samedi 12 janvier 2013

Histoire et mystère des templiers.

Histoire et mystére des Templiers.....
Visite du 03 01 2013.
47: Salvagnac :
En 1235 la présence d'une commanderie des templiers y est attestée par un document écrit. Des coutumes écrites sont établies en 1264. En 1275 la construction du chateau est terminée ,la date est inscrite sur une pierre scellée dans la grande salle .Ce chateau étant détruit ,cette pierre a été apportée au musée d'Agen .
Traduction de l'inscription "En l'an 1275 frére Armengaud Aguila ,précepteur d'Agen et de Bordeaux fit cette maison ".
Ce fut également une halte sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle....

vendredi 11 janvier 2013

L'impérialisme occidental.

L’impérialisme, le droit naturel et la concorde.
L’impérialisme occidental est hérité de Rome car tout n’est pas innocent dans l’héritage de Rome. Cependant de la réflexion cicéronienne sur l’impérialisme, sont issues deux réalités tout à fait positives : la découverte du droit naturel au plan du droit, et la prise de conscience de la nécessité de la pratique de la concorde pour tout groupe qui veut durer.
Les critiques antiques de l’impérialisme romain
L’impérialisme romain a été mis en cause par ses adversaires et une des meilleures critiques qui nous en soit resté est paradoxalement proposée par Cicéron, qui la réfute. Comme il veut que sa réfutation soit sérieuse, l’exposition de la critique a une grande cohérence : il s’agit d’un texte issu de La République où Cicéron met en scène une ambassade célèbre qui eut lieu en 155 av. JC. Athènes qui venait d’être condamnée à une forte amende pour une agression injustifiée va en appel à Rome en envoyant, pour plaider sa cause, trois philosophes responsables de la direction des plus prestigieuses écoles philosophiques. Certains pensent que, voulant attaquer les romains, Carnéade, un des envoyés, fit dans une première conférence un éloge classique de la justice et son discours fut fort apprécié. Le lendemain, il referme son piège en disant que si les romains voulaient la justice, ils renonceraient à leurs conquêtes pour être justes, ce qui lui aurait valu l’expulsion immédiate. Cette manière de raconter l’ambassade, séduisante, est en opposition avec les données dont on dispose et en particulier avec le texte de Cicéron [1], où alternent deux justifications de l’impérialisme, l’une qui n’est pas acceptable, l’autre qui l’est.
La première justification de l’impérialisme part du principe qu’il n’y a pas une justice qui s’imposerait à tous de l’extérieur, comme un droit naturel antérieur aux lois civiles et que tous seraient obliger de respecter. Chaque législation veut l’intérêt de la communauté dans laquelle elle a été créée : dans les rapports entre communautés politiques, c’est l’intérêt propre qui devient la règle. La présentation qu’en fait Cicéron se veut ironique (“nous qui sommes les plus justes de tous les hommes…”)
“Les Athéniens avaient coutume de jurer, au nom de la patrie même, qu’ils considéraient toute terre portant des oliviers ou du blé comme leur appartenant. Les Gaulois jugent déshonorant de travailler la terre de leurs mains pour lui faire donner du blé ; voilà pourquoi ils vont en armes moissonner les champs des autres peuples. Nous autres, enfin, nous sommes les plus justes de tous les hommes, nous qui défendons aux nations qui habitent au-delà des Alpes de cultiver l’olivier et la vigne : nous voulons ainsi augmenter la valeur de nos oliveraies et de nos vignobles. On dit bien que cette conduite est sage, non qu’elle est juste.” (République : III, IX, 15-16)
Cette justification de l’impérialisme par la realpolitik n’est certes pas glorieuse mais elle est très réaliste et correspond bien à une perception tant des intéressés que de leurs adversaires : l’intérêt est ce qui mène tant les individus que les collectivités. Si un droit régit les relations entre hommes ; entre collectivités, faute d’un droit international, règne la loi de la jungle. Un fragment du texte très corrompu de La République, placé à la suite par les éditeurs modernes le précise d’ailleurs. Comme Alexandre demandait à un pirate capturé pourquoi il infestait les mers, celui-ci répondit : “pour la même raison qui te pousse à infester le monde entier”. (III, XIV, 24). Ce type de justification serait adopté aujourd’hui par tous les réalistes mais ils ne s’en vantent pas.
La deuxième justification de l’impérialisme, celle qu’accepte Cicéron, relève à nos yeux de la bonne conscience que l’on se donne, voire de l’hypocrisie, car il nous dit qu’il y a des guerres justes, qui sont la réponse à une agression contre Rome ou des alliés et que de plus elle doit être déclarée dans les règles. Enfin, il constate que la conquête faite a des aspects positifs, non seulement pour Rome mais aussi pour les peuples conquis “quand les gredins sont mis dans l’impossibilité d’agir injustement” (III,XXII,34-36). Cela nous semble une hypocrisie puisque c’est en vertu de cet appel supposé d’alliés que par exemple César envahit la Gaulle alors qu’il ne s’agit que d’un prétexte. Cependant le soin mis par César pour employer ce type de justification montre bien que l’exigence de ce motif est encore forte. Il est d’ailleurs possible que dans les origines, la conquête se soit faite sans plan précis et en répondant simplement aux opportunités. Quant au thème qui voit dans la conquête un bien pour l’apport de civilisation, on sait le rôle qu’il a eu dans toutes les entreprises coloniales.
L’impérialisme romain est un fait et, comme tout impérialisme, suscite hier et aujourd’hui la réprobation mais aussi l’accommodement car Rome a eu une pratique politique vis-à-vis des peuples soumis toute différente des autres impérialismes antiques. Contrairement aux athéniens qui dominaient les peuples conquis en leur faisant sentir leur tutelle par des impôts forcés et des garnisons dans les acropoles des villes conquises, les romains offraient aux peuples conquis la citoyenneté romaine comme on l’a vu antérieurement.
L’idée actuelle (le “théorème de Tocqueville” selon Paul Veyne [2]) que pour qu’une civilisation en rallie une autre, il ne faut pas qu’en le faisant ses membres se retrouvent marginalisés dans le nouveau système, aurait pu être mise en avant par les romains car elle correspondait à leur pratique. Ne leur demandons pas cependant un souci égalitaire qui est le nôtre car leur pratique d’intégration par la citoyenneté concernait les élites.
Le droit naturel
Dans ses réflexions sur l’impérialisme, Cicéron, comme tous les auteurs antiques qui ont réfléchi sur ce qu’est une loi, a pris conscience qu’une loi peut être inique, même si elle a été promulguée par une assemblée, qu’une loi non écrite régissant un groupe humain peut être jugée abominable (même les bandits respectent des accords entre eux sinon leur vie deviendrait invivable). Surplombant toutes les lois écrites ou non,
