mercredi 25 septembre 2013

Godefroy de Bouillon.

Godefroy de Bouillon

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Godefroy de Bouillon
Godefroy de Bouillon, illustration de 1882
Godefroy de Bouillon, illustration de 1882
Titre
Duc de Basse-Lotharingie
1089 – 1096
PrédécesseurConrad de Basse-Lotharingie
SuccesseurHenri Ier de Limbourg
Avoué du Saint-Sépulcre
1099 – 1100
PrédécesseurIftikhâr al-Dawla
gouverneur fatimide de Jérusalem
SuccesseurBaudouin Ier de Jérusalem
roi de Jérusalem
Biographie
Date de naissancevers 1058
Lieu de naissanceBaisy-Thy (Belgique, Brabant-Wallon) ou Boulogne-sur-mer
Date de décès18 juillet 1100
Lieu de décèsJérusalem
PèreEustache II de Boulogne
MèreIde d'Ardenne

Godefroy de Bouillon
Château de la Manta (ConiPiémont), frescos de la salle du trone: Godefroy de Bouillon en tenue de Héraut
Godefroy de Bouillon, né vers 1058 peut-être à Boulogne-sur-Mer en Franceet mort le 18 juillet 1100 à Jérusalem, est un chevalier franc. Premier souverain du royaume de Jérusalem au terme de la première croisade, il refuse le titre de roi pour celui, plus humble, d'avoué du Saint-Sépulcre.

Premières années[modifier | modifier le code]

Fils de sainte Ide d'Ardenne, héritier des ducs de Basse-Lotharingie et d'Eustache IIcomte de Boulogne, du royaume de France, Godefroy de Bouillon est un descendant de Charlemagne et, comme son illustre ancêtre, un personnage de légende. Il est, dès le Moyen Âge, considéré comme un héros, faisant partie des Neuf Preux.
On ne connaît pas avec certitude le lieu de naissance de Godefroy de Bouillon ; les thèses hésitent entre Boulogne-sur-Mer en France et Baisy en Belgique1. Son éducation de chevalier est assurée par son oncle Godefroy III le Bossu à Bouillon. À la mort de ce dernier, il hérite de ses titres. Toutefois, si l'empereur d'Allemagne lui concède le marquisat d’Anvers (1076), il lui interdit, en tant que roi de Germanie, le titre de duc de Basse-Lotharingiecomme le souhaitait son oncle dans son testament. Godefroy se range néanmoins fidèlement au côté d'Henri IV dans la Lutte d'Investiture qui oppose l'empereur germanique et le pape Grégoire VII, et entre dans Rome les armes à la main. Pour le récompenser de ses fidèles et loyaux services, l'empereur germanique le reconnaît finalement duc de Basse-Lotharingievraisemblablement en 1087.
Il règne donc désormais sur un duché s'étendant entre la France et le Rhin, qui couvre le Brabant, le Hainaut, le Limbourg, le Namurois, le Luxembourg et une partie de la Flandre. Mais étant tombé gravement malade peu après cette expédition sur Rome, il fait vœu, pour réparer ses torts, d'aller défendre lesChrétiens en Orient.

La Première Croisade[modifier | modifier le code]

