Chasseur sculpté sur os
Depuis plus de 80 ans, les objets trouvés dans une tranchée bouleversent le monde de la préhistoire.
Le lieu-dit de Glozel est à une vingtaine de kilomètres au sud-est de
Vichy, au bord de la D495 Cusset/Ferrières-sur-Sichon. Situé dans les
montagnes du Bourbonnais chargées de légendes et haut lieu de
l'histoire, Glozel est peut-être la clef qui ouvrira la porte du mystère
des origines du monde ou du moins des origines de notre civilisation et
du courant migratoire des hommes.
Le samedi 1er mars 1924, Emile Fradin, 17 ans, laboure en compagnie de
son grand-père, Claude Fradin, un champ dit ‘Duranthon’ (dérivé de
durant, signifiant endurant, endurci. Ajoutons que ‘duranger’ vient
d'élan, de renne, animal qui existait sur le territoire français à une
époque lointaine). Il s'agit d'une parcelle plus ou moins inculte.
Tout à coup, une des deux vaches tirant la charrue trébuche et s'enfonce
en partie dans la terre. En la dégageant, le grand-père et le
petit-fils découvrent une cavité, dans laquelle ils distinguent un
squelette et des poteries. Ces dernières sont extraites, puis cassées :
ils espèrent découvrir un trésor ; ils n'y trouvent que de la terre.
Claude Fradin se souvient que le précédent propriétaire du terrain avait
trouvé, en creusant à proximité pour enterrer une bête, un vase décoré.
Le lendemain, dimanche 2 mars 1924, Emile Fradin, le petit-fils, revient
examiner les lieux et dégage la cavité qui se révèle être une fosse —
d'environ trois mètres sur un — dont les parois sont de briques
emboîtées les unes dans les autres, et le sol constitué de seize dalles
d'argile. Quelques vases, des débris divers et une plaque d'argile
portant des signes curieux forment le ‘mobilier’ de ce qui lui paraît
être, à cause du squelette, une tombe.
Les jours suivants, d'autres découvertes s'ajoutent aux premières :
trois tablettes avec des empreintes de mains, une aiguille en os et des
galets comportant les mêmes étranges signes que sur la plaque d'argile.
La nouvelle de la mise à jour de la sépulture franchit le hameau,
parvient jusqu'au village voisin d’où le curé, le médecin et
l'instituteur viennent constater sur place la découverte.
Du champ de labour au ‘Champ des Morts’
Une institutrice,
Adrienne Picandet, vient aider aux fouilles. Plus tard, lorsque les
polémiques se succéderont, elle témoignera que les toutes premières
tablettes d'argile portaient bien des inscriptions ; quarante autres
personnes signeront aussi une attestation.
Dès le 20 mars, Adrienne Picandet envoie un rapport à l'inspecteur de
l'Académie de Moulins. En date du 15 août 1926, le Mercure de France
publie une lettre de mademoiselle Picandet : « En outre de la superbe
fosse que monsieur Emile Fradin avait fort bien conservée et dont les
murs, recouverts d'un suintement de verre, resplendissaient au soleil,
la collection comprenait déjà : deux empreintes de mains, la première
brique à signes, deux tranchets, une petite hache, le tranchant d'une
hache brisée, de nombreux débris de poteries et plusieurs morceaux de
supports de creusets ».
Le docteur Antonin Morlet (1882 - 1965) apprend l'existence de Glozel.
Il est passionné d'archéologie, auteur de plusieurs ouvrages et
possesseur d'une importante collection d'objets gallo-romains recueillis
dans la région. Pour couper court aux manœuvres de détournement et
d'accaparement, le docteur Morlet loue aux Fradin le champ ‘Duranthon’
qu'on commence déjà à appeler le ‘Champ des morts’. Certains
archéologues, éblouis par la richesse du site, veulent en être les
découvreurs, à la place d'un jeune paysan qu'ils jugent inculte, et,
dépités de ne pas s'en voir attribuer la découverte, en deviendront de
farouches adversaires, allant jusqu'au mensonge et la diffamation.
Le docteur Morlet procédera à de nombreuses fouilles et restera un
ardent défenseur du site et de la famille Fradin. Les plus grands
experts - et rivaux - de l'époque, MM. Capitan, l'abbé Breuil, Peyrony,
Camille Jullian, Salomon Reinach, Depéret viennent visiter le site.
