vendredi 18 janvier 2013

Catherine de Medicis.

Histoire des reines - Catherine de Médicis -

Publié le 21/05/2010 à 09:48 par acoeuretacris Tags : histoire reine catherine de médicis
Histoire des reines - Catherine de Médicis -

Toute sa vie, Catherine de Médicis aima s’entourer d’astrologues, de savants qu’elle consultait à tout sujet et croyait toujours ce qu’ils lui prédisaient. Ainsi le 18 octobre 1564, Nostradamus pénétra dans la chambre du jeune Henri de Bourbon duc de Vendôme presque âgé de onze ans. Après avoir longuement regardé le prince, il affirma « C’est lui qui aura tout l’héritage…Et si dieu vous fait grâce de vivre jusque là, vous aurez pour maître un roi de France et de Navarre » conclu-t-il en parlant au gouverneur d’Henri, Mr de La Gaucherie. Et lorsqu‘Henri III de Navarre monta sur le trône de France sous le nom d’Henri IV, il était bien le premier souverain à la fois roi de France et de Navarre.

Un soir de 1559, un astrologue de Catherine, Ruggieri, fit apparaître dans un miroir le jeune roi François II qui venait de monter sur le trône et dit « Il fera autant de tours sur lui-même qu’il a encore d’années à vivre une fois monté sur le trône ». Sous le regard de la reine Mère, son fils aîné fit un tour et disparu. François II devait mourir le 5 décembre 1560, soit bien un an après. Son second fils, futur Charles IX, tourna treize fois sur lui-même. Lorsqu’il monta sur le trône il lui restait un peu plus de treize années vivre puisqu’il mourut le 30 mai 1574. Quant au futur Henri III, le fils préféré de Catherine de Médicis, il effectua quinze rotations. Il accéda au trône en 1574 et décéda le 2 aout 1589, soit après quinze ans de règne. En revanche, après l’apparition du futur Henri III (Catherine se doutait donc que déjà ni François ni Charles n’auraient de fils), ce fut Henri de Bourbon qui apparu. Ce fut clair pour la reine Mère : la dynastie des Valois devait s’éteindre pour laisser la place à celle de Bourbon. Parmi les nombreuses prédictions faites à Catherine de Médicis, une autre entra également dans la légende : alors que le 3 janvier 1589 la reine Mère semblait à l’agonie, elle rassura son entourage car un certain Gauric lui avait prédit qu’elle mourrait prés de Saint-Germain. Catherine se trouvait alors à Blois, loin de la ville de Saint-Germain-en-Laye et de Saint-Germain-l’Auxerrois située près du Louvre. Cela faisait des mois que Catherine se tenait à l’écart de ces endroits. Cependant, devant son faible état de santé, son fils Henri III lui demanda de recevoir les derniers sacrements le 5 janvier vers une heure du matin. La reine-mère y consentie et un aumônier qu’elle ne connaissait pas entra dans sa chambre. Catherine lui demanda alors comment il ne nommait et une demi-heure après, elle quittait le monde des vivants. L’homme avait pour nom Julien de Saint-Germain…

Source http://www.histoire-et-secrets.com/

Berthe au grand pied.

Histoire des Reines - BERTRADE, ou BERTHE au grand pied -

Publié le 21/05/2010 à 09:50 par acoeuretacris Tags : histoire reine berthe au grand pied
Histoire des Reines - BERTRADE, ou BERTHE au grand pied -

Du temps que la reine Berthe filait

(née vers 726, morte le 12 juillet 783)
Épouse Pépin le Bref (alors maire du Palais,
puis roi des Francs) vers 744 ou 749

« Du temps que la reine Berthe filait ». Cet adage, qui remonte à nos vieux aïeux, nous fait voir en quelle vénération ils avaient la reine Berthe, restée dans leurs souvenirs comme un type de perfection royale et féminine. Cette renommée, qui a traversé les siècles, est cependant à peu près tout ce qui nous reste de Berthe au grand pied. La reine Mathilde d'Angleterre, femme de Guillaume le Conquérant, a été plus heureuse ; son nom, comme celui de Berthe, est fameux par ses ouvrages. Mais des jolis fuseaux de Berthe, de ces fuseaux à l'aide desquels elle filait l'« or et la soie pour broder des écharpes », il ne nous reste rien, tandis qu'on nous montre à Bayeux des mètres d'une tapisserie sur laquelle Mathilde, de ses doigts habiles, traçait en riches couleurs les exploits de son époux, duc et roi.

A défaut des beaux ouvrages qui sont perdus, nous avons des poèmes, des poèmes immortels, grâce aux soins des hommes de goût qui les ont tirés des bibliothèques pour les imprimer, les commenter, les annoter et nous initier, par leurs travaux, à cette poésie naïve qui faisait la gaie science de nos vieux trouvères, et qui, nulle part, ne se montre plus aimable de fraîcheur et de grâce que dans Li Romans de Berte aus grans piés, écrit par le trouvère Adenet le Roi en 1270 et publié par Paulin Pâris en 1832. Ce dernier, employé
Berthe au grand pied

au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, se consacra à mettre en lumière la vieille littérature française, notamment les épopées et chansons de geste.

Disons donc quelque chose du roman, puisque, dans toute la vie de Berthe, il n'y a rien, presque rien pour l'histoire. Le titre d'honneur de Berthe au Grand Pied est d'avoir été la mère de Charlemagne. Sous les voûtes de Saint-Denis, entre toutes les pierres funèbres, ce n'était pas celle qui éveillait le moins de souvenirs, que cette tombe, érigée en 783, et brisée en 1793, sur laquelle on lisait cette inscription : BERTA, MATER CAROLI MAGNI. Il faut rattacher au nom de Berthe au grand pied l'origine de cette reine Pédauque dont on voit la figure sur quelques vitraux gothiques. Au Moyen Age, la tradition défigurée de Berthe au grand pied la faisait aussi nommer Berthe au pied d'oue (au pied d'oie). Ce n'était pas assez que la tradition lui donnât un pied démesurément grand, il fallait qu'elle allât jusqu'à la supposer difforme, ce qui n'empêchait pas qu'on alliât cette difformité avec l'idée d'une taille majestueuse et d'une beauté peu commune. Le romancier et la tradition y ajoutent une grande bonté et des talents merveilleux.

