mercredi 23 janvier 2013

Néfertiti.


Néfertiti, la belle est venue



nefertiti
Son nom signifie « la belle est venue » et force est d’admettre, en contemplant le fameux buste polychrome de la reine Néfertiti exposé au musée d’égyptologie de Berlin, que rarement patronyme fut aussi mérité !
Comment en effet ne pas tomber sous le charme de ce masque, à la fois serein et énigmatique, de ce visage au profil racé, aux traits harmonieux, aux lèvres sensuelles et délicatement modelées, aux yeux dont l’expression accuse une inexprimable douceur ? Comment ne pas admirer ce long cou à la ligne pure et flexible, qui témoigne ce que devait vraiment être la majesté de cette reine ?
A contempler cette troublante effigie surmontée de la tiare royale, on se prend à douter que trois millénaires nous séparent de cette femme ravissante. Il émane de la physionomie façonnée dans la pierre, de la délicatesse et de la transparence de sa carnation, une telle envoûtante vérité, une telle sensation de vie, qu’on pourrait facilement imaginer à la regarder qu’elle est l’incarnation de chair et de sang d’une de nos contemporaine. Comment ne pas croire que l’artiste qui a créé telle effigie n’a pas touché du bout du doigt l’immortalité tant désirée par le peuple du Nil ?
Sources Egypte vivante.

Shou et Tefnout, les jumeaux cosmiques.


Shou et Tefnout, les jumeaux cosmiques

Shou&tefnou Dans la cosmogonie héliopolitaine, lorsque le démiurge Atoum-Rê émergea du Noun et pris conscience de son existence, il créa de sa propre substance le premier couple divin : Shou et Tefnout. Deux versions nous sont proposées par le clergé pour expliquer la naissance « asexuée » de la descendance du créateur : il fit naître ses enfants de sa semence en se masturbant ou les a expectoré « d’un crachat de sa bouche ». Cette dernière version a probablement été suggérée par le jeu de mots entre les noms Shou et Tefnout et les racines de deux verbes signifiant « cracher » (ishesh et tef).
Shou représente à la fois la lumière et le souffle vital, tandis que sa sœur Tefnout, est le vecteur de la chaleur et incarne l’harmonie divine sans laquelle l’univers ne saurait advenir. Ils sont inséparables l’un de l’autre et incarnent les aspects fonctionnels d’une seule et unique émanation : le rayonnement solaire.
On rencontre l’image de Shou et de Tefnout sous la forme de deux lions dos à dos incarnant la double montagne de l’horizon. Ils sont alors chargés de mettre au monde chaque jour le soleil dont ils sont issus. Cette contradiction apparente s’explique par le fait que l’astre solaire ne se révèle que par l’intermédiaire de ses enfants ; ils n’existent que parce qu’Atoum-Rê les a engendrés, mais à l’inverse, le créateur ne vit que parce que Shou et Tefnout véhiculent son énergie, lui permettant ainsi de se manifester. Le premier couple divin évoque donc, par son ambivalence entre les formes créatrices et les formes créées, la répétition inlassable des cycles de la vie qui naît perpétuellement d’elle-même.
Rê lui-même s’exprime en ces termes à propos de ses enfants :
« Celle qui vit, Tefnout, est ma fille qui existera avec son frère Shou. Son nom (à lui) est Vie ; son nom (à elle) est Maât. Je vis avec mes deux enfants. Je vis avec mes deux oisillons, alors que je suis avec eux, en leur sein, l’un étant derrière moi, l’autre devant moi. « Vie » repose avec ma fille « Maât », l’un étant en moi, l’autre autour de moi. Je me tiens debout sur eux, leurs bras étant autour de moi ».
Textes des Sarcophages, chapitre 80, 32b – 33a
Afin de poursuivre l’œuvre créatrice du démiurge, Shou et Tefnout s’unirent et mirent au monde le deuxième couple divin. Nés « naturellement » de leurs parents, Geb et Nout représentent les éléments matériels de l’univers sensible : la terre et le ciel. Lorsque Rê appris que ces derniers se furent unis en secret, il ordonna à Shou de séparer ses enfants, laissant Geb à terre et envoyant Nout dans les hauteurs célestes. Shou personnifia ainsi l’espace séparant le ciel et la terre, un espace qui permet la diffusion de la lumière, la totale expression du dieu universel. De nombreux documents illustrent donc Shou, les bras levés, maintenant le corps filiforme de sa fille Nout, loin au-dessus de Geb langoureusement allongé sur le sol. Il est ainsi un séparateur mais aussi un lien entre les deux éléments et garantit ainsi la cohésion du monde.
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Shou, à la requête de son père Rê sépare Nout (dont le corps est constellé d’étoiles) de son frère et amant Geb qui reste alongé sur le sol.
Dans son rôle de soutien de la voûte céleste, Shou est assisté par huit génies appelés hehou qui se tiennent aux quatre coins du monde et constituent les piliers du firmament. Lorsque ces derniers adoptent la forme de sceptres ouas, ils personnifient la puissance créatrice incarnée par Shou.
En tant que propagateur des sources de toute existence, Shou est en sois la « Vie » symbolisée dans l’écriture et l’iconographie par le signe ânkh. Ce symbole est figuré non seulement dans la main de Shou mais aussi dans celle de presque toutes les entités divines car elles sont les dispensatrices universelles de la vie et des instruments de la création. Lorsqu’il est représenté seul, Shou apparaît généralement sous la forme d’un homme coiffé d’une plume d’autruche à l’extrémité recourbée.
Dans les « Textes des Pyramides », le pharaon défunt est assimilé à Shou (la lumière) qui lui permet de vivre ; il est le « fils du cœur de la lumière » et peut ainsi se déplacer comme elle. C’est cette lumière qui élève Pharaon vers le ciel. Tefnout, remplie par la lumière divine, donne la main au pharaon ; de ses bras, elle élève la terre sous le ciel. Tefnout est la mère du pharaon, elle est le serpent de feu (l’uraeus) qui anime son sceptre.
Sources Egypte vivante.

