samedi 19 janvier 2013

Les mystères de Falaise.

Falaise

 

Falaise, Calvados, 1972. Plusieurs personnes s’affairent dans les murailles ruinées de la tour de l’Echiquier du vieux château. Il semblerait qu’au cours de ces recherches, entre des pierres maçonnées, soient retrouvés plusieurs textes hermétiques apportant un éclairage étrange et nouveau sur le passé secret et traditionnel de la forteresse, de la région falaisienne et de ses anciens seigneurs.
Falaise, pays de la rivière Ante, dont le nom rappelle étrangement celui d’Antée fils géant de Géa, la terre, et de Neptune. La mythologie explique que ce dieu reprenait force au seul contact de la terre. Ce détail serait d’une importance capitale car, selon l’ouvrage de Francet du Morquatel (1614), le nom d’Antée aurait donné naissance, sur le plan ésotérique du langage, au château d’Anet, pas très éloigné de Falaise. Anet serait l’anagramme phonétique parfait d’anté puisque le « e » et le « é » sont considérés comme une seule et même lettre. Arrêtons nous quelques instants sur le passé de ce château voulu par Diane de Poitiers dès 1546 pour elle et son royal amant, Henri II.
Avant l’Astrée
Le château construit entre 1548 et 1552, par le célèbre architecte Philibert Delorme (qui s’est illustré avec la reconstruction du château des Lupé, est élevé pour la circonstance au rang de surintendant des bâtiments royaux), sera reconnu comme l’un des plus énigmatiques de France. On retrouvera, parmi ses symboles hermétiques le célèbre monogramme composé des « D » et « H » (initiales de Diane et d’Henri) et du croissant opposé, si cher à Diane de Poitiers. Le monogramme, issu d’un ésotérisme de haut niveau pour cette circonstance sera le fameux précurseur de « l’Astrée » des étranges familles d’Urfé (Forez) et Lupé (Pilat).
Portrait sur jeton de P. Delorme
Egalement on retrouve ce chiffre, pour le moins insolite, sur le manteau du sacre royal, au Louvre, à Fontainebleau et enfin sur le tombeau d’Henri II en témoignage de son amour pour Diane. La tradition précise que cette dernière dite aussi « Dame au Croissant et au Cerf » fut initié très tôt aux mystères antiques de sa famille puis ensuite par son défunt premier mari Louis de Brézé. Le Cerf et sa région, justement nous ramènent à celle de Falaise dite aussi « Comté des hommes libres » !
Le temps de Phaloï-Isis
Diane de Poitier
En effet on retrouve le hameau « des Cerfs », animal symbolisant l’éternel retour de l’Esprit puis, par extension, la résurrection des corps. Hameau des Cerfs, ou par ailleurs, furent retrouvés vers 1825 (CR 587 F.A.I.) plusieurs fosses rituelles dont certaines réutilisées en sépultures du 13ème S. (mise à jour du Dr Gaurt Mirka). L’Antée-Anet, peut-être en raison de ces éléments, semble tenir une place symbolico-sacrée importante dans les fondements traditionnels de la région de Falaise. A la lumière de ces détails est-il encore raisonnable, comme M. Hurel, de considérer comme irrecevable le travail de l’abbé Longevin affirmant qu’à Falaise l’église de la trinité conservait dans la croisée de son transept, une sorte « d’ouverture » solaire symbolique axée sur les solstices et équinoxes… permettant ainsi de situer un antique puisard dans lequel était déposées les entrailles de victimes offertes à Bénélus, Filis et… Isis. De cette dernière et du rite dédié aux luminaires (Phaloï) serait venu le vieux nom de Falaise : « Phaloï-Isis ». Certes l’explication serait audacieuse et fragile… pourtant à bien relire la chronique du XVe S. (comte Bougy d’Insartou) une antique série de statuettes d’Isis fut bien retrouvée lors de travaux près de l’ église de ND de Guibray… ce dont trop peu d’historiens et chercheurs locaux font mention dans leurs études ! Quoi qu’il en soit l’ancienne cité s’est construite peu à peu autour du château médiéval et plus certainement vers le quartier de Guibray dont l’église, sous le vocable de N.D. dédiée, depuis son origine, à Marie (dédicace inhabituelle aux premiers âges du christianisme) pourrait être l’ultime témoin du culte voué aux déesses mères éternelles.
