Shou et Tefnout, les jumeaux cosmiques
Shou représente à la fois la lumière et le souffle vital, tandis que sa sœur Tefnout, est le vecteur de la chaleur et incarne l’harmonie divine sans laquelle l’univers ne saurait advenir. Ils sont inséparables l’un de l’autre et incarnent les aspects fonctionnels d’une seule et unique émanation : le rayonnement solaire.
On rencontre l’image de Shou et de Tefnout sous la forme de deux lions dos à dos incarnant la double montagne de l’horizon. Ils sont alors chargés de mettre au monde chaque jour le soleil dont ils sont issus. Cette contradiction apparente s’explique par le fait que l’astre solaire ne se révèle que par l’intermédiaire de ses enfants ; ils n’existent que parce qu’Atoum-Rê les a engendrés, mais à l’inverse, le créateur ne vit que parce que Shou et Tefnout véhiculent son énergie, lui permettant ainsi de se manifester. Le premier couple divin évoque donc, par son ambivalence entre les formes créatrices et les formes créées, la répétition inlassable des cycles de la vie qui naît perpétuellement d’elle-même.
Rê lui-même s’exprime en ces termes à propos de ses enfants :
« Celle qui vit, Tefnout, est ma fille qui existera avec son frère Shou. Son nom (à lui) est Vie ; son nom (à elle) est Maât. Je vis avec mes deux enfants. Je vis avec mes deux oisillons, alors que je suis avec eux, en leur sein, l’un étant derrière moi, l’autre devant moi. « Vie » repose avec ma fille « Maât », l’un étant en moi, l’autre autour de moi. Je me tiens debout sur eux, leurs bras étant autour de moi ».
Textes des Sarcophages, chapitre 80, 32b – 33a
Afin de poursuivre l’œuvre
créatrice du démiurge, Shou et Tefnout s’unirent et mirent au monde le
deuxième couple divin. Nés « naturellement » de leurs parents, Geb et
Nout représentent les éléments matériels de l’univers sensible : la
terre et le ciel. Lorsque Rê appris que ces derniers se furent unis en
secret, il ordonna à Shou de séparer ses enfants, laissant Geb à terre
et envoyant Nout dans les hauteurs célestes. Shou personnifia ainsi
l’espace séparant le ciel et la terre, un espace qui permet la diffusion
de la lumière, la totale expression du dieu universel. De nombreux
documents illustrent donc Shou, les bras levés, maintenant le corps
filiforme de sa fille Nout, loin au-dessus de Geb langoureusement
allongé sur le sol. Il est ainsi un séparateur mais aussi un lien entre
les deux éléments et garantit ainsi la cohésion du monde.
Shou, à la requête de son père
Rê sépare Nout (dont le corps est constellé d’étoiles) de son frère et
amant Geb qui reste alongé sur le sol.
Dans son rôle de soutien de la voûte céleste, Shou est assisté par huit génies appelés hehou
qui se tiennent aux quatre coins du monde et constituent les piliers du
firmament. Lorsque ces derniers adoptent la forme de sceptres ouas, ils personnifient la puissance créatrice incarnée par Shou. En tant que propagateur des sources de toute existence, Shou est en sois la « Vie » symbolisée dans l’écriture et l’iconographie par le signe ânkh. Ce symbole est figuré non seulement dans la main de Shou mais aussi dans celle de presque toutes les entités divines car elles sont les dispensatrices universelles de la vie et des instruments de la création. Lorsqu’il est représenté seul, Shou apparaît généralement sous la forme d’un homme coiffé d’une plume d’autruche à l’extrémité recourbée.
Dans les « Textes des Pyramides », le pharaon défunt est assimilé à Shou (la lumière) qui lui permet de vivre ; il est le « fils du cœur de la lumière » et peut ainsi se déplacer comme elle. C’est cette lumière qui élève Pharaon vers le ciel. Tefnout, remplie par la lumière divine, donne la main au pharaon ; de ses bras, elle élève la terre sous le ciel. Tefnout est la mère du pharaon, elle est le serpent de feu (l’uraeus) qui anime son sceptre.
Sources Egypte vivante.
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