“il existe une vraie loi, c’est la droite raison ; elle est conforme à la nature, répandue chez tous les hommes ; elle est immuable et éternelle ; ses ordres appellent au devoir ; ses interdictions détournent de la faute. Si toutefois elle n’adresse jamais en vain aux honnêtes gens ses ordres et ses interdictions, elle ne peut, par ces moyens, faire impression sur les malhonnêtes. C’est un sacrilège que de la remplacer par une loi contraire ; il est interdit de n’en pas appliquer une seule disposition ; quant à l’abroger entièrement, personne n’en a la possibilité. Ni le sénat, ne le peuple ne peuvent nous soustraire à l’autorité de cette loi ; il est inutile de chercher un Sextus Aelius [un expert] pour l’expliquer et l’interpréter ; elle sera la même à Rome et à Athènes ; la même maintenant et plus tard. Bref, cette loi unique, éternelle et immuable s’imposera à toutes les nations et à tous les temps, et un seul dieu commun à tous sera comme l’éducateur et le chef de tous. C’est lui qui a fait cette loi, qui l’interprète et nous l’a proposée. L’homme qui refusera de lui obéir devra se fuir lui-même et, comme il a méprisé la nature humaine, il subira les plus cruels châtiments, même au cas où il aurait échappé à tout ce que l’on considère comme un supplice” (République : III, XXII,33)
Cette loi naturelle, correspond à la raison disponible au cœur de chaque homme, elle a été érigée par la divinité, âme du monde, intelligence en action selon les stoïciens que Cicéron suit ici.
La référence à la droite raison qui est au dessus de toute loi va trouver à Rome une solution à un problème que les réflexions antérieures, celles de Platon et d’Aristote avaient laissées en suspens. Tous pensent en effet que la loi, comme la politique doit être jugée à l’aune de la saine raison et non tirée simplement du consentement des assemblées, surtout si elles sont à leurs yeux manipulées par des professionnels de la belle parole, mais ils en tirent des conséquences différentes. Pour Platon, la solution pour que la loi soit gouvernée par la raison est que le roi devienne philosophe, ou que le philosophe devienne roi (ou conseiller du prince), avec toutes les dérives possibles à nos yeux du fait que certains s’arrogent la connaissance de ce qui est bon pour la cité, dérives qui conduiront à la royauté de droit divin.
Si pour Aristote le principe naturel est que chacun doit recevoir ce qui lui est du, ce principe se met en application par le biais de conventions entre les hommes ce qui fait qu’Aristote est plus réaliste que normatif. Il constate des diversités et elles sont légitimes, mais cela ne donne pas un mode d’emploi pour arriver à une solution raisonnable [3].
La concorde
La solution romaine, telle qu’elle est exprimée chez Cicéron consiste non pas à chercher quelle est la meilleure constitution mais à raconter l’histoire de Rome, histoire faite de luttes sociales, de compromis mais aussi d’appartenance commune à une cité, d’une langue commune, d’une sociabilité commune, nous dirions aujourd’hui d’une posture positive face aux autres.
Dans le traité Des devoirs, Cicéron résume bien sa position. D’abord le droit naturel s’appuie sur une communauté de genre humain : “il y a d’abord ce que l’on observe dans la société du genre humain tout entier. Le lien de cette société, c’est la raison et la parole, qui par l’enseignement et l’étude, en permettant de communiquer, de discuter et de juger, associent les hommes entre eux et les unissent dans une sorte de société naturelle.” (Des devoirs : I, XVI, 50) Grâce à cette raison commune, on peut discuter et faire en sorte que la décision prise pour le bien commun soit la meilleure. Le niveau de la communauté ethnique est affirmé (communauté de race et de langue), “mais le lien est plus intime encore d’appartenir à la même cité. Beaucoup de choses en effet sont communes entre eux aux concitoyens : le forum, les temples, les portiques, les rues, les lois, le droit, la justice, les votes, les relations aussi et les amitiés, et pour un grand nombre tous les contrats d’affaires.” (III, XVII, 53). Le lien le plus fort est le lien de la cité, afin que dans laquelle les hommes “puissent se rendre service les uns aux autres,(…), mettre en commun les intérêts de tous par l’échange des bons offices, en donnant et en recevant, et tantôt par nos compétences, tantôt par notre travail, tantôt par nos ressources, resserrer le lien social des hommes entre eux.” (I, VII, 22).
Resserrer le lien social : exactement devincire societatem où le verbe devincire existe au sens propre et figuré pour “lier”, “attacher” et où societas évoque l’association, la réunion, la communauté, la société. Le terme socius pour Benveniste évoque une étymologie “impliquant un certain type de comportement amical à l’égard des partenaires d’alliance” [4]. Cicéron emploie l’expression comme un concept abstrait, mais l’image concrète du lien matériel qui associe des gens qui ont beaucoup en commun est sous-jacente. Le lien de la concorde n’est pas une chose passive, une absence de discorde, mais le fruit d’une démarche active, faite d’attention aux autres, d’échanges, de services rendus.
L’action des gouvernants doit être cohérente avec ce programme de concorde. Non seulement les gouvernants doivent être désintéressés, il faut “qu’ils aient soin de tout le corps de l’Etat en se gardant, tandis qu’ils veillent sur une partie, d’abandonner les autres. (…) Ceux qui s’occupent d’une partie des citoyens et en délaissent une partie, introduisent dans la cité la chose la plus funeste : la division et la discorde ; il arrive ainsi que les uns paraissent favorables au peuple, d’autre soucieux de l’élite, mais peu de l’ensemble. De là à Athènes, de grandes discordes et dans notre cité non seulement des divisions, mais même de ruineuses guerres civiles. ” (Des devoirs : I, XXIV, 85-86) Si le magistrat ne vise pas à la concorde entre citoyens, par le biais d’une action basée sur la justice qui rend à chacun selon son mérite, la guerre civile suicidaire est proche, Cicéron en fit l’expérience puisque son action politique a été lutte active contre les factions et la Rome républicaine en périt. D’ailleurs, c’est ce souci de concorde en acte qui explique selon Pierre Grimal des attitudes politique de Cicéron qui sont souvent interprétées comme un pur opportunisme [5]. Cependant l’idée républicaine ne meurt pas avec Cicéron : elle reste enfouie dans la mémoire des élites sociales et sous de nouvelles bases va resurgir dès la fin du Moyen âge.
L’apport de Rome
L’apport de Rome, tel que nous le décrit Cicéron dans La république et Les devoirs peut se résumer en quelques mots : la société est contractuelle ; elle est guidée par la raison ; elle ne peut survivre à ses dissensions internes que par une politique active de concorde menée à tous les niveaux, individuels et collectifs ; l’extension de la société se fait en conférant la citoyenneté aux nouveaux entrants.
1) La société est contractuelle : les droits de chacun ne tombent pas du ciel (soit du pouvoir souverain, soit d’une élite intellectuelle), ils sont l’objet d’une négociation qui se termine par un consensus. Ceci vaut aussi bien pour les droits politiques que pour le droit ordinaire (pénal ou civil). La négociation est le mode normal de fonctionnement de la société.
2) La négociation se fait sous l’égide de la raison, c’est la droite raison qui sert de pierre de touche pour l’argumentation lors de la négociation. La raison constitue le droit naturel, ce droit qui peut être bafoué par des législations écrites. C’est elle qui sert à trouver pour chacun ce à quoi il a droit, c’est à dire à la justice, à l’équité. Pour qu’elle s’impose il faut que sa force soit partagée par toutes les parties en négociation.
3) La société ne peut se maintenir que si elle est maintenue activement par l’intervention des différents acteurs : individus, groupes, gouvernants. Tous doivent se soucier concrètement de l’intérêt commun à ceux qu’ils rencontrent dans leurs échanges. La concorde est le mot-clé de cette action.

