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dimanche 23 septembre 2012
L'origine de la croisade et le discours de Clermont.
I. L'Origine de la croisade et le discours de Clermont
Deus lo volt! Deus lo volt!
Le concile de Clermont se termina par le fameux appel aux armes d'Urbain II qui connut un succès retentissant et donna naissance à la première croisade. L'origine du mouvement fut attribuée au pape Urbain, mais il exista pendant longtemps une légende qui imputait l'initiative à Pierre l'ermite. Ce dernier aurait convaincu le pape de prêcher la croisade. Cette histoire fut propagée par les écrits d'Anne Comnène et de Guillaume de Tyr. Ce ne fut qu'au XIXe siècle que cette légende fut discréditée par l'ouvrage d'Hagenmeyer, Peter der Eremite. Pierre n'aurait été qu'un diffuseur du message pontifical. Par contre, quelques critiques se firent entendre récemment et le débat est loin d'être clos. Le pape prit ses contemporains par surprise, mais la croisade fut rapidement acceptée, démontrant que la population était prête. D'abord, il serait important d'examiner le contexte avant le concile de Clermont.
Carte basée sur celle dans Kenneth Setton, A History of the Crusades, Madison, The University of Wisconsin Press, 1969, vol. 1, p. 2.
L'Europe avant Clermont
Pour commencer, l'idée de porter la guerre sainte aux Musulmans n'était pas une nouveauté. Le pape Grégoire VII avait déjà proposé une force expéditionnaire pour aider les Byzantins, après leur défaite à Manzikert en 1071, contre les Turcs seldjoukides. Le basileus Michel VII avait demandé de l'aide au pape, car l'empire était au prise avec les Turcs seldjoukides à l'est, les Petchenègues dans les Balkans et les Normands en Italie du sud. À la fin de 1074, le pape pensait lui-même diriger cette expédition. Par contre, la lutte qui s'engagea avec l'empereur Henri IV (La Querelle des Investitures) l'en empêcha et il dut se mettre à dos les Byzantins en s'alliant avec les Normands et Robert Guiscard. Ce dernier entreprenait au moment même une invasion de la péninsule balkanique. Aussi, Grégoire excommunia Nicéphore III, le nouvel empereur byzantin. De cette façon, les Byzantins virent Grégoire comme un pape "normand", donc un ennemi et donnèrent des subsides à Henri IV dans sa lutte contre la papauté. L'espoir du pape de terminer le Schisme de 1054 s'effondrait. Grégoire mourut en 1085, ainsi que Guiscard. Suite à Victor III, l'Église eut avec Urbain II, en 1088, un dirigeant capable de sauver la papauté dans la crise où elle se retrouvait. En 1089, Urbain commença un rapprochement avec Constantinople, levant l'excommunication imposée par Grégoire VII. Il assura l'empereur Alexis Comnène que les Normands n'étaient plus un danger pour l'empire. Ainsi, il obtint sa faveur et remporta une victoire diplomatique (Byzance appuyait Henri IV). Pour sa part, Alexis espérait recevoir de l'aide militaire, mais le pape n'avait pas encore assez de prestige en Occident. Le basileus avait demandé de l'aide fréquemment avant même le concile de Plaisance; il voulait des mercenaires, non des armées pour une guerre sainte. Par exemple, il reçut 500 cavaliers flamands du comte Robert I de Flandres, vers 1090. Après avoir renforcé sa position en Italie, Urbain entra à Rome en 1094 et convoqua le concile de Plaisance en mars 1095. Ensuite, il commença son voyage en France méridionale. Pourquoi la France?
La France féodale comprenait un surplus considérable de guerriers. De nombreux jeunes hommes, cadets de familles nobles, sans héritage et entraînés au métier des armes, se tournaient vers le brigandage et l'aventure à l'étranger. La Paix de Dieu et la Trêve de Dieu ne suffisaient pas pour arrêter les guerres privées et les rapines. La société française fut chanceuse, car de nombreux jeunes guerriers turbulents allèrent combattre à l'étranger pour des terres ou du butin: en Angleterre, en Espagne, en Italie méridionale ou en Sicile. Le pape savait bien que la France était un excellent terrain de recrutement. De plus, selon certains chroniqueurs qui reproduisirent son discours plus tard, le pape était intéressé à ramener la paix à l'intérieur de la chrétienté. Comment? En envoyant les " fauteurs de troubles " dans des guerres étrangères, tout en espérant qu'ils n'en reviennent pas. D'autant plus, de nombreux Français avaient participé à la reconquête de l'Espagne et la puissante Cluny avait beaucoup fait pour donner à cette lutte les caractéristiques d'une guerre sainte. La France méridionale comprenait bien la guerre sainte. D'ailleurs, il serait important de faire la distinction entre croisade et guerre sainte. La croisade est avant tout un pèlerinage armé, donc si nous parlons de la " reconquête " espagnole, nous ne pouvons parler de " croisades ", mais plutôt de guerres sacralisées par la papauté.
