Le but de ce travail n'est pas ici de donner un exposé d'architecture de l'édifice (d'autres s'en chargent avec succès), mais d'en souligner certains aspects plus surprenant et, pour une fois, vérifiables sur place. Le monde historien (en ce qui concerne l'Ordre du Temple) et archéologique se refuse catégoriquement à constater le moindre détail pouvant être qualifié 'd'ésotérique'.
A notre connaissance, donc sous toutes réserves, nous sommes en présence de la seule église de l'Ordre du Temple à contenir, encore, toute sa décoration picturale d'origine en état d'être 'lue'. Remarquons que d'autres lieux contiennent des vestiges de l'art templier remarquables… quoique de moindre superficie et richesse, ces sites passent eux aussi dans un flou discret, prudent, puis peu à peu n'apparaissent même plus dans les nouveaux ouvrages… on est plus tranquille ainsi! Concernant Montsaunès ce privilège rare permet au visiteur attentif de faire un constat écrasant de logique : si les scènes sont, c'est évident, dans leur ensemble tournées vers un symbolisme spirituel, elles le sont d'une façon extrêmement inhabituelle.
Monsieur Laurent Daillez, grand pourfendeur d'ésotérisme templier contourne pudiquement ce site et reste d'un laconisme léger sur le sujet… D'autres auteurs, de la même eau, ignorent totalement le site… là au moins pas de risques de commettre d'erreurs! En échange, il faut aussi reconnaître que trop souvent ce genre de mémoire est galvaudée et sujet à des élucubrations d'une loufoquerie phénoménale. Admettons bien qu'alors il vaut mieux se taire que de raconter des sottises… Si l'on veut trouver une littérature conséquente et descriptive tangible, sur de tels thèmes, il reste heureusement les thèses historiques de maîtrises, de doctorats de ceux… qui plus tard dénigreront le constat d'évidence. Il reste alors les discrets et très locaux organes de liaison de sociétés savantes régionales, dans lesquelles les érudits locaux font état, modestement et sans prétention, de ce qu'ils jugent élémentaire de mémoriser pour un demain de plus en plus hypothétique!
En regardant la voûte de l'édifice, la vue ne peut tout retenir tant le décor est varié précis et surprenant. Sur fond blanc de voûte étoilée se dessinent des symboles chers à l'Ordre: frises de motifs à damiers, séries de rouelles et rosaces à conjugaisons géométriques multiples, d'étranges fleurs de lys, représentations solaire et lunaire.
Dans la première travée (entrée principale), l'axe de voûte est orné d'une succession géométrique insolite. Dans le sens d'entrée : une barre horizontale ferme le haut d'une sorte de voûte 'appareillée' de 13 'pavés' blancs dont 3 incomplets, l'arc s'achève en 2 'pavés' noirs appuyant sur 2 colonnes (1 de part et d'autre) composées pour une de 12 'pierres', et l'autre de 9 'pierres'. Ces colonnes reposent sur 2 petites figures géométriques à 5 côtés contenant chacun une volute équilibrée. Dans ce passage s'inscrit une longue croix (entre croix pattée et de Malte) 'fichée' sur une rouelle à 6 branches entourées de 9 triangles. Cette dernière figure encadrée de 2 lances 'hautes' se trouve, comme les colonnes, sur une volute 'arabesque' à inversion régulière. Le tout se situe sur un triangle à la base duquel s'inscrit un svastika d'où partent 9 triangles montant à une ultime rouelle de 6 pétales séparant, en 2, une couronne répartie en 10 compartiments d'un côté, et 13 de l'autre. L'ensemble de cette lecture se fait dans le sens d'accès dans la nef, soit: le Temps (horizontale) couvrant ('tuilant') la voûte aux 2 colonnes (accès) où un chrisme patté droit (et non pendule de Salomon) s'épanoui, ou se protège. Ce dernier encadré des lances de l'Ordre s'appuie sur l'énéade circulaire (sans cesse renouvelée) issue d'une rosace blanche sur fond sombre (dualité), elle-même sur la pile de 9 triangles commençant sur un svastika (mouvement du monde) tournoyant du blanc au sombre… de l'ocre rouge sang. Dualité du 'Baucent', chiffres 9 allant du chiffre de l'exclusion (sortie) à celui de la fondation de l'ordre (entrée)… le tout dans un symbolisme solaire gyrant donc revivifier et générateur! Rien d'ésotérique dans cette représentation??? Notons que cet ensemble ne saurait avoir un but décoratif car assez peu harmonieux, équilibré ou à fonction cultuelle évidente à cet emplacement!
La seconde travée semble moins structurée que la précédente s'illustrant sur fond d'étoiles strictement ordonnées et alignées par des 'cordeaux soulignant la régulière (dans l'Espace cette fois) mise en place des étoiles… toutes à 8 branches!
