La Cure et la
colline de Vézelay
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Les amateurs de l’art roman peuvent trouver plusieurs autres monuments romans dans la très belle ville ancienne de Vézelay : d’abord deux anciennes églises paroissiales désaffectées. Saint-Etienne, en bas de la ville, était du type des églises à deux étages voûtés d'arêtes, et conserve encore sa nef intéressante transformée en magasin. Saint-Pierre, église romane probablement du même type, est encore plus martelée: il n'en subsiste que la tour de l’horloge du 17e siècle. Dans les rues, et surtout dans les quartiers entourant l’abbaye, vous pouvez admirer encore plusieurs façades romanes avec grandes arcades et baies géminées, ainsi qu'un grand nombre de caves voûtées du 12e siècle conservées sous les maisons, qui font de Vézelay un monument roman dans son entier. Enfin, en dehors de la ville en direction d’Asquins, on trouve la délicieuse chapelle de la Cordelle avec ses arcatures et chapiteaux du milieu du 12e siècle.
Historique
L'histoire de l'abbaye et de la ville de Vézelay est longue et importante. Les origines se trouvent dans la vallée de la Cure au pied de la colline, à l'emplacement du vieux village de Saint-Père, où l'existence d'un temple païen et d'un oratoire Saint-Jean-Baptiste est connue depuis longtemps. L'abbaye de Vézelay trouve son origine avec la fondation vers l'an 858 d'un monastère de moniales dans la vallée, par le comte Girard de Roussillon et sa femme Berthe. Le couvent de femmes obtient la protection directe du pape en 863. Quelques années après, le couvent est détruit par les Normands et on décide de le déplacer sur la haute colline voisine, plus facile à défendre. Ici est alors créé un nouveau monastère bénédictin d’hommes, dirigé par l'abbé Eudes, avec des moines venus probablement d’Autun. Le monastère est entouré d'une enceinte et est dédié à Saint-Pierre, Saint-Paul et Sainte-Marie. Une première église carolingienne est consacrée en 878 par le pape Jean VIII. Un incendie au début du 10e siècle nécessite des restaurations. L'abbaye devient de plus en plus importante après l'arrivée des reliques de Sainte-Marie-Madeleine, venues de Provence et confirmées vers 1050 par le pape. L'abbatiale est alors dédiée à Sainte-Marie-Madeleine. Aussi, l'abbaye est elle soumise à l’ordre de Cluny au 11e siècle, provoquant quelques difficultés. L'indépendance de l'abbaye cause également quelques affrontements avec les comtes de Nevers, qui se poursuivent pendant le 12e siècle. L'afflux de pèlerins venant vénérer les précieuses reliques devient de plus en plus grand et l'abbé Artaud décide d'agrandir l'abbatiale à la fin du 11e siècle. Un nouveau chœur roman avec déambulatoire est consacré en 1104 par le pape Pascal II, tout en conservant l'ancienne nef carolingienne. Cette nef a fait l'objet d'un grave incendie l'été 1120, elle est en grande partie détruite et un grand nombre de pèlerins et fidèles ont été tués par le feu ce jour noir. L'abbé Renaud, originaire du Brionnais, commence un grand projet de reconstruction dans le nouveau style roman provenant de son pays natal. La grande nef est construite dans les années 1120-1140 et est consacrée en 1132 par le pape Innocent II. Un large narthex est ensuite construit par l'abbé Ponce de Montboissier pour héberger les pèlerins dont le nombre ne cesse de croître. Vézelay est devenu une halte de première importance sur la route de Compostelle. Une ville prospère s'est édifiée au 12e siècle sur la colline autour de l'abbaye ; les caves romanes des maisons étaient destinées à recevoir les pèlerins. C'est aussi le temps des grandes croisades et en 1146, le jour de Pâques, la colline de Vézelay est le théâtre d'un grand événement : la prédication de la seconde croisade par Saint Bernard à l'endroit de la Cordelle. L'abbaye est séparée de Cluny en 1162 et rattachée à l'évêché d’Autun. Un nouvel incendie en 1165 cause la destruction de la crypte primitive et du chœur de l'abbé Artaud. Une fois de plus, un grand projet de reconstruction est décidé, par l'abbé Girard d’Arcy: un grand chœur