Aussi, les pèlerins qui visitaient Saint-Jacques-de-Compostelle entendaient des légendes remplies de propagande pour la guerre sainte. D'ailleurs, la Chanson de Roland était écrite vers la fin de ce siècle. Les mentalités étaient prêtes.
Donc, l'idée de proclamer la croisade n'est pas née d'un seul coup dans la tête du pape le 27 novembre 1095 à Clermont. Celui-ci avait planifié tout. D'ailleurs, il s'était assuré le concours de plusieurs grands seigneurs laïcs avant même de prêcher son discours. Baudri de Dol affirmait que suite au discours d'Urbain II, des envoyés de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, arrivèrent et annoncèrent la participation de leur maître.
Concile de Clermont
La délégation pontificale arriva à Clermont le 14 novembre 1095 et le concile commença le 18 du même mois. Le nombre de participants ecclésiastiques était grand, mais varie selon les sources. Selon Foucher de Chartres et Guibert de Nogent, 400 évêques et abbés y étaient. La France méridionale était la mieux représentée.
Le concile s'attarda surtout sur des affaires ecclésiastiques et seulement deux canons peuvent être vus comme touchant la croisade. Un proclamait la Trêve de Dieu; l'autre promettait l'indulgence plénière (une rémission des peines dues pour des péchés commis) pour ceux qui, par dévotion seulement, iraient libérer l'église de Dieu à Jérusalem.
Urbain II présidant le concile de Clermont, miniature dans Les passages faits Outremer par les Français contre les Turcs et autres Sarrazins de Sébastien Mamerot, 1490, Bibliothèque Nationale, Paris.
Ainsi, une fois les affaires de l'Église terminées, le 27 novembre, le pape se dirigea hors de la ville pour s'adresser à une foule considérable. Le discours qu'il fit nous est connu grâce à plusieurs chroniqueurs qui nous laissèrent des versions divergentes quant aux paroles prononcées par le pape. D'abord, qui était présent à Clermont? Selon l'historien Frédéric Duncalf, quatre chroniqueurs étaient présents: Foucher de Chartres, Baudri de Dol, Robert le Moine et Guibert de Nogent (1). Pour sa part, Jonathan Riley-Smith et Jean Flori écrivaient que Guibert était probablement absent (2). Par contre, Flori ajoutait un quatrième témoin oculaire, Geoffroy de Vendôme (3). Il serait important de mentionner la version rapportée par Ordéric Vital qui a pu consulter des documents relatifs au concile. Donc, nous avons décidé de reproduire les quatre versions les plus connues du discours:
Version de Robert le Moine
Version de Foucher de Chartres
Version de Guibert de Nogent
Version de Baudri de Dol
L'origine de la croisade selon Anne Comnène
Les divergences des versions peuvent s'expliquer, en partie, par le fait que les chroniqueurs écrivirent après plusieurs années. Il est plus probable qu'ils écrivaient les idées principales du discours d'Urbain II que son contenu exact. D'ailleurs, Jean Flori remarquait, avec justesse, que l'interprétation globale de la croisade chez chaque médiéviste dépend de son approche personnelle face au discours hypothétique de Clermont. Il existe donc différentes interprétations lorsque vient le temps de définir ce qu'est la croisade (4) et le débat est loin d'être clos parmi les historiens.
Ce qui ressort des quatre versions, c'est l'appel pour aider les chrétiens orientaux, que Foucher, Robert et Baudri mentionnent. Un autre point important est celui de la croisade comme instrument de pacification. Le pape, en envoyant des chevaliers turbulents se battre (et se faire tuer) dans une guerre étrangère, assurait ainsi la paix au sein de la chrétienté, ce que Foucher, Robert et Baudri racontent. De plus, Ubain II ne négligea pas de mentionner les gains matériels, Robert et Baudri l'affirment. Un point litigieux pour certains, Jérusalem était-il le but principal? Selon quelques historiens, ce sont les chroniqueurs qui en firent le but principal après le fait accompli, tel M. Villey dans La croisade: Essai sur la formation d'une théorie juridique, pp. 83 et 95 et C. Erdmann dans Die Entstehung des Kreuzzugsgedankens (1935). Ce dernier pensait même que le pape n'avait pas fait allusion à Jérusalem dans son discours. Il est à remarquer que Foucher ne parle pas de Jérusalem comme étant l'objectif de la croisade (son absence au siège peut expliquer cela, car il se trouvait à Édesse). Il pourrait sembler qu'Urbain II vit le pèlerinage comme le moyen le plus efficace pour envoyer des armées vers l'est. Si le pape envoya les croisés à Jérusalem seulement dans le but d'aider les Byzantins, il était coupable d'avoir délibérément trompé tous ceux qui se croisèrent ou il fut mal compris. Par contre, il n'y a aucune raison pour supposer que le pape n'avait pas un puissant désir de récupérer Jérusalem. Toutefois, selon une source byzantine du XIIIe siècle, écrite par Theodore Skutariotes, le basileus aurait utilisé la croisade comme prétexte pour se trouver des alliés pour combattre les Turcs. Il aurait tout manigancé et, connaissant l'importance de Jérusalem pour les Francs, aurait manipulé les croisés pour entreprendre ce qu'il voulait, soit la reconquête de l'Asie Mineure. Par la croisade, la papauté offrait l'opportunité d'un nouveau genre de service religieux où les combats et le pillage avaient encore leur place. Dans ce service, les chevaliers du Christ pourraient obtenir des récompenses morales et spirituelles. Il serait important de souligner qu'il n'existe aucun document attestant l'existence de ces privilèges promis par Urbain II. Par contre, la bulle pontificale proclamant la deuxième croisade mentionnait qu'elle reprenait les privilèges donnés à la première.
