Falaise
Falaise, Calvados, 1972.
Plusieurs personnes s’affairent dans les murailles ruinées de la
tour de l’Echiquier du vieux château. Il semblerait qu’au
cours de ces recherches, entre des pierres maçonnées, soient retrouvés
plusieurs textes hermétiques apportant un éclairage étrange
et nouveau sur le passé secret et traditionnel de la forteresse, de la
région falaisienne et de ses anciens seigneurs.
Falaise, pays de la rivière Ante, dont le nom rappelle étrangement
celui d’Antée fils géant de Géa, la terre, et de
Neptune. La mythologie explique que ce dieu reprenait force au seul contact
de la terre. Ce détail serait d’une importance capitale car, selon
l’ouvrage de Francet du Morquatel (1614), le nom d’Antée
aurait donné naissance, sur le plan ésotérique du langage,
au château d’Anet, pas très éloigné de Falaise.
Anet serait l’anagramme phonétique parfait d’anté
puisque le « e » et le « é » sont considérés
comme une seule et même lettre. Arrêtons nous quelques instants
sur le passé de ce château voulu par Diane de Poitiers dès
1546 pour elle et son royal amant, Henri II.
Avant l’Astrée
Le château construit entre 1548 et 1552, par le célèbre
architecte Philibert Delorme (qui s’est illustré avec la reconstruction
du château des Lupé, est élevé pour la circonstance
au rang de surintendant des bâtiments royaux), sera reconnu comme l’un
des plus énigmatiques de France. On retrouvera, parmi ses symboles hermétiques
le célèbre monogramme composé des
«
D » et « H » (initiales de Diane et d’Henri) et du croissant
opposé, si cher à Diane de Poitiers. Le monogramme, issu d’un
ésotérisme de haut niveau pour cette circonstance sera le fameux
précurseur de « l’Astrée » des étranges
familles d’Urfé (Forez) et Lupé (Pilat).
Portrait sur jeton de P. Delorme
Egalement on retrouve ce chiffre, pour le moins insolite, sur le manteau du
sacre royal, au Louvre, à Fontainebleau et enfin sur le tombeau d’Henri
II en témoignage de son amour pour Diane. La tradition précise
que cette dernière dite aussi « Dame au Croissant et au Cerf »
fut initié très tôt aux mystères antiques de sa famille
puis ensuite par son défunt premier mari Louis de Brézé.
Le Cerf et sa région, justement nous ramènent à celle de
Falaise dite aussi « Comté des hommes libres » !
Le temps de Phaloï-Isis
Diane
de Poitier
En effet on retrouve le hameau « des Cerfs », animal symbolisant
l’éternel retour de l’Esprit puis, par extension, la résurrection
des corps. Hameau des Cerfs, ou par ailleurs, furent retrouvés vers 1825
(CR 587 F.A.I.) plusieurs fosses rituelles dont certaines réutilisées
en sépultures du 13ème S. (mise à jour du Dr Gaurt Mirka).
L’Antée-Anet, peut-être en raison de ces éléments,
semble tenir une place symbolico-sacrée importante dans les fondements
traditionnels de la région de Falaise. A la lumière de ces détails
est-il encore raisonnable, comme M. Hurel, de considérer comme irrecevable
le travail de l’abbé Longevin affirmant qu’à Falaise
l’église de la trinité conservait dans la croisée
de son transept, une sorte « d’ouverture » solaire symbolique
axée sur les solstices et équinoxes… permettant ainsi de
situer un antique puisard dans lequel était déposées les
entrailles de victimes offertes à Bénélus, Filis et…
Isis. De cette dernière et du rite dédié aux luminaires
(Phaloï) serait venu le vieux nom de Falaise : « Phaloï-Isis
». Certes l’explication serait audacieuse et fragile… pourtant
à bien relire la chronique du XVe S. (comte Bougy d’Insartou) une
antique série de statuettes d’Isis fut bien retrouvée lors
de travaux près de l’ église de ND de Guibray… ce
dont trop peu d’historiens et chercheurs locaux font mention dans leurs
études ! Quoi qu’il en soit l’ancienne cité s’est
construite peu à peu autour du château médiéval et
plus certainement vers le quartier de Guibray dont l’église, sous
le vocable de N.D. dédiée, depuis son origine, à Marie
(dédicace inhabituelle aux premiers âges du christianisme) pourrait
être l’ultime témoin du culte voué aux déesses
mères éternelles.