Voici le cadre du romancier : Berthe quitte en pleurant, sa mère Blanchefleur et le palais de Hongrie : car son père, Flore, est roi des Hongrois (le romancier n'a pas, comme nous, la difficulté des recherches ; sa légende est aussi croyable que les annales qui font de Berthe la fille d'un Haribert de Laon, qui n'a jamais existé, ou d'un Héraclius de Constantinople qui a vécu cent ans plus tôt - il était mort en 641). Berthe, montée sur un palefroi bai, parcourt l'Allemagne, confiée aux soins de Margiste et de l'écuyer Tibert ; sa compagne Aliste chemine à ses côtés ; la fiancée de Pépin a voué une tendre amitié à Aliste.

Blanchefleur avait remis sa fille bien-aimée entre les mains de ces trois serviteurs ; elle les croyait fidèles ; elles les avait rachetés de ses deniers ; ils lui devaient leurs biens, leur liberté et leur bonheur. Elle aimait Aliste, fille de Margiste, parce qu'elle lui trouvait une grande ressemblance avec sa chère enfant. « Pour ce que vous ressemble assez plus chère l'ai » (Li Romans de Berte aus grans piés, chap. VII), dit la reine à sa fille le jour du départ. « Tous trois de mes deniers chacun d'eux rachetai, Et, pour cette raison, trop plus m'y fierai. »

Berthe la Débonnaire, répond qu'elle fera tout pour ces bons serviteurs.

Dame (dit-elle à la reine) je les aimerai
Et des choses que j'aie, jamais ne leur faudrai.
Aliste, si je puis, très bien marierai.
- Fille... (répond la reine) bon gré vous en saurai.

Tels sont les adieux. La reine, qui a conduit Berthe aussi loin qu'elle l'a pu, lui demande un dernier gage d'amour, avant de la quitter tout à fait. Donnez-moi votre anneau, lui dit-elle,

L'annel de votre doigt... ô moi [avec moi] l'emporterai ;
En larmes et en pleurs, souvent le baiserai.

Berthe donne l'anneau :

Elle prend l'annelet...
A sa mère le baille, moult plore et moult s'esmoie [est émue].

Blanchefleur veut consoler sa fille ;

... Soyez joyeuse et gaie
Vous en alez en France : de ce mon cœur s'apaie [se console, s'apaise]
Qu'en nul pays n'a gent plus douce ni plus vraie.

Malgré ces encouragements, la douleur de la séparation n'est pas moins vive : « Au départir chacun à pleurer se rassaie [se remet]. » La mère retourne en faisant « tel deuil que son cœur est tout près de faillir ; » Berthe est tombée évanouie ; il a fallu que sa sœur, « la ducoise » (la duchesse), la prît entre ses bras et la baisât maintes fois pour la rappeler à elle ; on la remet doucement sur son palefroi, sa sœur lui dit le dernier adieu, et la voilà sur la route de France : « Fiancée du roi Pépin, que Dieu vous donne bon conduit ! »

Nous ne pouvons suivre le romancier dans son œuvre naïve, nous avons voulu donner seulement quelques-uns de ses vers qu'il nous dit lui avoir été inspirés par la lecture d'une histoire qu'il doit à la courtoisie d'un bon moine de Saint-Denis, mais « ystoire faussée par quelque aprenti écrivain » et qu'il a cru devoir redresser : c'est à cette bonne pensée qu'est dû le poème. Voici le prologue de l'auteur, qui nous apprend comment l'idée lui en vint, et comment il se mit à la besogne :

A l'issue d'avril, un temps doux et joli
Que erbelette poignent [herbes commencent à poindre] et pré sont raverdi.
Et arbrissel désirent qu'ils fussent parfleuri
[et les arbres attendent le moment de fleurir]
A Paris, la cité, étoie [j'étais] un vendredi.
Pour ce qu'il est divenres [jour vénéré] en mon cœur m'assenti [je résolus]
Qu'à Saint-Denis iraie [j'irais] pour prier Dieu merci.
A un moine courtois, qu'on nommait Savari
M'accointai tellement...
Que le livre as ystoires [le livre aux histoires] me montra où je vi
L'ystoire de Bertain [diminutif de Berthe] et de Pépin aussi
Comment, en quel manière, le lion assailli
Aprentif Jugléor et écrivain marri [lourd, fatigant]
Ont l'ystoire faussée...
Illuques [là] demeurai delors [depuis lors] jusque mardi ;
Tant que la vraie ystoire emportai avec mi [avec moi].
Si comme Berte fut en la forêt par li [à part elle, seule]
Où mainte grosse peine endura et souffri
L'ystoire est cy [ici] rimée ; parfois vous le plévi [vous le garantis],
Que li mésentendant en seront esbaubi [ébahis, étonnés]
Et li bien entendant en seront esjoï [réjouis].
Li Romans de Berte aus grans piés, chap. I

Le roman, qui doit réjouir « ceux qui l'entendront bien » et surprendre « ceux qui ne sauront pas l'entendre », a cent quarante couplets ou chapitres dont chacun est sur une rime, ainsi qu'on le voit par le prologue ; il s'y trouve des vers charmants ; le ton du récit est plein de candeur. L'invention en est peu difficile, les situations ne sont guère variées ; mais les sentiments les plus doux y sont exprimés dans ce vieux langage qui y prête un charme de plus : on aime, avec le romancier, Berthe « la débonnaire, la blonde, l'eschevie » (à la belle chevelure) dont il chante les malheurs.

Voici ce que devient cette fille tant pleurée, que sa mère se réjouissait cependant de marier au noble roi Pépin. Quand elle a passé le Rhin, traversé les Ardennes, que son royal fiancé est venu au-devant d'elle, que déjà elle l'a vu à Paris où elle a reçu le salut de chacun,

... Moult courtoisement
Comme celle qui était de grand apensement [grand sens].