4) Quand la société étend son empire, elle offre à ceux qui la rejoignent l’égalité des droits civiques. Quand on entre dans un club, on a les mêmes droits statutaires que les anciens : cela doit valoir à Calais ou à Brindisi.
Place à la concorde
La concorde a eu sa place à Paris quand, après la Terreur, les hommes de la Révolution, voulant renoncer à la violence, ont voulu symboliquement que le lieu où les exécutions étaient faites soit sous l’égide de la Concorde.
Aujourd’hui, la concorde semble ne pas tenir beaucoup de place dans notre société : on s’accorde à dire que l’individualisme fait ses ravages : dans la vie professionnelle où la concurrence transforme les relations non plus simplement en une jungle, mais en une lutte entre crocodiles dans un marigot ; où la vie familiale est menacée sans cesse par le repli de chacun sur ses positions et sur la fuite possible ; où la vie civique est minée par l’abstention électorale, le manque d’intérêt pour la chose publique, ou pire, par le refus de toute mesure pouvant apporter une gêne personnelle, le “pas de ça chez moi” (le NIMBY Not in my back yard anglo-saxon) ; où les interactions de la vie quotidienne sont empruntes d’hostilité, voire de violences verbales ou pires.
Revenir à la Concorde est donc important et il s’agit là d’une motivation puissante pour s’intéresser à Cicéron et à l’histoire de Rome

Two examples of the prices of god.

TWO EXAMPLES OF THE TRUCE OF GOD
Below are two examples of attempts on the part of the Christian Church to limit and regulate violence in society. From these documents one gets some insight into the nature and extent of the violence in society.
I. The Peace of God from the Synod of Charroux
This decree was issued by the Synod Charroux, a church governing body in France, in A.D. 989.
Following the example of my predecessors, I, Gunbald, archbishop of Bordeaux, called together the bishops of my diocese in a synod at Charroux, . . . and, we, assembled there in the name of God, made the following decrees:
1. Anathema [1] against those who break into churches. If anyone breaks into or robs a church, he shall be anathema unless he makes satisfaction.
2. Anathema against those who rob the poor. If anyone robs a peasant or any other poor person of a sheep, ox, ass, cow, goat, or pig, he shall be anathema unless he makes satisfaction.
3. Anathema against those who injure clergymen. If anyone attacks, seizes, or beats a priest, deacon, or any other clergyman, who is not bearing arms (shield, sword, coat of mail, or helmet), but is going along peacefully or staying in the house, the sacrilegious person shall be excommunicated and cut off from the church, unless he makes satisfaction, or unless the bishop discovers that the clergyman brought it upon himself by his own fault.