et un transept sont construits dans le nouveau style gothique primitif à la fin du 12e siècle. Après l'ajout d'arcs-boutants au 13e siècle, l'église est en grande partie achevée dans l'état qu'elle conserve aujourd'hui, après avoir traversé les multiples terreurs de l'histoire. A Vézelay, le premier couvent franciscain de France est fondé en 1217. Il jouxte la chapelle romane de la Cordelle, hors les murs de la ville. Le déclin de Vézelay commence au 13e siècle avec la découverte des véritables reliques de Sainte-Madeleine à Saint-Maximin dans le Midi et leur authentification par le pape. Lentement, l'abbaye est oubliée et dégradée par les outrages du temps. L'abbaye est placée en commende au début du 16e siècle et est sécularisée par le pape en 1537. L'abbatiale devient alors collégiale desservie par des chanoines. C'est le siècle des guerres de religion et les protestants n'épargnent pas Vézelay entre 1568 et 1578. Pendant le saccage par les Huguenots en 1569, les reliques sont brûlées et les portails de la façade sont mutilés. Au 18e siècle, les bâtiments de l'abbaye sont en partie vendus et en partie détruits. En 1790, le chapitre de chanoines est supprimé et l'église devient paroissiale. L'époque tumultueuse de la Révolution cause de nouvelles mutilations aux sculptures de la façade. Les vestiges de l'abbaye et l'église sont vendus comme biens nationaux en 1796. L'église se dégrade encore plus en 1819, quand la tour de la façade est incendiée par la foudre. Prosper Mérimée fait classer Monument Historique en 1840 la ruine piteuse qu'il a trouvée pendant ses voyages. Il envoie le jeune restaurateur Eugène Viollet-le-Duc pour sauver ce chef-d'œuvre roman de la ruine. La tâche est immense. L'état dans lequel il a trouvé l'église, pillée par les guerres et la Révolution, est alarmant. De 1840 à 1861, il conduit une campagne de restauration souvent contestée, de l'ensemble des bâtiments. Il fait partiellement reconstruire les parties hautes du narthex, le clocher incendié, quelques voûtes de la nef et une galerie du cloître détruit. Il fait copier et remplacer les sculptures trop mutilées, dont beaucoup de chapiteaux et le grand tympan de la façade. Il restaure le bâtiment abbatial conservé. On doit admettre que l'église a perdu un peu de son authenticité par ces reconstructions, mais grâce à Viollet-le-Duc, on peut admirer aujourd'hui ce joyau de l'art roman dans toute sa splendeur d'antan. En 1920, l'église obtient le titre de Basilique et depuis 1945, l'abbaye est à nouveau utilisée par des moines. De nos jours, Vézelay a recouvré sa grande renommée et le site est classé patrimoine mondial par l'UNESCO en 1979. Des milliers de visiteurs du monde entier viennent admirer chaque année ses trésors. Actuellement, la basilique est l'objet d'importants travaux de restauration, commencés en 1997 et toujours en cours.
Dessin des ruines
de la façade au 19e siècle par Viollet le Duc
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Description
Je vous propose ici une visite approfondie de la basilique merveilleuse et des vestiges de l'abbaye. En arrivant, on voit de loin la magnifique colline de Vézelay, couronnée par la basilique Sainte-Madeleine. Après avoir monté les jolies rues de la cité fortifiée, on se retrouve sur la place devant la façade de l'église. Cette façade apparaît mutilée et restaurée, cachant une grande église du 12e siècle qui est un chef-d'oeuvre incontesté de l'art roman, pour son architecture savante, pour ses multiples trésors abondants de sculpture, pour la lumière grandiose du sanctuaire. Sur le plan ci-dessous on voit que la basilique se compose de trois parties bien distinctes qui composent cet ensemble merveilleux : un narthex de trois travées à l'ouest, une grande nef romane de dix travées, et à l'est, un partie gothique comprenant le transept et le choeur à déambulatoire. Du côté sud, on voit l'unique bâtiment conservé de l'abbaye. Je ferai la description en commençant à l'ouest par la façade, et en continuant vers le choeur, en soulignant que l'ordre de description n'est alors pas chronologique.