Le retour de la Lointaine Divinité égyptienne.

Le retour de la Lointaine

Tefnout, ivre d’indépendance, décida un jour de quitter son père pour aller vivre dans le désert oriental de la Nubie. Sous les traits d’une lionne féroce, elle errait dans les contrées désertiques à l’affût de chair et de sang. De ses yeux fusaient des éclairs et de sa bouche sortaient des flammes. Elle inspirait la terreur et personne n’osait s’en approcher de peur d’être dévoré. Le temps passant, Rê se morfondait de ne plus voir revenir sa fille ; il convoqua l’assemblée divine et désigna Shou et Thot pour convaincre Tefnout de revenir.
Lorsqu’ils arrivèrent en Nubie et qu’ils aperçurent la lionne enragée, ils n’osèrent pas s’en approcher. Ils se transformèrent alors en deux petits singes, qui par leur aspect insignifiant, ne pouvaient inquiéter la redoutable lionne. Thot s’approcha alors de la déesse et l’amadoua, en lui racontant des fables et en lui faisant miroiter l’accueil triomphal qu’elle recevrait lors de son retour au pays. Il la flatta, lui expliqua combien elle était resplendissante : « Plus douce est ta belle bouche que les champs quand ils verdoientLes globes de tes yeux sont plus beaux que le ciel quand il est pur de nuagesPlus doux est ton discours, quand il est bienveillant, que le bon vent du nord sur la mer quand elle a cessé d’être calme … ».
retour de la lointaine
Fresque de la chapelle romaine du temple de Dakka (Basse Nubie) représentant Shou sous la forme d’un petit singe qui amadoue la féroce lionne de Nubie (Photo : Méryrê, 2001)
Petit à petit, tout en fascinant son auditrice par ses histoires merveilleuses, le petit singe se rapprocha de l’Égypte. De son côté, Shou était si heureux de retrouver sa sœur, qu’il ne cessa de danser autour d’elle. Arrivé à hauteur de la Première Cataracte, Thot précipita la lionne dans les eaux bouillonnantes du Nil. Cette immersion soudaine apaisa l’agressivité de la déesse qui ressorti sous les traits de la déesse Hathor abandonnant définitivement ses aspects redoutables. À Philae elle fut accueillie dans la liesse et la réconciliation avec son père y fut fêtée avec l’année nouvelle. Partout en Égypte on célébra son retour avec des offrandes et des danses. Retrouvant son pays, et cette fois sous les traits d’une paisible chatte (Bastet), elle protégea tous les foyers et incita à la maternité en offrant l’image d’une mère entourée de sa nombreuse progéniture.
Cette très belle légende, connue sous le nom de « mythe de la Lointaine » met l’accent sur le parcours de l’astre solaire et sur le retour cyclique de l’inondation bienfaisante. L’isolement de Tefnout en Nubie sous les traits de « La Redoutable » symbolise la sécheresse que subit la terre d’Égypte en plein été, tandis que son retour, sous les traits de la paisible Hathor, coïncide avec la montée des eaux de la crue du Nil. Ce lien qui unit intimement la fille du soleil aux flots salvateurs de l’inondation, seuls capables d’assurer la survie au peuple d’Égypte, confirme, dans la mythologie, la toute puissance du pouvoir créateur de l’astre solaire.
Comme toutes les entités féminines, Tefnout contient en elle les deux qualités nécessaires à la création du monde ordonné et organisé : la faculté de donner la vie et l’agressivité nécessaire à sa protection. Dans le rôle de « celui qui ramène la Lointaine », Shou, appelé In-Héret (Onouris pour les Grecs), est alors représenté comme un homme portant sur la tête une coiffe composée de quatre hautes plumes dressées. Il est alors, non seulement le symbole de la vie, mais aussi le responsable de sa conservation.
De par leurs multiples fonctions, les jumeaux de Rê sont des entités divines indispensables au maintien de la vie et à la conservation de l’équilibre cosmique sans lequel le monde sensible ne pourrait exister.
Les "jumeaux cosmiques" Shou et Tefnout sans la chapelle romaine du temple de Dakka en Basse-Nubie. Ils sont ici représentés face à face ce qui est inhabituel mais rappelons-le il s’agit ici d’une fresque de l’époque romaine (Photo : Méryrê, 2001)
Sources Egypte vivante.

