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mardi 4 décembre 2012
Carcassonne : sacrée ville ou ville sacrée ? (suite).
Carcassonne
Sacrée Ville ! ou Ville Sacrée ? (2ème partie)
Une église de Viollet-le-Duc et quelques surprises
Tête de Viollet-le-Duc au château comtal de Carcassonne (http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:La_cite_de_carcassonne_Figure_15.png)
Revenons encore quelques instants au pied de la Cité. A la place de l'ancienne barbacane située en dessous du château comtal, formidable dispositif militaire de l'époque, Viollet-le-Duc, d'habitude soucieux de préserver des témoins irremplaçables des arts et techniques médiévaux (et c'est incontestablement le cas de la Grande Barbacane de la Cité) a préféré édifier une des rares églises qu'il ait construites ex nihilo en France (il n'en a construit que 3 ! Saint-Denis l'Estrée à Saint-Denis - sur le Méridien de Paris -, Aillant-sur-Tholon dans l'Yonne, sur des terres de Sainte Colombe de Sens. et Saint Gimer, également sur le Méridien de Paris !). Cette église est dédiée à Saint Gimer, évêque populaire de Carcassonne au Moyen-âge (de 902 à 931) que l'on a déjà croisé plus haut. Elle a été consacrée le 22 juin 1859 par Mgr François de la Bouillerie sous les vocables de « L'Immaculée-Conception de la Sainte Vierge » et de « Saint Gimer ».
L'extérieur de l'édifice fait apparaître sept roses à six pétales éclairant la nef et le transept et un chevet à sept pans comme à Saint Nazaire et Saint Celse, à Saint Michel, et à Notre-Dame de l'Abbaye.
En restant à l'extérieur, nous remarquons un curieux « N » gravé sur un moellon de pierre d'un des piédroits situé à gauche de l'entrée.
Dessin de la Cité de Carcassonne
Dessin de la Cité "N" sur un piédroit
A l'intérieur, la plupart des éléments de décoration (autel, chaire, chapelles, grilles et même les supports de bougies !) ont été dessinés par Viollet-le-Duc.
Eglise Saint Gimer
Intérieur de Saint Gimer
Une dernière surprise nous attend à l'intérieur. En effet, l'édifice recèle un bas-relief servant de monument aux morts qui sort tout droit de la maison Giscard de Toulouse ! et qui présente les mêmes caractéristiques que ceux déjà étudié par Gérard de Sède (Couiza) et André Douzet (Tarentaise dans le Pilat et l'église d'Armissan) ! Voir les pages attentivement : http://www.societe-perillos.com/bs_lyon2.html
http://www.societe-perillos.com/bs_lyon4.html
http://www.societe-perillos.com/mort_tarantaise.html
http://www.societe-perillos.com/desede.html
http://www.societe-perillos.com/chefdebien.html
Monument aux morts de l'église Saint Gimer de Carcassonne
Monument aux morts de l'église Saint Gimer de Carcassonne Monument aux morts de l'église de Couiza (Jean-Claude Debrou ©)
Non signé mais indéniablement du même atelier que les précédents, ce bas-relief montre de subtiles différences (positions des jambes notamment) par rapport à ceux décrits par de Sède et Douzet.
Monument aux morts de Saint Gimer
En revenant vers la Bastide
En passant rue Trivalle, n'oublions pas de jeter un oil sur ce restaurant !
Les Bergers d'Arcadie à Carcassonne
Le Pont-Vieux à Carcassonne
Le Pont-Vieux relie la Cité à la Bastide. En son centre une croix de pierre exhibe curieusement quatre croissants : souvenir des Sarrasins qui ont fait tomber la forteresse wisigothique ? !
Au débouché du Pont, sur la droite, subsiste la façade de l'hôpital général construit sur ordre de Louis XIV pour accueillir les délaissés de la société de l'époque. Cet ensemble de bâtiments a été détruit en 1988 (la fin du XXème siècle a vu de sérieuses disparitions de patrimoine dans ce secteur de Carcassonne, pour cause de résidences ou de parking ! no comment, mais les époques dites obscures de notre histoires n'ont pas forcément l'apanage des destructions.) Deux curiosités :
• Le porche principal, heureusement conservé montre une statue de Saint Vincent Depaul accueillant des enfants ;
• A l'angle d'une rue sur un mur nu, une fenêtre vitrée se détache en hauteur et montre au passant attentif une statue de Vierge à l'enfant debout sur une sphère étoilée.
Saint Vierge étoilée
Eglise Saint Vincent de Carcassonne
Poursuivant la promenade, nous arrivons à l'église Saint Vincent : positionnée près de la place centrale, c'est elle qui domine la Bastide, grâce à son clocher de 54 m de haut, et non la cathédrale Saint Michel que l'on aperçoit à peine sur le bord Sud des remparts de la Bastide. Deux courtes remarques sur cet édifice :
• Le beau galbe dominant la façade Ouest, bien que du XIXème, présente une curieuse étoile à 5 branches ;
• L'édifice abrite les reliques de Saint Hermès qui ne sont donc pas dans la cathédrale comme le laissait penser P. Ferté dans son interview. Ces reliques enfermées dans un corps de cire ! qui est allongé sous l'autel de la chapelle Saint Roch, lui-même surmonté d'un tableau représentant le « Triomphe de la Sainte Croix ». La notice explicative sur Saint Hermès nous indique que les restes de ce martyr romain du IIIème siècle (il mourut d'un coup de lance dans le cou) ont été retrouvés au XIXème siècle lors des fouilles des catacombes de Sainte Calliste sur la Voie Appienne avec de nombreux autres martyrs chrétiens des premiers siècles. De nombreuses églises se disputaient à l'époque la possession de ses nouvelles reliques. A Carcassonne échut (par hasard semble dire la notice) les restes de Saint Hermès. La translation des reliques dans l'église Saint Vincent eu lieu le 28 octobre 1877.