Blason jeton de falaise-verso
Au commencement était Falisa
Pour le Dr L. German (Histoire de Falaise) le nom de la cité viendrait surtout du vieil allemand (on peut se demander justement pourquoi ?) « falisa » signifiant « pierre ». Ainsi avec son héraldisme illustrant un château à trois tours, le toponyme donnerait « ville de château du rocher »… ce qui pourrait étayer une partie des textes contenus dans les documents découverts entre les pierres de la tour de l’Echiquier et sur lesquels nous reviendrons plus loin.
Falaise est aussi une galerie fantastique de portraits pour le moins majeurs et insolites. Charlemagne ordonne la construction du premier château. Puis ce sera une forteresse édifiée par Richard II de Normandie. Les vestiges d’aujourd’hui sont ceux des fortifications reprises et terminées par De Beauclerc. Richard II dit « le Magnifique » eut un fils, Robert II que l’on confondra parfois avec « Robert le diable ». Son frère, Richard III, héritier du titre de Duc de Normandie, mourra étrangement ainsi que plusieurs de ses familiers laissant ainsi vacant une puissance que Robert II s’empressera de récupérer. Ce dernier s’éprendra d’Arlette, fille d’un pelletier de Falaise. Elle lui donnera un fils qui rendra Falaise célèbre : Guillaume II le Conquérant.
Guillaume le conquérant
En 1035 Robert II, étrangement, part à la surprise générale pour la croisade. Il règne depuis 7 ans et son fils a 7 ans aussi. Il fait reconnaître ce dernier par ses barons, règle minutieusement toutes ses affaires comme s’il était certain de ne jamais revenir… Il meurt le 2 juillet 1035 à Ste Marie de Nicée. Cette décision inflexible à se croiser brutalement, le soin maladif à arranger sa succession, ses titres, ses biens, fait irrésistiblement penser qu’il sait où il va, ce qu’il doit y faire et l’issue fatale de cette mission dont personne ne saura jamais la finalité. Cet épisode fait songer au seigneur Guillaume de Roussillon agissant de même et peut être pour les mêmes raisons comme nous pourrons le deviner plus tard. Guillaume le Conquérant fera rapatrier le corps de son père… qui disparaîtra mystérieusement en traversant la Calabre dans un secteur que les templiers, plus tard, s’acharneront à se procurer pour le prospecter. Cependant Robert II aura eu le temps de rattacher dans sa région le comté de Dreux qu’il apporte à la Couronne.
La terre de Drius et l’Arche du Nautonier
Dreux qui, rappelons-le, fut un centre celtique de première importance fondé, dit la tradition, par « Drius, quatrième roi gaulois, en 443 après le déluge » (chronique de Dom Garabalt, 1437). Dreux, dont le nom pourrait provenir aussi de « Drew », druide en celte. Dreux, dont la forêt de Crotois, située entre la ville et Anet renfermerait des souterrains inviolables taillés à même le roc et dans lesquels un fabuleux dépôt dormirait encore depuis que la Milice du Temple fut démantelée dans cette région. Peut-être est-ce justement celui dont la tradition persistante précise que « depuis la chute de l’ordre, l’Arche du Nautonier serait cachée dans un lieu secret de la forêt de Dreux s’ouvrant seulement les 25 avril, 25 août et 25 décembre… dont les détails d’accès furent secrètement