Les chats de Pharaons.

La tradition enseigne que notre chat domestique européen est originaire d’Égypte. Il y était désigné sous le vocable de "myéou" selon l’onomatopée bien connue de tous lorsque nous faisons allusion à cet animal. La première apparition de ce chat en Gaule remonte à la période gallo-romaine. Sur le sarcophage d’un enfant de la région de Bordeaux, datant du IIe siècle de notre ère, l’enfant est sculpté figuré tenant un chat dans ses bras.
Le chat domestique serait venu d’Égypte à la suite des marchands qui sillonnaient la Méditerranée. Le plus ancien témoignage écrit concernant le chat domestique est celui d’Hérodote qui visita l’Égypte au Ve siècle avant notre ère : « les chats y étaient vénérés à l’instar des dieux et leur mort provoquait l’affliction des familles qui les hébergeaient. Ils étaient ensuite emporté au Boubastéion, dans des locaux sacrés où ils étaient embaumés avant d’être enterrés. » En effet, des milliers de momies de chat ont été retrouvées dans plusieurs nécropoles dont la plus célèbre étant celle de Bubastis et du Bousbastéion de Saqqarah. Certains tombeaux humains renfermaient également des momies de chats.
En Égypte, la domestication du chat est attestée avec certitude depuis XIe dynastie ; plus anciennement encore, on a des témoignages de la présence de chats à proximité d’habitations, mais rien ne prouve qu’ils furent domestiqués. L’apparition de l’agriculture au Néolithique, et la constitution de réserves de grains on favorisé la prolifération de nombreux rongeurs (souris, rats, surmulots, nésokia, arvicanthis) attirant de par là même, leurs prédateurs naturels, dont le chat. Il apparaît clairement qu’en dehors des pièges que les paysans pouvaient fabriquer, le seul moyen efficace pour contrôler le nombre des rongeurs restait le chat. Ceci est d’autant plus important que la peste se transmettait de manière dramatique dans les années où il y avait prolifération de rongeurs. On peut ainsi comprendre l’affection particulière des Égyptiens pour cet animal !