Godefroy et les barons reçus par l'empereur Alexis Comnène
En 1095, le nouveau pape Urbain II appelle à la croisade pour libérer Jérusalem et venir à l'aide de l'Empire byzantin qui est l'objet d'attaques musulmanes. Godefroy de Bouillon est l'un des premiers à répondre à cet appel et devient l'un des principaux chefs de la première croisade. Pour financer son départ, il vend le château de Bouillon à Otbertprince-évêque de Liège et celui deStenay au prince-évêque de Verdun. Le départ a lieu le 15 août 1096, accompagné d'une suite nombreuse. Godefroy est rejoint par ses frères Eustache et Baudouin. Ceux-ci ne sont pas les seuls nobles a s'engager. Raymond IV de Toulouse, également connu sous le nom de Raymond de Saint-Gilles, a créé la plus grande armée. À l'âge de 55 ans, Raymond est aussi le plus ancien et peut-être le plus connu des seigneurs croisés. En raison de son âge et de sa renommée, Raymond est le chef de la croisade.Adhémar de Monteil, évêque du Puy et légat du pape, voyage avec lui. Il y a aussi l'ardent Bohémond de Tarente, un chevalier normand qui a formé un petit royaume dans le sud de l'Italie, et un quatrième groupe conduit par Robert II de Flandre.
Chacune de ces armées voyage séparément, certains vont au sud-est, à travers l'Europe et la Hongrie et d'autres traversent la mer Adriatique de l'Italie méridionale. Godefroy, et ses frères, seraient partis le 15 août 10962
L'armée passe par RatisbonneVienneBelgrade et Sofia, le long de la route Charlemagne, comme Urbain II semble l'avoir appelée (selon le chroniqueur Robert le Moine). Après quelques difficultés en Hongrie, ils arrivent à Constantinople, capitale de l'Empire byzantin, en novembre. Le pape a, en fait, appelé à la croisade afin d'aider l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène à combattre les Turcs musulmans qui ont envahi ses terres d'Asie centrale et de Perse. l'Armée de Godefroy arrive la deuxième, après celle d'Hugues Ier de Vermandois. Les autres armées croisées arrivent les mois suivants. Si bien que l'empereur byzantin se retrouve avec une armée d'environ 4 000 à 8 000 chevaliers et 25 000 à 55 000 fantassins qui campent devant sa porte.
L'empereur byzantin voudrait que les Croisés l'aident à reconquérir les terres dont se sont emparés les Turcs Seldjoukides. Les Croisés ont pour objectif principal de libérer la Terre Sainte des musulmans et d'y établir une domination chrétienne. Pour eux, le problème d'Alexis Ier n'est qu'un contretemps. Au fur et à mesure de leur arrivée, l'empereur byzantin demande aux Croisés de lui prêter serment de loyauté, Godefroy et ses chevaliers conviennent d'une version allégée de ce serment, et promettent seulement de l'aider à retrouver ses territoires perdus. Au printemps 1097 les croisés sont prêts à engager la bataille, après avoir longuement négocié avec l'empereur la traversée du Bosphore. Ils pénètrent en Asie, pour reconquérir Nicée occupée par les Turcs depuis 1085. Pour parvenir jusque là, Godefroy de Bouillon fait élargir la route reliant Nicomédie à Nicée et l’empereur Alexis Ier Comnène s’engage à assurer un ravitaillement régulier. Après une étape à Nicomédie du 1er au 3 mai 1097, le 4 mai les croisés s'avancent vers Nicée. La ville est atteinte le 6 mai. Godefroy s'installe au nord, Bohémond de Tarente à l'est, et Raymond de Saint-Gilles, arrivé le 16 mai, au sud. Le siège de Nicée peut commencer. Cependant, lorsque la ville est sur le point d'être prise, les Turcs font le choix de se rendre aux Byzantins et les croisés sont surpris, sinon déçus, de découvrir le 26 juin le drapeau byzantin flottant sur la ville qu'ils s'apprêtaient à attaquer.
Les croisés reprennent leur route vers la Terre Sainte. De son côté Kılıç Arslan Iersultan de Roum, bat le rappel des Turcsseldjoukides et attaque par surprise les croisés à la bataille de Dorylée, le 1er juillet 1097. La victoire des croisés leur ouvre la voie de l'Anatolie. L’armée progresse difficilement, endurant la faim et la soif, perdant ses chevaux en grand nombre et rendant les guides grecs responsables de ses maux. Vainqueurs des Danichmendides et de l’émir de Cappadoce à Héraclée, les croisés traversent leTaurus et sont accueillis favorablement en Cilicie par les Arméniens installés là depuis le milieu du xie siècle.
Les dirigeants de la première croisade : Godefroy de Bouillon, Bohémond de Tarente, Raymond IV de Toulouse et Tancrède de Hauteville
Les Croisés atteignent l'Oronte le 20 octobre 1097. Godefroy de Bouillon, Bohémond de Tarenteet Raymond IV de Toulouse, ne sont pas d'accord sur ce qu'il convient de faire pour s'emparer d'Antioche. Raymond voudrait lancer l'assaut, tandis que Godefroy et Bohémond préfèrent assiéger la ville. Bohémond s'installe au nord-est, face à la Porte Saint Paul. À l'ouest, Raymond place son camp face à la Porte du Chien, et Godefroy face à la Porte du Duc. Au sud, se trouvent les Tours des Deux Sœurs, et plus loin sur les hauteurs, se dressent la citadelle et la Porte de Fer. Au nord-ouest la Porte Saint-Georges n'est pas bloquée par les croisés, et continue d'être utilisée pour ravitailler la ville3. Le siège d'Antioche s'éternise et en décembre Godefroy tombe malade. Les approvisionnements diminuent à l'approche de l'hiver. À cause du manque de nourriture, un homme sur sept et environ 700 chevaux périssent. Des chevaliers et des soldats commencent à déserter. La situation est si désespérée qu'Alexis Ier ne juge pas utile d'envoyer renforts et ravitaillement.
Quand les Croisés finissent par prendre la ville, ils se considèrent déliés de leur serment envers l'empereur. Bohémond, parmi les premiers à entrer dans la ville, refuse de la lui restituer. Cela crée des tensions entre lui et Raymond de Toulouse qui est resté fidèle à sa parole. Durant l’été, tandis qu’une épidémie sévit à Antioche et emporte le légat Adhémar de Monteil, les croisés se répandent dans les régions voisines, s’emparent au sud de Lattaquié et de Ma`arrat, ou consolident leurs positions en Cilicie. Les tergiversations du conseil des barons au sujet d’Antioche et du commandement irritent le reste de l’armée, qui détruit les fortifications de Ma`arrat, conquise par Raymond de Toulouse pour le forcer au départ. Fatigué de ces querelles Godefroy se retire chez son frèreBaudouin à Édesse. Durant le mois de mars Thoros d'Édesse a demandé l'aide des croisés pour faire face aux attaques turques. Baudouin qui s'est porté à son secours s'est peu à peu imposé dans la ville. Menaçant de repartir, il a obligé Thoros à l’adopter comme successeur. Lorsque le 9 mars 1098, Thoros a trouvé la mort au cours d’une émeute, Baudouin est devenu comte d’Édesse.
Godefroy dans son château roulant à l'assaut de Jérusalem
L’armée croisée reprend la route de Jérusalem le 13 janvier 1099, remontant la vallée de l’Oronte, sans être inquiétée par les émirs arabes de la région. Rejoignant la côte, elle s’empare de Tortose et de Maraclée. Sous la pression de ses soldats, Raymond de Toulouse doit abandonner le siège d’Arqa dont il comptait faire le centre de ses futures possessions. Suivant la côte jusqu’à Jaffa, les croisés entrent à Bethléem le 6 juin et mettent le siège devant Jérusalem le lendemain. Des échelles en bois pour grimper sur les murs sont construites. Une expédition en Samarie et l’arrivée d’une flotte génoise à Jaffa fournissent le matériel nécessaire à la construction de machines de siège.