Une authenticité reconnue
Idole phallique bi-sexuée
Depéret,
doyen de la Faculté des sciences de Lyon, agrégé de géologie et
vice-président de la Société géologique de France écrira : « Il ne
saurait rester dans l'esprit d'un géologue aucun doute sur la situation
parfaitement en place de ce précieux objet et nous pouvons vous donner à
cet égard notre attestation la plus formelle (...) Le gisement de
Glozel est un cimetière datant de l'extrême début du Néolithique. (...)
La présence indiscutable, quoique sans doute très rare, d'un renne
figuré à Glozel, s'ajoute à d'autres réminiscences magdaléniennes de
l'outillage pour m'amener maintenant à admettre que le gisement de
Glozel se rapproche du paléolithique final, avec lequel il s'apparente à
la fois par la forme, par l'outillage et aussi par l'écriture ».
Joseph Loth (1847 - 1934), professeur au Collège de France depuis 1910,
archéologue et spécialiste de l'histoire et de la langue celtique,
recommande à Emile Fradin d'installer un petit musée, preuve qu'il croit
à l'authenticité et à l'importance de ce qui a été découvert sur le
site.
Nous n'entrerons pas dans la description de ce que fut la situation
d'Emile Fradin en butte aux mesquineries, aux malversations, aux
mensonges et tracasseries diverses occasionnées par les vanités, les
égoïsmes et le refus de certaines instances ‘scientifiques’ de réviser
non seulement leurs assertions (Emile Fradin fut accusé d'être un
faussaire) mais de tenir compte des observations faites par leurs pairs,
ou par eux-mêmes - car certains se contrediront -.
Procès en tous genres, même en diffamation, furent finalement gagnés par
Emile Fradin, mais perturbèrent singulièrement sa vie, et nuisirent
autant à la reconnaissance de son mérite de ‘découvreur’ qu'au fait que
soient, à partir des mobiliers découverts à Glozel, envisagées
différemment les sources de la connaissance européennes et occidentales.
L'exigence de la Vérité
Nous ne souhaitons pas, ici, entrer dans
des polémiques toujours stériles. Cependant, nous ne pouvons ignorer
les propos et l'attitude de ceux qui confondirent leurs intérêts avec
ceux de la société qu'ils représentaient, et qui oublièrent ce à quoi
leurs fonctions les obligeaient.
Tous les livres que nous avons consultés exposent la même ignominie de
la part de scientifiques -vrais ou faux-. Preuve est faite, s'il en
était nécessaire, de la faillibilité des hommes, fussent-ils couverts de
diplômes, chargés de titres et de notoriété. Le vrai, le véritable
scientifique n'oublie jamais la remise en question, démarche
indispensable à l'approche de la vérité. L'examen de conscience n'est
pas le monopole du domaine religieux. Peu d'hommes reconnaissent leurs
erreurs, et publiquement. C'est pourtant là faire preuve de l'honnêteté à
laquelle tous prétendent, et dont ils se réclament, face à leurs
adversaires.
La science nous confirme constamment, par son évolution, la réalité
d'une interdépendance des disciplines, en corollaire avec la réalité de
l'univers, visible et invisible. Des hypothèses, certaines d'ailleurs du
domaine du rêve -mais outre que le rêve n'est pas interdit, il peut se
révéler prémonitoire- ont été proposées par des archéologues, des
scientifiques, des dilettantes, hypothèses qui, même si elles n'ont pas
été confirmées, même si elles ne correspondent pas aux thèses
officielles, n'en sont pas moins dignes d'écoute.
L'oubli officiel est désormais tombé sur le site de Glozel, sur son
inventeur -qui a aujourd'hui 86 ans- et sur les conclusions que l'on se
doit d'en tirer. Ne subsistent que l'intérêt et la passion de quelques
mordus d'archéologie qui exigent la vérité.
Un silence inexplicable
Représentation animale sur ivoire: Renne blessé, flèche dans la gorge et le cœur
Pourquoi
les instances responsables tiennent-elles à ne pas porter à la
connaissance du public une découverte capitale ? La prudence se
comprend, pourvu qu'elle ne s'accompagne pas d'immobilisme, et d'une
certaine malhonnêteté intellectuelle.