 
 
Les momies de chats
Les sépultures de chats sont parmi les plus anciennes et remontent à la XXIIe dynastie. Avant cette époque, seuls quelques cas recensés montrent des animaux auxquels un maître a voulu rendre hommage. C’est surtout durant la XXXe dynastie, à la deuxième occupation perse et à la période gréco-romaine que les nécropoles ont proliférés dans tout le pays, renfermant de plus en plus de momies.
Les momies de chats ont pu être placées dans toute sorte de sépultures : des catacombes réservés aux animaux comme à Dendérah, des tombes anciennes réutilisées comme à Saqqarah, des lieux de culte comme à Béni-Hassan ou même de simples vase enterrés comme à Abydos.
Toutes ces nécropoles contenaient des momies qui se présentaient de façon très diverses, soit dans des sarcophages, soit enveloppées de bandelettes, ou encore sans rien. Parfois même on a retrouvé que les os ! Les sarcophages sont essentiellement de deux types : en bois ou en bronze. Les momies enveloppées de bandelettes étaient parfois extrêmement élaborées et souvent apprêtées avec grand soin. Dans d’autres cas, les momies sont parfaites extérieurement mais ne contiennent que des parties de corps. Il semblerait donc que l’aspect extérieur, celui d’un chat entier était sans doute ce qui comptait le plus !
Les études faites sur les momies de chats du British Museum et du Louvre indiquent que les chats sont mort par strangulation, cela a pu être observé aussi sur les animaux retrouvés à Saqqarah et à Balat. Une forte dislocation des vertèbres cervicales, séparées de la tête, la position de cette dernière qui ne se présente plus dans l’axe de la colonne vertébrale, mais tournée d’un quart de tour, démontre que l’on avait tordu le cou de ces bêtes ! Ces chats ont donc été tués sciemment, et ce à deux âges précis : vers quatre mois, quand l’animal avait atteint une taille convenable pour être momifié puis entre neuf mois et un an pour les chats qui n’avaient pas été retenus pour la reproduction. Les chats étaient élevés, entretenus, puis à une période précise, un certain nombre d’entre eux étaient sacrifiés, momifiés et offerts en vente aux pèlerins désireux de déposer un ex-voto en l’honneur de la déesse Bastet. Cet ex-voto était destiné à remercier la déesse ou lui demander une faveur.
Devant ces nécropoles contenant les momies en quantité innombrables, il faut donc imaginer un commerce lucratif entre le personnel du temple et les pèlerins désireux déposer une offrande. La momie devait avoir une valeur assez importante car l’animal aurait pu être le réceptacle divin. Cette pratique s’est atténuée durant l’époque romaine sous l’influence de la nouvelle religion chrétienne qui condamnait ce culte « démentiel ».

 
 
Le chat dans la mythologie : Les livres funéraires
La course incessante du dieu solaire Rê qui disparaît chaque soir pour renaître le matin, après avoir vaincu les forces néfastes qui tentaient d’entraver la régularité de son cycle, a servi de mécanisme fondamental à toute la littérature funéraire égyptienne.
Dans le Chapitre 17 du Livres des Morts, principal texte funéraire d’usage privé au Nouvel Empire, le dieu solaire est représenté par un chat armé d’un couteau s’attaquant au serpent néfaste Apophis qui tente d’empêcher son lever matinal. Apophis, vaincu, le soleil pourra continuer son cycle, dont la pérennité est pour les défunts une promesse de renaissance. Tel qu’il est représenté, l’animal au pelage tacheté, aux longues oreilles droites et aux longues pattes rappelle davantage certains félidés sauvages que le chat domestique. Il pourrait cependant s’agir d’une image combinant deux espèces, le serval et le caracal.
Parmi les entités étranges que les défunts sont appelés à rencontrer dans l’au-delà, les génies à tête de chat sont également présents.
Dans le « Livre de l’Amdouat » un dieu chat décapite les ennemis d’Osiris, principe de renaissance indispensable à la perpétuation du cycle solaire.
Dans le « Livre des Portes » un être à tête de chat est le gardien de la dernière porte que le soleil doit franchir durant sa course nocturne, maîtrise un serpent, à l’instar de ce que l’on retrouve dans le « Livre des Morts ».
Dans le « Livre des Cavernes » enfin, un génie à tête de chat monte la garde auprès d’ennemis de Rê représentés vaincus, la tête en bas, les bras ligotés derrière le dos.
On retrouvera dès la XXIe dynastie, à des fins protectrices, de telles représentations de génies à tête de chat à l’intérieur des sarcophages des particuliers, directement inspirés des « Livres funéraires ».