La vieille Margiste profite de la ressemblance d'Aliste avec la reine, pour trahir sa maîtresse. L'heure venue de remettre Berthe à Pépin, Margiste fait cacher la princesse, donne à Aliste les habits royaux ; c'est Aliste qui est reçue comme reine, épousée et conduite au palais. Les perfides serviteurs font passer Berthe pour Aliste, l'accusent d'avoir tenté d'assassiner la fausse reine, et tout se passe si rapidement que le roi se laisse tromper, et que l'infortunée Berthe ne peut se défendre.

Ici commence le tragique récit des aventures de Berthe ; les satellites de l'écuyer Tibert l'emmènent loin de Paris et l'égarent dans un bois (la forêt du Mans) ; ils avaient ordre de la tuer, mais ils se contentent de la dépouiller de tout ; ils ne lui laissent qu'une tunique et un petit manteau.

Belle, fuyez-vous-en, n'y soit plus délaïé (sans délai)
Dame Dieu [corruption de Domine Deus, le Seigneur Dieu] vous conduise,
par la sive amitié [par la sienne amitié].

Berthe, seule dans la forêt, exposée au froid, à la pluie, soutient cette épreuve avec douceur ; ses malheurs sont grands :

La dame fut au bois qui durement [beaucoup] plora.
Les leus [loups] ouït uller [hurler] et li huants hua [le hibou hua]
Il espartoit forment [éclairait beaucoup, ferme] et durement tonna,
Et plut menuement, et grésille, et venta :
C'est hideux temps à dame qui compagnie n'a ;
Dame-Dieu et ses saints doucement réclama.
. . .
Quand eut fait sa prière, son mantel escourça [replia],
A Dieu s'est commandée, parmi les bois s'en va.

Après avoir souffert de la faim, de la soif, de la pluie, elle trouve une source pour se désaltérer ; elle se couche à terre en se signant, et évite une ourse qui allait la dévorer ; les buissons déchirent sa robe, une épine blesse son pied ; la nuit ajoute à l'horreur de cette situation. Enfin elle trouve un ermite qui a pitié d'elle, et qui lui indique la cabane d'un bûcheron où elle pourra trouver un asile. Dans ce premier moment de détresse, Berthe a fait vœu de ne pas découvrir sa naissance si Dieu lui permet de trouver des protecteurs ; elle est accueillie par le bûcheron et sa femme, elle s'attache à eux, elle aime leur fille comme sa compagne ; elle sert la femme du bûcheron comme sa mère, et elle attend de meilleurs jours en allant au bois, en puisant de l'eau à la source, et en filant le soir, de ses mains royales, ce fil d'une finesse et d'une beauté qui ont fait sa renommée, et qui ont commencé par faire vivre le bûcheron ; car le bûcheron est récompensé de sa bonne œuvre.

Il a recueilli Berthe ; mais Berthe file par reconnaissance, et son fil se vend très cher à la ville. Ses persécuteurs, selon les variantes d'une Berthe allemande, lui avaient laissé un coffret qui contenait ses fuseaux avec l'or et la soie qu'elle filait sous le toit royal de Flore. Ce trésor lui sert dans son malheur ; elle emploie l'or et la soie du coffret à faire des broderies merveilleuses qui se vendent un grand prix.
Tandis que la pieuse Berthe cache son nom et ses malheurs, la reine, que l'on croit la véritable Berthe, étonne le peuple par sa hauteur ; il n'est bruit que de sa cruauté ; personne ne reconnaît la douce Berthe, cette femme, la meilleure et la plus belle qui fût par « delà la mer » (on ne sait trop ce que la mer a à faire ici), et dont un noble baron avait dit en parlant à Pépin : « On la nomme Berthe la Débonnaire, avec elle te viendra le bonheur. »

Il fallait bien un dénouement ; depuis sept ans, Berthe filait dans la cabane de bois du bûcheron, elle regrettait peu le trône, la paix du ciel était dans son cœur ; mais les années d'absence affligeaient Blanchefleur, qui supplia le roi Flore de la laisser partir pour visiter sa fille bien-aimée ; elle obtient cette faveur ; elle se hâte, elle abrège la route par sa vitesse ; mais quoi !... Quand elle a franchi les forêts de la Germanie, quand elle arrive sur la noble terre des Francs, au lieu des bénédictions qu'elle attend sur son passage, elle entend le nom de la reine Berthe, prononcé avec horreur ; son cœur se serre,
Du temps que la reine Berthe filait

elle se demande comment la douce Berthe a mérité la haine ; mais son amour de mère la rassure : plutôt que de croire le cœur de sa fille changé, elle « accuse d'erreur tout le peuple à la fois !... » Elle pressent la vérité : motif de plus pour hâter son voyage.

Cependant quelles inquiétudes au palais de la fausse Berthe ! Cette digne complice de sa mère se met au lit, et feint un mal mortel ; puis Margiste joue un rôle assez difficile. Il s'agit d'écarter Blanchefleur du palais de sa fille. La vieille femme se présente en larmes à la mère dont la défiance est déjà éveillée ; d'abord elle lui dit que la reine est endormie, et elle ajourne l'heure à laquelle la mère pourra entrer. Blanchefleur demande Aliste ; la vieille, en feignant un grand chagrin, lui dit qu'Aliste est morte. Enfin, quand tous les délais sont épuisés, Margiste introduit Blanchefleur dans un appartement obscur, où la malade est couchée au fond d'une alcôve sombre, entourée d'épaisses tapisseries, « De draps d'or et de soie, très bien encourtinée (courtine, rideau) ».

Mais Aliste se trahit, elle parle d'une voix si basse, qu'à peine la reine l'entend ; elle dit qu'elle n'ose se montrer, que sa vue effraierait sa mère.

... Je souffre un tel martyre
Que j'en suis devenue aussi jaune comme cire.