Reliques de Saint Hermès
Mes pas m'ont ensuite porté vers le Musée des Beaux-Arts de Carcassonne pour aller voir de près le fameux « Dernier Mérovingien » d'Evariste Vital Luminais, dont feu M. Dagobert indiquait que Childéric III arborait les traits de son ancêtre.
La notice précise outre les dimensions de la toile (214 x 173 cm) que cette toile fait partie du fonds Courtejaire avec cette date 1884; Casimir Courtejaire (1795-1887) a permis, avec d'autres, l'établissement des premières collections du Musée des Beaux-Arts de Carcassonne. Cette information vient cependant en contradiction avec celle mentionnée par P. Ferté qui indique que la toile a été acquise en 1897 par le Musée et je ne doute pas de la sûreté de cette information par Ferté qui se base sur un article du Courrier de l'Aude du 26 novembre 1897.
« La scène représente l'ordination contre son gré de Childéric III, dernier mérovingien déposé en 751 par Pépin le Bref. Les liens qui le retiennent à son siège, les moines qui l'encadrent et le maintiennent, attestent de la violence qui lui est faite. Son manteau rouge et sa couronne sont jetés à ses pieds. Sans doute Luminais s'inspira-t-il de l'historien Augustin Thierry (1795-1856) qui indique : « Un prince mérovingien pouvait subir de 2 façons la déchéance symbolisée par la coupe des cheveux : ou ses cheveux étaient coupés à la manière des Francs, c'est-à-dire à hauteur du col, ou bien on le tondait très court, à la mode romaine et ce genre de dégradation, plus humiliante que l'autre, était ordinairement accompagnée de la tonsure ecclésiastique ». C'est bien cette « infamie » que nous décrit ici le peintre, soulignée par la puissance physique du guerrier maintenant enchaîné et confronté aux faciès hagards, pleutres et satisfaits des hommes d'église. »
Où l'on retrouve Mgr Billard
Enfin, je vous propose de finir ce périple carcassonnais par une exposition « Trésors de nos églises » (exposition malheureusement temporaire en juillet et août 2007) sur les ornements d'églises et trésors des églises de Carcassonne (robes, chasubles, ciboires, calices, étoles, etc.) qui se tenait dans l'ancienne chapelle des jésuites, rue des études. Au détour des vitrines, je découvris ainsi plusieurs objets ayant appartenu à Mgr Félix-Arsène Billard : sa « chapelle personnelle », c'est-à-dire deux burettes, une patène un calice et un ciboire, le tout en or rehaussé avec des diamants !
Chapelle de Monseigneur Billard
La notice accompagnant cette vitrine vaut d'être citée : « Mgr Billard fut évêque de Carcassonne du 17 février 1881 au 3 décembre 1901. Comme son prédécesseur, François de Sales - Albert Leuillieux (évêque de 1873 à 1881), il porte des armes inventées et bavardes qui prétendent annoncer un message religieux et évangélique ainsi qu'un programme : « d'azur à une nacelle d'argent (alias d'or) sur une mer du second avec un saint Pierre comme pilote tenant une rame de sa main dextre et une croix haute de calvaire, comme mât, de sa main sénestre, le tout d'argent ». Elles « illustrent » sa devise « In verbo tuo laxabo rete » (sur ta parole, je jetterais le filet). Ces mots sont ceux de Simon-Pierre (cf. Luc 5-5) : pêche miraculeuse illustrant la foi de Pierre qui, malgré l'improbable, jette une dernière fois son filet, croyant en la parole du Christ.
Mgr Billard s'est passionnément intéressé au lieu de Prouilhe où Saint Dominique avait rassemblé des femmes cathares converties. Le prieuré royal, richissime, entièrement détruit à la Révolution, renaissait grâce à des générosités privées; un projet grandiose de Basilique, dans l'esprit du Sacré-Cour de Montmartre, avait été conçu. Ce projet fut en partie réalisé grâce à Mgr Billard, mais sa mort interrompit les travaux et la coupole prévue ne fut jamais réalisée.
C'est donc la chapelle personnelle de Monseigneur Billard qui est présentée dans cette exposition. Sa qualité exceptionnelle, de même que les diamants qui la rehaussent, en font un objet de grande valeur témoignage des dons que les fidèles de l'époque faisaient à l'Eglise, au Diocèse de Carcassonne et à son évêque ».
Conclusion ?
Cette balade carcassonnaise n'avait pour but que de diriger notre regard et notre curiosité vers certains lieux ou aspects de la Ville. Chacun des points soulevés mériterait des approfondissements qui restent à faire. Carcassonne, cité du Sept ?