Blason
jeton de falaise-verso
Au commencement était Falisa
Pour le Dr L. German (Histoire de Falaise) le nom de la cité viendrait
surtout du vieil allemand (on peut se demander justement pourquoi ?) «
falisa » signifiant « pierre ». Ainsi avec son héraldisme
illustrant un château à trois tours, le toponyme donnerait «
ville de château du rocher »… ce qui pourrait étayer
une partie des textes contenus dans les documents découverts entre les
pierres de la tour de l’Echiquier et sur lesquels nous reviendrons plus
loin.
Falaise est aussi une galerie fantastique de portraits pour le moins majeurs
et insolites. Charlemagne ordonne la construction du premier château.
Puis ce sera une forteresse édifiée par Richard II de Normandie.
Les vestiges d’aujourd’hui sont ceux des fortifications reprises
et terminées par De Beauclerc. Richard II dit « le Magnifique »
eut un fils, Robert II que l’on confondra parfois avec « Robert
le diable ». Son frère, Richard III, héritier du titre de
Duc de Normandie, mourra étrangement ainsi que plusieurs de ses familiers
laissant ainsi vacant une puissance que Robert II s’empressera de récupérer.
Ce dernier s’éprendra d’Arlette, fille d’un pelletier
de Falaise. Elle lui donnera un fils qui rendra Falaise célèbre
: Guillaume II le Conquérant.
Guillaume
le conquérant
En 1035 Robert II, étrangement, part à la surprise générale
pour la croisade. Il règne depuis 7 ans et son fils a 7 ans aussi. Il
fait reconnaître ce dernier par ses barons, règle minutieusement
toutes ses affaires comme s’il était certain de ne jamais revenir…
Il meurt le 2 juillet 1035 à Ste Marie de Nicée. Cette décision
inflexible à se croiser brutalement, le soin maladif à arranger
sa succession, ses titres, ses biens, fait irrésistiblement penser qu’il
sait où il va, ce qu’il doit y faire et l’issue fatale de
cette mission dont personne ne saura jamais la finalité. Cet épisode
fait songer au seigneur Guillaume de Roussillon agissant de même et peut
être pour les mêmes raisons comme nous pourrons le deviner plus
tard. Guillaume le Conquérant fera rapatrier le corps de son père…
qui disparaîtra mystérieusement en traversant la Calabre dans un
secteur que les templiers, plus tard, s’acharneront à se procurer
pour le prospecter. Cependant Robert II aura eu le temps de rattacher dans sa
région le comté de Dreux qu’il apporte à la Couronne.
La terre de Drius et l’Arche du Nautonier
Dreux qui, rappelons-le, fut un centre celtique de première importance
fondé, dit la tradition, par « Drius, quatrième roi gaulois,
en 443 après le déluge » (chronique de Dom Garabalt, 1437).
Dreux, dont le nom pourrait provenir aussi de « Drew », druide en
celte. Dreux, dont la forêt de Crotois, située entre la ville et
Anet renfermerait des souterrains inviolables taillés à même
le roc et dans lesquels un fabuleux dépôt dormirait encore depuis
que la Milice du Temple fut démantelée dans cette région.
Peut-être est-ce justement celui dont la tradition persistante précise
que « depuis la chute de l’ordre, l’Arche du Nautonier serait
cachée dans un lieu secret de la forêt de Dreux s’ouvrant
seulement les 25 avril, 25 août et 25 décembre… dont les
détails d’accès furent secrètement déposés
en un endroit de la forteresse de Falaise ». Notons que les dates d’ouvertures
ne correspondent pas du tout à la tradition solaire habituelle répartie
en 4 ou 2 « moments » solaires majeurs et habituels (solstices et,
ou, équinoxes) mais étrangement sur une base de 3 fractions temporelles
égales se situant en cours de printemps, vers les « caniculaires
», et le jour de Noël. Cette étrange et surprenante division
est rigoureusement la même que celle de St Andrew de Montsaunès.
