lundi 3 décembre 2012

Lame en acier damas.

Lame en acier damas : Si l'on en croit d'anciens grimoires, les forgerons arabes utilisaient des procédés quelque peu empiriques pour obtenir l'acier damas: "Il faut chauffer l'acier jusqu'à ce qu'il ne brille plus, tout comme le soleil se lève dans le désert. il faut ensuite le refroidir à la couleur pourpre royale et le plonger ensuite dans le corps d'un esclave musclé qui transmettra ainsi sa force à la lame". (je vous déconseille, de tenter l'expérience )☺☺☺ L'acier damas est en fait un acier à haute teneur en carbone, à qui une série de martelage et de tempes spéciales dans une saumure tiède a donné une structure en mille-feuille comportant des inclusions de particules de diamant; son nom vient de ses moirures qui le font ressembler au tissus venant de Damas. Templier Véritas...

Défilé de fin d'année.

La chapelle du Saint Sépulcre.

Frankfurt am Main, 1623-1632.
LA CHAPELLE DU SAINT SÉPULCRE (Bruges) Jadis, lorsqu' une foi vive et solide opérait encore des miracles, vivait à Bruges un heureux couple. Le ciel les avait bénis en les comblant de tous les biens terrestres, et cependant il manquait encore quelque chose à leur bonheur — ils n'avaient point de postérité. Un soir ils étaient assis devant devant le feu de l'âtre. Des larmes coulaient des beaux yeux bleus de la noble dame et inondaient les riches gravures de son livre d'heures pendant que le chevalier regardait d'un air sombre la flamme qui pétillait. De temps en temps il jetait sur la dame un regard furtif et aussitôt son front se plissait et il s'essuyait les yeux, car le chagrin de sa tendre épouse lui allait au coeur. Enfin ne pouvant y tenir plus longtemps, il se leva de son fauteuil: „Ecoute, Colette, disait-t-il, nous avons déjà tant fait pour obtenir du ciel ce que nous désirons si vivement, cependant je connais encore un moyen, si celui-là vient à nous manquer, nous nous résignerons et nous prendrons notre mal en patience. Si le ciel nous accorde un héritier, je pars pour Jérusalem et là, je ferai lever le plan de la chapelle du Saint Sépulcre et j'en ferai bâtir une ici qui n'aura pas un clou de différence avec celle-là. Es-tu contente de cette idée? Colette donna son approbation avec joie. Une nouvelle aurore d'espérance vint luire à ses yeux, mais cette fois elle ne fut pas trompeuse. Dieu après les avoir éprouvés si longtemps, leur accorda pour prix de leur souffrance l'objet de leurs désirs. Elle éprouva bientôt la joie d'être mère et mit au monde un enfant beau comme le jour. Il ne manquait désormais plus rien au bonheur- des deux époux qui n'oublièrent pas dans l'excès de leur joie la promesse qu'ils avaient faite à Dieu. L'enfant eut à peine atteint l'âge de trois mois, que le chevalier se prépara au voyage de la terre sainte. Ce ne fut pas sans peine qu'il se sépara de sa femme et de son enfant, cependant il s'arma de courage, et eut bientôt derrière lui les portes du Monde d'Or (nom que l'on donnait à la ville de Bruges à cause de ses richesses.) Il parvint sans accidents à la ville sainte. La première visite fut pour le saint sépulcre devant lequel il pria longtemps avec ferveur. Il se rendit ensuite chez le patriarche et lui ayant appris le sujet de son voyage, il le pria de lui prêter son secours pour trouver un bon architecte. Le patriarche se réjouissant dans le fond de son coeur de ce pieux dessein fit aussitôt appeler un architecte qui leva le plan de l'église avec la dernière exactitude. Cela fait le patriarche donna sa bénédiction au