Elle la supplie de lui pardonner si elle ne peut la mieux recevoir, et finit par lui dire qu'elle a besoin de repos, et qu'elle veut rester seule. A ce dernier trait Blanchefleur est convaincue :

Aide Diex ! [Dieu] qui oncques ne menti
Ce n'est mie [pas] ma fille que j'ai trouvée ici !
Si fût demie morte, par le cor St.-Remi [par le corps saint Remi]
M'eût-elle baisée assez et conjoï.

Elle veut voir de plus près de cette fille mourante, elle prend un cierge allumé, elle approche, elle découvre les pieds de la malade ; or, Aliste avait les pieds parfaitement égaux, et c'est à cette marque que Blanchefleur acquiert la certitude de l'horrible réalité. Berthe, Berthe au grand pied, avait été trahie ! Mais où était-elle ? Vivait-elle encore ?... Où les misérables l'avaient-ils abandonnée ? Blanchefleur éclate en sanglots, elle se prosterne aux pieds du roi, lui découvre la perfidie, et demande justice. Pépin, qui n'avait jamais aimé l'humeur de la reine, est facilement convaincu et menace les criminels ; Margiste et Aliste sont chassées avec ignominie. Mais Blanchefleur demande sa fille. Sa fille, peut-être, est morte de misère et de douleur. Tibert a avoué qu'il allait la tuer, mais que Morand lui avait laissé la vie.

Le roi fait parcourir son royaume en tous sens ; les écuyers vont partout, sonnant du cor et de la trompette ; les fidèles se mettent en prières, le peuple pleure en demandant sa bonne reine ; mais on ne découvre nulle trace de l'existence de Berthe ; Blanchefleur est réduite à retourner seule et accablée en Hongrie. Margiste est brûlée vive, Tibert est pendu, Aliste est reléguée par grâce, dans un cloître ; et chacun est convaincu que Berthe a dû périr de froid, de misère, ou qu'elle a été dévorée par les bêtes féroces. L'histoire de Berthe passe de bouche en bouche, en lamentables récits ; le roi n'espère plus retrouver sa fiancée.

Il s'abandonnait à sa douleur, lorsqu'un jour, en chemin, il s'égare dans la forêt du Mans ; il rencontre une jeune fille, à laquelle il demande si elle peut le remettre en son chemin. Cette jeune fille, c'est Berthe, qui vient d'une chapelle où elle est demeurée longtemps à prier. Elle indique au roi la maison de Simon ; sa beauté touche Pépin, qui lui dit qu'il est « premier dans la maison du roi » et qu'il veut l'emmener ; il lui promet de grandes richesses ; Berthe refuse de le suivre ; pressée de plus en plus par ce seigneur, elle lui déclare que c'est la femme de son roi qu'il voit en elle, et qu'il doit la respecter.

El non à (au nom de) ce Seigneur qui se laissa pener [peiner, mettre en peine]
Ens en la sainte croix pour son peuple sauver,
Fille sui le roi Flore qui tant fut à loer [tant mérite d'honneur]
Et fille Blanchefleur, de ce n'estuet à douter [de ce n'est à douter].

Pour sauver son honneur, elle découvre à l'inconnu comment elle a été recueillie dans ce bois, et comment elle y vit depuis sept ans. Le roi ne se nomme pas. Simon et Constance (le bûcheron et sa femme), auxquels il veut parler, lui disent que cette sage fille, qu'ils font passer pour leur nièce, est depuis sept ans avec eux, que par elle leur chaumière est bénie, et que lorsqu'ils l'ont recueillie, elle était abandonnée et prête à mourir de douleur, de froid et de faim.

Cependant Berthe s'est cachée, elle ignore encore que c'est au roi lui-même qu'elle a parlé ; il faut que Pépin la laisse à ses protecteurs ; du reste, il agit prudemment : trompé une première fois par Aliste, il ne veut pas courir le risque de l'être une seconde fois par cette bergère qui se dit si à propos la reine Berthe, mais qui refuse de soutenir, en présence du bûcheron, ce qu'elle a avancé sans connaître le roi. Pépin juge plus sage d'envoyer un messager en Hongrie quérir la reine Blanchefleur et le roi Flore qui devront reconnaître leur fille. Grande est la joie de la reine ; elle part, elle vole, elle ne prend nul repos ; Flore l'accompagne. Pépin les reçoit « en toute liesse et honneur », les conduit dans la forêt ; là, dans la cabane du bûcheron, Blanchefleur reconnaît sa fille.

Le royaume est en fête ; les cloches sonnent dans chaque ville pour le passage des époux et des heureux parents ; le bûcheron, sa femme, leur fils, leurs filles, sont convertis en de grands seigneurs. Le romancier prend soin de nous décrire leurs armoiries et les dons qu'on leur fait. Morand, qui avait conservé la vie à Berthe, dans la forêt, est récompensé. Berthe reste aussi modeste, aussi bonne : c'est toujours Berthe la Débonnaire ; mais c'est une noble reine, elle est aimée de tous. Et le romancier finit en élevant son style pour l'éloge de Charlemagne ; il nomme tous les enfants de Berthe : d'abord une fille du nom d'Ayglantine,

... De ce ne doutez mie [pas]
Femme Milon d'Ayglent, moult ot [eut] grand seigneurie,
Et fut mère Roland qui fut sans couardie [couardise, poltronnerie]
Ains [ainsi] fut preus [preux] et hardi, plein de chevalerie ;
Après orent [eurent] Constance en qui fut courtoisie,
Et noblesse et valeur, sans nulle vilenie ;

Puis il vient à Charlemagne :

Après ot [eut] Charlemaigne à la chière hardie
Qui puis fist, sur païens, mainte grant envahie
[qui fit sur les païens mainte grande conquête]
Par qui fut la loi de Dieu levée et essancie [élevée et rehaussée]
Maint hiaume [casque] découpé, mainte targe [poitrine] percie [percée],
Maint haubert [cuirasse] dérompue, mainte tête tranchie [tranchée] ;
Moult guerroya de cuer [cœur] sur la gent paienie [païenne]
Si qu'encore s'en deulent [plaignent, font deuil, douleur]
ceux de celle lignie [cette lignée].

