vendredi 25 janvier 2013

Le pas d'armes du roi Jean.



"Plus de six cents lances y furent brisées ; on se battit à pied et à cheval, à la barrière, à coups d'épée et de pique, où partout les tenants et les assaillants ne firent rien qui ne répondît à la haute estime qu'ils s'étaient déjà acquise ; ce qui fit éclater ces tournois doublement. Enfin, au dernier, un gentilhomme nommé de Fontaines, beau-frère de Chandiou, grand prévôt des maréchaux, fut blessé à mort ; et au second encore, Saint-Aubin, autre gentilhomme, fut tué d'un coup de lance."

ANCIENNE CHRONIQUE.




Ça, qu'on selle,
Écuyer,
Mon fidèle
Destrier.
Mon cœur ploie
Sous la joie,
Quand je broie
L'étrier.





Par saint-Gille,
Viens-nous-en,
Mon agile
Alezan;
Viens, écoute,
Par la route,
Voir la joute
Du roi Jean.




Camille Saint-Saëns - Le pas d'arme du Roi Jean - Didier Henry, baryton
Mis en ligne par operazaile





Qu'un gros carme
Chartrier
Ait pour arme
L'encrier;
Qu'une fille,
Sous la grille,
S'égosille
A prier;





Nous qui sommes,
De par Dieu,
Gentilshommes
De haut lieu,
Il faut faire
Bruit sur terre,
Et la guerre
N'est qu'un jeu.



Arnold Böcklin - Der Abenteurer, 1882
Source : Wikimedia Commons


Ma vieille âme
Enrageait;
Car ma lame,
Que rongeait
Cette rouille
Qui la souille,
En quenouille
Se changeait.


Jean Fouquet - Grandes chroniques de France
Dagobert Ier réfugié à Saint-Denis, détail


Cette ville,
Aux longs cris,
Qui profile
Son front gris,
Des toits frêles,
Cent tourelles,
Clochers grêles,
C'est Paris !


Jean Fouquet - Grandes chroniques de France
Entrée de l'empereur Charles IV à Saint-Denis


Quelle foule,
Par mon sceau !
Qui s'écoule
En ruisseau,
Et se rue,
Incongrue,
Par la rue
Saint-Marceau.


Jean Fouquet - Heures d'Etienne Chevalier
La descente du Saint-Esprit


Notre-Dame !
Que c'est beau !
Sur mon âme
De corbeau,
Voudrais être
Clerc ou prêtre
Pour y mettre
Mon tombeau !


Bible d'Olomouc


Les quadrilles,
Les chansons
Mêlent filles
Aux garçons.
Quelles fêtes !
Que de têtes
Sur les faites
Des maisons !




Un maroufle,
Mis à neuf,
Joue et souffle
Comme un bœuf
Une marche
De Luzarche
Sur chaque arche
Du Pont-Neuf.


 Les frères Limbourg - Les très riches heures du duc de Berry


Le vieux Louvre ! –
Large et lourd,
Il ne s'ouvre
Qu'au grand jour,
Emprisonne
La couronne,
Et bourdonne
Dans sa tour.




Les frères Limbourg - les très riches heures du duc de Berry
Mai


Los aux dames !
Au roi Los !
Vois les flammes
Du champ clos,
Où la foule
Qui s'écroule,
Hurle et roule
A grands flots.



Edmund Blair Leighton - God Speed !


Sans attendre,
Çà, piquons !
L'œil bien tendre,
Attaquons
De nos selles
Les donzelles,
Roses, belles
Aux balcons.


Le coeur d'amour épris, 26 : 
 Le combat de Courroux et de Coeur, sous les yeux de Désir

 
Saulx-Tavane
Le ribaud
Se pavane,
Et Chabot
Qui ferraille,
Bossu, raille
Mons Fontraille
Le pied-bot.


John Everett Millais - Lorenzo and Isabella


Là-bas, Serge
Qui fit vœu
D'aller vierge
Au saint lieu ;
Là, Lothaire,
Duc sans terre ;
Sauveterre,
Diable et dieu.


Edward Burne-Jones - King Cophetua and the beggar maid


Le vidame
De Conflans
Suit sa dame
A pas lents,
Et plus d'une
S'importune
De la brune
Aux bras blancs.




Là-haut brille,
Sur ce mur,
Yseult, fille
Au front pur ;
Là-bas, seules,
Force aïeules
Portant gueules
Sur azur.


Edmund Blair Leighton - Alain Chartier


Dans la lice,
Vois encor
Berthe, Alice,
Léonor,
Dame Irène,
Ta marraine,
Et la reine
Toute en or.


Edward Burne-Jones - Laus Veneris


Dame Irène
Parle ainsi :
"Quoi ! la reine
Triste ici !"
Son altesse
Dit : "Comtesse,
J'ai tristesse
Et souci."