chevalier, et lui souhaita un heureux voyage. Avant de se remettre en route, il eut le désir de voir les lieux qui avaient été témoins de la passion et de la mort du Sauveur; après les avoir visités, il partit brûlant du désir de revoir son épouse et son enfant acheté si cher. Dieu l'accompagna certainement, car il arriva dans sa patrie sans la moindre contrariété; aussi crut-il fermement que Dieu lui avait envoyé un ange pour le protéger. Qui pourrait exprimer la joie que ressentirent les deux époux en se revoyant? Le lendemain de son arrivée, il fit venir un maître-maçon et ses ouvriers et lui ordonna de commencer sur le champ les travaux; et quelques semaines après, on vit s'élever sur leurs fondements les murs de l'église. En deux ans, elle fut entièrement construite, il ne restait plus % à placer que les portes. Alors seulement le chevalier vit à son grand désappointement, qu'il avait oublié de faire prendre le dessin des portes et de compter le nombre de clous qui s'y trouvaient. Il avait promis de bâtir une église pareille en tout à celle du St. Sépulcre et à laquelle il ne manquât pas un clou. Comme il voulait tenir sa promesse, il ne lui restait rien d'autre à faire qu'à retourner à Jérusalem. La séparation fut plus douloureuse que la première. Le chevalier était abattu et la noble dame paraissait avoir de tristes pressentiments. D'abord elle avait refusé son consentement pour ce second voyage. Elle voulait y envoyer un messager, mais son époux craignait qu'un autre ne remplît point cette mission aussi scrupuleusement que lui. Il résolut donc de s'y rendre lui-même. Il arriva heureusement à Joppé et de là il fut bientôt à Jérusalem. Le patriarche versa des larmes de joie en le voyant revenir. Après avoir remercié Dieu de son heureuse arrivée, et ayant fait sa prière devant le St. Sépulcre, il fit dessiner les portes et compta lui-même le nombre de clous. Il prit ensuite congé du patriarche, et se remit en route. Il avait déjà traversé la Suisse, lorsqu'un jour il fut atteint d'une fièvre maligne qui le mit en peu de temps aux portes du tombeau. Toutes les ressources de l'art furent inutiles pour sauver le chevalier. Celui-ci voyant sa fin prochaine, fit appeler un prêtre qui reçut la confession de ses péchés et lui donna le viatique. Alors il raconta à l'ecclésiastique tout ce qui lui était arrivé, l'objet de son second voyage à Jérusalem, et il lui remit en même temps le parchemin sur lequel se trouvait le dessin des portes et les renseignements sur le nombre des clous. „Prenez ceci avec vous mon père, dit le chevalier, et annoncez à mon épouse que les voeux sont remplis. Emportez aussi mon corps à Bruges, car je désire reposer dans la petite église à coté de ma femme et de mon fils. Votre action ne demeurera pas sans récompense." Ayant prononcé ces paroles, il recommanda sou âme à Dieu et mourut d'une mort paisible. Le prêtre exécuta fidèlement les dernières volontés du chevalier et la noble dame fit aussitôt faire les portes d'après les indications du parchemin. Elle fit ensevelir son époux au milieu de la chapelle; à sa mort elle fut enterrée à côté de lui et sur le tombeau on plaça sa statue en marbre à côté de celle de son époux. On peut encore voir ce monument dans la petite église qui porte le nom de Jérusalem. Le maître-autel représente le calvaire avec la croix de Jésus entre celles des deux larrons. Sous la montagne il y a une grotte dans laquelle on aperçoit à droite dans une cellule le sépulcre renfermant l'image du Sauveur de grandeur naturelle.

