ni la Provence, ni la Savoie, ni la Franche-Comté, ni la plus grande part de l'Auvergne. La France, c'est l'Île-de-France et parfois quelques larges annexes. La Bourgogne, la Flandre, la Normandie, l'Artois, l'Anjou, le Tournaisis font-ils partie de la France ? Ça dépend de votre interlocuteur et du sujet de la conversation !

Même flou artistique pour l'Italie : quand, venant de Savoie ou de Provence, le voyageur médiéval passe les monts, sur les pentes méridionales il arrive d’abord en des terroirs où l’on ne parle pas l'italien mais des dialectes d'oc ou d'oïl, autrement dit des patois provençaux ou français. Et plus loin, dans les plaines, il ne trouve pas des Italiens, mais des Lombards et des Piémontais.

Le voyageur a-t-il emprunté la route de l'Autriche ? Sur l'autre versant on continue à parler l'allemand – on est même là dans le canton précis, dans le groupe de villages où, aux 6ème- 7ème siècles, naquit "la deuxième mutation consonantique" qui caractérise le Hochdeutsch, le haut-allemand qui a donné l'allemand standard pratiqué aujourd'hui. C'est à partir de là, d'un canton du versant sud des Alpes, que la mutation se répandit dans la Germanie méridionale. Puis le bourlingueur atteint la Vénétie ou d'autres républiques. En ce temps-là, quand on ne précise pas, l'Italie se réduit aux États pontificaux avec les principautés circonvoisines telles que la Toscane, la Campanie, Spolète et le duché de Bénévent. Ces vacillations résultent de ce que, au Moyen-Âge, les réalités politiques et géographiques ne coïncident jamais et qu'en outre, personne – quelques lettrés faisant exception –, personne n'a jamais vu une carte : dire à quelqu'un que l'Italie est une botte, c'est, à coup sûr, se faire passer pour un fou en pleine crise de delirium.

Tout comme un quidam allant de Brabant en Flandre passait l'Escaut sans quasiment savoir qu'il entrait dans le royaume de France ou que l'habitant de Pont-Saint-Esprit allant saluer ses voisins traversait le Rhône sans guère voir de changements parce qu'il entrait dans l'Empire Germanique, le pèlerin qui descendait le flanc sud des Alpes ne se sentait pas passer en Italie : la seule chose qu'il remarquait, c'est qu'il faisait plus chaud. Il arrivait que dans le monde de la haute politique on évoquât l'existence d'un royaume d'Italie. Rien de réel, une évanescence, un titre vide de pouvoir, une perle artificielle sur la couronne impériale, un mot qui consolait le roi d'Italie de n'être rien en Italie. Ce "royaume d'Italie" se référait à l'Ostrogoth Théodoric (Thiudareiks de son vrai nom ; 454 - 526) et à l'ancien royaume des Lombards plus ou moins donné au pape par Pépin le Bref, puis par Charlemagne, puis par Louis le Pieux. Ce qui n'empêcha pas chacun de ces derniers de faire couronner un de leur fils "roi d'Italie" : il est vrai que quand on donne tant de fois une même chose, c'est qu'on n'a pas vraiment donné la chose. L'histoire de ce royaume est au moins aussi embrouillée que l'histoire de la Belgique, ce qui est tout dire. De toutes manières, le Bénévent et Spolète étaient aux mains des Normands, et en Italie du Nord les seules puissances réelles étaient les cités. Ce royaume théorique enserrait les États Pontificaux de la manière que vous voyez sur la carte qui suit, de sorte que les possessions du Pape étaient comme un pâté en croûte dans sa croûte. C'est vivable tant que le four de la guerre n'est pas allumé.

Outre le fait que sa mère était par elle-même reine de Sicile et de Naples et reine d'Italie par son mari Henri VI, donc tout de même un brin plus vraie Italienne que Laetitia Ramolino , Frédéric II Hohenstaufen est né près d'Ancone à 9 (neuf) kilomètres des États pontificaux, de l'Italie du 12ème siècle. Difficile de faire mieux, et au jour d'aujourd'hui, pour un empereur quel qu'il soit excepté de la Rome Antique, ce record reste à battre !

Et pourquoi ce détaillet-là de l'histoire de ce royaume d'Italie-là vint-il à l'esprit de l'auteur des Centuries ? Le vrai, pas Nostradamus. Tout simplement parce qu'il a vécu ces événements. Nous verrons dans les livres qui suivront qu'avant d'être moine cistercien, cet homme trouva à s'employer dans l'armée de Charles d'Anjou (1227 – 1285), un frère de Saint-Louis. C'est à Charles d'Anjou que le pape français Urbain IV avait remis le royaume de Sicile et de Naples (par l'acte dit "dévolution du royaume") après l'avoir confisqué aux descendants de Frédéric II Hohenstaufen. À charge pour lui de le conquérir ! Nous en reparlerons.

Le décor historique étant sommairement planté et définies les limites de l'Italie, nous pouvons narrer l'histoire du "né près d'Italie"..."
( à suivre... )