Plan de la basilique
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Le narthex et les portails romans
La façade de la basilique est composite, mutilée et restaurée. Elle date du 12e au 19e siècle. Sa construction en avant du narthex au milieu du 12e siècle achevait la grande abbatiale romane. Les trois portails de l'étage inférieur sont de cette époque, mais les sculptures et tympans romans mutilés au cours de l'histoire ont disparus. Le grand portail central possède un tympan du Jugement Dernier sculpté en 1856 par Michel Pascal. Le grand Christ en Majesté, le linteau, les voussures et le trumeau sont tous de cette époque moderne et remplacent les sculptures romanes partiellement conservées au musée de l'abbaye. Les deux portails latéraux sont plus modestes et ont des tympans nus. Quelques chapiteaux et corbeaux datent du 12e siècle (un oiseau becquetant du raisin, à gauche), les autres sont des copies modernes. La partie centrale de la façade est occupée par un pignon du milieu du 13e siècle avec plusieurs statues du Christ, de la Vierge, d'anges et de saints. Le pignon est flanqué des bases des deux tours, aux arcatures du 12e siècle. Seule la tour sud est achevée. C'est la tour Saint-Michel dont l'étage supérieur est du 13e siècle, sauf la balustrade au 19e siècle construite par Viollet le Duc.
La façade
restaurée
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La
tour Saint-Michel
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Entrons par l'un des portails. On se trouve dans le grand narthex, aussi dit Galilée ou avant-nef, ajouté vers 1140-1150 comme espace d'accueil pour les pèlerins, lieu de rassemblement et de préparation. C'est un haut espace de trois travées d'une architecture romane savante, où domine déjà l'arc brisé, voûté d'arêtes. C'est un des espaces d'accueil avec étage, dont on trouve de nombreux exemplaires dans la Bourgogne Romane: Tournus en est un spécimen ancien, et celui de Perrecy-les-Forges préfigure Vézelay. Comme dans ce dernier, les trois nefs sont surmontées à l'étage par des tribunes en forme de U. Les tribunes surmontent les bas-côtés et s'ouvrent sur la partie centrale par des séries d'arcatures sur chapiteaux. Ils sont reliés par la tribune au-dessus de la troisième travée, où se trouve une petite chapelle dédiée à l'archange Saint Michel, portée par des pilastres à chapiteaux. C'est une chapelle haute qui s'ouvre sur la nef par deux arcatures en plein cintre, d'où la vue est formidable. Ici se trouvent deux voûtes d'ogives qui sont parmi les plus anciennes de France. Reste à remarquer que les parties hautes des tribunes et les voûtes sont en grande partie reconstruites pendant la restauration du 19e siècle et que tous les chapiteaux des tribunes sont remplacés par des copies (à l'exception de celui de Tobie, côté sud).
Le narthex
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Parties hautes
du narthex
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Le narthex est doté de sculptures romanes qui sont parmi les plus belles qui soient : une collection de chapiteaux complémentaires à ceux de la nef, mais surtout les trois portails merveilleux qui s'ouvrent sur la nef. Le portail central est la gloire de Vézelay et l'un des plus beaux portails romans en France. L'ensemble d'une énorme richesse a été sculpté vers 1125-1130 et représente le miracle de la Pentecôte, avec l’envoi des Apôtres sur le tympan autour du grand Christ en Majesté. Son corps majestueux occupe la mandorle ; ses mains envoient des rayons aux têtes des douze Apôtres, qu'il envoie pour évangéliser les peuples. La scène est entourée par huit compartiments où sont sculptées plusieurs scènes aux saints et peuples variés. Le large linteau sous le tympan porte de nombreux personnages étranges. C'est le monde profane où on remarque des scythes, le monde romain, les macrobii, les Pygmées et les Panotii avec leurs oreilles démesurées. Saint Pierre et Saint Paul se trouvent au centre du linteau. Il est supporté par le trumeau où la figure de Saint Jean-Baptiste a été mutilée à la Révolution (l'Agneau Pascal qu'il portait a disparu). Deux rangées de voussures entourent cet ensemble : la première est composée de 29 médaillons contenant les Signes du Zodiaque et les Travaux des Mois, admirablement sculptés et rappelant Avallon et Vermenton; la deuxième est sculptée de palmettes. De chaque côté, le portail est supporté par des piédroits où sont sculptés Saint Pierre, Saint Paul et deux autres Apôtres, par des pilastres cannelés à chapiteaux, et par des colonnes surmontées de 4 chapiteaux historiés. Sur ces chapiteaux, on peut reconnaître Adam et Eve chassés du paradis terrestre, une Faunesse et un oiseau fabuleux, le sacrifice de Saül et le Repentir de Saül.