mythologic celtic

photo de Brocéliande à Avalon

mythologic celtic

photo de Brocéliande à Avalon

dimanche 2 décembre 2012

The templars.

Photo Templier Veritas.

La cathédrale d'Anvers.

LA CATHÉDRALE D'ANVERS. „Et la cathédrale d'Anvers ne sera surpassée en magnificence que par un seul monument, la gigantesque construction commencée à Cologne par Albert le Grand." Telle est la fin du discours qu'un échevin de la riche ville commerçante adressa au conseil en 1254, discours que tous les sénateurs couvrirent d'applaudissements. Dans ces temps de piété et de religion, lorsqu'on voulait bâtir pour Dieu un temple digne de lui, on n'était pas forcé de lever des impôts de toute espèce, toutes les bourses s'ouvraient spontanément et chacun donnait selon ses moyens, fier d'avance de ce que la ville natale allait recevoir un ornement, que les autres grandes cités pouvaient justement envier. C'est ce qui arriva à Anvers. Le magistrat, comptant déjà sur le zèle religieux de ses bourgeois, envoya aussitôt des messagers dans toutes les directions pour faire venir à Anvers les plus habiles architectes et les meilleurs matériaux, afin de commencer la nouvelle cathédrale. Les messagers revinrent bientôt en ramenant ceux qui avaient été invités, et bientôt l'on vit s'élever, sur l'emplacement de l'église, les huttes des travailleurs. L'Escaut amenait nombre de vaisseaux chargés de pierres de taille et les huttes retentissaient de coups de maillet du matin au soir. Cent ouvriers s'occupaient déjà à creuser les fondements; plus ils avançaient plus ils rencontraient de sable et plus ils perdaient l'espoir de trouver un terrain assez ferme pour commencer à bâtir, et ce qui devait retarder encore plus le saint ouvrage, une abondante source sortit de terre et remplit d'eau le fossé. Il n'y eût rien eu d'étonnant, si les ouvriers avaient perdu courage à cette vue, mais loin de là leur zèle ne fit que redoubler. Ils vidèrent le fossé et cherchèrent à boucher la source en y précipitant des chariots de terre, cependant rien n'aidait. Lassaient-ils le soir le fossé vide et à sec, le lendemain matin ils le retrouvaient plein d'eau et la source semblait dévorer avidement la terre que l'on y jetait, en demander toujours d'avantage et n'être jamais rassasiée. Tous les matins avant que la cloche appelât au travail, les ouvriers étaient rassemblés devant le fossé tout-découragés, et ils s'entretenaient sur l'inutilité d'un tel travail. Plus d'une fois, ils furent tentés de se rendre chez l'entrepreneur pour lui faire part de l'impossibilité de continuer les travaux; mais aussitôt un d'entr'eux s'écriait: Allons, courage, essayons encore une fois pour l'amour de Dieu! Et aussitôt ils se battaient les flancs et se remettaient de nouveau à l'ouvrage, mais le lendemain matin ils se trouvaient encore une fois devant la source devenue comme un petit lac. On voyait du matin au soir les bourgeois appuyés à la balustrade qui entourait le fossé, suivre avec intérêt les travaux, adresser au ciel de ferventes prières pour la réussite de l'entreprise; mais il paraissait sourd à leurs voeux. Parmi les spectateurs on remarquait toujours un vieillard à cheveux gris et à barbe blanche comme neige; lorsque ses yeux perçants tombaient sur les travailleurs, un sourire moqueur errait sur ses lèvres. A son costume qui n'était ni riche ni pauvre, on pouvait deviner que c'était un franc frison; cependant lorsque son manteau s'entr'ouvrait, on voyait une large médaille d'or suspendue à son cou par une chaîne du même métal. Mais il le refermait bien vite et s'éloignait dès qu'il s'apercevait qu'il était observé. Il ne s'entretenait avec personne, excepté avec un grand et beau jeune homme qui semblait être son compagnon inséparable, encore ne parlait-il que frison. Souvent les bourgeois poussés par la curiosité se hasardaient-ils à lui adresser des questions. Mais les réponses étaient toujours si brusques et si rudes qu'ils perdaient le goût de lui adresser de nouvelles questions. Un jour un bourgeois essaya encore une fois d'entamer une conversation avec le vieillard et lui dit: N'êtes-vous pas… Mais celui-ci l'interrompant brusquement: Un franc frison — et il jeta aussitôt sur le questionneur un regard qui eût imposé le silence à tout autre, cependant il ne se laissa pas imposer et continua ainsi: Vous connaissez probablement, comment on bâtit dans l'eau, car les Frisons sont célèbres pour leurs ouvrages hydrauliques. Cela est vrai, répondit le vieillard fièrement. Eh bien, ils ne peuvent parvenir à boucher cette source; si ce trou sans fond ne mène à l'enfer, je ne m'y connais plus. L'entrepreneur mon cousin m'a dit