 
 
Le culte de la déesse chatte
L’œil de Rê est unique, mais ses manifestations sont quant à elles sont nombreuses. On les appelle « filles de Rê », tantôt dociles, tantôt terrifiantes. Elles symbolisent la puissance du rayonnement solaire et adoptent, pour les besoins de cette fonction, des apparences et des noms qui varient suivant les mythes où elles sont intégrées.
Chacune de ces déesses (Hathor, Tefnout, Sekhmet, Bastet) possède ainsi deux facettes : l’une bénéfique qui assure le renouvellement de toute existence, l’autre agressive et terrifiante qui combat les puissances du chaos.
La douce Bastet, qui adopte l’aspect d’une chatte ou d’une femme à tête de chatte, est souvent présentée comme la face paisible de la redoutable Sekhmet (déesse à tête de lionne). Les Égyptiens eux-mêmes semblent n’avoir pu dissocier réellement ces deux déesses, car dans sa forme primitive (à l’Ancien Empire), Bastet est représentée en femme à tête de lionne portant la croix ankh, symbole de la vie. Ce n’est qu’à partir du Nouvel Empire que Bastet fut représentée sous la forme de la déesse chatte. Tantôt, elle est majestueusement dressée sur son séant et parée de bijoux, tantôt, elle est femme à tête de chatte agitant un sistre ou portant l’égide, Un petit panier enfilé sur son bras peut compléter sa parure. Elle est également connue sous la forme d’une chatte allaitant ses petits. Ce dernier aspect lui vaut d’être considérée, dans les foyers, comme une protectrice des naissances.
Son culte principal se trouvait dans le delta, dans l’actuelle Tell Basta connue dans l’Égypte ancienne sous le nom de Per-Bastet (la maison de Bastet), grécisé par la suite en Bubastis.

 
 
Les bronzes de la Basse-Époque
Les grandes nécropoles de chats de la Basse Époque furent pillées de manière intensive au XIXe siècle. Outre les momies de chats, ces cimetières contenaient un grand nombre de statuettes en bronze qui, depuis le siècle dernier, sont venues grossir les collections des grands musées occidentaux. D’autres statuettes étaient sans doute déposées, comme témoignage de piété, dans les temples de la déesse Bastet. On en a retrouvé un grand nombre dans des fosses dans lesquelles les prêtres ensevelissaient régulièrement des ex-votos placés en surnombre dans les sanctuaires.
Images de la déesse Bastet, les chats furent très souvent représentés assis, portant sur la tête l’image d’un scarabée, signe de renaissance ; leur poitrine s’ornait d’un collier large ou d’un œil oudjat à des fins protectrices. Leurs oreilles sont souvent percées dans le but d’y accrocher des boucles d’or ; enfin, leurs yeux sont souvent incrustés, notamment de cristal de roche.
Un autre thème représenté : la chatte allaitant ses petits, image d’une déesse dispensatrice de vie devenant dès lors un gage de renaissance. Bastet peut également être figurée sous la forme d’une femme debout, à tête de chatte, parfois accompagnée de chatons, vêtue d’une longue robe. Elle porte alors un panier, un sistre, une égide ou une statuette de son fils, le dieu Nefertoum.

 
 
 
La fascination du chat
Le chat, divinisé en Égypte fut introduit par les Romains en Europe mais perdit alors son statut divin pour ne plus être considéré que comme un simple « chasseur de souris ». Les Phéniciens et les Arabes, au gré de leurs voyages et conquêtes, contribueront à sa diffusion dans le monde connu à l’époque.
Le Moyen âge fut une période très sombre pour le chat. Accusé de sorcellerie, et d’être le support du diable, il fut ainsi condamné alors par l’Église.
L’intérêt que les hommes portent au chat est varié, parfois contradictoire, souvent passionnel. Il touche à tous les registres de l’activité ou de la connaissance humaine : mythologie, arts, sciences, parapsychologie, sorcellerie. Il succite tour à tour l’amitié ou la haine mais ne laisse jamais indifférent.
Au cours des siècles le chat s’est paré de valeurs culturelles et devient le symboles des vices et des vertus humaines et par conséquent, objet de réflexion et d’inspiration philosophique ou artistique.