Il est exact que les moyens d'investigations ont beaucoup évolué et
qu'aujourd'hui nous pouvons dater avec une relative précision, ce qui
n'était pas le cas dans les années 30. Des vieillissements peuvent être
retardés ou accélérés selon le milieu dans lequel se trouvent les
éléments à étudier. Les accidents géologiques aussi bien que climatiques
interviennent dans des proportions pas toujours homologuées. La science
doit être leçon d'humilité. Aucun homme, fut-il infiniment savant, ne
peut prétendre tout savoir.
Il serait temps de reconsidérer le ‘cas Glozel’. Les fouilles qui y ont
été effectuées depuis l'incident du 1er mars 1924, qu'elles aient été
officielles ou non, révèlent des données qui bouleversent justement des
certitudes trop souvent exprimées sans aucun esprit d'objectivité.
Voici, brièvement résumé, ce qui a provoqué l'anathème jeté sur Glozel
et son inventeur, puis déclenché la loi du silence :
— le renne n'était pas censé vivre sur le territoire français au
Néolithique ; avec le recul des glaces, il était déjà remonté vers le
Nord.
— L'écriture sous une forme alphabétique n'existait pas encore, au Paléolithique.
— Les signes établis avec une volonté de coordination alphabétique provenaient du Moyen -Orient, et dataient du Néolithique.
Or, à Glozel, furent trouvés dans la même tranche de terrain des
vestiges qui, selon certaines sommités fortes des acquis de la Science
de l'époque, ne pouvaient cohabiter. Sur un galet étaient gravés un
renne et une suite de signes s'apparentant à un alphabet. Des os, de
l'ivoire, de la terre plus ou moins ouvrée présentaient un même art
figuratif, et une écriture.
A l'examen, certaines poteries révélaient une utilisation cultuelle,
indice de l'évolution de ceux qui les avaient façonnées. La
représentation animale gravée sur différents supports l'avait-elle été
dans un but évocateur, votif, chamanique, ou n'était-ce que de l'art
pour l'art ?
Personne, jusqu'à ce jour, n'est à même de dater cet ensemble avec
cohérence. Le carbone 14 aussi bien que la thermoluminescence ne
s'accordent sur les dates. En 1972, des techniciens du Commissariat à
l'Énergie atomique ont analysé des tablettes et des objets en os : les
tablettes dateraient de 700 avant J.-C. à 100 après J.-C. mais certains
objets en os remonteraient à 17000 av. J.-C. ! 17 millénaires d'écart,
du paléolithique supérieur à la Guerre des Gaules dans le même ‘lot’
archéologique,
Seule certitude : il ne s'agit pas d'une supercherie, et Emile Fradin,
inventeur du site, n'est pas le faussaire que certains, en mal
d'explications, ont dénoncé.
Des mains de géants
Ce qui n'a pas été souvent évoqué, c'est la
dimension des mains, moulées dans la terre cuite. En appuyant fortement
sa main dans de l'argile malléable, on agrandit l'empreinte de cette
même main, mais le séchage entraîne une rétraction, si bien que
l'empreinte garde une dimension proche de celle de l'original. Or, à
Glozel, les mains sont grandes, très grandes, tout en restant
proportionnées. Elles dépassent la norme d'une main d'homme du XXe
siècle.
Idem pour l'épaisseur des os de la boîte crânienne retrouvée : épaisseur
du double de celle d'un homme d'aujourd'hui. Quant à la boîte
crânienne, elle est d'un volume supérieur à la moyenne de nos propres
crânes. Peut-on parler de géants ou simplement d’une tribu d’hommes de
grande taille, venus d’ailleurs, et qui se seraient retrouvés là,
isolés, après un mystérieux exode ?
Les gravures, dans ce qu’elles représentent autant que dans leur
technique de façonnage, correspondent, même si la facture en est
inégale, à ce que l’on connaît du Paléolithique. Certains décors
ressemblent à ce qui a été exécuté dans la péninsule ibérique, au Maroc
ou aux Canaries, ainsi qu’aux abords de l’ancien bassin saharien. Que
faut-il en déduire ? Une meilleure connaissance des Guanches, ce peuple
disparu des Canaries lors de la conquête espagnole à l’époque de la
Renaissance, aurait pu peut-être apporté des lumières sur l’énigme
Glozel.