déposés en un endroit de la forteresse de Falaise ». Notons que les dates d’ouvertures ne correspondent pas du tout à la tradition solaire habituelle répartie en 4 ou 2 « moments » solaires majeurs et habituels (solstices et, ou, équinoxes) mais étrangement sur une base de 3 fractions temporelles égales se situant en cours de printemps, vers les « caniculaires », et le jour de Noël. Cette étrange et surprenante division est rigoureusement la même que celle de St Andrew de Montsaunès. Ce qui assez rare pour être souligné. De plus ce récit concernant la forêt de Dreux est celui du légendaire « homme blanc » défendant jalousement cette contrée rappelant, par sa couleur, autant le druidisme, le manteau templier que l’habit de lumière des Cathares. Cette triade imaginaire se retrouvera logiquement plus loin. Les détails de ces éléments se retrouveront entièrement dans le curieux « chant de Fretysve du Bousson - 1517 – col. 7.947.Li » de la bibliothèque de Charles Mataron.
Entrée de la forteresse
Et l’orme sacré fut coupé
Revenons, à présent sur Robert 1er, fils de Louis VI qui décède en 1188. Curieusement cette date est celle mise en exergue au-dessus des armes de Gisors. On dit, pour apaiser les doutes, qu’historiquement ce nom commémore la troisième croisade… Mais ne pourrait-on pas la rapprocher de ce récit, pour le moins curieux, rappelant que ; « En 1188, l’orme fut coupé… mais son rameau, l’Ormus est représenté à présent par une croix rouge sur rose blanche (et non l’inverse comme on tente de nous l’imposer habituellement). Depuis cette date le nombre des savants (du verbe savoir !) est de 13, comme les signes du zodiaque (pour l’époque il s’agit d’une formidable innovation toujours irritante aujourd’hui !) et les sièges de la Table ronde, et pour maîstre suprême le nautonier Jean ». Etrange récit que celui-ci, tiré du « chant de fretysve » et repris avec certaines modifications, pour les besoins de sa cause, par Pierre Plantard dans le célèbre « Les Templiers sont parmi nous » de G. de Sède qui ne modifiera pas non plus les détails transgressant la véritable version de cette sorte de prophétie et l’on verra dès ce moment surgir çà et là des sociétés fantaisistes à connotation « Rose Croix »… alors qu’elle devrait être, traditionnellement plus « Croix Rose »… à moins que l’inversion soit notablement voulue pour une œuvre plus destructrice et destabilisatrice qu’évolutive et Traditionnelle.
Tombeau de Louis de Breze
La suite des Robert
Quoi qu’il en soit Robert II, petit fils de Louis VI, est enseveli à Braine… Son gisant est représenté sans épée, mais ses mains tiennent étroitement la cordelette de l’affiliation à l’ordre du temple. De plus l’inscription funéraire est sans équivoque pour le personnage et on peut lire clairement : « Frère de la Milice » ! Toujours dans cette église abbatiale une autre tombe, celle de Robert III de Dreux. Il y est représenté vêtu d’une sorte de « braie » (Braine pouvant provenir de la braie gauloise !) parsemée d’un décor de croix du temple identique au bijou qui orne le cou du gisant. Mais en observant minutieusement la tombe, on y voit une plaque de bronze, en haut à gauche, représentant… la coupole rotonde du temple de Jérusalem dépassant les remparts de la ville sainte ! Un dernier détail encore. Robert I eut un descendant : Pierre de Dreux Mauclerc qui fut Duc de Bretagne !
Bien plus tard au fil des descendances de lignées directes nous retiendrons au « neuvième » ( ! !,,) rang un certain Louis de Brézé épousant Diane de Poitiers (rencontrée en début d’article) et l’initiant au secret fabuleux enfoui dans le château même de Falaise !