II. Truce for the Bishopric of Terouanne (1063)
Drogo, bishop of Terouanne, and count Baldwin [of Hainault] have established this peace with the cooperation of the clergy and people of the land.
Dearest brothers in the Lord, these are the conditions which you must observe during the time of the peace which is commonly called the truce of God, and which begins with sunset on Wednesday and lasts until sunrise on Monday.
1. During those four days and five nights, no man or woman shall assault, wound, or slay another, or attack, seize, or destroy a castle, burg, or villa, by craft or by violence.
2. If anyone violates this peace and disobeys these commands of ours, he shall be exiled for thirty years as a penance [2], and before he leaves the bishopric he shall make compensation for the injury which he committed. Otherwise he shall be excommunicated by the Lord God and excluded from all Christian fellowship.
3. All who associate with him in any way, who give him advice or aid, or hold converse with him, unless it be to advise him to do penance and to leave the bishopric, shall be under excommunication [3]until they have made satisfaction.
4. If any violator of the peace shall fall sick and die before he completes his penance, no Christian shall visit him or move his body from the place where it lay, or receive any of his possessions.
5. In addition, brethren, you should observe the peace in regard to lands and animals and all things that can be possessed. If anyone takes from another an animal, a coin, or a garment, during the days of the truce, he shall be excommunicated unless he makes satisfaction. If he desires to make satisfaction for his crime, he shall first restore the thing which he stole or its value in money, and shall do penance for seven years within the bishopric. If he should die before he makes satisfaction and completes his penance, his body shall not be buried or removed from the place where it lay, unless his family shall make satisfaction for him to the person whom he injured.
6. During the days of the peace, no one shall make a hostile expedition on horseback, except when summoned by the count, and all who go with the count shall take for their support only as much as is necessary for themselves and their horses.
7. All merchants and other men who pass through your territory from other lands shall have peace from you.
8. You shall also keep this peace every day of the week from the beginning of Advent to the octave of Epiphany, and from the beginning of Lent to the octave of Easter, and from the feast of Rogations [the Monday before Ascension Day] to the octave of Pentecost.
9. We command all priests on feast days and Sundays to pray for all who keep the peace, and to curse all who violate it or support its violators.
10. If anyone has been accused of violating the peace and denies the charge, he shall take the communion and undergo the ordeal of hot iron. If he is found guilty, he shall do penance within the bishopric for seven years.
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[1] An anathema was a formal ecclesiastic curse upon a person which excluded them from the Church and condemned them to damnation.
[2] Penance was one of the sacraments in which one asked for and received forgiveness.
[3] Excommunication meant to be forbidden to take the Lord's Supper. This effectively excluded one from the Church and, by extension, condemned one to damnation.
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From: O. J. Thatcher and E. H. McNeal, trans., A Source Book for Medieval History, (New York: Charles Scribner's, 1905) pp. 412, 417-418. Reprinted in Brian Tierney, ed., The Middle Ages, Vol. I: Sources of Medieval History, 4th ed., (New York: Alfred A. Knopf, 1983) pp. 135-136.
TWO EXAMPLES OF THE TRUCE OF GOD
Below are two examples of attempts on the part of the Christian Church to limit and regulate violence in society.  From these documents one gets some insight into the nature and extent of the violence in society.
I. The Peace of God from the Synod of Charroux
This decree was issued by the Synod Charroux, a church governing body in France, in A.D. 989. 
Following the example of my predecessors, I, Gunbald, archbishop of Bordeaux, called together the bishops of my diocese in a synod at Charroux, . . . and, we, assembled there in the name of God, made the following decrees:
1. Anathema [1] against those who break into churches. If anyone breaks into or robs a church, he shall be anathema unless he makes satisfaction.
2. Anathema against those who rob the poor. If anyone robs a peasant or any other poor person of a sheep, ox, ass, cow, goat, or pig, he shall be anathema unless he makes satisfaction.
3. Anathema against those who injure clergymen. If anyone attacks, seizes, or beats a priest, deacon, or any other clergyman, who is not bearing arms (shield, sword, coat of mail, or helmet), but is going along peacefully or staying in the house, the sacrilegious person shall be excommunicated and cut off from the church, unless he makes satisfaction, or unless the bishop discovers that the clergyman brought it upon himself by his own fault.

II. Truce for the Bishopric of Terouanne (1063)
Drogo, bishop of Terouanne, and count Baldwin [of Hainault] have established this peace with the cooperation of the clergy and people of the land.
Dearest brothers in the Lord, these are the conditions which you must observe during the time of the peace which is commonly called the truce of God, and which begins with sunset on Wednesday and lasts until sunrise on Monday.
1. During those four days and five nights, no man or woman shall assault, wound, or slay another, or attack, seize, or destroy a castle, burg, or villa, by craft or by violence.
2. If anyone violates this peace and disobeys these commands of ours, he shall be exiled for thirty years as a penance [2], and before he leaves the bishopric he shall make compensation for the injury which he committed. Otherwise he shall be excommunicated by the Lord God and excluded from all Christian fellowship.
3. All who associate with him in any way, who give him advice or aid, or hold converse with him, unless it be to advise him to do penance and to leave the bishopric, shall be under excommunication [3]until they have made satisfaction.
4. If any violator of the peace shall fall sick and die before he completes his penance, no Christian shall visit him or move his body from the place where it lay, or receive any of his possessions.
5. In addition, brethren, you should observe the peace in regard to lands and animals and all things that can be possessed. If anyone takes from another an animal, a coin, or a garment, during the days of the truce, he shall be excommunicated unless he makes satisfaction. If he desires to make satisfaction for his crime, he shall first restore the thing which he stole or its value in money, and shall do penance for seven years within the bishopric. If he should die before he makes satisfaction and completes his penance, his body shall not be buried or removed from the place where it lay, unless his family shall make satisfaction for him to the person whom he injured.
6. During the days of the peace, no one shall make a hostile expedition on horseback, except when summoned by the count, and all who go with the count shall take for their support only as much as is necessary for themselves and their horses.
7. All merchants and other men who pass through your territory from other lands shall have peace from you.
8. You shall also keep this peace every day of the week from the beginning of Advent to the octave of Epiphany, and from the beginning of Lent to the octave of Easter, and from the feast of Rogations [the Monday before Ascension Day] to the octave of Pentecost.
9. We command all priests on feast days and Sundays to pray for all who keep the peace, and to curse all who violate it or support its violators.
10. If anyone has been accused of violating the peace and denies the charge, he shall take the communion and undergo the ordeal of hot iron. If he is found guilty, he shall do penance within the bishopric for seven years.
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[1] An anathema was a formal ecclesiastic curse upon a person which excluded them from the Church and condemned them to damnation.
[2] Penance was one of the sacraments in which one asked for and received forgiveness.
[3] Excommunication meant to be forbidden to take the Lord's Supper. This effectively excluded one from the Church and, by extension, condemned one to damnation.
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From: O. J. Thatcher and E. H. McNeal, trans., A Source Book for Medieval History, (New York: Charles Scribner's, 1905) pp. 412, 417-418. Reprinted in Brian Tierney, ed., The Middle Ages, Vol. I: Sources of Medieval History, 4th ed., (New York: Alfred A. Knopf, 1983) pp. 135-136.