Empruntons pour conclure cette citation du Moniteur de l'Archéologie (tome 2, mars-juin 1968) citée par P. Ferté : « C'est à la place où était le Palais des rois Goths, à Carcassonne, que réside peut-être encore les dépouilles du temple de Jérusalem. Qui sait si, dans ce temps de découvertes archéologiques, on ne retrouvera pas aussi ce précieux trésor, et non seulement les dépouilles du nouveau temple mais encore les dépouilles de l'ancien (le Tabernacle et l'Arche d'Alliance) que Jérémie cacha dans une caverne du Mont Nébo ».
Avant de quitter Carcassonne, un dernier coup d'oil à la Belle Aude (?), sculpture Art Nouveau d'un immeuble dans la Bastide.
Carcassonne : Sacrée ville ou ville sacrée ?
Carcassonne
Sacrée Ville ! ou Ville Sacrée ?
Les remparts de la Cité de Carcassonne
La Cité vue du Pont Vieux
Petit reportage sur les singularités de la Ville (je devrais dire des villes !) en forme de carte postale.
En vacances cet été dans le Cabardès, j'en ai profité pour visiter plus en détail les villes de Carcassonne. Je dis ici « les villes » car, à côté de la Cité bien (trop ?) connue, la Bastide de Louis IX (Saint Louis) s'étend, secrète, à ses pieds, entre Aude et Canal du Midi. Ces deux entités ont vécu comme deux villes distinctes d'ailleurs, jusqu'en 1796.
Place Carnot dans la Bastide de CarcassonneJe précise que les informations livrées ici, sans aucune prétention, ne sauraient se comparer à un travail d'érudition, étant pour la plupart issues des documents, affiches ou prospectus recueillis sur place.
Grille de balcon, Place Carnot, dans la Bastide
Tout d'abord un (très) rapide survol des dates principales de l'histoire de Carcassonne :
• Oppidum gaulois romanisé vers 30 av. JC;
• Etablissement des premiers remparts et fortifications de la Cité vers le IIIème siècle. A noter qu'aujourd'hui, les tours dites autrefois « wisigothiques » de la Cité sont estimées gallo-romaines (voir les constructions similaires du Mans) : que reste-t-il comme exemple d'architecture wisigothique dans cette région ?
• En août 1209, capitulation de Raymond-Roger Trencavel, seigneur de Béziers et de Carcassonne devant Simon de Monfort (Croisade contre les Albigeois). Le Vicomte meurt peu après dans les geôles de la Cité;
• En 1240, Raymond Trencavel, fils du précédent, tente sans succès de reprendre la Cité aux troupes royales. Il cède ses droits à Saint Louis en 1246. C'est à cette époque que la deuxième ligne de fortification de la Cité et la Grande Barbacane sont édifiées ; les travaux seront poursuivis par Philippe le Hardi, fils de Saint-Louis;
• Mi-XIIIème siècle, Saint-Louis ordonne de détruire les faubourgs qui s'étendaient au pied de la Cité et décide la construction de la Bastide;
• En 1355, le Prince Noir (« Dauphin » du Roi d'Angleterre - Guerre de Cent ans) incendie et détruit la Bastide qui sera reconstruite sur le périmètre que l'on connait actuellement, plus restreint que celle de Saint Louis (plan en hexagone tronqué qui s'approche d'un pentagone !);
• Au XVIème siècle (1590), lors des guerres de religions, deux factions catholiques (les modérés et les « ultras » - la Ligue -) s'affrontent à Carcassonne : l'un, Joyeuse (dont nous avons déjà parlé à propos de Notre Dame de la Paix, futur « Frère Ange ») tient la Cité pour les « ultras », l'autre, Montmorency tient la Bastide pour les modérés. Tout cela occasionna moultes nouvelles dégradations, notamment à N.D de l'Abbaye dont nous allons parler plus loin;
• En 1844, Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc est chargé par la commission supérieure de Monuments historiques de consolider et restaurer la basilique Saint Nazaire et Saint Celse : les travaux se poursuivront jusqu'en 1867;
• En 1850, Viollet-le-Duc est chargé par le ministère de l'Intérieur et la commision des Monuments historiques de restaurer la Cité et ses remparts ; les travaux se poursuivront jusque dans les dernières années du XIXème siècle, longtemps encore après la mort de Viollet-le-Duc le 17 septembre 1879.
La ville aux trois cathédrales
Saint Nazaire et Saint Celse
Dalle de Simon de MontforDébutons donc cette visite par la cathédrale (ex-cathédrale, basilique depuis 1898) Saint Nazaire et Saint Celse, située dans la Cité.
Cette église, d'abord romane (mais vraisemblablement sur un édifice plus ancien), puis gothique après la prise de la Cité lors de la croisade, est restée longtemps la cathédrale de Carcassonne, d'environ depuis le début du Xème siècle jusqu'en 1803, date du transfert du siège cathédral à l'église Saint-Michel dans la Bastide. Sans revenir, sur les Saints Protecteurs dont la particularité a été de nombreuses fois abordée (on les rencontre à Rennes-les-Bains, et ils rappellent un autre « couple » de saints célèbre, Saint Gervais et Saint Protais, à Paris et à Gisors ; j'avais souligné également la proximité de Saint Nazaire et de Lupin), je voudrais ici attirer l'attention sur quelques points singuliers.
La basilique renferme notamment la dalle de Simon de Monfort, le héraut de la Croisade qui s'est en fait révélé et imposé comme chef incontesté de la Croisade devant Carcassonne.