aujourd'hui que ce gouffre a déjà englouti trois mille charretées de terre, de pierres, de décombres et d'autres matériaux. Le vieillard le regarda d'un air moqueur et lui dit: Pauvres insensés! Vous y jetteriez toute votre ville, que vous ne boucheriez pas encore cette source, chose cependant bien facile. Et il s'éloigna aussitôt. Comment, s'écria le citadin, il nous traite d'insensés! Il m'en rendra raison et ayant tiré son épée, il poursuivit le vieillard, mais celui - ci d'un seul regard sembla le clouer sur place. C'est un démon, dit-il en revenant auprès des siens. Je gage dit l'un d'eux que ce drôle en sait plus que tous ceux qui travaillent là dessous. Oui avec sa science diabolique reprit l'autre, repoussant son épée dans le fourreau. Il ne pourrait pas nous être utile dans cet ouvrage sacré, dit le premier, nous ferions bien de faire appeler l'entrepreneur et de causer maintenant de l'affaire. C'est cela s'écrièrent-ils tous ensemble et le cousin appela l'entrepreneur: Juge donc, cousin, le frison nous a traités d'insensés! viens donc voir. Cent fois fou! lui cria l'entrepreneur, j'ai bien autre chose à faire que de venir causer avec vous. Mais les autres bourgeois firent tant qu'il se décida à se rendre à leur prière. Lorsqu'il sut de quoi il s'agissait il secoua la tête et dit: Je n'augure rien de bon de tout ceci, et puisque le vieux connaît le moyen d'y remédier, je suis d'avis que nous lui .demandions ce qu'il y a à faire. Demandez-le lui vous-même si vous voulez, — moi je ne le ferai pas. Un bon chrétien ne saurait traiter avec de pareils sorciers. Enfin l'on décida que le lendemain l'entrepreneur irait questionner le vieillard et la cloche invita les ouvriers au repos. Le jour suivant à l'heure accoutumée, le vieillard était avec son jeune compagnon à la balustrade et souriait ironiquement eu voyant le fosse rempli d'eau. Les ouvriers arrivaient lentement, la cloche n'avait pas encore sonné, que déjà l'on voyait des groupes entourant l'entrepreneur. A quoi bon tant piocher, parla un compagnon, nous n'avançons pas d'un cheveu. Hier soir le fossé était vide et à sec, et aujourd'hui une douzaine de baleines pourraient y nager fort à l'aise. C'est en vérité fort encourageant! Allons, allons, disait un autre ne perdons pas courage, un peu plus de confiance en Dieu et en Notre Dame; nous finirons bien par trouver un remède. Entre temps l'entrepreneur s'était approché du vieillard et l'avait salué respectueusement. Le Frison lui rendit poliment son salut en lui faisant les signes et lui pressant la main à la manière des francs-maçons. Vous avez sans doute assisté à un grand nombre de constructions? lui dit l'entrepreneur. Je connais les constructions de Cologne et de Strasbourg, et j'ai travaillé à toutes deux, dit gravement le Frison. Cependant je me suis surtout attaché aux constructions hydrauliques, aussi y ai-je le plus travaillé. Vous pourriez peut-être nous donner un conseil, reprit l'entrepreneur. C'est, répondit le vieillard, un jeu d'enfant que de boucher cette source, cependant l'ouvrier mérite son salaire, et si votre magistrat me récompense dignement, je me charge de l'affaire. Ce que vous demandez n'est que juste, dit l'entrepreneur, cependant combien désirez-vous pour votre ouvrage? Dix mille florins d'or, répondit le Frison. L'entrepreneur recula de quatre pas. Dix mille florins d'or, répéta-t-il en bégayant. Le vieillard ne lui répondit pins rien, il rendit à l'entrepreneur son salut, lorsque la cloche des ouvriers sonna, et se retira en causant avec son jeune compagnon. L'entrepreneur donna ses instructions aux ouvriers et se rendit chez le magistrat pour lui faire part de cette proposition. Celui-ci trouva les prétentions du Frison exorbitantes et cependant que restait-il à faire, puisque l'on voulait bâtir l'église. Un des conseillers, homme adroit et versé dans la chicane du commerce, se leva et dit: Il n'y a pas à balancer en cette circonstance, il faut agir de suite et promptement. La somme est trop élevée, tâchons d'en rabattre quelque chose. Il ne faut pas y penser, reprit l'entrepreneur Delaet. C'est un drôle auquel je ne voudrais pas en faire la proposition. Alors répondit le conseiller, il ne nous reste plus qu'à lui soutirer son secret par ruse. Il est trop fin pour cela, dit l'entrepreneur. Hé bien! dans ce cas nous nous adresserons au jeune homme qui l'accompagne, celui-là, quoique n'étant pas très - fin, aura assez d'esprit pour céder à la vue d'une forte somme et de l'honneur d'avoir puissamment aidé à la bâtisse de l'église de Notre Dame. Tous applaudirent à cette idée mais on ne savait comment aborder le jeune homme. Le