Ainsi, « Berthe qui fut au bois », mérita de devenir la femme du roi Pépin, et la mère de « Karl-le-Grand » ; et ainsi, au XIIIe siècle, Adenet le Roi chantait les aventures de son héroïne aux cours d'amour en présence de la belle et savante Marie de Brabant, épouse de Philippe III. Les cours d'amour applaudissaient les vers d'Adenet, le roi des ménestrels ; le peuple en répétait les refrains ; et Berthe au pied d'oue, Berthe au grand pied, devenait chère à tous les villageois ; car elle avait vécu comme eux, avant de porter une couronne.

Nous l'avons dit, nous ne pouvons parler, avec l'assurance du poète, ni du roi Flore ni de la reine Blanchefleur ; nous sommes réduits à répéter qu'Éginhard, Aymoin et le moine de

Saint-Gall ne disent que quelques mots de Berthe au grand pied. On sait qu'elle naquit à Laon, devint la maîtresse de Pépin vers 741, tandis que celui-ci était marié à Leutburgie qu'il répudia quelques années plus tard, avant d'épouser Berthe vers 744 ou 749.

Pépin était marié quand il succéda à son père, comme duc des Français. Lorsqu'il fit déposer le dernier Childéric (751) et qu'il prit le titre de roi, Berthe reçut avec lui le sacre et l'onction royale, qui lui furent conférés à Soissons, par Boniface, archevêque de Mayence, en 752 (Éginhard indique 750, mais c'est bien en 752 qu'eut lieu le sacre). On voit la reine accompagner toujours son mari, faire les honneurs de la table royale, recevoir, avec Pépin, le pape Étienne II, lorsque ce pontife vint demander les secours et la protection du roi des Francs, contre Aistulphe, roi des Lombards.

Berthe fut de nouveau sacrée avec Pépin, qui voulut que les cérémonies de son couronnement fussent renouvelées par le pape lui-même. On ne sait pas bien où cette solennité eut lieu, on croit que ce fut dans l'abbaye de Ferrières. C'est dans la cour de cette abbaye qu'on place aussi le fameux combat du lion et du taureau dans lequel le courage de Pépin le Bref lui acquit un si haut degré d'estime parmi les leudes. Le résultat de ce voyage d'Étienne fut la guerre que Pépin porta en Italie, où il enleva à Aistulphe les terres de l'exarchat de Ravenne, qu'il joignit aux domaines de l'évêque de Rome ; c'est l'origine de la puissance temporelle des papes.

Le nom de la reine Berthe ne reparaît plus dans l'histoire de Pépin que pour nous apprendre qu'elle était à Vienne (en Dauphiné), auprès de son beau-frère Carloman, quand celui-ci mourut (755). Éginhard nous dit que Charlemagne aima sa mère, qu'elle vieillit auprès de lui, comblée d'honneurs, et qu'il ne s'éleva jamais, entre elle et lui, le moindre nuage, si ce n'est à l'occasion de la répudiation de la fille de Didier (Désirée, ou Désidérade, ou Hermengarde), roi des Lombards. Elle avait négocié cette alliance, dans un voyage d'Italie, entrepris sous prétexte de quelque pèlerinage (756).

Des lettres d'Étienne à Charles et à Carloman donneraient à penser que Pépin le Bref avait un moment songé à répudier Berthe, et qu'il en avait été détourné par les conseils du pape. Les lettres du pontife ne nous font pas connaître les motifs de cette mésintelligence.

Berthe mourut en 783, à Choisy-sur-Aisne ; Charlemagne inhuma ses restes à Saint-Denis. Elle avait eu neuf enfants ; l'aîné de ses fils est Charles le Grand (Charlemagne), né avant qu'elle ne devienne l'épouse légitime de Pépin et dont le nom seul réveille l'idée de toutes les grandeurs. Le second, Carloman, né en 751, ne porta la couronne que trois ans, sous le nom de Carloman Ier ; la reine essaya vainement de réconcilier ses fils ; leur rivalité devenait de plus en plus menaçante, lorsque la mort frappa Carloman en 771.

Berthe avait perdu un troisième fils du nom de Pépin (né en 756 et mort en 762), et deux filles, Romaïde et Adélaïde, tous trois morts dans leur enfance. Une autre fille, Isleberge, a été regardée comme sainte. Une quatrième, Gisèle (né en 757 et morte en 811), a pris le voile et a gouverné en qualité d'abbesse la communauté de Notre-Dame de Soissons. Charlemagne, qui aima tendrement toutes ses sœurs, avait pour celle-ci une vénération presque filiale, ce qui suffit à son éloge. Une cinquième princesse qu'on ne nomme pas, a vécu non mariée, à la cour de Charlemagne ; et une sixième, que Bertin appelle Rothaïde, femme d'un comte du Mans, est regardée comme la mère du fameux Roland.

Childeric II

Souverains français - Mérovingiens - Childeric II -

Publié le 09/12/2009 à 13:51 par acoeuretacris Tags : Souverain merovingien
Souverains français - Mérovingiens - Childeric II -
CHILDÉRIC II
(né en juillet 653, mort en 675)
 
 
Roi d'Austrasie : règne 662-675. Occupe sans légitimité la Neustrie
et la Bourgogne dès 673 (Thierry III s'y oppose et les reprend en 675)
 
 
Second fils de Clovis II et de Bathilde, il eut en partage le royaume d'Austrasie, et commença à régner en 662. A la mort de Clotaire III, son frère, il réunit à la couronne qu'il possédait déjà les royaumes de Bourgogne et de Neustrie. C'est la cinquième fois, depuis l'entrée du grand Clovis dans les Gaules, que la monarchie française se trouve gouvernée par un roi.
 