Dalle de Simon de Montfort
Nous y découvrons aussi des vitraux intéressants des XIIIème et XIVème siècles dont je ne détaillerais ici que celui dit « de l'arbre de vie » (vers 1315).
Ce vitrail qui se développe, dans la chapelle Sainte Croix, au-dessus d'une statue curieuse de la Trinité, image les écrits de Saint Bonaventure (eh ! oui !, Dorothée n'est pas loin !). Bonaventure, né vers 1220, mort le 15 juillet 1274 à Lyon, franciscain, théologien, cardinal-évêque d'Albano a été reconnu Docteur de l'Eglise le 14 mars 1588 (« Docteur séraphique ») par Sixte-Quint. Parmi ses nombreux écrits, son Lignum vitae (1260) se propose en 48 méditations de donner au chrétien un support mémnotechnique pour l'aider dans sa méditation sur la foi. Se basant sur l'arbre évoqué dans le Livre de l'Apocalypse, Bonaventure détaille les fruits spirituels de la méditation sur la Passion et la Croix du Christ. Cet opuscule a inspiré quelques peintres (la représentation de cet arbre de vie est cependant relativement rare, voire unique en ce qui concerne le vitrail gothique) dont le plus connu est Taddeo Gaddi qui l'a déployé sur une fresque immense sur le mur du fond du grand réfectoire de Santa Croce à Florence.
L'intérêt du vitrail carcassonnais (baie n° 17 dans le recueil de la base Mémoire !) ne réside cependant pas là (dans mon optique restreinte ici d'étude de quelques points singuliers carcassonnais !) mais dans la restauration entreprise en 1853 sous l'égide de Viollet-le-Duc. En effet, la partie basse du vitrail a été sérieusement transformée par rapport à l'original dont on suppose qu'il représentait simplement Saint Jean et Marie au pied de l'Arbre/Croix. On observe aujourd'hui Adam et Eve croquant chacun une pomme avec le serpent à tête d'homme s'enroulant autour du tronc et, de part et d'autre, les deux arches de l'Ancien Testament : l'Arche de Noé et l'Arche d'Alliance. Ajoutons que ces arches sont totalement déplacées par rapport au texte de Bonaventure.
Ci-dessous le détail de l'Arche d'Alliance (FEDERIS ARCA) où l'on peut noter les fleurs de lys, les sept arcades de l'Arche, les chapiteaux du même style que celui du balustre de Rennes-le-Château et les deux voiles censés cacher quoi ?
Arche d'Alliance (FEDERIS ARCA)
Avant de quitter Saint Nazaire et Saint Celse, retenons également que 22 statues gothiques ornent les piliers du chour qui présentent une abside à sept pans.
La première cathédrale de Carcassonne : Notre Dame de l'Abbaye
Notre Dame de l'AbbayeCette église totalement oubliée du circuit de visite carcassonnais se situe en contrebas de la Cité, entre la Porte Narbonnaise et le Château comtal.
C'est un détail insolite apparu par-dessus les toits qui m'incita à l'aller voir : une rose à sept pétales !
Notre Dame de l'Abbaye
La visite n'apporte guère plus de révélations si ce n'est une confirmation du 7 dans le haut du vitrail central du Chour : l'artiste, Gérard Milon y fait figurer, en 1970, très intuitivement sept belles étoiles sur fond de nuit.
Par contre, la brochure décrivant l'histoire de cet édifice apporte elle son lot de questionnement, de curiosité et d'hypothèse !
Vitrail de Gérard MilonVitrail de Gérard Milon
Vraisemblablement établie sur le lieu de rassemblement des premiers chrétiens de Carcassonne, au bord de l'ancienne voie d'Aquitaine menant de Narbonne à Bordeaux (aujourd'hui, rue Trivalle), cette église est désignée comme cathédrale depuis au plus tard 577 (première mention de l'évêché de Carcassonne) jusqu'en 925, au plus tard (première mention de Saint Nazaire et Celse de la Cité comme cathédrale sous l'épiscopat de l'évêque Gimmer qui décide du transfert du siège épiscopal). Dédiée depuis longue date à Sainte Marie, elle est connue sous plusieurs vocables : Sainte Marie de Grâce d'abord, puis, Sainte Marie du Saint Sauveur à partir de 926 pour prendre au XIIème siècle le vocable actuel de Notre Dame de l'Abbaye.
Une cave taillée dans le roc aurait servi de lieu de culte pour les premiers chrétiens puis aurait servi de crypte; les capucins la mentionnent encore au XVIème siècle. Cette crypte n'a jamais été retrouvée ! Il est possible qu'elle ait été condamnée, voire sérieusement endommagée lors des luttes qui opposèrent Montmorency et Joyeuse : en effet le Duc de Joyeuse tient l'église en sus de la Cité, cette dernière devient donc un enjeu d'importance dans la lutte qui oppose les deux rivaux. L'édifice sera très dégradé à la fin du XVIème siècle.
Des chroniques arabes du XIème siècle indiquent qu'au VIIIème siècle l'église renfermait « sept colonnes d'argent pur, ., un homme ne pourrait pas en entourer une avec toute la longueur de ses deux bras ».
