Découvrez
enfin la véritable vie des
Prisonniers de Guerre Français
pendant la deuxième guerre.
APRES
60 ANS D'ATTENTE, Roger DEVAUX raconte
sa vie de guerre, sa captivité, sa Guefangue.
Ce texte vivant, en forme de journal, décrit
jour après jour, mois après mois,
de 1940 à la libération de 1945, la
vie quotidienne, les anecdotes, les moments de joie,
les petits actes de résistance à l'ennemi
mais aussi les amitiés entre Guefangues,
et parfois avec les paysans allemands.
Vous
découvrirez comment nos prisonniers essayaient
de résister à l'ennemi,
comment ils provoquaient l'envie et l'admiration
de l'ennemi, comment ils préparaient les
évasions, comment on améliorait
l'ordinaire malgré les interdits... Vous
découvrirez aussi la libération
vue de la-bas, le sort des déportés,
les bavures des alliés... De nombreuses anecdotes,
souvent drôles et parfois émouvantes...
Vous connaitrez enfin la véritable
histoire de France, telle que l’ont
vécu ceux qui l’on faite.
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Treize
qu’ils étaient, dans ce camion qui
était parti du Stalag VIIA et qui les ballottait
dans tous les sens. Hébêtés
par les événements de ces dernières
semaines, affamés par la maigre nourriture
de l’enfermement du camp de Neuf-Brisach
où ils étaient entassés,
affaiblis par une dysenterie pernicieuse, au cœur
l’angoisse de l’avenir, ils s’attendaient
au pire, dans ce camion, bringuebalant.
Roger fermait les yeux, revivait les deux derniers
jours, quittant la ville fortifiée, montant
dans un wagon et serrant les dents au passage
de la frontière. Le terminus, le stalag
VIIA, les barbelés. Le tri des cultivateurs.
A ce moment, il s’était souvenu que
son père, en les quittant lors de la dernière
permission, lui avait conseillé cette voie
au cas ou … Sans sourciller il s’y
était engagé, lui pour qui, le blé
de la Beauce et la prairie de Longchamp c’était
du kif. Il ne connaissait aucun de ceux qui étaient
avec lui. Treize, qu’ils étaient,
dans ce camion.
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Ces
documents sont protégés par un copyright.
"Treize qu'ils Etaient" a fait l'objet
d'un dépot légal en mai 2007 (voir
ici : http://bibliographienationale.bnf.fr/Livres/M20_07.H/cadre920-1.html#FRBNF41065834).
Il est interdit de le revendre ou de le diffuser
sous quelque forme que ce soit.
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Extrait
de "Treize Qu'ils Etaient"
1940
– L’Année de l’Inquiétude
1941
– L’Année de l’Amertume
1942
– L’Année de l’Angoisse
1943
– L’Année de la Lassitude
1944
– L’Année de l’Espoir
1945
– L’Année de la Joie
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Treize
qu’ils étaient, dans ce camion qui
était parti du Stalag VIIA et qui les ballottait
dans tous les sens. Hébétés par les événements
de ces dernières semaines, affamés par la
maigre nourriture de l’enfermement
du camp de Neuf-Brisach où ils étaient entassés,
affaiblis par une dysenterie pernicieuse,
au cœur l’angoisse de l’avenir,
ils s’attendaient au pire, dans ce
camion, bringuebalant.
Roger fermait
les yeux, revivait les deux derniers jours,
quittant la ville fortifiée, montant dans
un wagon et serrant les dents au passage
de la frontière. Le terminus, le stalag
VIIA, les barbelés. Le tri des cultivateurs.
A ce moment, il s’était souvenu que
son père, en les quittant lors de la dernière
permission, lui avait conseillé cette voie
au cas ou … Sans sourciller il s’y
était engagé, lui pour qui, le blé de la
Beauce et la prairie de Longchamp c’était
du kif. Il ne connaissait aucun de ceux
qui étaient avec lui. Treize, qu’ils
étaient, dans ce camion.
Un brusque
coup de frein, des « Schnel »
aboyés à n’en plus finir par le soldat
en arme qui les accompagnait, ils se retrouvaient
dans une cour immense entourée de bâtiments
élevés. D’un groupe de civils (puisqu’ils
n’avaient pas d’uniformes),
un homme petit, gringalet s’approcha
des prisonniers en hurlant « Cultivateur,
Cultivateur ? ». Bien sûr, tous
répondirent par un « oui » massif
puisqu’ils étaient là pour ça. Alors
ce fut la ruée, chaque paysan voulait choisir
son homme, mais un tonitruant « Ruhé ! »
plaqua tout le monde au sol. Dame !
Un officier SS ça ne rigole pas, et c’est
lui qui fit l’attribution. L’un
après l’autre, les paysans firent
connaissance de leur « Guefangue » ,
les emmenèrent dans leur ferme.