conseiller vint en aide en se chargeant de l'affaire. Le matin même il se rendit au fossé et tenta plusieurs fois, mais en vain, de lier conversation avec le Frison, mais cela ne lui réussit point: il se tourna alors vers le jeune compagnon, lui donna le titre de maître et devint si familier avec lui, qu'un jour il l'invita chez lui. Les vins les plus délicieux lui furent offerts dans des coupes d'or, on lui servit les mets les plus exquis. Le jeune homme savourant cela avec délice, se lia de plus en plus au conseiller dont l'aimable fille avait déjà fait la plus vive impression sur le coeur de l'inconnu. Le père s'aperçut bientôt de l'intelligence qui régnait entre les deux jeunes gens et il y vit un moyen de plus de parvenir à son but. Plusieurs mois s'écoulèrent et l'on travaillait toujours aux fondements. Un soir le jeune inconnu se présenta devant le conseiller Van Kerkhoven et lui dit: Je suis maçon de mon métier, monsieur, j'ai fait mes preuves à la cathédrale de Cologne. Vous aurez besoin, aussitôt que les fondements de la cathédrale seront placés, d'un maître habile, et mon art vous fournit l'homme qui peut vous être utile. Je vous prie donc, après m'avoir témoigné tant d'amitié, de m'accorder la dernière et la plus grande preuve de votre bienveillance, la main de votre fille. Van Kerkhoven sourit en lui-même de contentement, car il se voyait parvenu à son but. Il dit: Maître, vous êtes un brave et honnête homme et je vous donne volontiers mon consentement, cependant je dois voir auparavant, si votre travail peut vous procurer de quoi vous mettre en ménage. Il ne faut pas y penser, aussi longtemps que votre oncle ne vous donnera pas les moyens de boucher cette fatale source. La ville ne peut lui donner la somme qu'il exige et il ne consent à livrer son secret qua cette condition. Faites en sorte qu'il se contente de moins ou bouchez vous-même la source et outre les cinq mille florins d'or de la ville et la reconnaissance de ses bourgeois vous recevrez la main de ma fille. Le jeune homme se retira silencieux et pensif. Renoncer à Marguerite lui eût été, impossible. Comment y parvenir. En parler à son oncle, il ne l'eut pas osé. Que faire? Lui arracher son secret pour le vendre ensuite et s'attirer ainsi la haine et la malédiction de son bienfaiteur? Et cependant c'était le seul moyen qui lui restait, car il connaissait trop le vieillard pour espérer de le fléchir par des larmes et des prières; le coeur du vieux Frison était inaccessible à l'amour comment eût-il pu faire à ces inconnus un aussi grand sacrifice de son orgueil. Le jour suivant, ils se trouvaient encore une fois tous deux à la balustrade et regardaient les efforts inutiles des ouvriers. Il me parait que cet ouvrage ne finit pas, dit le jeune homme, ils seront forcés de l'abandonner. C'est donc chose impossible que de boucher ce trou? Impossible! dit en riant le vieillard. N'avez-vous pas dit vous même que si l'on y précipitait toute la ville d'Anvers, il ne serait pas encore bouché. Et je te répète qne si je voulais, en une demi-heure j'aurais bouché ce trou sans y jeter une seule pelletée de terre. Et comment, feriez vous cela? Ah! c'est mon secret. Et moi-même je ne puis le savoir? Le vieillard lui lança un regard perçant et dit: Pour que tu ailles le découvrir au conseil qui me traite comme un mendiant, n'est-ce pas, mon garçon? Ces paroles émurent profondément le jeune homme, cependant son amour l'enhardissait, il crut voir d'un côté l'image de sa Marguerite éplorée, et de l'autre, le père de la jeune fille qui lui donnait son approbation et prononçait les paroles qui devait les unir pour toujours. Il usa de feinte pour la première fois de sa vie. Moi, vous trahir, mon oncle? N'avez vous pas appris à me connaître? Le vieillard s'appuya les bras croisés sur la balustrade et regarda d'un air pensif dans le fossé. Il ne disait rien. Enfin il se leva, et prenant le jeune homme par la main il lui dit: Allons, je me confie à toi, afin que tu aies la certitude que ce que je te dis, est vrai. Mais je t'en avertis d'avance si tu révèles mon secret, ... tu es mort. Il n'y a qu'un moyen de boucher la source, c'est ... d'y employer des peaux de boeufs. Dès que l'on aura bouché le trou avec cela, on pourra en toute sécurité bâtir avec l'aide de Dieu. Mais jamais ils ne pourront parvenir à trouver cet expédient. Vous avez raison, maître, dit le jeune homme en tremblant. A peine connut-il le secret qu'il devait révéler au conseil, qu'une sueur froide lui couvrit le corps. Ils demeurèrent encore longtemps pensifs et silencieux; le vieux frison plongé dans ses méditations accoutumées, le jeune homme, luttant