Le royaume de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Après un assaut difficile de deux jours, la ville est prise le 15 juillet 1099. Godefroy est au premier rang des assaillants (les deux premiers sont Letold et Gilbert de Tournai, puis viennent Godefroy et son frère Eustache). La couronne de roi de Jérusalem lui est proposée après la prise de la ville, mais il la refuse, arguant qu'il ne peut porter de couronne d'or là où Jésus Christ a dû porter une couronne d'épines. Il accepte le titre d'Avoué du Saint-Sépulcre et se contente de la charge de baron.
Statue en bronze de Godefroy de Bouillon à Innsbruck
Ce choix signifie qu'il considère la Terre Sainte, et Jérusalem avant tout, comme la propriété du Christ et donc, par extension, du Saint-Siège. Il se positionne ainsi en serviteur, en défenseur de l'Église. Il est nominalement seigneur du Saint-Sépulcre tout en se maintenant sous l'autorité ecclésiastique. Son titre lui confère les responsabilités suivantes : il doit d'abord avec ses vassaux garder Jérusalem et le tombeau du Christ, puis distribuer des terres aux chevaliers, conquérir et pacifier les villes aux alentours, rendre la justice et pérenniser l'économie locale. Godefroy donne à ses nouveaux États un code de lois sages, connu sous le nom d'Assises de Jérusalem. Il doit compter avec l'opposition de Daimbert de Pise, le patriarche de Jérusalem qui désire faire du Royaume de Jérusalem une théocratie avec le Pape à sa tête représenté par le patriarche. Daimbert s'est allié avec Tancrède de Hauteville.
Vingt jours après la prise de Jérusalem par les croisés, l’armée d’Al-Afdhal, vizir fatimide d'Égypte, forte de 30 000 hommes, atteint la Palestine. Le vizir hésite à attaquer la Ville sainte, et prend position près d’Ascalon. Il envoie des émissaires à Godefroy de Bouillon, lui proposant un arrangement s’il quitte la Palestine. Pour toute réponse, les Croisés, marchent sur Ascalon et le12 août 1099 repoussent l’armée égyptienne, faisant 10 000 victimes.

Mort[modifier | modifier le code]

Godefroy décède le 18 juillet 1100 en revenant d'une expédition contre le sultan de Damas, vaincu devant Ascalon ; on soupçonne qu'il ait été empoisonné après avoir mangé une pomme de cèdre que lui a offerte l'émir de Césarée. Apprenant la nouvelle, Baudouinabandonne Édesse et rentre à Jérusalem où il se fait couronner roi de Jérusalem le 25 décembre.
Albert d'Aix, chroniqueur français, reconstitua vers 1100-1110 l'histoire et les hauts faits du duc. Guillaume de Tyr contribua auxiie siècle à la légende de Godefroy de Bouillon dans son ouvrage intitulé l'Histoire d'Eraclès. On raconte de lui des exploits extraordinaires, et généralement fabuleux ; il joint au courage la prudence, la modération et la piété la plus vive. Le seigneur de Bouillon devient le chevalier au cygne que l'on retrouve dans LohengrinLe Tasse le choisit pour le héros de son poème. Sa statue équestre orne la place Royale de Bruxelles.
Mort de Godefroy de Bouillon (Salles des Croisades, à Versailles) (1839-1842)
Albert d'Aix écrit ceci peu après 1100 à propos de Godefroy de Bouillon lors de la prise de Jérusalem en juin 1099 :
« tandis que tout le peuple chrétien […] faisait un affreux ravage des Sarrasins, le duc Godefroy, s'abstenant de tout massacre, […] dépouilla sa cuirasse et, s'enveloppant d'un vêtement de laine, sortit pieds nus hors des murailles et, suivant l'enceinte extérieure de la ville en toute humilité, rentrant ensuite par la porte qui fait face à la montagne des Oliviers, il alla se présenter devant le sépulcre de notre seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu vivant, versant des larmes, prononçant des prières, chantant des louanges de Dieu et lui rendant grâces pour avoir été jugé digne de voir ce qu'il avait toujours si ardemment désiré. »
On peut également vanter la simplicité de Godefroy. Durant le siège d'Arsouf, les cheiks arabes vinrent déposer des offrandes auprès de Godefroy, et le trouvent assis à même le sol dans sa tente, non pas entouré de soieries mais accroupi sur de la paille. Les cheiks s'émerveillent alors de la modestie du plus grand des princes francs. Godefroy, mis au courant de leurs commentaires, leur répond que « l'homme doit se souvenir qu'il n'est que poussière et qu'il retournera en poussière. »
Les chroniqueurs de l'époque contribuent également à établir le mythe guerrier du grand seigneur de Brabant. Sa force prodigieuse fut par exemple mise à l'épreuve par les cheiks, ceux-ci le mettant au défi de trancher d'un seul coup la tête d'un chameau au collet. Godefroy s'exécuta et la tête roula à terre. De même, aimant la chasse et les défis, il manquera en Cilicie de se faire tuer par un ours énorme qu'il affronta corps à corps. Enfin, lors du siège d'Antioche, Godefroy est resté célèbre pour avoir tranché en deux, et cela d'un seul coup d'épée, un ennemi par la taille. « Le buste tomba à terre, tandis que le bassin et les jambes restaient accrochés au cheval qui s'éloignait au galop. »

Godefroy de Bouillon, mythe national[modifier | modifier le code]

Belgique[modifier | modifier le code]