 
Une grande injustice avait été commise à la mort de Clovis II, puisque Thierry, le troisième et le dernier de ses fils, n'avait pas été appelé au partage du royaume. Comme ce prince était encore au berceau, on négligea de le confiner dans un monastère, suivant l'usage de ce temps ; mais il était aisé de prévoir qu'au milieu des factions qui divisaient les grands, il se trouverait quelque jour un ambitieux qui prendrait en main la cause de Thierry, s'il trouvait son avantage à se déclarer le défenseur de l'innocence opprimée.
 
 
En effet, Ebroïn, maire du palais sous Clotaire III, sentit que la mort de ce prince le mettait à la merci des grands qu'il avait offensés par ses hauteurs, du peuple, victime de son avarice, et le livrait au ressentiment de la cour d'Austrasie, où tous ceux qui redoutaient son ambition et sa cruauté avaient été chercher un refuge. Seul, sans parti, odieux à toutes les classes de l'Etat, il prend une résolution digne de son caractère ; il fait monter Thierry sur le trône de Clotaire III, lui donne ainsi les royaumes de Bourgogne et de Neustrie,  sans consulter les principaux personnages de l'Etat, et pousse l'impudence jusqu'à leur défendre de venir saluer le chef sous lequel il va régner de nouveau.
 
 
C'était réparer une injustice d'une manière trop violente pour faire des partisans au nouveau roi. Le mécontentement fut extrême ; Ebroïn s'y attendait sans doute, mais il espérait profiter de la multiplicité des partis pour les asservir : il n'en eut pas le temps. Léger, évêque d'Autun, sut les réunir ; ils députèrent vers Childéric, qui vint d'Austrasie avec une armée, fut accueilli des peuples comme un libérateur, se saisit d'Ebroïn, qu'il aurait livré à la mort, si Léger n'avait obtenu la vie du coupable, qu'on se contenta d'envoyer au monastère de Luxeuil pour y faire pénitence. Cette indulgence de Léger est blâmée par les historiens ; il est vrai qu'il eut lieu de s'en repentir ; mais ce prélat, aussi éclairé que vertueux, donnait, dans un siècle de faction et de cruauté, un exemple dont il pouvait prévoir qu'il réclamerait un jour l'application pour lui-même.
 
Thierry, roi d'un moment, fut rasé et confiné dans l'abbaye de Saint-Denis, jusqu'à ce que de nouveaux événements le reportassent sur le trône. Lorsque son frère Childéric l'interrogea sur ce qu'il pouvait faire pour adoucir son malheur : « Je ne demande rien de vous, répond-il, mais j'attends de Dieu la vengeance de l'injustice qu'on me fait. »
 
 
Les grands, qui venaient de donner deux royaumes à Childéric II, saisirent cette occasion peur exiger la réforme des abus qui s'étaient introduits dans le gouvernement ; leur requête contenait quatre articles, qui tous tendaient à revenir aux anciennes lois et coutumes, et surtout à ce que le roi ne mît pas entre les mains d'un seul toute l'autorité, afin que les seigneurs n'eussent pas le chagrin de se voir sous les pieds d'un de leurs égaux, et que chacun eût part aux honneurs où sa naissance lui donnait le droit d'aspirer.
 
 
Les grands, qui venaient de donner deux royaumes à Childéric II, saisirent cette occasion peur exiger la réforme des abus qui s'étaient introduits dans le gouvernement ; leur requête contenait quatre articles, qui tous tendaient à revenir aux anciennes lois et coutumes, et surtout à ce que le roi ne mît pas entre les mains d'un seul toute l'autorité, afin que les seigneurs n'eussent pas le chagrin de se voir sous les pieds d'un de leurs égaux, et que chacun eût part aux honneurs où sa naissance lui donnait le droit d'aspirer.
 
 
La mort de l'évêque d'Autun fut résolue ; il l'évita en paraissant ne pas la craindre ; mais il fut dégradé et confiné dans le même monastère de Luxeuil, où languissait Ebroïn ; et ces deux hommes, que d'autres événements devraient rappeler à leur ancienne rivalité, se traitèrent avec amitié tant qu'ils vécurent dans la même disgrâce. Childéric II, débarrassé de la contrainte que lui imposaient les vertus de Léger, se fit détester par ses violences ; il poussa l'oubli des égards dus aux descendants des compagnons du grand Clovis, jusqu'à faire attacher à un poteau, et battre comme un esclave, un seigneur nommé Bodillon, « pour avoir osé, dit Velly, lui représenter le danger d'un impôt excessif qu'il méditait d'établir. »
 
 
Celui-ci, pour mieux assurer sa vengeance, s'unit à ceux qui, comme lui, avaient essuyé des injures personnelles, et profita d'une partie de chasse dans la forêt de Livry, pour tuer le roi de sa propre main, tandis que les autres massacraient la reine Blitilde, qui était enceinte, et l'aîné de ses fils, nommé Dagobert.
 
Le plus jeune échappa à la rage des conjurés, et fut élevé dans un monastère, pour reparaître à son tour comme Thierry, que la mort violente de son frère fit passer de l'abbaye de Saint-Denis au trône. Léger et Ebroïn sortirent également du monastère de Luxeuil, trouvèrent des partis prêts à les seconder, et le royaume dans une telle confusion, que, selon un auteur de ce temps, on s'attendait à la fin du monde, attente qui, du reste, ne suspendit aucune ambition. Childéric II fut assassiné en 675 et enterré dans l'église de Saint-Vincent de Paris.

Thierry III

Souverains français - Mérovingiens - Thierry III -

Publié le 09/12/2009 à 13:59 par acoeuretacris Tags : Souverain merovingien
Souverains français - Mérovingiens - Thierry III -
THIERRY III
(né en 654, mort en 691)
 
 
 
Roi de Neustrie et de Bourgogne : règne 673-673.
Roi de Neustrie et de Bourgogne : règne 675-679.
Roi des Francs : règne 679-691
 
 
Roi des Francs, il fut le dernier fils de Clovis II et le frère de Clotaire III et de Childéric II. Ce prince offre, dans toutes les époques de sa vie, un terrible exemple des désordres qui s'étaient introduits dans le royaume pendant les minorités successives des monarques de la première dynastie. Il fut exclu dès le berceau de la succession de son père, et ne put accuser de cette injustice que les grands de l'Etat, puisque ses frères étaient trop jeunes pour avoir été consultés.
 