En 1792, les capucins installés là depuis 1592 sont expulsés et les bâtiments sont convertis par leur nouveau propriétaire en usine de drap. En 1842, Mgr de Bonnechose , évêque de Carcassonne, futur archevêque de Rouen et Cardinal (celui qui déclencha les recherches fertéennes d'après ses dires et qui indique le secret du chandelier à sept branches dans la Comtesse de Cagliostro), rachète les bâtiments !
Voilà, voilà !, de là à dire que le Chandelier à sept branches repose depuis le VIème siècle dans la crypte (cachée et perdue) de cet édifice .
La cathédrale Saint Michel
Le buste-reliquaire de Saint LupinA partir de 1803, sous l'épiscopat de Mgr Arnaud Ferdinand de Laporte, l'église Saint Michel acquiert le statut de cathédrale. On est sous le Concordat et les évêchés créés par Jean XXII au XIVème siècle ont été supprimés et rassemblés sous la houlette de l'évêque de Carcassonne (Saint Papoul, Alet et Mirepoix).
Sans m'étendre ici sur cet édifice largement restauré par Viollet-le-Duc - de 1857 à 1869 - en tant qu'architecte diocésain, je voulais ici souligner les points suivants :
• Le buste reliquaire de Saint Lupin est déposé dans la chapelle Saint Jean-Baptiste comme chacun le sait maintenant. Il fait pendant, dans la même chapelle, au buste-reliquaire de Saint Jean-Baptiste; entre-eux se trouve une statue de Saint François d'Assise. Les dates de fêtes (indiquées sur la notice explicative à l'entrée de la chapelle) des différents saints de cette chapelle sont assez « éparpillées »: Saint Jean est fêté le 24 juin (naissance) et le 29 août (décollation), Saint Lupin est fêté le 21 mai et Saint François d'Assise est fêté le 4 octobre. Les deux chapelles qui encadrent la chapelle Saint Jean-Baptiste sont la Chapelle de la Croix (découverte de la croix par Sainte Hélène et statue de Sainte Germaine !) et la chapelle Saint Nazaire et Saint Celse (reliquaires des deux saints, statue de Sainte Anne avec la Vierge enfant, statue de l'enfant Jésus de Prague et tableau de Sainte Thérèse d'Avila).
Le buste-reliquaire de Saint Lupin
Rosace de la cathédrale Saint Michel• Comme la plupart des églises de Carcassonne (Saint Vincent, Saint Gimer, l'église des Carmes et donc Saint Michel), les roses des fenêtres latérales qui éclairent les nefs de ces édifices présentent un dessin en forme de sceau de Salomon : il n'y a donc pas que les églises de Limoux et d'Alet qui présentent cette caractéristique ! A Saint Michel, cependant, elles sont dues à Viollet-le-Duc;
Rosace de la cathédrale Saint Michel
• Je n'ai pu repérer la sépulture ou le monument de Félix-Arsène Billard. En rentrant, je me suis aperçu que j'étais passé à côté car les dalles de marbre noir des sépultures de Billard et de Beauséjour se situaient dans le choeur de Saint Michel"...
Suite de l'article !
Al Sufi
Toutes les photos, sauf celle du dessin de la Barbacane par Viollet-le-Duc, sont de l'auteur.
:
Le souterrain de Rennes-le-Château.
Arrière de l'autel de l'église sainte Marie-Madeleine de Rennes-le-Château - Gazette de Rennes-le-Château ©
"Faisant suite à un article du 18 janvier 1966 paru dans La Dépêche du Midi, un deuxième volet s’ouvre quelques jours plus tard, dans le même quotidien du 25 janvier, sur l’histoire du trésor de l’abbé Saunière. Y sont notamment évoquées les fouilles entreprises sur place par un chercheur parisien à partir du parchemin de Dominique de Mirepoix n’hésitant pas pour arriver à ses fins à défigurer le site.
Rappelons que le parchemin en question avait été réalisé par deux habitants du village quelques jours seulement avant sa découverte par Rolland Domergue." (Patrick Mensior)
Puits dans l'église de Notre-Dame de Marseille.
Vidéo de 1966
Puits dans l'église de Notre-Dame de Marceille - Gazette de Rennes-le-Château ©
"Images furtives de la Vierge Noire avant son vol et du curé de l'époque." (Arcadya)
La petite écurie du Roy à Versailles.
LA PETITE ECURIE DU ROY à VERSAILLES
Aucun des douze millions de visiteurs qui se pressent tous les ans au château ne connaît ce lieu. En exclusivité, Le Figaro Magazine vous fait découvrir la Petite Écurie du roi, qui recèle une collection exceptionnelle de 5000 sculptures et moulages d'après l'antique.
Un lieu inconnu au cœur même de Versailles? On n'ose y croire. D'autant qu'il ne s'agit pa
s de quelque modeste édifice accolé aux dépendances du bâtiment, mais d'une construction du grand Jules Hardouin-Mansart lui-même: l'ancienne Petite Écurie du roi. À l'intérieur: une admirable collection de sculptures et de moulages historiques d'après l'antique. En termes savants, on appelle cela une «gypsothèque». Un endroit où 5000 chefs-d'œuvre se tiennent sagement en rangs serrés, tous siècles mélangés, où la mythologie côtoie la religion et l'histoire, où les bustes des grands hommes regardent vers les nymphes. C'est l'un des plus beaux endroits de Versailles, le plus onirique aussi, et le plus secret. Fermé au public depuis trente ans, il va être possible de le visiter sur réservation*. Mais avant même son ouverture, nous l'avons photographié: voici un Versailles jamais vu.