Emmanuel Chabrier - Le pas d'armes du Roi Jean
Stephen Varcoe (baryton), Graham Johnson (piano)
Mis en ligne par musicanth





On commence.
Le beffroi !
Coups de lance,
Cris d'effroi !
On se forge,
On s'égorge
Par saint-George !
Par le roi !





La cohue,
Flot de fer,
Frappe, hue,
Remplit l'air,
Et, profonde,
Tourne et gronde,
Comme une onde
Sur la mer.




Dans la plaine
Un éclair
Se promène
Vaste et clair ;
Quels mélanges !
Sang et franges !
Plaisirs d'anges !
Bruit d'enfer !




Sus, ma bête
De façon
Que je fête
Ce grison !
Je te baille
Pour ripaille
Plus de paille,
Plus de son,




Qu'un gros frère,
Gai, friand,
Ne peut faire,
Mendiant
Par les places
Où tu passes,
De grimaces
En priant !




Dans l'orage,
Lys courbé,
Un beau page
Est tombé.
Il se pâme,
Il rend l'âme ;
Il réclame
Un abbé.




La fanfare
Aux sons d'or,
Qui t'effare,
Sonne encor
Pour sa chute ;
Triste lutte
De la flûte
Et du cor !




Moines, vierges,
Porteront
De grands cierges
Sur son front ;
Et, dans l'ombre
Du lieu sombre,
Deux yeux d'ombre
Pleureront.




Car madame
Isabeau
Suit son âme
Au tombeau.
Que d'alarme !
Que de larmes !...
Un pas d'armes,
C'est très beau !


Antoon Van Dyck - Cavalier


Ça, mon frère,
Viens, rentrons
Dans notre aire
De barons.
Va plus vite,
Car au gîte
Qui t'invite,
Trouverons,




Toi, l'avoine
Du matin,
Moi, le moine
Augustin,
Ce saint homme
Suivant Rome,
Qui m'assomme
De latin,




Et rédige
En romain
Tout prodige
De ma main,
Qu'à ma charge
Il émarge
Sur un large
Parchemin.




Un vrai sire
Châtelain
Laisse écrire
Le vilain ;
Sa main digne,
Quand il signe,
Egratigne
Le vélin.


Victor Hugo - Odes et Ballades, ballade douzième
et les artistes cités, sans compter les anonymes enlumineurs de la Queste del Saint Graal et de Tristan de Léonois





La malédiction des pharaons.

La malédiction des pharaons

par Lucien Barnier




Tout Ankh Amon.jpg
Cette sculpture du XIIème siècle av. J.-C. évoque d'une façon Saisissante la personnalité de Tout-AnkHamon à 18 ans.

L'Unesco, on le sait, s'est préoccupée de sauver les inestimables monuments égyptiens que menace l'inondation artificielle du Nil, causée par l'édification du prochain Barrage dont le colonel Nasser a fait l'une des bases de sa politique. A cette Occasion, on se pose de nouveau l'étrange et hallucinante question de la malédiction des Pharaons. Pour l'Histoire pour Taus, Lucien Barnier fait le point du problème.

Otto Neubert, l'archéologue allemand, est-il un condamné à mort en sursis? Otto Neubert était de ce groupe de dix-neuf personnes qui, le vendredi 17 février 1923, assistèrent à l'ouverture du tombeau de Tout-AnkHamon. Une seule d'entre ces dix-neuf personnes est décédée de mort naturelle. Dix-sept autres ont disparu dans des conditions mystérieuses. Otto Neubert survit encore, mais il est parfois obsédé par L'avertissement gravé au fronton de la sépulture royale : « La mort touchera de ses Ailes celui qui dérangera le Pharaon ».
Otto Neubert sera-t-il la dernière victime d'une malédiction qui aurait déjà frappé dix-sept de ses compagnons par-delà trente-trois siècles ?
Nous sommes le 24 novembre 1922. Il fait encore nuit sur le Nil, dans la Vallée des rois, à 740 kilomètres en amont du Caire. En ces lieux, les Egyptiens de l'Antiquité Avaient édifié leur cité des Morts. Ici retentirent les hymnes sacrés des prêtres ; et c'est, ce soir du 24 novembre 1922, le silence qui pèse, un silence traversé parfois des hululements de la chouette et des jappements du chacal.