 
 
Bibliographie
· « Les Chats des Pharaons , 4.000 ans de divinité féline », catalogue de l’exposition qui a eu lieu à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, 1989-1990.
· Franco, I., Mythes et Dieux (le souffle du Soleil), Paris, 1996.
· Gros de Beler, A., La Mythologie égyptienne, Paris, 1998.
Sources Egypte.

Les femmes au Moyen-Age.

« Hélas Dieu, pourquoi ne me fais-tu pas naître au monde en masculin sexe ! »
Christine de Pisan vers 1400.

Première femme à vivre de ses écrits, Christine de Pisan fut pourtant parmi celles qui permirent l’évolution du statut des femmes en cette longue période dite du « Moyen Age ».


Dans l'antiquité grecque et romaine, les femmes n'étaient jamais représentées par et pour elles-mêmes.
Leur image les renvoyait uniquement à leur rôle de « reproductrice » ou encore « d'objet de désir ».
De même, dans les premiers temps de la chrétienté, selon les enseignements de l'Église, les femmes étaient soit adorées comme la Sainte Vierge, soit soumises et méprisées comme Ève la pécheresse.


On attribue l’évolution du statut de la femme dans les premiers temps de la civilisation chrétienne, à la reconnaissance du statut de « personne » aux femmes dans le texte biblique.
Le premier texte de la Genèse dit en effet : "Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu, il le créa, homme et femme, il les créa " (Genèse, 1, 27). 
 
Deux textes illustrent notamment ces bouleversements : 
"De Milieribus claris" de Boccace et " La Cité des Dames" de Christine de Pisan. 
Considérée comme la première femme écrivain française, née en 1363, mariée à l'âge de quinze ans et veuve à vingt-cinq, elle se mit à écrire des poèmes, des allégories et des épopées pour subvenir aux besoins de ses enfants et de sa mère. La majeure partie de son œuvre est écrite à la gloire des femmes de toutes classes, qu'elle a voulu réhabiliter après l'image négative qu'en avait donnée le poème allégorique le plus populaire du Moyen Age, « Le Roman de la Rose ».
 
Les femmes du Moyen Âge étaient en fait bien différentes de l'image qu'en donnaient l'Église ou la littérature romantique, très populaire auprès de la noblesse de l'époque.
A l'âge de la chevalerie, l'adoration de sa dame était l'équivalent, en ce monde, du culte de la Vierge, mais les préceptes romantiques de "l'amour courtois" ne s'appliquaient qu'à une toute petite partie des classes supérieu­res. (Et encore, cette adoration n'était-elle que relative, puisque le droit canon autorisait à battre sa femme)


Pour dépasser les images imposées par l'Église et les romans populaires, et pour découvrir le monde réel des femmes médiévales, nous disposons de lettres, de testaments, de baux commerciaux et documents légaux, de registres de couvents et de domaines seigneuriaux, et aussi d’enluminures et de gravures  sur bois des premiers livres imprimés, qui complètent le « tableau » que nous avons de cette époque.  
 
En fait, au Moyen âge,et surtout au cours du haut Moyen-Âge,  les femmes jouissent d’un statut social important
Pour comprendre ce qu'était vraiment la vie de la femme en ce temps-là, il nous faut tout d'abord savoir quelle était sa place dans la société.


Était-elle noble, paysanne ou bourgeoise?

Dans chaque classe sociale, les femmes étaient soumises à un schéma bien précis. Mais, dans le même temps, elles se chargeaient souvent  des mêmes tâches que les hommes de leur classe.


Les châtelaines étaient très bien formées et exerçaient des responsabilités dans la bonne marche du domaine.
Comme leur mari s'absentait souvent pour combattre dans les guerres et les croisa­des, la responsabilité de la vie quotidienne de leur fief reposait sur leurs épaules.
 


femmedéfendantunchateauFemmes défendant un château avec arcs et arbalètes -
Walter de Milemete - 1326-27


Les paysannes devaient assumer toutes les tâches agricoles traditionnelles : la traite des vaches, le brassage de la bière, le filage et le tissage, et même le labourage lorsque cela s'avérait nécessaire.


Les années 1300 à 1550 constituent une période de transition entre la fin du système féodal et les débuts de l'Europe moderne.
 


cardagefilagetissage
Cardage, Filage et tissage de la laine -
Boccace XV° s.
 