Le portail central
du narthex
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Le portail nord
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Chapiteaux du
portail sud
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Les deux portails latéraux du narthex, de la même période, s'ouvrent sur les collatéraux de la nef. Le portail sud est un petit trésor par ses sculptures parfaites qui rappellent celles du Brionnais. Le tympan, un peu mutilé, représente l'Enfance du Christ. Sur le registre inférieur, on admire l'Annonciation, la Visitation, l'Annonce aux Bergers et la Nativité. Le registre supérieur montre l'Adoration des Mages avec la Vierge à l'enfant. Ce sont des sculptures d'une excellente facture, pleines de mouvement. Les voussures possèdent de belles feuilles de vigne et des rosaces. Quatre chapiteaux historiés montrent Ulysse et la sirène, l'Ange de la Nativité à l’olifant, l'ange du Jugement Dernier et un Faune visant un démon. Le portail nord montre les derniers épisodes de la vie du Christ ressuscité. Le registre supérieur du tympan montre l'Ascension, avec le Christ entre les Apôtres. Le registre inférieur représente trois scènes : l'Apparition du Christ à deux disciples d'Emmaüs, le Christ rompant le pain, et les disciples retournant à Jérusalem. Comme sur le portail sud, on admire les belles voussures et quatre chapiteaux historiés : un oiseau avec corps de serpent, deux anges vainqueurs de démons, et deux tons du plein-chant.
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Tympan
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Voussures
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Partie du linteau
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Chapiteaux
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Portail sud
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Tympan sud
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Tympan nord
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Chapiteaux nord
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Enfin, le narthex est remarquable pour les chapiteaux de l'étage inférieur. Ils sont un peu postérieurs aux chapiteaux de la nef, qu'on va découvrir ci-dessous, certains en reprennent les thèmes. Les sujets sont variés. Certains représentent des feuillages et des décors végétaux, d'autres sont historiés. Voila la liste complète de la dernière catégorie: Saint Benoît ressuscite un enfant, les Reproches de Nathan à David, l'Histoire de Saint Jean-Baptiste, l’Apparition de Sainte-Marie-Madeleine à la Princesse de Provence (moderne), Samson terrassant un lion (mutilé), deux hommes mangeant du raisin, Joseph et la femme de Putiphar, Bénédiction de Jacob par Isaac (mutilé), Saint Pierre et Saint Paul en prière, la Décollation de Saint Jean-Baptiste, le Repas de Saint Antoine et Saint Paul ermites, la Tentation de Saint Benoît et la Mort de Caïn.
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Mort de Caïn
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Samson terassant
le lion
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St-Benoit ressuscite
l'enfant
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St-Pierre et
St-Paul en prière
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Joseph et la
femme de Puthipar
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Histoire de
St-Jean-Baptsite
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Reproches de
Nathan à David
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Feuillage
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La grande nef et les chapiteaux
Après avoir visité le narthex, on continue avec la grande nef, dont l'architecture saisissante est semblable mais antérieure. C'est sans doute la plus belle partie de la basilique: une merveille romane, construite entre 1120 et 1140, pénétrée par une lumière abondante et mystique. L'architecture est originale, la nef longue de dix travées et les bas-côtés sont entièrement voûtés d'arêtes. Les arêtes sur doubleaux en plein cintre de la nef centrale sont barlongues et surmontent une élévation à deux étages : grandes arcades en plein cintre et fenêtres hautes. Ce type de voûtement, utilisé depuis longtemps pour les bas-côtés des grandes églises romanes, permet un éclairage direct de la nef centrale par des larges baies. Les piliers qui soutiennent les arcades sont cruciformes et flanquées de colonnes engagées aux chapiteaux sculptés. Cette architecture, typiquement bourguignonne, est une généralisation du modèle primitif d'Anzy-le-Duc et le plus grand exemple en Bourgogne de ce genre répandu au 12e siècle en Avallonnais. A Vézelay, la nef est très large et l'élévation est extrêmement soignée. Les grandes arcades ont une archivolte décorée, et on remarque le prolongement des tailloirs, un bandeau horizontal décoré de médaillons, les fenêtres hautes entre pilastres cannelés, les arcs formerets soulignant les voûtes. La dernière travée est voûtée d'ogives, comme l'étaient trois autres avant la restauration du 19e siècle. On ne cesse pas d'admirer l'harmonie parfaite et la luminosité de cette nef, l'équilibre remarquable avec le choeur gothique et la perspective des arcs doubleaux polychromes. De l'extérieur, la nef est également imposante par ses volumes ; elle a été renforcée d'arcs-boutants au 13e siècle.