Dans ce décor étrange de tombeaux, cerné de montagnes et de gorges, une baraque en planches abrite trois personnes qui attendent impatiemment le lever du jour : Lord carnarvon, riche industriel britannique, qui finance une expédition archéologique, Lady evelyn, fille de lord Carnarvon, et un jeune égyptologue déjà réputé : Howard Carter. dans cette barque se déroule une dramatique conversation. C'est lord Carnarvon qui, tourné vers Carter, lui demande
- Très franchement, Carter, croyez-vous que nous ayons raison de nous obstiner? De plus en plus, j'ai le sentiment que nos efforts sont parfaitement inutiles. Voilà cinq Années que nous vivons comme des parias dans ce désert de déblais et de tombes... Je crois que nous ferions mieux...
Carter coupe sèchement lord Carnarvon
- Nous ferions mieux d'abandonner ?... Sûrement pas, lord Carnarvon. La victoire est proche et j'ai la certitude que les marches d'escalier que nous venons de découvrir nous conduiront vraisemblablement auprès de Tout-Ank-Hamon.
Alors Carnarvon, le visage ravagé par tant d'efforts et tant d'incertitudes, se tourne vers Carter
- Mais à quel prix, Carter, remporterons-nous la victoire ? J'étouffe à l'intérieur des tombes ; la poussière des catacombes me brûle les yeux. L'odeur des momies m'est devenue intolérable... Et puis qui sait... ? Si nous n'avions pas le droit de violer ces retraites de la mort ?
C'est désormais un climat de crainte qui règne sur le chantier où Carter précipite fébrilement le rythme des travaux. Un matin, vers onze heures, Carter crie aux Ouvriers
- Enlevez les cailloux qui bloquent la seconde porte... Lord Carnarvon, voici le grand moment, voulez-vous me passer la barre de fer, afin que j'agrandisse l'ouverture.
Dix-huit personnes guettent fébrilement l'événement qui va surgir par-delà les millénaires. Carter est nerveux. Sa main tremblante tient une bougie. De l'air S'échappe par l'ouverture et fait vaciller la flamme.

Dramatique confrontation


Lord Carnarvon est impatient et il interroge d'un ton sec
- Que distinguez-vous ?
Carter lui répond comme s'il vivait en un rêve
- Je ne vois rien encore..., si, les contours ; et maintenant des ombres... puis des couleurs... enfin, des choses étonnantes, des têtes d'animaux qui se découpent en Ombres grimaçantes sur les murs de pierre.
Carter ne peut plus parler ; il a devant lui un spectacle hallucinant : deux statues se fixent face à face, vêtues de pagnes et chaussées de sandales d'or ; sur leur front, Brille le serpent sacré. Immobile, Carter contemple le mur qui a été édifié entre les deux gardiens de roc. Un combat épique déchire cet homme. L'être humain entend résonner en lui la voix de ce fellah qui, l'autre jour, en apprenant la découverte du tombeau, a dit
- Ces gens vont trouver de l'or... mais ils trouveront aussi la mort.
Carter se répète les avertissements venus de tous côtés et qui l'ont prévenu de la malédiction, lui ont parlé du sacrilège ; et le savant, l'égyptologue Carter s'insurge. carter aborde alors son travail avec un esprit de sérieux, sans ce frisson d'horreur dont le charme mystérieux s'empare si aisément de la foule. A ce moment même, il n'écoute plus les contes à dormir debout ; il essaie de se persuader que le rituel funéraire des Egyptiens ne comportait aucune malédiction pour les vivants.

L'obsession du sacrilège


Et puis, le sort en est jeté. Le vendredi 17 février 1923, dix-neuf personnes sont rassemblées devant une porte qui est scellée. Les projecteurs électriques éclaboussent de lumière ces cubes de pierre qui, voilà trois mille ans, furent empilés en une sorte de prière funèbre. Carter enlève lentement une première épaisseur de pierres. Son disciple Callender avance un projecteur. Carter a devant les yeux un mur éclatant qui Bouche toute l'entrée. C'est une muraille d'or massif qui apparaît. Lord Carnarvon et Lacau entrent immédiatement à la suite de Carter. Ils voient le linceul de lin dont les pans retombent sur le sarcophage. Humbles, bouleversés, les voici en présence du pharaon. Ils restent là, trois heures durant, admiratifs, éblouis, tourmentés par L'obsession du sacrilège. Au pied du cercueuil de quartz jaune, une déesse étend les Bras et les ailes en un geste protecteur, comme pour écarter les intrus.
Carter et lord Carnarvon regardent longuement cette image, et, la nuit tombée sur le camp de l'expédition, ils reconstituent le film de cette journée fantastique.
Carter est brisé de fatigue et d'émotion. Pourtant son visage s'allume parfois d'une Singulière émotion. Quel extraordinaire rendez-vous I
- Lorsque je suis sorti de la tombe et que j'ai vu les dernières lueurs du jour, il m'a Semblé que la vallée elle-même avait changé et qu'elle était éclairée d'une étrange Lumière.
Lord Carnarvon écoute ces confidences avec une sorte de recueillèment religieux et il demande à Carter
- Qu'est-ce qui vous a le plus ému ?
- Je crois que c'est cette humble couronne de fleurs des champs desséchées. Au milieu de tant de richesses, c'était peut-être le seul petit signe humain... le dernier adieu de la jeune veuve à son époux bien aimé.
Est-ce le rappel de ce témoignage émouvant qui a soudain ébranlé les nerfs de carnarvon, mais celui-ci se dresse et tient, cet étrange discours à Carter
- J'ai vu la mort de très près, vous le savez, Carter, mais, jamais je ne me suis rappelé, avec autant de saisissement que tout à l'heure, les moments où j'ai failli quitter le monde des vivants... Je ne peux, plus supporter cette vision de tout-Ank-Hamon, surgissant de son linceul de lin. Carter, nous avons violé une demeure Sacrée. Tout dans cette tombe nous reprochait notre audace jusqu'à ce modeste Appui-nuque en fer et son inscription : « Réveille-toi de cet évanouissement dans Lequel tu te trouves. Tu triompheras de tout ce qu'on t'a fait... » Que penser de tout ce que nous venons de faire, Carter