Statue de Godefroy de Bouillon sur laPlace Royale à Bruxelles. Contrairement à ce qui est indiqué sur le socle de la statue, le lieu de naissance de Godefroy n'est probablement pas Baisy.
En 1830, la Belgique se cherchait ardemment des racines, c’est ainsi que l’État nouvellement créé fut saisi par la frénésie d’exalter « ses » gloires passées4. Ainsi, les historiens belges du xixe siècle vont s’approprier, au même titre notamment qu'Ambiorix, Godefroy de Bouillon (né à Boulogne-sur-Mer5) en exaltant sa naissance improbable5 àBaisy, village qui se situe actuellement dans le Brabant belge.
Les hagiographes belges vont glorifier ce supposé « ancêtre » pour ses qualités martiales et sa foi envers Dieu ; mais aussi parce que, né aux confins des mondes latin et germanique, il préfigurait la « civilisation belge »6 supposée être un mélange équilibré entre l’âme latine et les qualités germaniques propres au peuple belge7. Godefroy devint le modèle idéal du Belge pieux et brave8.
Il s’agissait alors pour les historiographes du Royaume, de faire croire aux citoyens belges que leur peuple était à l’œuvre depuis l’aube de l’humanité et qu’une nation belge existait en germe à l’époque de Godefroy. Cette vision tronquée de l’Histoire laissera des séquelles jusqu’au xxe siècle et parfois jusqu’au xxie siècle9.
Cette phrase de Jo Gérard, datant de 1988, est un exemple contemporain de cette récupération nationaliste du passé : « D’avoir vécu en commun l’aventure des croisades, d’avoir vu mourir Godefroy de Bouillon et leur comte Philippe au pays des infidèles, les Belges ont puisé dans cet événement grandiose une nouvelle unité de sentiment, d’aspiration et de foi10. »
Considéré comme un modèle « bilingue » pour la Belgique unitaire, il fut plus tard récupéré par le rexisme qui désirait produire un parallèle entre Godefroy et Léon Degrelle ; car tous deux, poussés par un idéal de « civilisation », partaient en guerre vers l’Orient avec des troupes hétéroclites composées de guerriers venus de tous les pays d’Europe (les croisés dans un cas, les S.S. dans l’autre)11.

France[modifier | modifier le code]

La blessure de Godefroy de Bouillon, cloître Saint-Trophime, Arles
En France, un écrivain tel que François-René de Chateaubriand écrivait dans ses Carnets de voyage, après avoir été nommé chevalier du Saint-Sépulcre :
« Cette cérémonie ne pouvait être tout à fait vaine, j'étais Français, Godefroid était Français ; ses vieilles armes en me touchant, m'avaient communiqué un nouvel amour pour la gloire et l'honneur de ma patrie12. »
Dans le cloître Saint-Trophime de l'ancienne cathédrale d'Arles sont exposés sept tapisseries de la fin du xviie siècle dont trois représentent Godefroy de Bouillon.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Voir page de discussion.
  2.  Cette date ne peut cependant être celle de son départ de Bouillon, puisque certains de ses accompagnateurs partirent ce jour-là avec lui de l'Abbaye d'Avelin (Abbé A. J. Namèche, Cours d'Histoire nationalep. 39), à savoir dans l'ordre de cette source « Anselme de Ribemont, Bouchard châtelain de Valenciennes, Gérard seigneur d'Avesnes, qui se firent un renom en Orient, et un grand nombre d'autres seigneurs du Hainaut. La tradition nous a conservé les noms de Gilles de Chin, Gillion de Trazegnies, Baudouin d'Havré, Charles de Jeumont, Bernard de Ligne, Anselme ou Ansiau d'Enghien, Gilbert d'Antoing, Antoine de la Hamaïde, Guillaume de Floyon, Evrard de Bossu, Jean de Gavre, Gérard de Chimai, Pierre de Condé, Charles de Robersart, Gérard de Roisin, Galifer de Lalain, Porus de Werchin et Eustache de Berlaimont. »
  3.  Grousset 1934p. 140-2.
  4.  Anne MorelliLes grands mythes de l’histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie, Evo-histoire, 1995, Bruxelles, p.50.
  5. ↑ a et b Anne Morelli, op. cit.p. 49.
  6.  Henri Pirenne, La nation belge, Gand, 1900, pp. 8-9.
  7.  Anne Morelli, op. cit.p. 35.
  8.  Anne Morelli, op. cit.p. 52.
  9.  Anne Morelli, op. cit.p. 23 et p. 52.
  10.  Jo Gérard, oui la Belgique existe, je l’ai rencontrée, Bruxelles, 1988,pp. 17-18
  11.  175 ans de la Belgique vus par Anne Morelli (ULB) [archive]
  12.  Cité dans Marie-Josèphe Daxhelet, Sacré Godefroy de Bouillon, Didier Hatier, Bruxelles, 1992.

Source partielle[modifier | modifier le code]

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The templars.


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Godefroy de Bouillon


Sources : Julien De Saeger


Statue de Godefroy de Bouillon Premier souverain du royaume de jérusalem (Bruxelles)

mardi 24 septembre 2013

The templars.