LES EGLISES INSOLITES DE FALAISE
La paroisse de St Gervais-St Protais
Puisqu’il était question de Gisors pour les dates correspondantes nous observerons aussi une curiosité religieuse notoire. Une paroisse de Falaise est sous le vocable inhabituel de St Gervais-St Protrais… comme à Gisors et un quartier très précis de Paris. Pour Falaise cette église est inaugurée par l’évêque Jean de Neuville de Sées (nom dont Maurice Guingant retiendra l’inversion des deux « SE – ES = SEES » et par Henri 1er Bauclerc constructeur du château de Falaise … et aussi de celui de Gisors ! ! !
Cette église en vérité serait un des plus importants sites de ce que l’on appelle les « demeures philosophales ». De plus l’édifice sous le nom de St Gervais-St Protrais a pour patrons d’autres saints et non des moindres puisqu’il s’agit de St Jacques et St Chistophe !
La cérémonie de dédicace aura lieu en 1124. Quatre ans plus tard l’ordre du Temple est reconnu officiellement (1128) à Troyes ! Rappelons encore que Louis VI (père de Robert 1er), sur intervention de St Bernard, fait donation à deux compagnons d’Hugues de Payens, de terres proches de l’église St Grevais – St Protrais sur lesquelles se trouvent de très anciens bâtiments accédant au réseau de drainage romain ! Par ce don Louis VI donne, le premier, à l’ordre du temple l’occasion d’organiser de près son implantation sur Paris. Le même Louis VI, en 1111, écoute la messe près de Gisors justement sur le « Champ sacré » planté du fameux Orme Vénéré ! Encore pour mémoire, toujours ce même Louis VI fera déployer pour la première fois, à la bataille de Brenneville (1119) le fameux « Oriflamme » des comtes du Vexin (Gauthier du vexin) qui auront le privilège unique de précéder, au combat, le roi lui-même !
Sainte-Trinité-de-tous-les-Saints
Observons à présent une autre église de Falaise : celle Sainte-Trinité-de-tous-les-Saints. Cette dernière n’a rien à envier à St Gervais-St Protrais. En effet Ste Trinité serait en réalité le système de verrouillage de l’entrée d’accès aux réseaux souterrains conduisant en différents points sous la ville puis jusque sous le château lui-même. Au portail de cette édifice se trouve la représentation d’un baphomet entouré des lions autrefois teints de vert et de rouge (rapport d’une visite de l’évêché en 1548). Bien entendu les couleurs des lions font irrésistiblement songer aux célèbres « lion verde et roug » de la meilleure tradition alchimique. L’étrange personnage identifié comme un « baphomet » attesterait bien d’une signature templière sur le lieu. L’ensemble représenterait, selon les travaux de Morin Bruddou, le mystère de l’existence même de l’ordre : le Templisme primitif ! Cet état serait alors souligné et accentué par un étrange personnage surmontant un pilier de Ste trinité dont la même représentation se trouve à la planche II du célèbre « MUTUS LIBER » et non l’inverse, chronologie signalée par D. Réju et D. Ferrières ! Ces détails accentuent , s’il le fallait encore, le lien étroit entre l’ordre du temple , Gisors et Falaise. Cependant il reste d’autres éléments qu’il est indispensable d’ajouter à cette constatation.
L’ombre des templiers
A ceux qui prétendent qu’il n’y eut jamais de templiers à Falaise il suffit d’opposer ces quelques constats. D’abord le « Passage des templiers » situé entre les rues du « Camp Fermé » (le bien nommé !) et de « La trinité », le tout proche de l’église et du château précisément là où des travaux d’entretien, en 1883, mettront à jour plusieurs réseaux de galeries, dont certaines en parfait état, et un caveau contenant encore 5 sarcophages frappés de petites croix discoïdales, de croissants et de chevrons.
Croix templière de la Hoguette
Le lieu fut saccagé par 4 ouvriers… qui tous trouveront une mort violente dans les 40 jours suivant le viol de la sépulture… D. Ferrière signale une maison de l’ordre encore située près de l’ancien « ôstel Maurel » qui fut détruit fin du 18ème Siècle. Ce bâtiment se situait, comme on peut le constater sur un document terrier notarié, vers la « Porte Philippe-Jean ». Mais ce n’est pas tout. Il faut ajouter la correspondance entre « l’Orme de Gisors » et « l’Ormeau » de Falaise. Nous ajoutons encore le lieudit « Les Vigides de St Clair » où l’on pouvait voir la date de 1158 gravée dans une pierre du portail, ainsi que des croissants (idem Ordre du Temple, Diane de Poitiers, Philibert Delorme) ornant des tableaux de fenêtres en combles.
Notons enfin sur l’antique route de Bayeux par Ussy, le lieudit « la commanderie » qui lui se passe évidemment de plus de commentaires. Pour conclure nous avons conservé le vestige le plus insolite de tous : dans un champ dit de « la Hoguette » se dresse une croix de pierre doublement discoïdale se trouvant être l’étrange réplique, inversée en négatif, de la croix templière « percée » située entre Gisors et Neaufles… on croit rêver !
Au centre de tous ces éléments se dressent le château de Falaise comme un axe ésotérique et tellurique sur sa faille géologique…


 

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