La longue histoire de cette gypsothèque est superbe. Si l'on y voit tant de chefs-d'œuvre, c'est qu'elle réunit trois fonds importants: la collection de moulages du Louvre, celle de l'École des beaux-arts et celle de l'Institut d'art et d'archéologie qui dépend de la Sorbonne. Il y a là des pièces très anciennes qui attestent du goût de Louis XIV pour l'antique. C'était un dogme pour le roi que la perfection des anciens: on ne peut, comme l'écrira La Bruyère, les égaler qu'en les imitant. Colbert impose aux pensionnaires de l'Académie de France à Rome leur stricte copie. Si bien que peu à peu affluent à Paris les moulages de plâtre et, à Versailles, les répliques de pierre ou de marbre. Ces copies favorisent la mainmise de l'État sur les arts et sont la règle dans les manufactures, celle des Bâtiments du roi et celle des Meubles de la Couronne: ainsi, rien ne s'oppose à l'étatisation générale du monde artistique. Mais les collections royales s'enrichissent de manière spectaculaire, on en a ici la preuve.
L'autre source de la gypsothèque de Versailles est l'École des beaux-arts. Les moulages étaient accumulés dans les salles entourant la vaste cour vitrée aménagée par Duban au XIXe siècle. Ils seront en partie saccagés en mai 1968, comme les témoignages d'un enseignement académique honni, et couverts de graffitis, dont certains seront laissés bien visibles lors de la restauration des moulages. On a en effet estimé qu'ils faisaient partie de l'histoire des œuvres et de celle de l'enseignement des arts. Ce fonds témoigne d'une fascination pour l'art romain et les grands modèles venus d'Italie, bien avant ceux de la Grèce que les archéologues ne mettent au jour qu'à la fin du XVIIIe siècle. C'est d'abord l'art grec classique puis l'art grec archaïque, révélé par les fouilles de Délos, d'Olympie et de Delphes, qui sont connus à une époque où le voyage en Grèce reste encore rare. Ce n'est qu'autour de 1930 que ces moulages seront un temps exposés au Louvre sur les paliers de l'escalier de La Victoire de Samothrace, où Debussy les vit et où la Colonne des danseuses de Delphes lui inspira une ode. Comme le souligne Jean-Luc Martinez, conservateur général du patrimoine et responsable de la gypsothèque du Louvre à Versailles: «La présence dans les mêmes murs des moulages et des marbres originaux montre l'importance que revêtaient alors ces plâtres, parfois présents dans les salles en complément des originaux.» Aujourd'hui, plus aucun musée ne se permettrait cette confusion.
Les moulages retrouvent donc avec la gypsothèque de Versailles leur vocation première: être un conservatoire de formes et de civilisations disparues. Le cadre qui les abrite est l'un des plus beaux bâtiments du XVIIe siècle français. Construite par Hardouin-Mansart en 1678, la Petite Écurie témoigne de la science de l'architecte pour la maîtrise des volumes et de l'espace. Il faisait, disait-on, preuve de promptitude dans la conception, de rapidité dans l'exécution. Il avait la réputation d'être hardi sur les chantiers, docile juste ce qu'il fallait devant le roi, doué pour imaginer l'accord qui «va de soi» entre le beau et l'utile. Les volumes grandioses qu'il a su donner à la Petite Écurie allaient la désigner pour accueillir la gypsothèque en 1970. Puis il fallut aménager les galeries dans l'intention d'y recevoir un public désireux de découvrir l'originalité comme l'importance historique et artistique de l'ensemble. Les visiteurs qui le voudront pourront désormais voir les moulages présentés sur 2500 mètres carrés, révélant l'importance de ces œuvres dans l'affirmation de l'art exemplaire qu'est le classicisme français.
Louis XIV collectionneur d'antiques
Amateur passionné, le roi avait rassemblé un magnifique ensemble de statues antiques. Elles sont à nouveau réunies à Versailles le temps d'une exposition, qui, selon Catherine Pégard, présidente de l'Établissement public du château de Versailles, évoque «un style associé à un lieu de pouvoir». Elle ajoute: «La passion de Louis XIV pour la collection fut une aubaine magnifique pour les plus grands artistes dont les chefs-d'œuvre allaient parfois surpasser leurs modèles antiques.» Versailles, nouvelle Rome, telle était l'ambition du souverain pour qui l'Antiquité était la référence suprême. L'exposition, qui rappelle cette référence, réunit plus de 200 œuvres parmi lesquelles les antiques les plus illustres, de retour à Versailles pour la première fois depuis la Révolution. L'antique, c'est d'abord un ensemble de peintures et de sculptures qui sont les témoignages recherchés des brillantes civilisations disparues.
Louis XIV, comme tous les souverains d'Europe, cherche à les acquérir (Vénus pudique, dite aussi Vénus Médicis, un titre qui souligne sa prestigieuse provenance) ou à les faire copier (Bacchus enfant). Ces statues sont ensuite installées à Versailles dans les grands appartements et les jardins. Elles donnent l'image d'une Antiquité recomposée à la gloire du roi, mais elles jouent aussi le rôle de modèles pour les créateurs appelés à collaborer au grand chantier versaillais. Quant aux peintures, leur faculté persuasive les rend précieuses: le mythe du héros et du Roi-Soleil, auquel Versailles va vouer son hymne immense, sera forgé à des fins politiques (François Lemoyne, L'Apothéose d'Hercule). Durant ce long siècle dédié au classicisme inspiré de l'antique, à peine entend-on un murmure qui, contre le consensus général, réhabilite l'imagination aux côtés de la raison et soutient que «la poésie est plus vraie que l'histoire». Celui qui l'affirme s'appelle Nicolas Poussin.