Templier Veritas
Le Templier est loup. Le loup solitaire n’est pas un tueur. Il ne se nourrit que pour apaiser sa faim. Il n’attaque pas ses semblables. Le loup solitaire fuit la société des siens, car il en connaît la bêtise et la férocité. Il fuit les prêtres et les pasteurs, et méprise les troupeaux qui les suivent, bêlants et béats, un sourire haineux sur les lèvres. Il entend, au loin, les aboyeurs à théories et à programmes, acclamés par des foules sans tête, des plèbes sans visage, prêtes à brûler un jour ce qu’elles ont adoré un autre, et se tourne d’un autre côté. Le loup solitaire n’aime pas les chiens qui montrent les dents ou se couchent au signal, pantins pavloviens qui n’ont pas même la fierté de ne pas quémander leur pain, qui n’ont pas même la dignité de remercier celui qui le leur donne. Le loup solitaire n’ignore pas ses faiblesses, mais il ne compte que sur ses forces.
Sans mépriser l’adversité, il n’en exagère pas le poids : il sait qu’aucun destin ne l’appelle et que l’histoire n’a pas plus d’envers que d’endroit. Le loup solitaire n’a pas besoin de bible, de coran, de missel ou de manifeste. Il méprise les mots d’ordre, les arguments, les prêches – tous ces crachats souillant la gratuité du monde. Le loup solitaire a de l’amitié pour lui-même, il ne s’adore pas. Il n’est au centre de rien, pas même de lui-même. Le loup solitaire ne connaît pas la foi ni le ressentiment. Il sait que le bien n’est pas séparé du mal, ni l’amour de la haine. Il se méfie des professeurs de vertu, des verseuses de bons sentiments et des éducateurs du peuple. Il croit que deux et deux font quatre, et que quatre et quatre font huit. Le vide des espaces infinis ne l’effraie pas. Il aime le sommeil et la veille, le jour et la nuit, le poème du temps, l’immobilité de la vie qui passe. Le sang baignant son âme est son vrai nom. Il garde le cœur ouvert et sage... -- http://www.avaaz.org/fr/petition/Interdire_les_tirs_contre_les_loups_en_France/?fbdm

lundi 23 septembre 2013

Le maître des Flandres.

LE MAÎTRE DE FLANDRE ( 2 ) - Texte de Rudy Cambier
Suite du feuilleton annoncé du texte inédit de Rudy Cambier. Nous remercions de tout coeur l'auteur de nous confier son texte.

" Tout à coup, sans la moindre raison raisonnable, Arnold me demanda : "Et Nostradamus, qu'est-ce que tu en penses ?" Ce à quoi je répondis sans méditer : "C'est de la merde". Et nous parlâmes d'autre chose.

Cette question existentielle de haute volée et la réponse puissamment philosophique n'étaient même pas un coq-à-l'âne avec retour de l'âne au coq : ça n'avait ni queue, ni tête, ni sens, ni cause, ni mobile, ni excuse. Près de vingt ans après les faits, Arnold ne comprend toujours pas pourquoi il a sorti impromptu cette phrase-là à ce moment-là, et de mon côté, je suis totalement incapable de trouver un semblant de motif pour m'en être souvenu. Même le mot "Nostradamus" ne revint pas de si tôt dans nos conversations.

Ce qui aurait dû finir dans le néant qui digère nos incohérences quotidiennes déboucha en finale sur un coup de théâtre. Car, des semaines plus tard, en route pour aller chercher des lames de rabot au Brico régional, alors que je pilotais pépèrement le brave vieux clou qui me sert de voiture, je me dis brusquement et sans la moindre raison : "Pourquoi ai-je répondu ça à Arnold ? Je ne sais rien de Nostradamus. Ce dont je suis sûr, c'est d'avoir eu en main, chez deux ou trois bouquinistes, l'un ou l'autre machin dont le titre contenait le mot "Nostradamus", d'avoir ouvert la chose, d'avoir saisi une feuille dans la préface, d'avoir abandonné au bout d'une demi-page en concluant : "C'est mal écrit et l'auteur est un prétentieux crétin." Ayant songé cela sur fond sonore de moteur ronronnant, dans l'instant mon esprit l'oublia et passa à une autre songerie, autre chose de bien plus intéressant, sans doute la tache d'un champ de phacélies, ou deux vaches dans un pré, ou la couleur de la robe d'un cheval, ou le vol d'un oiseau, ou le port d'un arbre tortu.

Et voilà que plus tard, des semaines sans doute, je ne sais plus ni où ni quand, le fantasme revint rôder : "Pourquoi diable ai-je répondu ça à Arnold ? Je n'ai jamais lu les prophéties de Nostradamus". Et l'idée s'évanouit tout aussi vite. Le printemps s'alluma puis passa, l'été trépassa, l'automne s'installa, toutes saisons ponctuées par la surrection périodique de cette futilité qui affleurait sans règle ni régularité.

Et un jour de novembre, je décidai que c'en était assez. J'allais lire ces fameuses prophéties de Nostradamus. Vu qu'Arnold avait mis l'affaire sur le tapis, j'en conclus qu'il devait posséder les Prophéties, je téléphonai, tombai sur Mireille, sa femme, à qui je fis ma demande :
— Est-ce que tu pourrais me prêter ton bouquin des prophéties de Nostradamus ?
— Quel bouquin ? Nostradamus ? Je n'ai jamais vu ça chez nous. Attends, je demande à Arnold.
Un temps, puis :
— Non, on n'a jamais eu ça.

J'aurais dû m'en douter vu que le gars n'est pas à classer dans les évaporés permanents ou les acharnés de la fantaisie : directeur-adjoint d’un ministère de la Région wallonne au Royaume de Belgique, il était en charge de la sécurité des aérodromes et aéroports wallons.

En ce qui me concerne, si je ne suis pas un dépensier frimeur je n'ai pourtant rien d'un harpagon, mais acheter un de ces machins prophétiques au prix fort, pas question ! Je me serais même encore senti floué en déposant une aumône d'un quart d'euro dans la caisse d'un bouquiniste en échange de prophéties. Je décidai donc d'aller tenter ma chance à la bibliothèque d'Ath où l'emprunt, en ce temps-là, était gratuit. Gérard Demartin, un ami du temps de l’école, officiait derrière le comptoir. Il me dénicha dans la cave l'œuvre d'un certain Pichon, un livre qui s'appelait Nostradamus en clair. C'est ainsi que, refusant de débourser un quart d'euro pour faire mon achat, je dépensai trois euros d'essence pour ne pas avoir à payer un bouquin qui
m'aurait coûté le douzième de cette somme-là. Bah, les principes aussi ont leur prix !
Je rentrai dans mon Pays des Collines à mon train, celui d’un sénateur à la retraite, musant et musardant, réjoui par avance de la certitude que, sous peu, je saurais tout ce qu'il faut savoir sur Nostradamus, avec en prime la garantie de tout comprendre vu le titre du bouquin..."
( à suivre... )
1

Nostradamus, prophète ou chroniqueur ?



