A propos de la matière
Dire que le monde dans lequel nous
vivons est fait de matière relève du truisme, tant cela semble évident.
La Terre est une planète dont nous connaissons la masse et la densité.
Notre corps dit “physique” a un poids que chacun connaît. Nous habitons
dans des maisons “en dur”, et donc solides. Notre environnement est
composé d’éléments divers que nous pouvons voir et toucher. À première
vue, nous sommes donc des êtres matériels qui vivent dans un milieu
matériel, qui lui-même s’intègre dans un univers matériel.
Mais de tout temps, certains individus ont cherché à comprendre ce qu’il y a au-delà des apparences. Dès les VIe et Ve
siècles de avant notre ère, des philosophes grecs acquirent la
certitude que la matière, apparemment solide, est constituée d’éléments
immatériels. L’un des premiers à avoir formalisé cette hypothèse est
Démocrite, qui postula qu’elle est constituée d’atomes (terme grec qui
signifie littéralement «insécable»). Mieux encore, il alla
jusqu’à dire que les atomes eux-mêmes sont constitués de particules
subatomiques, auxquelles il donna le nom d’«éons». Ce philosophe est d’ailleurs considéré comme le père de l’atomisme et comme l’un des précurseurs de la physique.
Depuis la Grèce antique, la physique a
fait des progrès considérables, et de nos jours, nous connaissons bien
la structure de la matière et la constitution des atomes, avec leurs
électrons, leurs protons, leurs neutrons et autres particules, parmi
lesquels les neutrinos, les mésons, les bosons, les quarks, etc. Or,
toutes ces particules sont invisibles et intangibles. Dans l’absolu,
cela veut dire que la matière, qui nous semble si dense en apparence,
est immatérielle en essence. Vue sous cet angle, la métaphysique est le
prolongement naturel de la physique. Malheureusement, trop peu de
physiciens en ont conscience, ce qui explique pourquoi nombre d’entre
eux sont aussi matérialistes dans leur démarche.
Qu’ils soient matérialistes ou
spiritualistes, la plupart des physiciens admettent de nos jours que
l’univers se réduisait à l’origine à un prodigieux centre d’énergie, et
qu’il a en quelque sorte jailli de ce centre pour prendre corps
graduellement dans la matière et donner lieu aux galaxies, aux étoiles,
aux planètes et aux astres qu’il contient. Au regard de la physique, ce
jaillissement correspond au Big Bang ; la métaphysique l’assimile au
Fiat Lux. Mais quelle que soit la terminologie employée, il marqua le
passage de “quelque chose” d’immatériel à la Création, telle qu’elle se
manifeste à travers le monde matériel. En termes rosicruciens, il marqua
le passage du Dieu non manifesté (1) au Dieu manifesté (1 + 9 = 10).
Que déduire de ce qui précède ? Que la
matière est d’origine spirituelle et qu’elle fait partie intégrante de
la Divinité. En fait, et comme cela est expliqué dans l’enseignement de
l’Ordre de la Rose-Croix, elle doit son existence à une énergie cosmique
qui prend sa source dans un Centre divin qu’il est impossible de situer
dans le temps comme dans l’espace, et qui se densifie au fur et à
mesure qu’elle s’en éloigne. Par extension, tout ce qui existe dans
l’univers, depuis les rayons cosmiques jusqu’à la matière elle-même, en
passant par les ondes électro-magnétiques et les couleurs visibles, sont
des expressions différentes de cette même énergie. C’est en ayant cela à
l’esprit que les scientifiques devraient étudier les phénomènes
auxquels ils sont confrontés.
Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
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