Toutefois, un privilège important se retrouvait dans un des canons adoptés pendant le concile, celui où l'indulgence plénière était accordée pour ceux qui iraient libérer Jérusalem par dévotion. Ce type d'indulgence est une rémission des peines pour les péchés commis, non une rémission des péchés eux-mêmes.
Le pape Urbain II arrivant en France pour prêcher la croisade,
miniature dans le Roman de Godefroi de Bouillon, XIVe siècle, B. N., Paris
Cependant, Robert et Foucher affirment clairement que le pape accorda la rémission des péchés à ceux qui prirent la route. En plus, le pape ajouta à cette indulgence le voeu de compléter le pèlerinage. Une violation de ce voeu était punie par des sanctions sévères, telles que l'excommunication.
Aussi, les chroniqueurs nous mentionnent des récompenses célestes, la palme du martyre, pour ceux qui persévéraient dans l'armée du Seigneur. D'ailleurs, la mention de récompenses éternelles pour ceux qui périrent pendant la croisade suscite un débat parmi certains historiens. Selon Jonathan Riley-Smith, la conception du martyre serait apparue en cours de route, non dans le discours d'Urbain II. Cette notion aurait été popularisée par les chroniqueurs (5). De plus, des privilèges temporels furent offerts à ceux qui se croisaient. L'Église leur donnait la protection ecclésiastique, ainsi qu'à leurs familles et leurs propriétés.
Finalement, selon la version de Baudri de Dol, le pape choisit l'évêque Adhemar du Puy pour être son légat et chef de la croisade. Était-il vraiment vu comme le chef? Il semblerait que oui. Après sa mort à Antioche, les autres dirigeants écrivirent au pape et lui demandèrent de venir et de terminer sa guerre (qui ab Urbano suscepit curam Christiani exercitus).
Pour conclure, il semble bien que la prédication du pape inclût des rétributions spirituelles aux guerriers qui partaient pour la croisade. Ces derniers reçurent la rémission des péchés, l'indulgence de toute autre pénitence et la promesse d'une vie éternelle pour ceux qui mourront. Suite à Clermont, le pape voyagea pendant plusieurs mois en France où il prêcha la croisade à plusieurs endroits avant de retourner en Italie en août 1096. Sa croisade était devenue une réalité (6). Par contre, nous pouvons parler de deux "premières" croisades, peut-être même plus...
Références:
(1) Frederic Duncalf, " The Councils of Piacenza and Clermont " dans Kenneth M. Setton, dir., A History of the Crusades, Madison, The University of Wisconsin Press, 1969 (1955), vol.1, p. 239.
(2) Louise and Jonathan Riley-Smith, The Crusades. Idea and Reality, 1095-1274, London, Edward Arnold, 1981, p. 45.
(3) Jean Flori, "Guerre sainte et rétributions spirituelles dans la 2e moitié du XIe siècle", Revue d'Histoire ecclésiastique, vol. 85, no. 3-4 (juil.-déc. 1990), p. 617.
(4) J. Flori, "Guerre sainte et...", p. 618.
(5) Voir articles de Jonathan Riley-Smith, " The motives of the Earliest Crusaders and the Settlements of Latin Palestine, 1095-1100 ", EHR, CXVIII (1983), pp. 721-736 et " Crusading as an Act of Love ", History, LXV (1980), pp. 177-192. Jean Flori n'est pas d'accord avec cette interprétation, " Guerre sainte et ... ", pp. 617-649 et " Mort et martyre des guerriers vers 1100. L'exemple de la première croisade ", Cahiers de Civilisation Médiévale, XXXIV (1991), pp. 121-139.
(6) Le texte fut basé surtout sur F. Duncalf, " The Councils of ... ", pp. 220-252 et J. Flori, " Guerre sainte et ... ", pp.617-649 et " L'Église et la guerre sainte de la 'Paix de Dieu' à la 'croisade' ", Annales ESC, mars-avril 1992, no. 2, pp. 453-466.
Sources Daniel Lavoie.
Les croisades: origines et conséquences [Broché]
Claude Lebédel (Auteur)
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