Quel est le véritable sens des centuries ?

NOSTRADAMUS, PROPHETE OU CHRONIQUEUR,

C’est ce qu’affirment aujourd’hui de nombreux interprètes de ses textes.
Quel est le sens véritable de ses textes ? Récemment l’historien Roger Prévost a décrypté le sens véritable de plus de 300 quatrains, parmi lesquels celui qui annonçait la mort d’Henri II. Roger Prévost y voit une allusion à la bataille de Byzance, rendue possible par l’alliance de deux escadres, ou « classes ». La bataille avait opposé deux empereurs dont le vaincu devait avoir les yeux crevés. La scène se serait déroulée au palais de Topkapi où, se trouve la « cage d’or ». Une révélation de taille.
Les quatrains seraient donc, non pas des prédictions, mais des chroniques d’événements révolus !
C’est ce même travail de décryptage qu’a fait Rudy Cambier, auteur et philologue, spécialiste du moyen âge. Rudy Cambier a fait une découverte plus surprenante encore. Le véritable auteur des centuries serait Yves de Lessines, prieur de l’Abbaye cistercienne, de Cambron en Hainaut, au début du 14e siècle. Plus étonnant encore, les centuries auraient été écrites au 14e siècle et non pas au 16e siècle. Il se trouve que Nostradamus ait fait quelques séjours à l’abbaye de Cambron. Mais peut-être le fait le plus surprenant, les centuries font état d’un trésor caché, par les templiers en 1308, dans un champ de Wodecq en province de Hainaut, au lieu dit « Blanc Scourset » et à proximité d’une ancienne chaussée Brunehaut….
Autre découverte de Rudy Cambier, les centuries conduisent également aux « tables de la loi », elles sont gravées sur l’autel de l’église Saint-Martin à Moustier, à une dizaine de kilomètres de Wodecq. Ces tables comporteraient un cryptogramme indiquant l’endroit précis où, est enterré le trésor de Wodecq.
Un endroit précis dit « Croix-philosophale » semble être l’un des indices géographiques les plus intéressants révélés par les chercheurs.
Après accusation d’hérésie, de sodomie, de simonie et d’idolâtrie portée contre lui par le roi de France, l’ordre du temple aurait fait transporter 21 tonneaux en terre hennuyère, pour les enfuir en attendant des temps meilleurs.
On connaît la suite, l’ordre fut démantelé et les templiers qui ne tombèrent pas aux mains de Philippe le Bel fuirent au Portugal et en Ecosse et ne purent jamais revenir, ce qui laisse présumer de la présence encore actuellement de ce trésor à Wodecq.
Sources : France 2 Elodie Miolet (diffusion le 31 octobre dernier) ; Freddy Sosson et Charles Saint-André.
Annik Couppez Véronèse d’Olrac, auteur de La Gardienne de la 9e porte.

samedi 21 septembre 2013

Le mystère des momies celtes

- LE MYSTÈRE DES MOMIES CELTES DU XINJIANG -
Que font ces corps naturellement momifiés, de grands Indo-Européens, admirablement préservés malgré leurs 3 000 ou 4 000 ans d'âge (au temps des pharaons) et récemment découverts, dans une des régions les plus reculées du monde, le désert du Taklamakan, à l'ouest de la Chine ? Découvrez le mystère des momies blanches de Xinjiang... 