The great depression begins 1929.

The Great Depression Begins 1929
The leading theory regarding the cause of The Great Depression holds that it resulted from the stock market crash in 1929. Prior to the crash, around the beginning of 1928, the Federal Reserve began raising interest rates due to financial speculation and inflated stock prices. Industrial production turned down in the spring of 1929, and overall growth turned negative in the summer. This prosperous decade had proven the old adage that all good things must come to an end, when a recession began in the summer of 1929 (2). In the two months before the crash, industrial production fell to an annual rate of 20%, and continued to drop well into the fall months. “By mid-November, the market had declined by a half.” (2)
After the crash, the world monetary system was still very fragile from the resumption of the gold standard after WWI. The gold standard was an economic standard used in the 20’s that backed up the value of each US dollar with its equivalent weight in gold. Meanwhile, output, prices, and savings began to sink across the country. As a result of this, policy makers felt certain that they needed to now keep their currencies in gold at all costs. Economic stability needed to be restored, and in order to do this, prices and wages needed to be cut. Andrew Mellon, the US Treasury Secretary, stated that there was a need to “liquidate labor, liquidate stocks, liquidate the farmers, liquidate real estate…Purge the rottenness out of the system”(1). In an unsuccessful attempt at accomplishing these tasks, they instead transformed an ordinary recession into the Great Depression.
During this time of depression, people were desperate for help and turned to the Federal Reserve Bank to instate policies to help the situation. The economy grew worse as the American banks began to fail in 1930. The Federal Reserve Banks insisted on collateral before it would offer any help. It wanted commercial bills, however, which local banks did not have. “Before the Federal reserve was created in 1913, the banks had their own clearinghouse arrangements for helping each other resist runs; now, with those arrangements all but defunct, the banks looked to the Federal reserve to do the job, and nothing happened”(2). The crisis began to spread as more and more banks failed across the country. People rushed frantically to turn their bank deposits into cash, but it was too late. The money supply had collapsed, and panic set in for many citizens.
The Great Depression not only affected the US, it had an effect on the entire world. Most of the world was running on the gold standard in 1929. The Federal Reserve would not allow this system to work, however, which caused the demand for imports to fall and caused the balance of payments to move further into surplus. Gold should have been flowing into the country to expand the money supply and restore some tangible value to the economy, but instead, “this mechanism was deliberately shut down by the Federal Reserve, which was still worried about the effect of easier credit on speculation.” The sale of government debt caused the flow of gold into the country to be “sterilized.” Money grew tighter still as America instigated the Smooth-Haley Act of 1930, which was only a vain effort. Monetary pressure was not relieved and trade collapsed, which greatly effected industry. “The Federal Policy, together with Smooth-Hawley, had turned the gold standard into a global-recession machine”(2).
It was not until World War II that the US was able to get out of depression and back to a time of prosperity. The war provided some jobs to push the US citizens back into full employment, but unemployment rates stayed up, partly because of the New Deal. This was a program started by President Hoover and carried on by President Roosevelt. The New Deal “brought in bank-deposit insurance (a wise move, though not without problems)…It piled taxes on business and sought to prevent ‘excessive competition.’ To stop prices falling, controls were brought in, alongside other new and avowedly anti-business regulations” (3). By 1935, America was off of the gold standard and the money supply was expanding. The money supply was once again expanding, only to move into recession again in 1937-38. Unemployment rates were still at 17% in 1939. In the end, it was the war, not the New Deal that restored full employment in the US and brought it out of depression.
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Notes:
A price comparison from the 1930's to Today of common items
Great Depression Affects Ontario, Canada
Great Depression affects the meat industry in France
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Sources:
[1] Fortune, August 18, 1997 v 136 n4 p36
[2] The Economist, Sept. 19. 1998 v347 n8090 p95
[3] Insight on the News, Feb. 16, 1998 v14 n6 p18
[4] Paul A. Samuelson, William D. Nordhaus, Macroeconomics 5th ed. (McGraw-Hill 1995)
[5] Adam Smith, An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth Of Nations (Liberty Fund 1981)

Lettre d'Etienne de Blois à sa femme, Adèle de Normandie en 1098.

Lettre d’Étienne de Blois à sa femme, Adèle de Normandie 1098

Le comte Étienne envoie à la comtesse Adèle, sa très douce amie et épouse, tout ce que son esprit peut imaginer de meilleur et de plus tendre. Sache, ma chère, que j'ai fait bonne route vers Rome, entouré d'honneurs et jouissant d'une bonne santé. J'ai pris soin de te faire envoyer par un scribe de Constantinople le récit de mon voyage et de toutes mes aventures; mais de peur qu'il ne soit arrivé quelque chose de fâcheux à ce messager, je te réécris moi-même cette lettre. C'est avec une grande joie que, par la grâce de Dieu, j'ai atteint Constantinople. L'empereur m'a extrêmement bien reçu, dignement et honorablement, presque comme si j'étais son fils, et m'a fait de somptueux cadeaux. Il n'y a, dans toute l'armée de Dieu, ni duc, ni comte, ni aucun puissant personnage, qui ait auprès de lui autant de crédit et de faveur que moi. En vérité, ma chère, Son Altesse impériale m'a souvent prié et me demande encore de lui confier un de nos fils. Il m'a promis pour lui tant de choses et de si grands honneurs, si nous le lui confions, qu'il n'aura rien à nous envier. Je te l'assure, il n'y a pas deux hommes comme lui sur terre. En effet, il couvre tous nos princes de cadeaux, gratifie de dons tous les soldats, entretient les pauvres avec ses richesses. Près de la ville de Nicée, il y a un château appelé Civitot, baigné par un bras de mer sur lequel la propre flotte de l'empereur vogue nuit et jour vers Constantinople et rapporte vers ce château, pour les pauvres qui sont innombrables, de la nourriture qui leur est distribuée chaque jour. Il me semble qu'à notre époque, il n'y a aucun prince aussi illustre qui a fait preuve d'une telle générosité. Ton père , ma chère, racontait souvent des faits admirables, mais ce n'était quasiment rien à côté de cela. J'ai voulu t'écrire ces quelques mots à son propos, afin que tu saches un peu de quel genre d'homme il s'agit. Au bout de dix jours, pendant lesquels il me garda près de lui avec une grande bienveillance, je l'ai quitté comme s'il était mon propre père. Il m'avait lui-même chargé de préparer la flotte avec laquelle j'ai traversé rapidement le tranquille bras de mer qui entoure la ville. Certains prétendaient que ce bras de mer est agité et dangereux, ce qui est faux. En effet, il est encore plus sûr que la Marne ou la Seine.

