Steven prit l’autoroute et ils roulèrent pendant plus de deux heures, en
direction de Rosslyn dans le Midlothian. Le paysage commença à changer
et devenir de plus en plus sauvage, de plus en plus captivant.
Steven se passa une main dans les cheveux et en s’adressant à Sabrina,
il lança : « La chapelle fut dessinée par William Sinclair, descendant
des chevaliers Normands de St-Clair et selon la légende, il était lié
aux chevaliers du temple ».
Steven gara la voiture dans un vaste parking. Sabrina descendit de
voiture et s’approcha de Steven pour lui prendre la main. La chapelle
était en réfection, mais d’une beauté saisissante. Un échafaudage
l’entourait, mais par un escalier prévu pour les visiteurs ont pouvait
malgré tout en faire le tour.
L’endroit était paisible, la luminosité féérique. Un parc aux arbres
séculaires entouraient l’endroit et ajoutaient à la beauté du paysage.
- Que sais-tu d’autre de cette chapelle ?
- La construction de la chapelle commença en 1440 et s’acheva
quarante ans plus tard, des visiteurs terminaient la visite extérieure
de la chapelle et s’apprêtaient à redescendre l’escalier pour entrer
dans la chapelle. L’escalier était métallique et glissant, Sabrina dut
s’accrocher à plusieurs reprises au bras de Steven pour ne pas tomber.
En entrant dans la chapelle, Sabrina fut envahie par une foule
d’émotions qu’elle n’aurait pu expliquer. Steven se contentait de la
regarder d’un œil amusé. Il commença à prendre de nombreux clichés et
comme à son habitude, il disparut un bon moment, la laissant seule
admirer à sa guise et à son rythme toutes les splendeurs de l’édifice.
L’entrée se faisait par une petite porte sur le côté, dès qu’on l’avait
franchie on était frappé par tant de magnificences. La première chose
qui attira le regard de Sabrina fut les vitraux, une douce lumière les
transperçait baignant l’édifice dans un halo bleuté. Encore tout à
l’émerveillement, elle leva les yeux et posa son regard sur les voûtes,
elles étaient majestueuses. Sabrina pour avoir suivi Steven en de
nombreuses cathédrales avait pu en admirer un grand nombre, mais rien de
ce qu’elle avait vu ne ressemblait à ce qu’elle voyait en ce moment
précis.
L’allée centrale était plus importante que les deux allées latérales, de
nombreux visiteurs s’y pressaient. Un groupe d’Américains suivaient
en rangs serrés un guide qui débitait son texte à toute allure. Le
spectacle qu’offraient ces infortunés touristes était décalé. Sabrina
posa alors le regard sur une statue placée au terme de la voûte à son
extrême gauche, elle semblait royale, en s’avançant vers la statue,
Sabrina remarqua un petit escalier à la droite de la statue, ce dernier
semblait conduire au sous-sol de l’édifice.
Sabrina s’y engageait lorsque Steven vint la rejoindre.
- Merci mon chevalier, l’endroit est absolument magnifique. Que de
signes, que d’histoires, que d’énergies, comme j’aimerais les
comprendre.
Le couple laissa le groupe de touristes suivre, au pas cadencé cet
étrange guide, en décidant d’y revenir un peu plus tard, lorsque
l’endroit aurait retrouvé la sérénité qui n’aurait jamais dû cesser
d’être la sienne.
Le couple était revenu dans le chœur de la chapelle.
- Voilà un endroit que je voulais absolument te montrer.
Steven pointait l’index en direction du chœur de la chapelle.
- C’est splendide.
Cela me rappelle le chœur de la cathédrale de Glasgow.
- Regarde le chœur, c’est étonnant.
Sabrina avait murmuré ces mots à l’oreille de Steven pour ne pas
déranger l’immense paix que l’on pouvait ressentir.
- La chapelle est connue par deux de ses piliers, le pilier de
l’apprenti et le pilier du maître, de chaque côté du pilier de
l’artisan.
Ces deux piliers ont des sculptures différentes.
La légende veut que le maître maçon entama la réalisation de ce qu’on
nomme aujourd’hui le pilier de l’apprenti, jusqu’au jour où, se sentant
incapable de le terminer, il partit en voyage d’étude à Rome, afin
d’améliorer ses compétences.
Pendant son absence, son apprenti termina lui-même l’œuvre, ce qui
déclencha la colère du maître-maçon qui tua l’apprenti.
- Charmant ton maître-maçon.