Sources : www.lefigaro.frPhoto : RAPHAEL GAILLARDE/Le Figaro Magazine
lundi 3 décembre 2012
Fontaine Saint-Patrocle de Colonbier
Fontaine_Saint_Patrocle___Colombier_8aOutre l’église, la dévotion à saint Patrocle se centre sur la fontaine. Cette eau, toujours fraîche, est réputée avoir des vertus thérapeutiques. La légende rapporte que celui-ci manquant d’eau lorsqu’il construisit le monastère, il lança un marteau de telle force qu’il retomba à près de 300 mètres en créant la source. D'autres appellent l'endroit "le marteau de Thor". Pourtant, c'est Sucellus, le dieu gaulois, qui aurait été le mieux placé : "Sucellus, dieu au maillet et au chaudron, protecteur de la fécondité, il fait jaillir les sources sylvestres en frappant le sol de sa masse. Il a été assimilé à Sylvain ou à Vulcain. On le représente sous la forme d'un vieillard ou d'un homme d'âge mûr, vêtu à la gauloise d'une tunique à capuche, de braies et de bottes, et portant un maillet et parfois un chaudron, souvent accompagné d'un chien. Il est souvent accompagné de la déesse Nantosvelta. Contrairement aux autres dieux gaulois, qui ont leur équivalent en Irlande et au pays de Galles, on ne le trouve qu'en Gaule. "
La source est réputée pour la guérison des maladies de peau et pour que les jeunes filles à marier trouvent un partenaire. Il suffit pour celà qu'elles trempent leur pied droit deux fois dans le dernier bassin. Une procession à la fontaine a lieu le dernier Dimanche de Juillet. Le pélerinage à Saint Patrocle, survivance probable d'un culte gaulois, n'a cessé qu'en 1970.
Né dans la région de Bourges, Patrocle s'intruisit très vite dans les sciences, les lettres sacrées et profanes. L'évêque de Bourges l'ordonna diacre à l'âge de vingt-cinq ans, puis archidiacre. On le considérait comme l'un des hommes les plus saints et les plus cultivés de son époque.
Devenu le précepteur des fils de Clodomir, roi des Francs, il eut pu vivre à la cour, être l'un des conseillers du royaume. Les honneurs ne le tentaient pas, une existence fastueuse ne convenait pas à son caractère. Le clergé séculier lui parut même trop attaché aux biens de ce monde. Il avait l'ardent désir de se consacrer uniquement à Dieu et il se retira dans la solitude, pour y vivre, prier, méditer. Légende de Saint Patrocle
Fontaine_Saint_Patrocle___Colombier_5aIl s'arreta à Neris où il construisit une maison, un oratoire et une école. Les guérisons qu'il opérait lui valurent le renom de sainteté. Cherchant la solitude, il partit avec sa bêche et sa hache à deux tranchants, et s'installa en ermite à la Celle, dans la forêt. Dix ans plus tard, il repartit pour Colombier où il fondit un monastère. Le monastère fut vendu au prieuré de Souvigny au XIème siècle.
Fontaine_Saint_Patrocle___Colombier_2aNous avons donc là un saint portant la francisque, ou le marteau cher aux dieux nordiques, une source miraculeuse, c'est à dire de l'eau chargée, l'ermitage dans la forêt, la biche compagne du saint... Voilà bien des ingrédients laissant paraitre un fond de druidisme. Quand à la forme de la fontaine elle-même, avec ses trois bassins, rond, carré et rectangulaire, nous y voici plongés. Les ondes de forme des bassins font le reste.
On peut voir, dans le premier bassin de forme ronde, l'eau qui bouillonne.
Fontaine_Saint_Patrocle___Colombier_10al'endroit a été christianisé, mais de très beaux arbres entourent encore cette fontaine miraculeuse qui se déverse dans le champ en contrebas.
Fontaine_Saint_Patrocle___Colombier_12a
A la fontaine Saint-Patrocle, christianisation d'un ancien culte païen, probablement à Dispater, l on trouve donc les restes bien conservés des captages gallo-romains de la source.
Le captage de la source est un puits gaulois de madriers, comme à Voingt.
Posté par madame_dulac à 19:14 - Colombier et la fontaine Saint Patrocle (03-Allier
Reliquaire du Saint-Sang
LE MIRACLE DU SAINT-SANG A BOIS-SEIGNEUR-ISAAC
Parmi les multiples reliques et signes qui confortent, encore souvent, la foi du monde chrétien, - ossements de saints, morceaux de la Sainte-Croix, linceuls et autres restes matériels que l’on propose avec gravité à la prière des croyants -, il en est un qui attire spécialement l’attention : le sang du Christ.
L’auteur de ces lignes n’y accorde pas une importance particulière sur le plan théologal, mais il lui faut bien admettre que ces reliques et signes font partie de la réflexion métaphysique de l’être humain, et, à ce titre, même peut-être un peu dévalués sur le plan philosophique ou intellectuel, ces reliques, ces signes, ce sang du Christ, méritent mieux que le simple dédain.