Traduction prise dans Ghislain Brunel (trad.), Sources d'histoire médiévale, IXe - milieu du XIVe siècle, Paris, Larousse, 1992, pp. 374-376.
Lettre d’Étienne de Blois à sa femme, Adèle de Normandie  1098

Le comte Étienne envoie à la comtesse Adèle, sa très douce amie et épouse, tout ce que son esprit peut imaginer de meilleur et de plus tendre. Sache, ma chère, que j'ai fait bonne route vers Rome, entouré d'honneurs et jouissant d'une bonne santé. J'ai pris soin de te faire envoyer par un scribe de Constantinople le récit de mon voyage et de toutes mes aventures; mais de peur qu'il ne soit arrivé quelque chose de fâcheux à ce messager, je te réécris moi-même cette lettre. C'est avec une grande joie que, par la grâce de Dieu, j'ai atteint Constantinople. L'empereur m'a extrêmement bien reçu, dignement et honorablement, presque comme si j'étais son fils, et m'a fait de somptueux cadeaux. Il n'y a, dans toute l'armée de Dieu, ni duc, ni comte, ni aucun puissant personnage, qui ait auprès de lui autant de crédit et de faveur que moi. En vérité, ma chère, Son Altesse impériale m'a souvent prié et me demande encore de lui confier un de nos fils. Il m'a promis pour lui tant de choses et de si grands honneurs, si nous le lui confions, qu'il n'aura rien à nous envier. Je te l'assure, il n'y a pas deux hommes comme lui sur terre. En effet, il couvre tous nos princes de cadeaux, gratifie de dons tous les soldats, entretient les pauvres avec ses richesses. Près de la ville de Nicée, il y a un château appelé Civitot, baigné par un bras de mer sur lequel la propre flotte de l'empereur vogue nuit et jour vers Constantinople et rapporte vers ce château, pour les pauvres qui sont innombrables, de la nourriture qui leur est distribuée chaque jour. Il me semble qu'à notre époque, il n'y a aucun prince aussi illustre qui a fait preuve d'une telle générosité. Ton père , ma chère, racontait souvent des faits admirables, mais ce n'était quasiment rien à côté de cela. J'ai voulu t'écrire ces quelques mots à son propos, afin que tu saches un peu de quel genre d'homme il s'agit. Au bout de dix jours, pendant lesquels il me garda près de lui avec une grande bienveillance, je l'ai quitté comme s'il était mon propre père. Il m'avait lui-même chargé de préparer la flotte avec laquelle j'ai traversé rapidement le tranquille bras de mer qui entoure la ville. Certains prétendaient que ce bras de mer est agité et dangereux, ce qui est faux. En effet, il est encore plus sûr que la Marne ou la Seine. 

Traduction prise dans Ghislain Brunel (trad.), Sources d'histoire médiévale, IXe - milieu du XIVe siècle, Paris, Larousse, 1992, pp. 374-376.
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L'affaire Martin Guerre.