 
La principale nouveauté de l'époque est l'avènement d'une bourgeoisie com­merçante.
Avec la croissance des villes, le pouvoir passe peu à peu des mains des nobles propriétaires terriens et de l'Église à une bourgeoisie en développement. Avec la laïcisation croissante de la société européenne, les langues vernaculaires prennent une place plus importante dans la littérature, qui profite éga­lement de l'invention de l'imprimerie.
Certains laïcs favorisent ce développement en faisant l'acquisition de bibliothèques, en fai­sant imprimer des livres et en payant des traductions du latin. C'est probablement cette laïcisation qui a permis aux illustrations, qu'il s'agisse d'enluminures ou de gravure sur bois, de dépeindre la vie réelle.


Dans la bourgeoisie en plein développement, les femmes avaient souvent des activités commer­çantes considérées jusque-là comme le domaine réservé des hommes : elles travaillaient comme apothicaires, coiffeuses, artistes, ouvrières de la soie, armurières, tailleurs et autres spécialités requérant un apprentissage.
La plupart des corporations excluaient les femmes, à l'exception des épouses et des filles des membres de la corporation ayant suivi un apprentissage.




femme tailleurFemme tailleur coupant un patron -
Boccace - XV° s.


Certaines femmes étaient établies comme des "femmes soles", terme légal qui signifiait« commerçantes indépendantes ». Il ne s'agissait pas seulement de veuves et de célibataires, mais aussi de femmes mariées qui, dans certains cas, portaient toute la responsabilité financière de leur affaire.




unecésarienne
Certains talents étaient communs aux femmes de toutes les classes. De nombreuses enluminures en dépeignent qui filent, cardent la laine et tissent, car les femmes faisaient tourner à elles seules l'industrie textile de l'époque.  
Elles étaient également sages-femmes et devaient pou­voir faire face à toutes les urgences médicales et chirurgicales survenant dans leur foyer. Toutefois, si une femme désirait exercer la médecine ou pratiquer certains soins à l'extérieur de chez elle, elle encourait le risque d'une sanction sociale et légale et, pis encore, pouvait être traitée de sorcière.
Certaines femmes, pourtant - notamment des épouses et des filles de médecins -, recevaient une formation médicale précise.
 


autoportrait
Les femmes étaient de véritables artistes qui peignaient des fresques, des images ou des portraits religieux et gravaient des bas-reliefs ou du bois.
 
(Les illustrations proviennent de "The Medieval woman- Illuminated book of days - Ed.Sally Fox)
Sources L"Ocre Bleu.

mardi 22 janvier 2013

Poursuivre une quête, celle de retrouver l'histoire des moines guériers...

DANS L’OMBRE DES TEMPLIERS


Qu'il me soit permis au seuil de cette page, de rendre un brillant hommage aux Templiers et aux Hospitaliers qui s'installèrent au Col Saint-Jean, afin de protéger la vallée de Seyne et les pays riverains de l'Ubaye contre les pillards et les coupe-jarrets dans le but d'assurer le libre passage des voyageurs.

Voilà de nombreuses années que je viens dans les Alpes de Haute-Provence, poursuivre une quête, celle de retrouver l'histoire de ces moines guerriers qui vécurent dans la Vallée de la Blanche, sur l'un des sites les plus remarquables de cette région alpestre.

*

Parfois, le temps ne se prêtait guère pour emprunter l'un des innombrables sentiers de randonnée que compte la Vallée, car soudainement, un épais brouillard pouvait envahir toute la région. Il faut savoir que certains chemins étaient déjà là, bien avant que ne viennent ces religieux. Aimer les parcourir, c'est apprendre à mieux connaître leurs tracés, ce qui peut conforter notre jugement dans nos recherches.

Combien de fois, me suis-je rendu jusqu'à la chapelle romane de Saint-Léger pour y retrouver la sérénité et y rencontrer mes amis de l'ombre. Après avoir dépassé le petit hameau du même nom, je commençais à gravir le large chemin empierré qui allait me conduire devant l'entrée de ce très bel oratoire érigé sur la pointe d'un mamelon.

Ce jour là, tournant la clef dans la serrure, j'ouvris la porte laissant découvrir l'intérieur de la chapelle. M'approchant de l'autel, je distinguais huit croix de Malte peintes sur les murs de l'édifice. ©

Prière de Templiers.

Avec la participation de notre Grand Frere Chevalier du Temple..