Tandis que la kermesse s'installe à l'embouchure du Nil...


Ce que viennent de faire Carter et lord Carnarvon : la découverte de Tout-Ank-Hamon, est le jour même annoncé aux carrefours de toutes les capitales. Les manchettes des Journaux proclament
« Les savants ont exhumé la dépouille de Tout-Ank-Hamon. La quantité de bijoux dont le roi égyptien était couvert dépasse l'imagination. » Alors, des hommes de notre temps veulent, eux aussi, contempler le visage, doux et paisible, d'un roi qui a défié trois millénaires. Par milliers, les touristes affluent en Egypte ; de toutes parts, ils Accourent pour voir, eux aussi, le royal visage du Pharaon. Tandis que les paquebots Accostent à l'embouchure du Nil, dans une atmosphère de joyeuse kermesse, à trois mille kilomètres de là, dans un château de la campagne anglaise, lord Carnarvon, qui fut L'initiateur de la fabuleuse découverte, agonise sur son lit. Il délire en prononçant Le nom de Tout-AnkHamon, et dans un moment de lucidité, il s'écrie
- C'est fini, j'ai entendu l'appel et je me prépare.
Au même instant, la lumière s'éteint dans toute la maison. L'infirmière, épouvantée, S'enfuit de la chambre. Lorsqu'elle revient, dix minutes plus tard, lord Carnarvon est mort. Une mystérieuse tragédie commence et avec elle commence une énigme. Six mois Après la mort de lord Carnarvon, son jeune frère, le Colonel Aubrey Herbert, meurt a Son tour. Très peu de temps après, l'infirmière qui avait soigné lord Carnarvon décède dans des conditions inexpliquées. Est-ce véritablement le hasard ? Ensuite s'éteint le Secrétaire de Carter, Richard Bathell. Trois mois plus tard, son père le suit.

De ses ailes, la mort...


Au frontispice de la sépulture de Tout-Ank-Hamon était gravé cet avertissement : « La mort touchera de ses ailes celui qui dérangera le Pharaon ». De ses ailes, la mort a effectivement touché tous ceux qui furent présents à l'ouverture du tombeau, ce vendredi 17 février 1923. Alors une rubrique s'installe dans la presse mondiale. Elle a pour titre
« La vengeance du Pharaon». Comme un bulletin nécrologique régulier, cette rubrique tient registre des victimes sucessives : le professeur Lafleur, ami intime de Carter, Le savant Arthur Mace, le docteur White. Le cas du docteur White est un des plus Singuliers. Il était un collaborateur parmi les plus zélés de Carter. Il fut un des premiers à pénétrer dans la chambre mortuaire. En sortant, il ressentit un malaise et, depuis ce jour, souffrit d'une dépression nerveuse. Au grand désespoir de sa famille, quelques jours après, il se pendit. Dans une lettre d'adieu, il a écrit : « J'ai Succombé à une malédiction qui m'a forcé à disparaître ».
Avant de remettre la momie de Tout-Ank-Hamon au musée du Caire, un savant, du nom de Archibald Douglas Reed, reçut l'ordre de radiographier cette momie afin de voir s'il n'y avait pas par hasard des corps étrangers à l'intérieur de la dépouille. Reed se mit à l'oeuvre. Et, dès le lendemain, il tomba malade. Cet homme de constitution robuste fut emporté en quelques jours. A la liste funeste des victimes, d'année en année, sont venus s'ajouter les noms du docteur Breastead, du savant Harkness, des professeurs vinlock, Allan Gardiner, Foucart, ainsi que les chercheurs Jay Gould, et. Joel Woof. Les savants Astor, Bruyère, Callender, Lucas, Bathell, et bien d'autres qui, tous, Avaient été mêlés à l'affaire de Tout-Ank-Hamon sont morts jeunes et certainement prématurément.