 
A la mort de Clotaire III, Ebroïn, maire du palais, homme ambitieux, avare, cruel, en horreur à tous les Français, se hâta de proclamer Thierry roi de Neustrie et de Bourgogne, dans l'unique dessein de régner sous son nom ; mais la haine qu'il inspirait s'étendit sur le roi qu'il avait proclamé ; et Thierry, détrôné par son frère Childéric II, roi d'Austrasie, fut enfermé dans l'abbaye de Saint-Denis.
 
 
A la mort de Childéric (675), il sortit de ce monastère pour monter de nouveau sur le trône ; et le royaume du grand Clovis semblait devoir lui revenir tout entier, puisqu'il se trouvait alors seul héritier de Clovis II ; mais un fils de Sigebert III (Dagobert II), que Grimoald avait fait déporter en Ecosse, en répandant le bruit de sa mort, reparut pour réclamer le royaume d'Austrasie, tandis qu'Ebroïn, furieux de n'être pas appelé par Thierry pour gouverner la France avec le titre de maire du palais, supposait que Clotaire III avait laissé un fils auquel il donnait le nom de Clovis (Clovis III), et, sous ce prétexte, armait les peuples contre leur roi légitime.
 
 
Ebroïn eut des succès assez grands pour obliger Thierry à traiter avec lui et à lui accorder la mairie du palais. Aussitôt le prétendu fils de Clotaire III disparut, et Ebroïn régna despotiquement sur son maître et sur les Français, jusqu'à ce qu'un seigneur, nommé Ermenfroi, prévînt le tyran qui avait juré sa mort, en l'assassinant au moment où il sortait pour se rendre à l'église.
 
 
Thierry, débarrassé d'un maire du palais généralement détesté, trouva un ennemi plus dangereux encore dans un maire du palais adoré de la nation entière ; ce fut Pépin le Gros, autrement appelé Pépin d'Héristal, qui, sans prendre le titre de roi d'Austrasie, gouvernait ce royaume de sa propre autorité. Les victimes de l'ambition et de la cruauté d'Ebroïn avaient cherché un asile à la cour d'Austrasie.
 
 
Après la mort de ce ministre, ils demandèrent à Thierry d'être remis en possession de leurs biens et de leurs honneurs. Ils éprouvèrent un refus ; et Pépin se chargea de les ramener les armes à la main, unissant ainsi de grands intérêts à la guerre qu'il méditait contre son roi. Cette guerre eut un succès tel, que Thierry, après avoir été vaincu à Testri en Vermandois, sans cesse condamné à s'accommoder avec le vainqueur, nomma Pépin le Gros maire du palais du royaume de Neustrie, ce qui étendit sur la France entière la puissance de ce duc.
 
 
Depuis cette époque, Thierry retomba dans la nullité où il avait vécu sous Ebroïn, et il n'eut de roi que le nom. Enfermé à Maumaques, maison de plaisance sur l'Oise, il n'en sortait que pour se rendre aux assemblées publiques, monté sur un chariot traîné par des bœufs. II vécut ainsi jusqu'en 691, laissant deux fils, Clovis IV et Childebert III, qui régnèrent après lui et comme lui.
 
 
Il fut enterré dans l'abbaye de Saint-Waast d'Arras, où l'on voyait encore son épitaphe. Grotilde ou Clotilde, sa femme, y fut placée à côté de lui. Ce prince, malheureux sans l'avoir mérité, fut tour à tour le jouet du caprice et de l'ambition des grands de son royaume. Exclu dès le berceau de la succession du roi son père, renversé du trône par un frère ambitieux, il ne rentra dans ses droits que pour être l'esclave de ceux dont le ciel l'avait fait naître le souverain. On juge cependant à travers l'obscurité de l'histoire, dont les auteurs étaient vendus à la famille de Pépin, qu'il ne fut pas dépourvu de grandes qualités. La confiance dont il honora saint Léger lui fait honneur.

Clovis III

Souverains français - Mérovingiens - ClovisIII -

Publié le 09/12/2009 à 18:50 par acoeuretacris Tags : Souverain merovingien
Souverains français - Mérovingiens - ClovisIII -
CLOVIS III
 

(né en ?, mort en 695)
 
Roi d'Austrasie : règne 675-676
 
 
 
Prétendu fils de Clovis II et de Bathilde, ou encore fils de Clotaire III ou de Thierry III, Clovis III devint provisoirement roi d'Austrasie, et peut-être de la Neustrie et la Bourgogne, deux régions occupées par Childéric II jusqu'à la mort de celui-ci en 675, avant que Thierry III ne les récupèrent de droit cette même année.
 
 
 
Clovis III fut imposé en 675 par le maire du Palais Ebroïn, évincé de sa fonction lors du couronnement de Thierry III. Sitôt ses privilèges retrouvés, Ebroïn l'abandonna au profit de Thierry III restitué. Clovis III n'exercera aucun pouvoir, constamment dominé par Ebroïn. Son destin est ensuite inconnu.

Les Mérovingiens.

Souverains français - Mérovingiens - Childebert III -

Publié le 09/12/2009 à 18:56 par acoeuretacris Tags : Souverain merovingien
Souverains français - Mérovingiens - Childebert III -
CHILDEBERT III le Juste
(né en 683, mort le 23 avril 711)
 
 
Roi des Francs (uniquement de Neustrie) : règne 695-711
 
 
Fils de Thierry III et frère de Clovis IV, il succéda à ce dernier dans le royaume de France, en 695, n'étant âgé que de douze ans : c'est le troisième roi sous lequel Pépin le Gros exerça la puissance. Non seulement Childebert n'eut aucune autorité dans les conseils, aucune action directe sur ses sujets, mais Pépin profita de sa jeunesse et de la retraite dans laquelle il l'avait tenu jusqu'alors, pour le dépouiller de ce cortège pouilleux qui l'imagination des peuples, et sert à leur faire distinguer le chef suprême lorsqu'il se montre à leurs regards.
 