Le groupe de touristes Américains suivait toujours la visite guidée au
pas cadencé.
- Et bien les pauvres, fit Sabrina en posant une main sur la bouche
pour étouffer l’éclat de rire qu’elle essayait de contenir.
La lueur de quelques bougies allumées sans doute depuis de nombreuses
heures semblaient faiblir.
Sous l’œil amusé de Sabrina, Steven lui prit le bras et l’emmena
quelques dizaines de mètres plus loin. Sabrina préférait avoir pour
seul guide son Steven. En regardant les infortunés touristes
américains, le couple ne put s’empêcher de rire aux éclats. Steven
repris quelques clichés.
- Je me sens très étrange, déclara Sabrina.
- C’est un endroit très fort.
- Je me sens toujours un peu étrange dans ce genre d’endroit, mais
cette fois, c’est plus fort, poursuivait-elle une main sur la gorge
qu’elle avait étrangement sèche.
- Je ne pourrai te donner le ressenti des courants
cosmo-telluriques, mais même moi, je ressens aussi que c’est très fort.
Steven s’apprêtaient à redescendre dans la crypte.
- Veux-tu prendre un peu l’air, ou m’accompagnes-tu dans la crypte ?
- Je t’accompagne.
- J’aimerais encore prendre quelques clichés, la luminosité est
exceptionnelle pour l’instant.
Si tu le souhaites, nous pouvons prendre un peu l’air et revenir un peu
plus tard.
- Non, je veux que tu profites de cette luminosité, c’est vrai
qu’elle est exceptionnelle.
- J’en ai pour très peu de temps.
Sabrina devança Steven dans la crypte.
- Je te laisse à tes clichés mon cœur.
- Veux-tu que je reste un moment près de toi ?
- Non, tout va bien.
Sabrina connaissait Steven et même s’il se montrait prévenant, elle
savait que cette perte de temps l’énervait. Il allait de projets en
projets, d’actions en actions et il ne lui était pas facile de composer,
même avec elle. Au fil des ans, elle avait appris à le connaître et à
le comprendre, même si pour la plupart des gens ce comportement semblait
incorrect. Il n’y avait aucune incorrection dans le comportement de
Steven, il était différent, simplement différent.
Le sentiment étrange qu’elle avait ressenti en entrant dans la
chapelle s’amplifia. Tout son être était parcouru d’étranges frissons
et la fraîcheur ni était pour rien. Lorsque Steven l’a retrouva, elle
était face à d’étranges sculptures.
- Tu vas bien, tu sembles pâle.
- Je vais bien, n’as-tu pas le sentiment qu’un autre endroit est
caché derrière ses murs.
- Je l’ignore.
La réponse de Steven se voulait laconique, mais Sabrina eut le
sentiment qu’il pensait exactement la même chose. Sabrina et Steven
étaient liés et ce lien allait bien au-delà de celui du mariage, elle
était pour lui une sorte de réceptacle. Peu préparée à comprendre ces
choses, elle se contentait de les expliquer à Steven, mais sans vraiment
pouvoir y donner des réponses satisfaisantes pour elle-même. Cela
faisait partie des choses qu’elle avait acceptées de Steven, de cet
homme dont la personnalité était pour le moins hors norme.
- Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas disait Hermès
Trismégiste.
- Cela reste une énigme pour moi.
- On retrouve ce genre d’énergies dans des bâtiments en Egypte, en
Europe.
C’est le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.
Il y a sept lieux de pèlerinage, sept comme les sept chakras humains.
C’est une sorte de pèlerinage initiatique.
Les pèlerins sur ce chemin ressentent dans leur être, la manifestation
des chakras terrestres.
- Ce qui est en haut et ce qui est en bas.
Ce serait l’unité ? Lui lança-t-elle avec des yeux médusés ?
Ce qui est en bas se sont ces sculptures, ces signes ?
Ils seraient destinés à ouvrir les chakras et l’ouverture des chakras
permettrait aux pèlerins de rejoindre ce qui en haut ?
- C’est ton interprétation.
Sabrina savait qu’elle n’aurait pas d’autres réponses et qu’elle allait
devoir s’en contenter, une fois encore.
Steven avait passé son bras autour des épaules de Sabrina et le couple
s’apprêtait à sortir de la chapelle.
- J’ai réservé une chambre dans un hôtel à une dizaine de kilomètres
d’ici, nous pourrions dîner sur place et passer une soirée sensuelle
dans notre chambre.
Ce programme plaît-il à Ma Dame.
- Tout à fait....