L'affaire Martin Guerre
Mais comment un homme a-t-il pu prendre la place d'un autre pendant trois ans sans que personne, pas même sa propre épouse, ne s'en rende compte ?
Pittoresque histoire que celle de Martin Guerre qui, ayant quitté son foyer pendant plus de dix ans, vit son identité usurpée par Arnaud du Tilh, un compagnon de route qui avait appris méthodiquement son texte et répété inlassablement son rôle au pied et au nez de sa victime un peu trop bavarde.
Le cas, peu ordinaire, fut porté jusque devant le parlement de Toulouse qui allait donner raison à l'imposteur sans le retour inopiné du véritable Martin Guerre.
Retour sur l'un des plus célèbres procès de la Renaissance où le principal protagoniste érigea l'imposture au rang de véritable art.
LES FAITS
En 1556, un homme se présenta dans le petit village d'Artigat en Ariège et prétendit être Martin Guerre, revenu auprès des siens après huit années d'absence. Outre une ressemblance presque troublante, sa famille, ses amis et surtout sa femme, Bertrande de Rols, n'eurent plus aucune hésitation lorsque celui-ci leur donna un certain nombre d'informations que seul le vrai Martin Guerre pouvait connaître. Le couple vécut alors ses retrouvailles en parfaite harmonie et donna naissance à deux nouveaux héritiers en plus de l'enfant mis au monde avant le départ du mari.
Mais les choses se compliquèrent lorsque l'oncle de Martin, Pierre Guerre, commença à émettre des doutes sérieux sur la véritable identité de l'individu, notamment exacerbés par une violente altercation avec son "neveu" ; Pierre remarqua notamment que ce dernier ne pratiquait plus sa passion première, l'escrime, et que le premier fils du couple ne ressemblait absolument pas au nouveau Martin Guerre. La famille ainsi que tout le village se divisèrent sur la question mais Bertrande défendit corps et âme son mari.
Tout bascule le jour où un voyageur confia aux habitants que Martin Guerre eut un des deux membres inférieurs sectionné au front et était désormais contraint de marcher à l'aide d'une jambe de bois. Encore plus accablant, un autre témoin reconnut formellement, en la personne de Martin Guerre, Arnaud du Tilh, membre d'un village voisin, qui n'en était pas à son premier coup d'essai en matière de fraude.
Jeté en prison sans attendre, comme c'est le cas lorsqu'il y avait soupçon de "plusieurs grands et énormes délits", l'homme eut à répondre de ses actes devant le juge de Rieux qui instruisit son procès pour usurpation d'identité, adultère et fraudes.
LE PROCES EN PREMIERE INSTANCE
Le faux Martin Guerre dût se défendre seul conformément à l'ordonnance de Villers-Cotterêts prise par le roi François 1er en 1539. Ce dernier récita une nouvelle fois ses gammes et fournit des indications très précises sur la vie de celui qu'il prétendait être ; mais le juge, méticuleux, auditionna plusieurs centaines de témoins qui, pour la plupart d'entre eux, reconnurent clairement Arnaud du Tilh.
Malgré une défense plus qu'énergique de la part de l'accusé, la cour finit par admettre qu'il s'agissait bien d'Arnaud du Tilh et non de Martin Guerre et, en conséquence, ordonna que ce dernier eut la tête tranchée. Mais l'histoire n'allait pas s'arrêter là. Le condamné, sûr de lui, fit appel de la décision devant le Parlement de Toulouse.
LE PROCES EN APPEL
La chambre criminelle du Parlement fut donc saisie de cette affaire dans le courant du mois d'avril 1560. Le rapporteur, Jean de Coras, n'était pas de l'avis de la juridiction de Rieux et pensait que les témoins prennaient fait et cause pour Pierre Guerre dans le différend originel qui l'opposait à Martin.
Mieux, il ne pouvait se résoudre à croire que sa femme Bertrande ait pu se tromper sur la qualité de son époux et avoir avec lui deux enfants. Il restait persuadé que ces faits démontraient par eux-mêmes qu'il s'agissait bien là du véritable Martin Guerre.
Arnaud du Tilh fut sur le point de gagner son pari en appel lorsqu'un homme, infirme de son état et marchant à l'aide d'une jambe de bois, se présenta devant les notables en affirmant être le vrai Martin Guerre.
A sa vision, Bertrande de Rols fondit en larmes et implora à genoux son pardon. Arnaud du Tilh lui-même, troublé par cette soudaine apparition et se sentant perdu, avoua finalement toute la supercherie. Il expliqua alors devant le Parlement comment il avait gagné la confiance de sa victime et, surpris que deux personnes qui le croisèrent un beau jour près du village le saluèrent en le prenant pour Martin Guerre, eut l'idée de se faire passer pour lui.
La sentence fut dès lors irrévocable : le dénommé Arnaud du Tilh fut reconnu pleinement coupable de forfaitures et, confirmant de plein droit le jugement de Rieux, les notables de Toulouse le condamnèrent à la peine capitale.
EPILOGUE
La fin de l'imposteur mérite quelques commentaires : sommé de faire "amende honorable", Arnaud du Tilh arpenta les rues du village en habit de pénitent et, la corde au cou, demanda pardon à Dieu, au Roi et à tous ceux qu'il avait pu offenser.
La potence fut alors dressée devant la maison familiale. Ses dernières volontés allèrent au vrai Martin Guerre qu'il supplia de ne pas violenter sa femme Bertrande par vengeance.
La dépouille d'Arnaud du Tilh fut ensuite brûlée vive, comme pour tenter d'effacer toute trace de ce qui restera l'une des plus extraordinaires histoires de la Renaissance.
L'affaire Martin Guerre
Mais comment un homme a-t-il pu prendre la place d'un autre pendant trois ans sans que personne, pas même sa propre épouse, ne s'en rende compte ?
Pittoresque histoire que celle de Martin Guerre qui, ayant quitté son foyer pendant plus de dix ans, vit son identité usurpée par Arnaud du Tilh, un compagnon de route qui avait appris méthodiquement son texte et répété inlassablement son rôle au pied et au nez de sa victime un peu trop bavarde.
Le cas, peu ordinaire, fut porté jusque devant le parlement de Toulouse qui allait donner raison à l'imposteur sans le retour inopiné du véritable Martin Guerre.
Retour sur l'un des plus célèbres procès de la Renaissance où le principal protagoniste érigea l'imposture au rang de véritable art.
LES FAITS
En 1556, un homme se présenta dans le petit village d'Artigat en Ariège et prétendit être Martin Guerre, revenu auprès des siens après huit années d'absence. Outre une ressemblance presque troublante, sa famille, ses amis et surtout sa femme, Bertrande de Rols, n'eurent plus aucune hésitation lorsque celui-ci leur donna un certain nombre d'informations que seul le vrai Martin Guerre pouvait connaître. Le couple vécut alors ses retrouvailles en parfaite harmonie et donna naissance à deux nouveaux héritiers en plus de l'enfant mis au monde avant le départ du mari.
Mais les choses se compliquèrent lorsque l'oncle de Martin, Pierre Guerre, commença à émettre des doutes sérieux sur la véritable identité de l'individu, notamment exacerbés par une violente altercation avec son "neveu" ; Pierre remarqua notamment que ce dernier ne pratiquait plus sa passion première, l'escrime, et que le premier fils du couple ne ressemblait absolument pas au nouveau Martin Guerre. La famille ainsi que tout le village se divisèrent sur la question mais Bertrande défendit corps et âme son mari.
Tout bascule le jour où un voyageur confia aux habitants que Martin Guerre eut un des deux membres inférieurs sectionné au front et était désormais contraint de marcher à l'aide d'une jambe de bois. Encore plus accablant, un autre témoin reconnut formellement, en la personne de Martin Guerre, Arnaud du Tilh, membre d'un village voisin, qui n'en était pas à son premier coup d'essai en matière de fraude.
Jeté en prison sans attendre, comme c'est le cas lorsqu'il y avait soupçon de "plusieurs grands et énormes délits", l'homme eut à répondre de ses actes devant le juge de Rieux qui instruisit son procès pour usurpation d'identité, adultère et fraudes.
LE PROCES EN PREMIERE INSTANCE
Le faux Martin Guerre dût se défendre seul conformément à l'ordonnance de Villers-Cotterêts prise par le roi François 1er en 1539. Ce dernier récita une nouvelle fois ses gammes et fournit des indications très précises sur la vie de celui qu'il prétendait être ; mais le juge, méticuleux, auditionna plusieurs centaines de témoins qui, pour la plupart d'entre eux, reconnurent clairement Arnaud du Tilh.
Malgré une défense plus qu'énergique de la part de l'accusé, la cour finit par admettre qu'il s'agissait bien d'Arnaud du Tilh et non de Martin Guerre et, en conséquence, ordonna que ce dernier eut la tête tranchée. Mais l'histoire n'allait pas s'arrêter là. Le condamné, sûr de lui, fit appel de la décision devant le Parlement de Toulouse.
LE PROCES EN APPEL
La chambre criminelle du Parlement fut donc saisie de cette affaire dans le courant du mois d'avril 1560. Le rapporteur, Jean de Coras, n'était pas de l'avis de la juridiction de Rieux et pensait que les témoins prennaient fait et cause pour Pierre Guerre dans le différend originel qui l'opposait à Martin.
Mieux, il ne pouvait se résoudre à croire que sa femme Bertrande ait pu se tromper sur la qualité de son époux et avoir avec lui deux enfants. Il restait persuadé que ces faits démontraient par eux-mêmes qu'il s'agissait bien là du véritable Martin Guerre.
Arnaud du Tilh fut sur le point de gagner son pari en appel lorsqu'un homme, infirme de son état et marchant à l'aide d'une jambe de bois, se présenta devant les notables en affirmant être le vrai Martin Guerre.
A sa vision, Bertrande de Rols fondit en larmes et implora à genoux son pardon. Arnaud du Tilh lui-même, troublé par cette soudaine apparition et se sentant perdu, avoua finalement toute la supercherie. Il expliqua alors devant le Parlement comment il avait gagné la confiance de sa victime et, surpris que deux personnes qui le croisèrent un beau jour près du village le saluèrent en le prenant pour Martin Guerre, eut l'idée de se faire passer pour lui.
La sentence fut dès lors irrévocable : le dénommé Arnaud du Tilh fut reconnu pleinement coupable de forfaitures et, confirmant de plein droit le jugement de Rieux, les notables de Toulouse le condamnèrent à la peine capitale.
EPILOGUE
La fin de l'imposteur mérite quelques commentaires : sommé de faire "amende honorable", Arnaud du Tilh arpenta les rues du village en habit de pénitent et, la corde au cou, demanda pardon à Dieu, au Roi et à tous ceux qu'il avait pu offenser.
La potence fut alors dressée devant la maison familiale. Ses dernières volontés allèrent au vrai Martin Guerre qu'il supplia de ne pas violenter sa femme Bertrande par vengeance.
La dépouille d'Arnaud du Tilh fut ensuite brûlée vive, comme pour tenter d'effacer toute trace de ce qui restera l'une des plus extraordinaires histoires de la Renaissance.