Cette seconde partie est inscrite sur fond d'étoiles 'sans ordre', pourrions-nous dire. Cependant 3 colonnes, en longueur, encadrent ce 'chaos' apparent. Ces colonnes, en effet, s'illustrent de lignes d'étoiles au cordeau. A gauche un soleil irradiant, à droite une lune en petit quartier montant. Dans le désordre stellaire voûté s'alignent strictement 3 X 3 rouelles de diamètres identiques, et 3 autres finales à tracés différents. A gauche, encore, 8 rouelles toutes différentes s'alignent en long pour terminer sur une succession 'désorganisée' d'arcs de cercles… reliée à la rouelle de 8 rayons. A droite, pas de succession de rouelles. Une longue fleur de lys, une rosace de 6 et des étoiles. A l'extrémité, une étrange construction géométrique englobe 2 cercles dont il semble, par effet d'optique, qu'ils contiennent chacun une figure à 5 branches tournantes. En vérité, cette vision est formée de 7 branches seulement pour les 2 cercles. Observons que le 'chaos' étoilé de cette travée est constitué d'étoiles à 6 et 8 branches. A l'étude, le désordre apparaît parfaitement orchestré et non le fruit d'une folie fiévreuse ou du plus pur hasard : une sorte d'univers inconstruit dans lequel s'articulent des figures géométriques justement crées. Enfin, au bout de l'axe de la nef s'inscrit un grand triangle. Celui-ci est cloisonné intérieurement par 20 compartiments contenant tous des 'points' en progressions régulières: 18 d'une part, et 17 de l'autre. Cet ensemble, sur cette seconde travée, donne un aspect incohérent… comme l'œuvre d'un peintre déséquilibré, toujours aussi peu décoratif, artistique ou… religieux. Observons que l'ensemble des décors de la voûte ne comporte aucun élément religieux… sauf si on accepte une lecture symbolique et ésotérique de l'ensemble. En ce cas cette vision découlera d'un seul schéma strictement réservé à l'usage de l'Ordre du Temple.
De cette 'horizontale' cintrée sur le haut du volume de la nef, passons aux 'verticales que sont les murs. Le manque de place, ici, nous impose de résumer rapidement le tympan verticale séparant la nef du chœur. Trois ouvertures hautes donnent de la clarté au vaisseau de pierres. Dans les deux intervalles, des croix identiques à celle, au plafond, de la première travée. Sous l'horizontale des ouvertures, peu de décors à gauche sauf un visage rondelet auréolé ou chevelu. A droite, d'autres rouelles, rosaces, fleurs de lys ornent les cloisonnements. Nous retiendrons, toutefois, un empilage triangulaire de 7 traits (soit 6 espaces longilignes et 1 septième triangulaire à la base) se terminant à gauche par un pentacle droit lui-même ayant, à gauche, un empilage gigogne de 4 cercles.
A l'opposé, sur le mur tympan de l'entrée: A gauche du poche, en haut, 2 cloisonnements encadrent, en bas, une 'Jérusalem Céleste' avec 4 fleurs de lys 'plantée', au-dessus se trouve un chrisme encadré dans un 'tailloir' de triangles sombres. A droite de cette géométrie un rectangle subdivisé en 8 horizontaux et 5 verticaux, soit un nombre de 40 carrés tous tracés d'une diagonale. Dans ce rectangle carrelé en bas à gauche un carré de 3 comprend 9 carrés tracés des 2 diagonales. On pourrait trouver dans ce rectangle de carrés la déclinaison de la proportion idéale dite du 'carré doré', soit l'usage du célèbre nombre d'or… peu de chercheurs avanceront la thèse de ce qu'on appelle plus symboliquement le 'carré long'. Au-dessus de cette figure au trait, un centaure semble chasser avec un arc et des flèches (une engagée, trois autres en attente). Devant lui, un chien l'accompagne. Les deux poursuivent une sorte de cervidé peint de l'autre côté de la grande rosace de lumière. L'ensemble de cette scène 'vivante' tranche avec la rigueur des décors tracés géométriquement jusqu'ici, exception faite de la face 'rondelette' côté chœur. Notons encore qu'hors mis les 2 chrismes, rien n'évoquent franchement un aspect religieux traditionnel et habituel. Plus bas, toujours sur le même mur de l'entrée, Adam et Eve sont près d'un arbre ou s'enroule le serpent…
Notons encore dans la 1ère arcade nord: un gigantesque 'damier' écrase un dragon crachant du feu. Au dessous une scène de la pesée des âmes… 2ème travée nord : un enchevêtrement de figures géométriques laissent distinguer un Christ en majesté, ou Dieu, entouré d'anges et de personnages. Au dessous une évocation de l'Enfer. A ce niveau les scènes deviennent à vocation religieuse.
Enfin, sur le bandeau de corniche, se déroule une série de niches peintes et garnies de grands personnages, des saints en l'occurrence, aussi des apôtres et des prophètes… dont, chose très rare, le prophète Balaam ! Maintenant observons un détails, sans doute, des plus insolites dans ces représentations picturale. En repartant du chœur vers la nef on distingue 4 fois 6 niches 'à personnages', toujours pour le côté nord. Les 2 premières séries de 6 contiennent toutes une représentation biblique. La 3ème série, sur 6 niche n'en a qu'une d'occupée. La 4ème est totalement vide de personnages… mais! A la 4ème niche on trouve… une créature sombre, plus petite, semblant courir (opposition aux personnages figés) tenant une sorte de lance dans sa main droite. De plus avant les restaurations de 'remise en état' on distinguait nettement qu'il tournait son visage en arrière et regardait vers le chœur. On observait encore qu'il avait 'fiché' dans la tête, une sorte de coin triangulaire et jaunâtre… Depuis les magistrales restaurations tous les détails sont d'un gris sombre uniforme. Ce petit personnage se situe sur le dragon écrasé et le 'jugement des âmes'.
Nous pourrions en rester à ce stade déjà suffisant. Pourtant nous irons encore un peu plus loin. L'église de Montsaunès détenait ce qu'il y a lieu d'appeler une 'Porte des Morts'… D'autres détails sculpturaux extérieurs, et intérieurs, bien spécifiques à une vision 'religieuse', 'philosophique', 'spirituelle' hors du commun et propre à l'Ordre du Temple. Nous y reviendrons certainement plus tard, et actuellement un travail de 'catalogue ' est pratiquement achevé. La commanderie de Montsaunès était une partie seulement d'un ensemble local bien plus important, c'est un aspect qui échappe trop souvent aux chercheurs et visiteurs…
Sources France secret.
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