Ce qui assez rare pour être souligné. De plus ce récit concernant
la forêt de Dreux est celui du légendaire « homme blanc »
défendant
jalousement cette contrée rappelant, par sa couleur, autant le druidisme,
le manteau templier que l’habit de lumière des Cathares. Cette
triade imaginaire se retrouvera logiquement plus loin. Les détails de
ces éléments se retrouveront entièrement dans le curieux
« chant de Fretysve du Bousson - 1517 – col. 7.947.Li » de
la bibliothèque de Charles Mataron.
Entrée de la forteresse
Et l’orme sacré fut coupé
Revenons, à présent sur Robert 1er, fils de Louis VI qui décède
en 1188. Curieusement cette date est celle mise en exergue au-dessus des armes
de Gisors. On dit, pour apaiser les doutes, qu’historiquement ce nom commémore
la troisième croisade… Mais ne pourrait-on pas la rapprocher de
ce récit, pour le moins curieux, rappelant que ; « En 1188, l’orme
fut coupé… mais son rameau, l’Ormus est représenté
à présent par une croix rouge sur rose blanche (et non l’inverse
comme on tente de nous l’imposer habituellement). Depuis cette date le
nombre des savants (du verbe savoir !) est de 13, comme les signes du zodiaque
(pour l’époque il s’agit d’une formidable innovation
toujours irritante aujourd’hui !) et les sièges de la Table ronde,
et pour maîstre suprême le nautonier Jean ». Etrange récit
que celui-ci, tiré du « chant de fretysve » et repris avec
certaines modifications, pour les besoins de sa cause, par Pierre Plantard dans
le célèbre « Les Templiers sont parmi nous » de G.
de Sède qui ne modifiera pas non plus les détails transgressant
la véritable version de cette sorte de prophétie et l’on
verra dès ce moment surgir çà et là des sociétés
fantaisistes à connotation « Rose Croix »… alors qu’elle
devrait être, traditionnellement plus « Croix Rose »…
à moins que l’inversion soit notablement voulue pour une œuvre
plus destructrice et destabilisatrice qu’évolutive et Traditionnelle.
Tombeau
de Louis de Breze
La suite des Robert
Quoi qu’il en soit Robert II, petit fils de Louis VI, est enseveli à
Braine… Son gisant est représenté sans épée,
mais ses mains tiennent étroitement la cordelette de l’affiliation
à l’ordre du temple. De plus l’inscription funéraire
est sans équivoque pour le personnage et on peut lire clairement : «
Frère de la Milice » ! Toujours dans cette église abbatiale
une autre tombe, celle de Robert III de Dreux. Il y est représenté
vêtu d’une sorte de « braie » (Braine pouvant provenir
de la braie gauloise !) parsemée d’un décor de croix du
temple identique au bijou qui orne le cou du gisant. Mais en observant minutieusement
la tombe, on y voit une plaque de bronze, en haut à gauche, représentant…
la coupole rotonde du temple de Jérusalem dépassant les remparts
de la ville sainte ! Un dernier détail encore. Robert I eut un descendant
: Pierre de Dreux Mauclerc qui fut Duc de Bretagne !
Bien plus tard au fil des descendances de lignées directes nous retiendrons
au « neuvième » ( ! !,,) rang un certain Louis de Brézé
épousant Diane de Poitiers (rencontrée en début d’article)
et l’initiant au secret fabuleux enfoui dans le château même
de Falaise !
LES EGLISES INSOLITES DE FALAISE
La paroisse de St Gervais-St Protais
Puisqu’il était question de Gisors pour les dates correspondantes
nous observerons aussi une curiosité religieuse notoire. Une paroisse
de Falaise est sous le vocable inhabituel de St Gervais-St Protrais… comme
à Gisors et un quartier très précis de Paris. Pour Falaise
cette église est inaugurée par l’évêque Jean
de Neuville de Sées (nom dont Maurice Guingant retiendra l’inversion
des deux « SE – ES = SEES » et par Henri 1er Bauclerc constructeur
du château de Falaise … et aussi de celui de Gisors ! ! !
Cette église
en vérité serait un des plus importants sites de ce que l’on
appelle les « demeures philosophales ». De plus l’édifice
sous le nom de St Gervais-St Protrais a pour patrons d’autres saints et
non des moindres puisqu’il s’agit de St Jacques et St Chistophe
!