Notons au passage que tout ce qui aurait pu assurer un trait d’union
entre les différentes histoires de l’Humanité a été délibérément détruit
au cours des âges par les esprits forts du moment : la bibliothèque
d’Alexandrie, les revêtements des pyramides, les ‘pages d’écriture’ de
l’île de Pâques, tous les documents trouvés par les conquistadors, les
témoignages païens d’Europe…Ainsi disparaît la mémoire des peuples, au
profit de systèmes de pensées et d’actions provisoirement nouveaux…Au
contraire des flots blancs du Léthée qui apportaient, à l’orée des
Enfers, l’oubli aux âmes des morts, c’est dans un flot rouge dû à la
cruauté des hommes que des Civilisations naissent puis disparaissent.
Un alphabet trait d’union
Un
autre dossier sera consacré à l’Atlantide. Sa découverte, donc la
confirmation de son existence, résoudrait bien des énigmes et, pourquoi
pas, celle des mains de Glozel : « Or il y avait des géants sur la terre
en ce temps-là ! » est-il écrit dans la Genèse, au chapitre IV, où est
décrite la dépravation des hommes, cause du déluge.
« Or, dans cette île Atlantide, des rois avaient constitué un empire
grand et merveilleux. Cet empire était maître de l'île tout entière et
aussi de nombreuses autres îles et de parties de continent. De notre
côté, il possédait la Libye jusqu'à l'Egypte et l'Europe jusqu'à la
Tyrrhénie (l'Italie occidentale) » écrit Platon, dans Timée, lorsqu'il
décrit l'Atlantide.
Dans les pages qui suivent, nous présentons différents signes et
alphabets. Ils appartiennent à des peuples différents, situés si loin
les uns des autres qu'il paraît difficile de soupçonner des liens entre
eux. Et pourtant ! Si l'alphabet de Glozel pouvait trouver son
Champollion ! Si l'alphabet de Glozel pouvait être précisément daté ! Ce
serait toute une partie de notre lointaine histoire, qui veut que notre
civilisation soit née dans les larges plaines du Croissant fertile, de
l'autre côté de la Méditerranée, qui serait remise en cause. Cet
alphabet que certains ont daté du néolithique (8000 av. J.-C. donc
antérieur aux ‘premiers’ alphabets phéniciens - 4000 av. J.-C.), que
d'autres ont qualifié d'amulettes de sorciers gaulois...
Nous sommes toujours à la recherche de nos origines et de la Vérité. Il
faut donc ne pas craindre d'aller à l'opposé des concepts, fussent-ils
accrédités par la majorité des instances qui, trop souvent, s'arrogent
des pouvoirs qu'ils ont usurpés. L'archéologie ‘officielle’ est au
service des contribuables, des citoyens, et non l'inverse. Qu'importent
les querelles de chapelles, d'écoles, qui, hélas, durent parfois plus
longtemps que ceux qui les provoquent, les élèves se révélant aussi
fanatiques et aussi aveugles que les maîtres. Les passions et les
rivalités l'ont emporté sur la nécessaire sérénité. Des rapports ont été
rédigés sur Glozel. Pourquoi ne sont-ils pas publiés ? L'énigme Glozel
aura 82 ans! Devrons-nous encore longtemps être traités comme des
enfants, et subir cette forme d'archéologie interdite ?
Du nom de Glozel
Dans la région du Centre, le C se traduit
souvent phonétiquement en G. Ainsi, les prunes ‘reine-claude’
deviennent-elles des ‘reine-glaude’.
Pour trouver les origines du lieu-dit Glozel, on peut chercher les
racines dans les termes suivants, empruntés au patois local ou régional :
— Gleizes : voisins.
— Glaus : Glouton (langue d'oc), glaïeul (langue d'oïl)
— Clos : enclos cultivé (langue d'oïl)
— Claussel : dérivé de Claus, l'équivalent d'une closerie (métairie dans
le Midi et dans le Centre), tout comme Cloux, Clouzard, Clouzet...
Cluseau, Cluzel, Clusot, Cluzeau ; Cluzel veut aussi dire caverne,
enclos...
Si Claude, par déformation phonétique, se transforme en Glaude, voire en
Claudel, il est curieux de constater que Glozel est à la fois une
déformation du prénom du grand-père d'Emile Fradin, avec lequel il
découvrit le site, l'équivalent de métairie - la famille en exploitait
une - et le nom d'une terre dans laquelle se trouvent sinon des
cavernes, du moins des cavités.
Sources : Gérard Bourgue