 
Les grands officiers de la couronne cessèrent d'accompagner le roi, et se rangèrent dans les cérémonies, autour du maire du palais. Childebert, livré à quelques domestiques, dont le premier emploi sans doute était de rendre compte de ses paroles et d'interpréter tous ses mouvements, vivait renfermé dans quelque maison de plaisance, d'où il sortait une fois par an pour venir présider l'assemblée des états ; encore avait-on le soin de ne le montrer au peuple que dans un chariot traîné par des bœufs, parce que cet équipage, réservé aux femmes, dans un siècle où les rois eux-mêmes ne paraissaient qu'à cheval, était devenu ridicule depuis que Clovis II s'en était servi le premier.
 
 
C'est ainsi que les maires du palais avilissaient ces jeunes princes, dont l'éducation leur était confiée. Cependant Childebert, sans autorité, confiné loin de la cour, et n'ayant pour témoins de ses qualités que des serviteurs sans crédit, a reçu le surnom de Juste. Faut-il croire, avec Mézeray, que ce titre lui fut donné par les historiens uniquement pour le distinguer des autres Childebert ? Ce roi mourut le 23 avril 711, après un règne de 16 ans, et fut enterré dans l'église de Saint-Étienne de Choisy, près de Compiègne. Il laissa un fils nommé Dagobert, qui lui succéda.

L'Espagne wisigothe : une histoire oubliée.

L’Espagne wisigothe, une histoire oubliée
Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Ecrit par Alix Ducret   
12-03-2007
Une couronne et une croix des souverains wisigoths, exemples de l'orfèvrerie de l'époque. Comme dans la coutume byzantine, elles étaient suspendues au-dessus des autels.
Une couronne et une croix des souverains wisigoths, exemples de l'orfèvrerie de l'époque. Comme dans la coutume byzantine, elles étaient suspendues au-dessus des autels.
Brunehaut, nous dit Grégoire de Tours, était aussi belle que cultivée. Recceswinthe a promulgué un code, le Forum Judicum, qui devait permettre l’union des Espagnols indigènes avec les Barbares mais aussi fixer le montant des fortunes nobiliaires et établir des impôts par « tranches ». Léovigild et son fils, Récarède Ier, vont achever d’unifier le Royaume wisigoth et faire de Tolède la capitale d’un Etat où se mélange subtilement les différentes religions et les cultures. Les Grecs, les juifs forment d’importantes communautés. Les intellectuels, chassés d’Afrique du Nord, trouveront refuge en péninsule hispanique. Le commerce, l’architecture, l’orfèvrerie explosent sous la domination wisigothe et font école. La médecine, le droit, la théologie se développent et les écoles s’engagent à transmettre les nouveaux savoir autant que les « bases » classiques. Les conciles se multiplient sous les règnes de ces rois et les établissements accueillant malades ou même lépreux sont soutenus. Des cités sont construites, les forteresses améliorées, au point d’ailleurs que Charlemagne et les Maures après lui s’y casseront les dents…
Pourtant, s’il est une page de l’histoire espagnole qui paraît occultée des manuels d’histoire, c’est bien celle-ci. Comme ci, entre la domination romaine de la péninsule et celle des Arabes, l’histoire du royaume wisigoth n’était qu’une parenthèse de faible importance. Et ce que l’on attribue volontiers à la civilisation hispano-mauresque ne devrait rien devoir aux souverains wisigoths. La tolérance, tant de fois mise en avant sous le règne des Maures, était pourtant déjà de mise. Les communautés juives d’Espagne, parmi les plus nombreuses en Europe (il y en avait 24 contre 16 en Gaule), n’eurent à subir que bien peu de contrainte. Certes, on compte bien quelques baptêmes forcés, mais les souverains wisigoths vont tenter, par tous les moyens, de préserver ces communautés. Recceswinthe n’avait-il pas, par charité chrétienne et par esprit de tolérance, permit aux juifs de ne pas consommer de viande de porc ? Et si la loi interdisait aux juifs d’avoir une nourrice chrétienne, il apparaît, au Moyen Âge, que cette communauté s’interdisait de le faire, de peur qu’une nourrice chrétienne, ayant communié, ne « contamine » l’enfant de sa foi. Une tolérance que l’on rencontre sous le règne d’Alaric II, qui convoque un concile entre catholiques et ariens.
En réalité, tout prédestinait le royaume wisigoth à perdurer. Tout, sauf la conception même de sa royauté. Comme les peuples germaniques en avaient jadis l’usage, les souverains wisigoths étaient, pour la plupart, des souverains élus. Et la conversion au christianisme –ils étaient à l’origine ariens- de Recarède Ier, le soutien des évêques n’y feront rien. La monarchie wisigothe n’était pas une monarchie de droit divin, d’où une tendance très nette des nobles wisigoths ou de la noblesse sénatoriale issue de la romanisation à pencher vers la dissidence et la révolte. C’est bien ce qui perdra ce royaume qui avait pourtant tout pour lui. Les Arabes, sans doute, en furent les premiers surpris. Lorsque, en 711, Tarik ibn Ziyad, franchit avec ses hommes le détroit de Gibraltar, c’est à l’appel d’un Julien, un noble espagnol. Et si la campagne militaire des Maures fut si dévastatrice, si rapide, c’est certainement à cause des velléités de quelques nobles, wisigoths ou espagnols, désireux de renverser le souverain de l’époque. Car étonnement, l’unité réalisée avec succès dans le royaume avait été un complet échec au sein même de la classe nobiliaire et, de fait, possiblement royale. Une erreur qui causa la chute du royaume wisigoth. Une chute toute relative cependant car jamais les Maures ne parviendront durablement à conquérir l’Espagne qui, à partir de quelques provinces, entamera la Reconquista, à peine onze ans après le débarquement de Tarik. Et, cela, c’est bien aux Wisigoths que l’Espagne le doit…