Alors, que penser?


Arrêtons là ce chapitre d'histoire qui commence comme un conte des Mille et Une Nuits et s'achève à la manière d'un procès-verbal de greffier. La découverte du tombeau de tout-Ank-Hamon, en présence de dix-neuf personnes, est un fait. C'est aussi un fait que dix-sept de ces personnes ont disparu dans des conditions le plus souvent étranges. mais ces dix-sept personnes sont-elles des victimes expiatoires, qui auraient été poursuivies en quelque lieu où elles se fussent réfugiées, par l'implacable vengeance des Pharaons ?
- Nous sommes des victimes affirment dans leur dernier adieu lord Carnarvon et Evelyn White.
- Peut-être avons-nous été condamnés en franchissant l'enceinte sacrée de la sépulture royale, pense le dernier survivant, Otto Neubert.
- Non, il n'y a pas de malédiction des Pharaons. Cette légende est une forme dégénérée des histoires de fantômes. proclame Howard Carter avant de s'éteindre à l'âge de 70 Ans.
De l'éminent témoignage de Carter, se saisissent nombre de savants qui nous expliquent : il est vrai que lord Carnarvon mourut un mois et demi après l'exhumation de la momie, mais il avait été piqué par un scorpion. Quant au suicide d'Evelyn White, il faut le considérer comme le tragique dénouement dune dépression nerveuse qui avait épuisé cet homme soumis au rude travail des fouilles et de l'exploration dans des conditions particulièrement harassantes.
Nous pouvons admettre, en effet, que le moral de lord Carnarvon et du professeur Evelyn White ait été atteint ; autrement dit, ces hommes ont pu céder à l'envoûtement des récits fantastiques qui étaient racontés par les fellah pendant les veillées au camp des archéologues dans la Vallée des Rois. Mais quand bien même on admettrait cet Argument, on n'expliquerait pas pour autant la mort foudroyante d'Arthur Mace, ni celle d'Archibald Douglas Reed, qui fut emporté en huit jours. Non, on n'expliquerait. pas cette stupéfiante succession de dix-sept décès. Estce à dire qu'on ne saura jamais découvrir des causes logiques, scientifiques à cette irritante énigme ?
Je ne le crois pas. Peut être les murs du tombeau royal étaient-ils enduits de poison, que l'atmosphère sèche des sépultures hermétiquement closes aurait protégé contre toute Altération. C'est une explication possible. Ou bien, les savants américains d'Oak Ridge Ont-ils raison de supposer que les Egyptiens auraient connu le secret atomique et qu'ils avaient disposé près de leurs morts des substances radioactives ? C'est une Autre explication possible.
Enfin, dernière en date des explications scientifiques proposées, celle du docteur geoffrey Dean de l'Hôpital de Port-Elizabeth, en Afrique du Sud. Cet homme de science croit que les dix-sept égyptologues morts mystérieusement ne doivent pas être considérés comme les victimes d'une vengeance sacrée, mais comme les victimes d'une maladie : l'histoplasmosis, qui est provoquée par un virus se développant. parmi les excréments des chauves-souris. Ce serait une explication admissible. Les salles Souterraines des pyramides égyptiennes sont effectivement des repaires de chauves-souris. Mais il n'y avait aucune chauve-souris dans la sépulture de tout-Ank-Hamon pour la raison bien simple que cette sépulture était rigoureusement murée par d'énormes cubes de pierre parfaitement ajustés. Et on en était là de cette Obsédante énigme des Pharaons ; quand, le 11 mars 1959, quelqu'un aperçut un cadavre flottant sur le Nil. Le nom du mort : Zakaria Gonein. La profession de ce désespéré : Archéologues. Signe distinctif : a découvert la pyramide de Sakkara, sous les sables du désert. Causes de la mort suicide.
Y a-t-il en fait une malédiction des pharaons?
C'est une énigme, non résolue.

Histoire du mariage.


Théorie du mariage (A. Debay, 1848)


« D'après l'expérience des anciens et des modernes, il est reconnu que l'époque la plus favorable au mariage et à ses fruits est, en général, de vingt-cinq à quarante ans pour l'homme, et de dix-huit a trente ans, pour la femme. On appelle précoces les unions faites avant ces âges, tardives celles qui se contractent après, et disproportionnées les unions dans lesquelles l'âge de l'un des contractants dépasse de beaucoup celui de l'autre.