En Belgique, on connaît quelques histoires ou légendes d’hosties qui, mordues par quelque mécréant, se mettent à restituer… le sang du Christ. Tous les Belges ont entendu cela un jour ou l’autre, historiettes généralement invérifiables que l’on retrouve d’ailleurs dans beaucoup de pays du monde chrétien. Ces historiettes pourraient bien ressembler à ce que nous nommons, de nos jours, des « légendes urbaines », ou, sur la Toile, des « hoax ».
On mord dans l’hostie comme on mord dans un bifteck, et voilà que l’hostie, comme le bifteck, saigne. Miracle !
On en pensera ce que l’on voudra. Et de toute façon, les voies du Saigneur (sic) sont dites impénétrables. Heureusement d’ailleurs…
Bref, le sang du Christ a, depuis longtemps, enflammé l’imagination des Chrétiens. Depuis les Evangiles, l’on sait que Jésus, un beau soir, bénit une quelconque vinasse et dit ensuite à ses disciples : « Buvez, ceci est mon sang ».
Très peu de temps après, le gaillard se retrouve sur une croix romaine, souffrant mille maux, désespéré presque, hurlant à son géniteur céleste : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Un centurion romain, un certain Longinus, finit par le faire taire : il lui donne un coup de lance dans le flanc, qui met un terme au supplice.
Le sang du Christ jaillit. On dit que ce sang sortant du cœur du Christ fut recueilli dans une coupe, laquelle coupe devint, dans les légendes ultérieures, le Saint-Graal.
Le Saint-Graal, le mythe, l’obsession, des légendes du cycle arthurien, j’ai nommé l’affaire des Chevaliers de la Table Ronde, Lancelot, Perceval, le roi Arthur, Merlin l’Enchanteur, et tutti quanti.
Bref et rebref, le sang du Christ devient une sorte de symbole du Christianisme même, de son message de régénération, de renaissance, de force. Le Christ est mort sur la Croix mais il est ressuscité, donc son sang – qui peut le plus peut le moins – est un symbole de régénérescence, et, dirons même certains, de vie éternelle.
Le Christ a bien réussi sa mission. Il donne l’Espoir. Ce n’est pas rien.
On me dira que la légende du dieu Mithra –autre apporteur d’espoir et grand concurrent du Christ en ces vieilles époques - fait aussi appel au don du sang, mais… mais… le sang du Christ vaut nettement plus que le sang d’un taureau, convenons-en. Inutile de s’expliquer là-dessus, chacun comprendra la nuance.
Et, de fil en aiguille, ce mythe du sang christique n’arrête plus de hanter l’imaginaire chrétien. Le Saint-Graal, les hosties, etc, etc. Jusqu’au moment ou de petites histoires, de petits miracles courants en ces temps-là, deviennent des « points de fixations », qui s’amplifient, qui drainent des foules, qui mettent souvent le Vatican dans l’embarras, celui-ci devant bien statuer, à la longue, sur ce qui est miracle ou ce qui ne l’est pas.
En Belgique, à part quelques hosties mâchonnées hâtivement de ci de là, il n’y a que deux lieux où l’on vénère – mais à sa juste valeur… et qui suis-je pour en parler ? -, le sang du Christ.
A Bruges d’abord. J’en parle dans mon article « Les Templiers de Bruges ».
Et ensuite, à Bois-Seigneur-Isaac, c’est le propos du présent article.
Le 5 juin de l’an 1405, à la suite d’une série d’apparitions du Christ, une hostie laisse s’écouler du sang… Des miracles s’ensuivent, le mythe du « précieux sang » se répand, attire les foules. Des processions sont organisées. Le nouveau lieu saint devient lieu de pèlerinage.
Il n’est pas dans mon propos de confirmer ou d’infirmer ces faits. Après tout, « que chacun se fasse sa religion »… Mais la croyance qui se développe là, fût-elle un simple « événement sociologique », met à nouveau en avant cette tendance, ce besoin qu’a l’être humain de rattacher sa vie à une transcendance, à quelque chose qui le dépasse. A ce titre, l’histoire du Miracle du Saint-Sang de Bois-Seigneur-Isaac mérite l’attention, quelle que soit la signification qu’on veuille bien lui donner.
Bois-Seigneur-Isaac est une petite localité du Brabant dit wallon, proche de Nivelles. Le lieu qui actuellement constitue le réceptacle symbolique « d’un certain miracle du sang du Christ » en 1405, est l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac, monastère de Saint-Charbel , située rue A. De Moor n° 2 à 1421 Ophain- Bois-Seigneur Isaac.
Après avoir été augustinienne puis prémontrée, cette abbaye est actuellement (en 2012) le lieu de méditation et de prière de moines chrétiens d’Orient, maronites libanais pour tout dire.
Je vous renvoie maintenant à un texte de 1706 (dans sa réédition de 1739), à lire ci-dessous, baignant dans la religiosité certes un peu « passée de mode » de ce temps-là, mais qui ne saurait mieux décrire cette ambiance chrétienne « totale » que nous ne connaissons plus et qui fait néanmoins partie de nos racines.
Cette histoire invite-t-elle à la prière ou au doute philosophique ? A ce sujet, je joue mon joker.
Charles Saint-André
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