La cérémonie de dédicace aura lieu en 1124. Quatre ans
plus tard l’ordre du Temple est reconnu officiellement (1128) à
Troyes ! Rappelons encore que Louis VI (père de Robert 1er), sur intervention
de St Bernard, fait donation à deux compagnons d’Hugues de Payens,
de terres proches de l’église St Grevais – St Protrais sur
lesquelles se trouvent de très anciens bâtiments accédant
au réseau de drainage romain ! Par ce don Louis VI donne, le premier,
à l’ordre du temple l’occasion d’organiser de près
son implantation sur Paris. Le même Louis VI, en 1111, écoute la
messe près de Gisors justement sur le « Champ sacré »
planté du fameux Orme Vénéré ! Encore pour mémoire,
toujours ce même Louis VI fera déployer pour la première
fois, à la bataille de Brenneville (1119) le fameux « Oriflamme
» des comtes du Vexin (Gauthier du vexin) qui auront le privilège
unique de précéder, au combat, le roi lui-même !
Sainte-Trinité-de-tous-les-Saints
Observons à présent une autre église de Falaise : celle
Sainte-Trinité-de-tous-les-Saints. Cette dernière n’a rien
à envier à St Gervais-St Protrais. En effet Ste Trinité
serait en réalité le système de verrouillage de l’entrée
d’accès aux réseaux souterrains conduisant en différents
points sous la ville puis jusque sous le château lui-même. Au portail
de cette édifice se trouve la représentation d’un baphomet
entouré des lions autrefois teints de vert et de rouge (rapport d’une
visite de l’évêché en 1548). Bien entendu les couleurs
des lions font irrésistiblement songer aux célèbres «
lion verde et roug » de la meilleure tradition alchimique. L’étrange
personnage identifié comme un « baphomet » attesterait bien
d’une signature templière sur le lieu. L’ensemble représenterait,
selon les travaux de Morin Bruddou, le mystère de l’existence même
de l’ordre : le Templisme primitif ! Cet état serait alors souligné
et accentué par un étrange personnage surmontant un pilier de
Ste trinité dont la même représentation se trouve à
la planche II du célèbre « MUTUS LIBER » et non l’inverse,
chronologie signalée par D. Réju et D. Ferrières ! Ces
détails accentuent , s’il le fallait encore, le lien étroit
entre l’ordre du temple , Gisors et Falaise. Cependant il reste d’autres
éléments qu’il est indispensable d’ajouter à
cette constatation.
L’ombre des templiers
A ceux qui prétendent qu’il n’y eut jamais de templiers
à Falaise il suffit d’opposer ces quelques constats. D’abord
le « Passage des templiers » situé entre les rues du «
Camp Fermé » (le bien nommé !) et de « La trinité
», le tout proche de l’église et du château précisément
là où des travaux d’entretien, en 1883, mettront à
jour plusieurs réseaux de galeries, dont certaines en parfait état,
et
un caveau contenant
encore 5 sarcophages frappés de petites croix discoïdales, de croissants
et de chevrons.
Croix templière de la Hoguette
Le lieu fut saccagé par 4 ouvriers… qui tous trouveront une mort
violente dans les 40 jours suivant le viol de la sépulture… D.
Ferrière signale une maison de l’ordre encore située près
de l’ancien « ôstel Maurel » qui fut détruit
fin du 18ème Siècle. Ce bâtiment se situait, comme on peut
le constater sur un document terrier notarié, vers la « Porte Philippe-Jean
». Mais ce n’est pas tout. Il faut ajouter la correspondance entre
« l’Orme de Gisors » et « l’Ormeau » de
Falaise. Nous ajoutons encore le lieudit « Les Vigides de St Clair »
où l’on pouvait voir la date de 1158 gravée dans une pierre
du portail, ainsi que des croissants (idem Ordre du Temple, Diane de Poitiers,
Philibert Delorme) ornant des tableaux de fenêtres en combles.
Notons enfin sur l’antique route de Bayeux par Ussy, le lieudit «
la commanderie » qui lui se passe évidemment de plus de commentaires.
Pour conclure nous avons conservé le vestige le plus insolite de tous
: dans un champ dit de « la Hoguette » se dresse une croix de pierre
doublement discoïdale se trouvant être l’étrange réplique,
inversée en négatif, de la croix templière « percée
» située entre Gisors et Neaufles… on croit rêver !
Au centre de tous ces éléments se dressent le château de
Falaise comme un axe ésotérique et tellurique sur sa faille géologique…