Mariages précoces. — Les parents sont doublement coupables de marier leurs enfants avant le complet développement du physique; d'abord parce que les jeunes gens, emportés par la fougue de leurs désirs, se fatiguent et s'énervent au milieu d'embrassements trop multipliés; ensuite parce que leur progéniture se ressent de cette précocité et de cet épuisement, ce qui est un malheur pour la race. Après l'épuisement qui succède aux pertes vénériennes, la satiété arrive; bientôt les jeunes époux se dégoûtent l'un de l'autre, ou se voient avec indifférence et vont chercher dans l'inconstance l'aiguillon qui doit réveiller leurs désirs émoussés.

Mais c'est particulièrement pour la femme que la précocité dans l'union sexuelle est plus fâcheuse. Par cette précipitation coupable des parents, la jeune fille reste en arrière du complément de ses forces qu'elle était sur le point d'acquérir. Sa taille et sa gorge sont défigurées ; sa matrice, qui n'a pas acquis le volume nécessaire, ne saurait contenir un fœtus d'un certain volume, ni lui fournir tout ce qui doit servir à son parfait développement. Enfin, la faiblesse des ligaments suspenseurs de ce viscère, le peu de diamètre du bassin et l'étroitesse du passage que l'enfant doit franchir sont des causes bien souvent funestes à la mère et à son fruit. En effet, comment une jeune fille dont l'organisation est encore incomplète pourrait-elle donner le jour à un être complet ? Aussi n'est-il point rare de voir les victimes de l'union précoce succomber à la suite d'accouchements laborieux, ou traîner plus ou moins longtemps une vie languissante dans un corps délabré.

Mariages tardifs. — Les organes génitaux de l'homme, à quarante-cinq ans, et ceux de la femme à \ trente-cinq, n'ont plus la vitalité, la vigueur dela jeunesse. L'énergie vitale, restée stationnaire pendant les dix années qui viennent de s'écouler, commence à diminuer sensiblement. Nous parlons en général ; car, selon la constitution, le tempérament, la santé, la bonne conduite ou les déréglements, etc., etc., l'époque de cette décadence arrive plus tôt pour les uns, plus tard pour les autres. Alors les érections de l'homme ne sont plus aussi complètes, aussi soutenues ; le fluide séminal n'est plus sécrété aussi abondamment ni lancé avec autant de force, et peut-être même a-t-il perdu un peu de ses qualités viriles. Quoique le corps soit bien portant, les appétits vénériens ne sont ni aussi fréquemment ni aussi impérieusement ressentis ; ce n'est plus l'instinct qui parle, c'est l'imagination.


Les mêmes phénomènes se passent chez la femme, hormis les exceptions ; l'amour physique n'exalte plus son cerveau ; le besoin du rapprochement sexuel ne l'aiguillonne plus, et les désirs amoureux, si parfois ils naissent, ne sont qu'un pâle reflet des transports d'autrefois. La plupart des femmes de trente-cinq à quarante ans ont pris de l'embonpoint, et l'on sait que l'embonpoint est un signe de décadence génitale; aussi les femmes de cet âge ne songeraient que rarement au coït, si leurs maris ne réveillaient par des caresses la partie qui sommeille. En résumé, aux âges précités, les organes génitaux de l'un et de l'autre sexes ont perdu considérablement de leur ardente vigueur de vingt-cinq ans.

D'après cet exposé, on conçoit facilement que les fruits provenant des mariages tardifs doivent être moins vigoureux,moins beaux, que ceux des mariages contractés dans la force de l'âge. Du reste, les faits prouvent mieux que les meilleurs raisonnements et l'on ne saurait nier que la plupart de ces êtres chétifs de l'un et l'autre sexes qui promènent, dans les grandes villes leur santé chancelante, ne reconnaissent d'autre cause de leur constitution débile que celle d'avoir été engendrés par des parents âgés.

Mariages disproportionnés. — Ces unions, ordinairement tristes et immorales, que devraient défendre les lois, sont toujours préjudiciables a la santé du plus jeune et à la constitution des enfants, s'il y a progéniture. Les jeunes gens que l'appât de la fortune pousse à se marier avec de vieilles femmes épuisent promptement leur vigueur, lorsqu'ils ont affaire à ces femmes déja sur le retour, mais insatiables de luxure, et dont la partie génitale est une fournaise qui dévore tout. Les jeunes femmes unies à de vieux libertins se fanent de bonne heure, soit parce qu'elles s'abandonnent avec répugnance à la lubricité de leurs époux, soit parce que le vieillard se rajeunit au détriment de leur fraîcheur ; et, si par hasard la conception a lieu, qu'attendre d'un être procréé en de telles conditions ? Tous les physiologistes sont d'accord sur ce point, qne les enfants procréés dans un âge avancé sont chétifs, doués de peu de vitalité, sujets au rachitisme, aux hémorroïdes, etc.; ils conservent même, pendant leur jeunesse, quelque chose de taciturne qui n'est point de leur âge; beaucoup n'atteignent point leur second septenaire; ceux qui résistent mènent ordinairement une vie languissante. Les lois romaines, plus sages que les nôtres, s'opposaient à ces sortes de mariages; elles avaient établi des limites d'âge qu'il était défendu de franchir, à peine de nullité de mariage et d'exil [...].»