Ce n’était
certes pas un costaud qu’il suivait,
Roger. Petit, malingre, coiffé d’un
rigolo chapeau tyrolien, il n’était
certainement pas apte pour l’armée.
Une petite ferme, une grand-mère, un homme
jeune idiot qui s’enfuit en voyant
le nouveau venu et la fermière, la quarantaine
fanée. Elle le conduisit dans la maison,
à la cuisine. Elle lui avance une chaise
devant la table, et se met à crier « Aye,
Aye ». Il se demandait où elle pouvait
avoir mal pour crier de cette façon. « Aye,
Aye ». La converse n’était pas
facile. Elle disparût et revint avec quatre
œufs. Roger comprit tout de suite,
que le rêve d’une délicieuse omelette
allait devenir réalité. En fait, ses « Aye,
Aye » voulaient dire « Œufs »
en français. De là, a commencé son initiation
à la langue de Goethe.
Le gardien
qui a récupéré ses prisonniers dans les
fermes plus lointaines ramasse Roger au
passage. La grande maison, la petite pièce,
le bruit du loquet qui enferme, extinction
de l’ampoule, tout le monde doit dormir.
Treize
qu’ils étaient là, serrés comme des
sardines ; malgré le noir, les commentaires
vont bon train. Il y avait, venus du Nord,
Henri, Pierre, Albert. De Bourgogne, le
petit Robert, le plus petit et le plus jeune,
et Auguste le plus âgé, Maurice le fermier
(en France) avec son copain Eugène, bricolant,
braconnant à loisir et aussi Raymond. De
la région de Paris venaient André, dans
les travaux public, Roger, Vendeur et Bertrand
l’imprimeur. Du midi, Jean-René et
le dernier, Fernand, sous officier de carrière.
Tout un
petit monde, qui se raconte les impressions
de leur premier contact avec leur ferme,
mais, chacun a le cœur serré. Les bruits
qui courent sur les événements ne sont pas
roses. La fatigue leur fera quand même fermer
les yeux.
A Jelkofen ,
la maison du grand George, le patron de
Roger, était contiguë avec une petite épicerie.
Une toute petite boutique tenue par une
dame aux cheveux blancs qui élève une petite
fille. Jusqu’ici c’est une allemande
comme les autres. Et bien non, celle-ci
parle un français parfait, un peu compassé,
assez fin de siècle, et avec une gentillesse
raffinée. Explication, elle a été placée
dans une grande famille française installée
sur les bords du lac Léman en Suisse. De
plus, elle accepte les marks de camp pour
les marchandises qui ne sont pas délivrées
avec ticket.
Ce fut
comme une traînée de poudre dans le Kommando.
Il fut cependant décidé d’un tirage
au sort pour le passage dans la boutique
afin de ne pas attirer les foudres du gardien.
André fut le premier à pouvoir faire des
achats et, miracle, c’était du vin.
Le stock vineux de la charmante dame fut
vite épuisé. Mais le choix des articles
se raréfia et il ne restera qu’André
et Roger qui iront régulièrement rendre
visite à l’aimable sexagénaire qui
aime la France.
Le maire,
nazi notoire, mettra fin aux achats en interdisant
à Betty de prendre les marks de camp, les
réservant à son épouse qui tient un commerce
semblable dans un autre quartier.
Puis André
ayant son travail à Pinkofen ,
cessera les visites. Seul Roger continuera
pendant les cinq années à rendre mensuellement
visite à Betty et à Meddy sa nièce, ne pouvant
oublier les services qu’elle a rendu
aux « Französes » au début de
leur captivité.
Après
une rude journée de travail
Quand le corps est las
Et de trop penser, l’esprit fatigué.
Lorsque le ciel cache son bol d’émail
Et que sous les pas
La terre molle semble s’effondrer.
Qu’il est doux, petite fille aux yeux bleus
Qu’il est doux de sentir
Tes bras frais comme la rosée
Autour de mon cou se pendre. Par eux
Par ton joyeux rire
Pour un moment, tout est oublié.
Pourtant, je suis vieux déjà
Si toi tu n’as que quatre ans
Je ne connais que la langue de mon pays
Et lorsque tu parles, je ne comprends
pas
Qu’importe, tu m’aimes. Je
le sens
Et ton affection réjouit ma triste vie.
Un jour, je retournerai dans mon pays,
Vivre tranquillement et sans gloire,
Des jours heureux auprès d’êtres
chéris.
Je serai triste de ne plus te revoir.
Mais j’emporterai dans mon cœur
Oh ! Petite fille aux cheveux dorés
Le souvenir de tout le doux bonheur
Que, dans la peine, ton rire m’a
donné.
Le
2 juin 1941, en vers très libres
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