avec lui-même. Causerait-il à son vieil oncle, à son second père, au bienfaiteur de son jeune âge, le plus grand chagrin en révélant son secret et l'exposant au mépris des bourgeois; et tout cela pour faire plaisir à un étranger? — cependant l'amour dans son coeur l'emporta sur le froid et sombre vieillard. A peine furent-ils rentrés tous deux que le vieillard s'enferma dans son cabinet; le jeune homme s'esquiva et gagna la maison du conseiller. Marguerite, tu es à moi! s'écria-t-il en entrant, et il se précipita dans les bras de la jeune fille. Il l'entraîna ensuite avec lui, franchit les marches de l'escalier et entra dans la chambre du conseiller. - „Le secret nous appartient," dit-il, „tiendrez-vous aussi votre parole?" „Je ne m'en dédis pas," répondit le conseiller. „Tu recevras mon consentement aussitôt que tu m'auras découvert le secret." „Hé bien, faites boucher le trou avec des peaux de boeufs, mettez sans crainte la pierre fondamentale pardessus, et bâtissez au nom de Dieu." „Que Dieu vous bénisse donc!" dit le conseiller en unissant les mains des deux amants et en les embrassant. „Bientôt l'on verra les mûrs sortir de terre et tels que le vaisseau à double mât s'élever dans les airs. Ton nom, mon fils, sera vénéré jusque dans les siècles à venir, et il sera gravé sur la pierre fondamentale, afin que tu voies qu' Anvers est reconnaissante." Il enfonça sa barrette sur sa tête grise; et courut en toute hâte annoncer la bonne nouvelle au magistrat. Le jeune homme frémit en le voyant partir; l'effroi s'empara de son coeur, et les baisers de Marguerite ne purent le tranquiliser entièrement. Il n'osa retourner chez son oncle; le conseiller vint encore à son aide et dans sa joie, il décida le soir même que dans trois jours on célébrerait les noces. Etonné de ne point voir revenir le jeune homme, le vieux Frison commençait à concevoir des inquiétudes, et il passa la nuit dans des transes, en attendant le seul être qui lui fut encore attaché. Le lendemain il envoya des commissionnaires de tous côtés et lui-même parcourut la ville pour chercher son neveu bien-aimé; mais toutes ses recherches furent vaines. Ainsi se passèrent deux longues journées; dans sa préoccupation, le vieillard ne songeait plus à aller visiter la construction. Le troisième jour, il parcourait vers midi les rues d'Anvers, le regard tristement abaissé vers la terre, lorsque soudain une musique joyeuse frappa ses oreilles; il voulut se retirer dans une autre rue, mais il n'était plus temps. Le monde se rassemblant en masse, l'entraîna dans le torrent. Les sons s'approchaient de plus en plus, c'était un cortège de jeunes mariés qui se rendait à l'église. Le maçon jeta un regard indifférent sur le jeune couple, — il recula en arrière, comme frappé d'un coup de foudre, il venait de reconnaître son neveu dans la personne du marié. En même temps un éclair traversa son esprit, il se rappela que son neveu avait disparu le jour même où il avait appris son secret. Traître! murmura le vieillard entre les dents, et il accompagna le cortège jusqu'à l'église. De là il voulut le suivre plus loin, afin de connaître l'état et le rang de la fiancée. Après la cérémonie, le cortège se dirigea vers la construction de la cathédrale. Dans les fossés se trouvaient rassemblés le bourgmestre, les autorités, le clergé et tous les employés de la ville. Le cortège y descendit aussi; et les nouveaux mariés s'assirent sur de magnifiques fauteuils placés à peu près sous la balustrade. Lorsque tout fut en ordre, le magistrat fit un signe, et les ouvriers maçons apportèrent douze grandes peaux de boeufs, ils les placèrent sur l'eau de la source et aussitôt la crue cessa et les peaux parurent reposer sur la terre ferme. Sur un second signe du magistrat, on apporta la pierre fondamentale sous laquelle on plaça diverses médailles et parchemins, et chacun de ceux qui étaient présents, alla donner son coup de truelle. „C'est, mon fils, la pierre fondamentale de ton bonheur" dit le père de la mariée, „va, frappes-y aussi ton coup." — Cependant, avant que le jeune homme eut eu le temps de se lever — une voix sépulcrale cria du haut du fossé: ,,Et voici celle de son cercueil." Et en même temps une des énormes pierres de taille qui étaient au bord tomba dans le fossé et écrasa le malheureux fiancé. La jeune épouse tomba morte à côté de son époux. Un cri d'horreur retentit au loin. Un même cercueil les reçut tous deux, et il fut déposé à côté de la pierre sur laquelle, plus tard, s'éleva la tour, comme une tombe colossale. On ne put retrouver la trace du vieux Frison. Il avait disparu au moment où il avait poussé la pierre dans le fossé.