A. Debay, Hygiène et physiologie du mariage: histoire naturelle et médicale de l'homme et de la femme mariés, dans ses plus curieux détails, Paris, E. Dentu, édition de 1866.
Sources L'aimable faubourien

jeudi 24 janvier 2013

Contexte historique.

  Contexte historique

La prostitution, paysage de la Monarchie de juillet

Dans les villes qui se développent de manière spectaculaire sous les assauts de la révolution industrielle, la prostitution prend un essor sans précédent. Au point de valoir un retentissant rapport en 1839 d’un des plus célèbres médecins hygiènistes, le docteur Parent-Duchatelet : De la prostitution dans la ville de Paris sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration. Soumise en maison close, « en carte » c’est-à-dire tolérée mais en liberté surveillée, ou clandestine, occasionnelle ou régulière, la prostituée est partout dans les quartiers populaires. Filles à soldats, pierreuses ou femmes de terrain, serveuses, mais aussi ouvrières d’infortune, elles sont des centaines, des milliers à guetter le client aux barrières de l’octroi, dans les cabarets louches, ou … dans la rue. La fille publique symbolise le désordre, l’excès, l’imprévoyance. On ne badine pas alors avec la pauvreté et la misère.
« Je suis coquette
Je suis lorette,
Reine du jour, reine sans feu ni lieu !
Eh bien ! J’espère
Quitter la Terre
En mon hôtel..Peut-être l’hôtel-Dieu » (chanson).

Les filles légères reçoivent bientôt le surnom de « lorettes ». Car le quartier de Notre-Dame de Lorette, entre la gare Saint-Lazare et la Butte Montmartre, qui les abrite, est alors en complète construction et ces dames doivent « essuyer les plâtres », les propriétaires exigeant, en échange de bas loyers, que les appartements soient chauffés et que les fenêtres soient fermées de rideaux.

La prostituée est perçue comme l’antithèse des valeurs bourgeoises triomphantes. La prostituée est immature et proche de l’enfant. Elle se trouve dans un état primitif de non développement, ce qui autorise la mise en tutelle. Elle est un symbole d’oisiveté, car adonnée au plaisir, type de l’hédoniste au sein du corps social. Elle est paresseuse. La prostituée est aussi imprévoyante. Elle ne sait pas économiser, elle aime le jeu. Elle ne construit rien. Elle est aussi soumise aux excès sexuels. L’époque de la Monarchie de Juillet aime à construire des physiologies (l’étudiant, le bourgeois, le dandy, etc.) et à enfermer la société dans cette typologie. La lorette est l’un de ces stéréotypes.

La prostitution est cependant généralement considérée comme un mal nécessaire à la société. Chez les filles, les bourgeois trouvent un espace de liberté (de parole, d’acte sexuel) qu’ils n’ont peut-être pas à la maison. Dans les années 1830-1840, la prostituée est même chargée de « déniaiser » les jeunes hommes, promis à un mariage victorien.

  Analyse de l'image

Le dessinateur des lorettes

Le dessinateur Gavarni a réalisé une vignette représentant une lorette pour l’édition de La lorette des frères Goncourt chez Dentu en 1855. Pour celle de 1862, il a donné un dessin, gravé par Jules, bien plus évocateur. Auparavant dans Le charivari des années 1841, 1842, 1843, il a publié 79 planches de lorettes. Dans Paris, il publie également « les partageuses » (40 sujets) et « les lorettes vieillies » (30 sujets). D’autres lorettes apparaissent encore dans les recueils tels Paris le soir (1840) ou Les fourberies de femmes en matière de sentiment (1837, 1840, 1841).

Pour plaire à ses contemporains et participer à ce processus de « typisation » des physiologies, Gavarni donne de ses lorettes une image d’excès en tous genres : excès de sexe d’abord, mais aussi de bavardage, d’alcool, et enfin de tabac. D’où un embonpoint précoce, une attitude pour le moins relâchée et provocante.

Ici la lorette est avachie, vautrée sur un canapé. Le jeune bourgeois qui la regarde pointe son cigare dans sa direction. Outre la métaphore de l’organe sexuel en érection, le cigare symbolise sans nul doute l’appartenance à la classe supérieure, plus encore que le haut de forme ou la redingote. Un « dandy » comme Nestor Roqueplan, qui a inventé le nom de « lorette », ne saurait se passer de son cigare. La prostituée goûte à cet avancement social temporaire en dégustant elle aussi un cigare. Ce qui ne l’empêche bien sûr pas d’appartenir au peuple par ses propos grivois.