Les momies celtes du Xinjiang
La découverte de cadavres de type européen à des milliers de kilomètres de distance permet d’entrevoir l’existence d’un lien jusque-là inconnu entre l’Orient et l’Occident à l’âge du bronze.
L’homme a des cheveux d’un brun roux parsemés de gris, des pommettes saillantes, un long nez, des lèvres pleines et une barbe rousse. Quand il vivait, il y a 3 000 ans, il mesurait près de 2 mètres. Il a été enterré dans une tunique rouge croisée et des chausses à carreaux. On dirait un Européen de l’âge du bronze. En fait, il a tout d’un Celte – même son ADN le dit.
Mais il ne s’agit pas là d’un habitant primitif du centre de l’Ecosse. C’est le cadavre momifié de l’homme de Cherchen, découvert dans les étendues désolées du désert du Taklamakan, dans le Xinjiang, région inaccessible de l’ouest de la Chine. Il repose désormais dans un nouveau musée de la capitale provinciale d’Urumqi. Dans la langue que parlent les Ouïgours du Xinjiang, Taklamakan signifie : “on entre pour ne pas ressortir”.
Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que l’homme de Cherchen a été retrouvé – ainsi que les momies de trois femmes et d’un bébé – sur un site funéraire situé à des milliers de kilomètres à l’est des principales implantations celtiques, en France et dans les îles Britanniques. Les tests d’ADN confirment que, tout comme des centaines d’autres momies du bassin du Tarim, dans le Xinjiang, il est originaire d’Europe. Personne ne sait comment il est arrivé là, ni pourquoi, ni combien de temps les siens et lui y ont vécu. Mais, comme le laisse entendre le nom du désert, il n’en est jamais ressorti.
Carte de Xinjiang
L’une des femmes partageant sa tombe a des cheveux châtain clair qui donnent l’impression d’avoir été brossés et tressés hier à peine, pour ses funérailles. Son visage est orné de symboles peints, et sa magnifique robe funéraire rouge n’a rien perdu de son éclat au fil des trois millénaires durant lesquels cette grande femme aux traits fins a reposé sous le sable de la route de la soie.
Les corps sont nettement mieux conservés que les momies égyptiennes, et le spectacle des nourrissons a quelque chose de poignant. Le bébé a été enveloppé dans une somptueuse étoffe brune attachée par des cordelettes rouges et bleues, et on a placé une pierre bleue sur chaque œil. A ses côtés se trouvait un biberon doté d’une tétine fabriquée avec le pis d’une brebis. A partir de la momie, le musée a reconstitué l’aspect de l’homme de Cherchen et son mode de vie. Les ressemblances avec les Celtes de l’âge de bronze traditionnel sont frappantes. Les analyses ont par ailleurs montré que le tissage des étoffes était comparable à celui des vêtements portés par les mineurs de sel vivant en Autriche en 1300 av. J.-C.
Un peuple pacifique et égalitaire
À leur apogée, vers 300 av. J.-C., l’influence des Celtes s’étendait de l’Irlande au sud de l’Espagne, à l’ouest, ainsi qu’à la vallée du Pô, à la Pologne, à l’Ukraine et à la plaine centrale de Turquie, à l’est. Mais ces momies semblent suggérer que les Celtes avaient pénétré profondément en Asie centrale, atteignant les marches du Tibet. Les Celtes se sont installés peu à peu en Bretagne [la Grande-Bretagne actuelle] entre 500 et 100 av. J.-C. On ne peut pas à proprement parler d’invasion organisée : ils sont arrivés à des époques différentes, et sont considérés comme un groupe de peuples vaguement liés par une même langue, une même religion et une même culture. Ceux de Cherchen étaient apparemment pacifiques : les sépultures contenaient fort peu d’armes, et les indices qui attestent l’existence de castes sont rares. Avec ses 4 000 ans, la Beauté de Loulan est encore plus ancienne que les trouvailles de Cherchen. Elle a de longs cheveux blonds et fait partie d’une série de momies découvertes près de la ville de Loulan. L’une d’entre elles était la momie d’un enfant de 8 ans drapé dans une étoffe de laine à motifs, fermée par des boutons en os. Les traits de la Beauté de Loulan sont nordiques. Elle était âgée de 45 ans à sa mort, et a été enterrée avec un panier de vivres pour sa vie dans l’au-delà, panier qui contenait du blé, des peignes et une plume.
Au cours des vingt-cinq dernières années, le désert du Taklamakan a rendu des centaines de cadavres desséchés. Les découvertes effectuées dans le bassin du Tarim comptent parmi les plus importantes du quart de siècle écoulé. “A partir des alentours de 1800 av. J.-C., les plus anciennes momies du bassin du Tarim sont exclusivement caucasoïdes”, déclare le Pr Victor Mair, de l’université de Pennsylvanie, fasciné par ces momies depuis qu’il les a aperçues, en 1988, presque oubliées, dans l’arrière-salle de l’ancien musée. Le sujet l’obsède, et il n’a reculé devant rien, même pas les pires imbroglios politiques, pour en savoir toujours plus sur ces personnes remarquables.
Il explique que des immigrants d’Asie de l’Est sont arrivés dans les régions orientales du bassin du Tarim il y a à peu près 3 000 ans. Les Ouïgours, eux, sont arrivés après l’effondrement du royaume ouïgour d’Orkhon, situé en Mongolie actuelle, vers l’an 842.
Les momies blanches de Chine
Cette partie de l’antique route de la soie est l’une des contrées les plus désolées du monde. C’est l’endroit le plus éloigné de la mer de toute la planète, et la Chine l’a choisi pour y procéder à ses essais nucléaires. Des camps de travail y sont éparpillés un peu partout – qui oserait s’en évader ? Mais cet éloignement est une bénédiction pour les archéologues. Du fait de l’extrême sécheresse des sols alcalins, les corps ont échappé à la décomposition. Ils ont beau être là depuis des milliers d’années, la moindre fibre parfaitement conservée des vêtements a fait l’objet d’une politisation incessante.

En Chine, on affirme traditionnellement que, deux siècles avant la naissance du Christ, l’empereur Wu Di envoya un émissaire vers l’ouest afin d’établir une alliance contre les Huns, alors installés en Mongolie. La route qu’emprunta Zhang Qian, l’ambassadeur, à travers l’Asie devint plus tard la route de la soie. Des siècles plus tard, Marco Polo fit le chemin inverse et l’ouverture de la Chine commença. La seule idée que des Blancs aient pu s’installer dans une région de Chine des milliers d’années avant les premiers contacts de Wu Di avec l’Occident et les voyages de Marco Polo a des conséquences politiques considérables. Quant au fait que ces Européens auraient vécu dans la province rétive du Xinjiang des centaines d’années avant les Asiatiques de l’Est, c’est une hypothèse explosive.


Les momies regroupées sur des critères politiques

Ji Xianlin, historien chinois, dans sa préface au livre de l’archéologue Wang Binhua, Les Sépultures antiques du Xinjiang, traduit par Mair, affirme que la Chine “soutient et admire” les recherches effectuées par des spécialistes étrangers sur les momies. “Toutefois, en Chine même, un petit groupe de séparatistes ethniques ont profité de cette occasion pour fomenter des troubles et se comportent comme des bouffons. Certains se présentent comme les descendants de ces antiques ‘Blancs’ et n’ont d’autre but que de diviser la patrie. Mais ces actes pervers sont voués à l’échec.”

Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement n’ait que lentement fait part de ces découvertes historiques d’une grande importance, craignant d’attiser les courants séparatistes dans le Xinjiang. La Beauté de Loulan est ainsi revendiquée par les Ouïgours, qui ont fait d’elle leur figure emblématique, que célèbrent des chants et des portraits. Même si les tests génétiques démontrent désormais qu’en réalité elle était européenne.

Reconstitution du visage d'une momie blanche


En tout, on recense 400 momies à divers stades de dessèchement et de décomposition. A cela s’ajoutent des milliers de crânes. Les momies ont de quoi occuper les scientifiques pendant longtemps. Seules quelques-unes des mieux conservées sont présentées dans le nouveau et impressionnant musée du Xinjiang. Les travaux sur ce dernier avaient commencé en 1999, mais avaient été interrompus en 2002 à l’issue d’un scandale de corruption et de l’emprisonnement d’un ancien directeur, impliqué dans un trafic d’antiquités. L’institution a enfin ouvert ses portes pour le cinquantième anniversaire de l’annexion de la région par la Chine, et les momies sont présentées dans des vitrines de verre. On trouve dans la même salle des momies han [l’ethnie dominante en Chine], beaucoup plus récentes. Elles sont tout aussi intéressantes, mais ne font que susciter la confusion, puisque les momies se retrouvent ainsi regroupées. La decision est logique sur le plan politique.

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Auteur: Clifford Coonan, The Independent

Textes ajoutés par Sehrus
Dernière modification: Dimanche 9 Septembre 2007

mercredi 18 septembre 2013


Mourir en Orient.

Mourir en Orient...
Au Moyen Age, se pose le cas des chevaliers morts hors du Royaume.
L’art de l’embaumement a disparu, et lorsque l’on évoque que la dépouille d’un chevalier était « apportée », il faut entendre par cette expression que les ossements seuls étaient récupérés. Les corps étaient mis dans une chaudière et on les faisait bouillir jusqu’à ce que les chairs se fussent détachées des os.
Cet usage fut condamné en l’an 1300 par Boniface VIII qu’il qualifia de « détestable barbarie »...

mardi 17 septembre 2013

Le maître de Flandre.

LE MAÎTRE DE FLANDRE - Texte de Rudy Cambier
Nous vous proposons de retrouver régulièrement, en feuilleton, sur notre page facebook ce texte inédit:

Tout est arrivé par la faute d'Arnold et à cause d'une bouteille de vin à deux euros. À passé cinquante piges, Arnold s'en laissait encore conter sur la bibine. Enveloppé, emmélassé, ensucré par les astuces du négoce, il confondait l'art et le commerce, la valeur et le prix. Décidément, il fallait que ça change, et ça changea.
En ce début de la décennie 1990, nous ratiocinions donc sur le prix du vin. Petit à petit s'imposait le constat bien connu que les bouteilles de vin sont comme les femmes : les meilleures ne sont jamais celles dont parlent les gazettes et celles qui coûtent cher ne valent jamais leur prix. Je catéchisais le catéchumène du jus de la treille : "Le poids des deniers que coûte la bouteille de vin est proportionnel, non pas à la saveur du liquide qui glougloute dedans, mais à la profondeur de l'imbécillité du snob qui épate sa tablée. Dans le domaine du vin, comme en toute matière non vitale, les moutons de Panurge engrais-sent les spéculateurs. Prenons l'exemple de la clique qui vit du vin de luxe et, dans cette bande, tenons-nous-en aux propriétaires fonciers : supposons qu'on se mette à dire la vérité, supposons que le consom-mateur s'en réfère désormais au jugement du bon sens, imaginons que l'intelligence, soudain, commande. Dans la semaine qui suivra cette re-création du monde, quelques dizaines de milliardaires vont se re-trouver multi-multi-millionnaires, autrement dit, les très-très-très ri-ches du Bordelais et de la Champagne ne seront plus que très-très ri-ches. Quel malheur ! Oui, c'est le combat de la bonne gouvernance contre le racket des gros fermiers. Faut-il vraiment encore donner tant de subsides, c'est-à-dire l'argent des pauvres à des gaillards qui gagnent déjà 30, 40, 50, 100 fois, 1000 fois le SMIG ?" Ainsi devi-saient deux copains, Arnold Geernaert et Rudy Cambier, à Ransart, dans la banlieue de Charleroi en Belgique.
Dans la vie, tenir le bon discours est déjà bien, avoir la connaissance active est encore mieux, prôner le comportement adéquat est la voie du salut, poser l'action opportune devrait être la finalité universelle. Obéissant à nos propres préceptes, nous avions donc résolu de gravir le long chemin de la sanctification pinardière et, vu que l'expérience est la mère de l'intelligence et la source de la vraie science, nous expé-rimentions. Modestement, à deux, dans la cuisine d'Arnold. Des preu-ves existent et vous avez vu une photo qui m'incrimine, mais on s'est bien gardé de laisser à ma portée les documents prouvant la complicité – qui fut pourtant active, allègre et persévérante – de l'autre individu.
Ce samedi après-midi-là, nous tastevinions donc une bouteille pour travailleurs vendue en réclame par une moyenne surface du Pays Noir, un pur nectar qui ne pouvait pas se targuer d'un nom précieux et qui nous avait coûté 85 francs belges de l'époque, deux euros et la moitié d'une chique. Tout à coup, sans la moindre raison raisonnable, Arnold me demanda : "Et Nostradamus, qu'est-ce que tu en penses ?" ...
( à suivre... )
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