La doctrine de Jean Calvin.

La doctrine de Jean Calvin
Calvin expose sa doctrine dans son œuvre majeure : L'institution de la religion chrétienne.
L'institution de la religion chrétienne
Né une génération après Luther et Zwingli, la tâche de Calvin n'est pas d'offrir des idées originales, mais d'agencer la vision nouvelle de ses prédécesseurs en un ensemble cohérent. La clarté de l'exposition doctrinale de Calvin aide au rayonnement de sa pensée.
Il reprend le message essentiel de Luther sur le salut gratuit en Jésus-Christ pour celui qui croit. Comme lui, il proclame donc la justification par la foi seule, sola fide, et non par les œuvres. Mais tandis que Luther centre son message sur Jésus-Christ, Calvin, dans la mouvance de Zwingli, le centre davantage sur Dieu, à qui revient toute gloire (Soli Deo gloria, à Dieu seul la gloire).
La doctrine de la gratuité du salut va peu à peu se préciser sous la forme de la double prédestination : Dieu élit les uns pour être sauvés, les autres pour être damnés. Dans cette doctrine les Réformés ont puisé une grande force. Elle est pour eux source de joie dans la mesure où le fidèle reconnaît le fait qu'il a été élu par Dieu à travers la foi qui l'anime. Calvin insiste sur la déchéance de l'homme depuis le péché originel, afin d'exalter la grandeur de Dieu et la grâce du salut.
Comme Luther, Calvin affirme que l'Écriture est le seul fondement de la vérité, sola scriptura. Mais il l'étudie avec les méthodes des humanistes.
Il rejette, comme Luther et Zwingli, le purgatoire, les prières pour les morts et le culte des saints qui, pour lui, n'ont aucun pouvoir d'intercession.
Les ordonnances ecclésiastiques
Calvin garde deux sacrements : le baptême et la Cène. Il se sépare de Luther sur la doctrine de la Cène. Tous deux refusent la doctrine catholique de la transsubstantiation. Mais pour Luther, le Christ est présent dans le pain et le vin de la communion. Pour Calvin, le Christ est présent spirituellement pendant la célébration de la Cène. Comme le corps du croyant est nourri par le pain et le vin, son âme est nourrie spirituellement par le Corps du Christ. Ces deux événements ont lieu conjointement.
Calvin précise son ecclésiologie dans les Ordonnances ecclésiastiques promulguées à Genève en 1541.
Il règle l'organisation de l'Église et son rapport avec les autorités civiles. Ce sont les bases de l'Église réformée qui subsistent encore aujourd'hui avec ses quatre ministères : les pasteurs, les docteurs, les anciens, les diacres.
Calvin distingue le pouvoir de l'Église et celui du gouvernement civil. L'Église obtient une certaine autonomie par rapport à l'État.