  Interprétation

La « lorette » entre dans les dictionnaires d’argot du second Empire et poursuit sa carrière sous la Troisième République (cf Dictionnaire des dictionnaires, 1889). Les « lolotes » ou « rigolettes » qu’on avait pensé un temps lui substituer feront long feu. La prostitution bien entendu ne faiblira pas. Elle fera davantage peur cependant, car les maladies vénériennes se diffusent du bas vers le haut de la société. Mais malgré ces peurs, le phénomène prostitutionnel, preuve même de sa fonction sociale, s’intensifie sous la Troisième République, s’étendant de la maison close au trottoir. Les partisans de l’abolition et ceux de la réglementation pourront bien s’opposer : la prostitution se maintient.
Auteur : Didier NOURRISSON

Bibliographie

  • Jean-Paul ARON, Misérable et glorieuse, la femme au XIXe siècle, Paris, éditions Complexe, 1984.
  • Julia CSERGO, Liberté, égalité propreté : la morale de l'hygiène au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1988.
  • Alain CORBIN, Les filles de noce. Misère sexuelle et prostitution aux XIXe et XXe siècles, Paris, Aubier, 1978.
  • Alain CORBIN, Le temps, le désir et l’horreur. Essai sur le XIXe siècle, Paris, Aubier, 1991.
  • François GASNAULT, Guinguettes et lorettes. Bals publics à Paris au XIXe siècle, Paris, Aubier, 1992.
  • Didier NOURRISSON, Cigarette. Histoire d’une allumeuse, Paris, Payot, 2010.
  • Alexandre PARENT-DUCHÂTELET, La prostitution à Paris au XIXe siècle, texte annoté et commenté par Alain Corbin, Paris, le Seuil, 1981, réédition coll. Points, 2008.

Marguerite de Valois.

Marguerite de Valois dite la Reine Margot

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Marguerite de Valois
Née à Saint-Germain-en-Laye en 1553, morte à Paris en 1615, reine de France et de Navarre, Marguerite de Valois est la fille d’Henri II et de Catherine de Médicis. Elle est également la soeur de trois rois de France : François II, Charles IX et Henri III.
Sa mère Catherine de Médicis tente de la marier successivement à don Carlos fils de Philippe II d’Espagne, puis au roi Sébastien du Portugal. Finalement elle va la contraindre à épouser son cousin Henri de Navarre futur Henri IV.
Après de longues et laborieuses tractations entre Catherine de Médicis et Jeanne III d’Albret, la jeune Marguerite de Valois est mariée le 18 août 1572 au protestant Henri de Navarre. Catherine de Médicis, profitant du rassemblement des huguenots à Paris, ordonne le massacre de la Saint-Barthélemy qui aura lieu dans la nuit du 23 au 24 août 1572.
Henri de Navarre se sentant trahi pas son épouse se consolera en enchaînant de nombreuses aventures amoureuses. Marguerite de Valois en fait autant de son côté ce qui expliquera la haine qu’elle va attirer sur sa personne. Ce genre de chose n’étant pas toléré de la part d’une femme.
Elle a de nombreux amants parmi lesquels Joseph Boniface de La Molle qui sera décapité pour avoir comploté contre Charles IX. Puis successivement Bussy d’Amboise, de Saint-Luc, Champvallon, Aubiac, qui fut mis à mort par Henri III, Vermont, Dat de Saint-Julien, qui fut tué par Vermont.
En 1578, Catherine de Médicis, voulant la faire renouer avec son mari, Henri de Navarre la ramène à la cour du Béarnais : chacun y vivra de façon indépendante jusqu’en 1582.
Toujours en 1582, après un rapide passage au Louvre, elle repart en Provence où elle échoue dans la création d’un royaume indépendant.
1586,Henri de Navarre la fait enfermer au château d’Usson, en Auvergne, où elle subit une demi-captivité de dix-huit années.
A partir de 1594, elle écrit ses Mémoires qui furent publiées en 1658. Ces écrits consistaient en une suite d’anecdotes portant sur les règnes de Charles IX, Henri III et Henri IV.
Parallèlement, elle scandalise la population avec des excentricités telles que beuverie, promenades à dos de chameau, fêtes galantes.
Entamées en 1592, les négociations ayant pour but de lui faire accepter la dissolution de son mariage avec Henri de Navarre sont conclues en 1599. Elle conserve néanmoins son titre de reine
Revenant à Paris en 1605 et se fait construire un hôtel particulier rue de Seine.
Elle meurt le 27 mai 1615.
On peut dire que cette femme remarquablement intelligente a été certainement très malheureuse.
Sources Histoire en ligne.