Façade
latérale de l'église
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L'intérieur
de la nef
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Coupe du narthex
et de la nef
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Bas-côté
de la nef
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Chapiteau de
la nef : le Moulin Mystique
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Plus encore que le narthex, la nef est remarquable pour ses chapiteaux romans. Les sculptures abondantes, datées de 1125-1140, montrent plusieurs thèmes et sujets bibliques, fantastiques ou végétaux d'une grande richesse. L'ensemble de 100 chapiteaux de la nef, probablement par un atelier de cinq maîtres-sculpteurs, est le plus important de la Bourgogne avec celui d'Autun. Huit chapiteaux sont remplacés au 19e siècle par des copies et 25 sont sculptés de feuillages et motifs floraux d'un bel effet. Les autres chapiteaux sont historiés et on peut y découvrir la bible en pierre, un monde médiéval plein de mystères. On considère d'abord ceux qui se trouvent dans le bas-côté sud, puis ceux au côté nord et finalement ceux dans les parties hautes de la nef.
Les chapiteaux surmontent les colonnes engagées des piliers de la nef et celles des murs goutteraux. Voici la liste complète des chapiteaux historiés du bas-côté sud : la Luxure et le Désespoir, le célèbre chapiteau du Moulin mystique, Saint Martin et l’arbre sacré des païens, le Duel, le combat fabuleux, l'enlèvement de Ganymède, la Conversion de Saint Eustache, l’Education d’Achille, la balance et les gémeaux, le Conseil, la Mort de Lazare et du Mauvais Riche, la Mort de Caïn (repris au narthex), David terrassant le lion, les Maîtres et les Ecoliers, la Musique Profane, le Combat de Jacob avec l'ange, la Bénédiction de Jacob par Isaac (repris au narthex), la légende de Saint Benoît, les 4 fleuves du Paradis, les 4 vents, Daniel entre les lions, Daniel dans la fosse aux lions (réemploi du chœur roman), le Compagnon de Judas, le Sacrifice de l’ancienne loi (moderne) et lions affrontés.
Chapiteau
du bas-côté sud : la luxure et le
désespoir
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Mort
de Lazare et du mauvais riche
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Enlèvement
de Ganymède
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St-Martin et l'arbre
des païens
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Combat fabuleux
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Conversion de
St-Eustache
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Conseil
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Balance et Gemeaux
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Mort de Caïn
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David terassant
le lion
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Musique profane
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Combat de Jacob
et l'ange
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Bénédiction
de Jacob par Isaac
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Légende
de St-Benoît
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Fleuves du paradis
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les vents
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Daniel entre
les lions
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Voici la liste complète des chapiteaux historiés du bas-côté nord : le Festin du Mauvais Riche, la Délivrance de Saint Pierre, Adam et Eve dans le paradis (réemploi du chœur roman), la lutte du bien et du Mal (moderne), la Tentation de Saint Antoine (moderne), la Vision de Saint Antoine, le repas de Saint Antoine et Saint Paul ermites (repris au narthex), l'Exécution du meurtrier de Saül, la légende de Sainte Eugénie, le basilic et la sauterelle, les funérailles de Saint Paul ermite (moderne), le Fils de Pharaon tué par l'Ange exterminateur (inachevée), Moïse et le Veau d'or (rappelant Autun), combat de deux démons, les éléphants affrontés (mutilé), la Mort d'Absalon, la lutte de David et Goliath, meurtre de l’Egyptien par Moïse, l'Hiver et l'été, lions affrontés, les oiseaux, Judith et Holopherne (moderne), le Châtiment de l’Avare et du Calomniateur, les Jeux Frivoles (mutilé), la Sagesse et l’Imprudence.
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Festin du mauvais
riche
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Delivrance de
St-Pierre
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Adam et Eve
dans le paradis
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Vision de St-Antoine
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Repas de St-Antoine
et St-Paul
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Exécution
du meurtrier de Saül
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Légende
de Ste-Eugénie
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Basilic et sauterelle
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Moise et le veau
d'or
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Combat de démons
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Mort d'Absalon
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Lutte de David
et Goliath
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Meurtre de l'Egyptien
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Lions affrontés
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Châtiment
de l'avare et du calomniateur
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Sagesse et imprudence
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A la naissance des doubleaux de la voûte se trouvent les derniers chapiteaux, moins visibles mais intéressants. Ils sont flanqués de pilastres cannelés avec petits chapiteaux souvent sculptés de décors végétaux. Voici la liste complète des chapiteaux historiés des parties hautes de la nef: la Lutte de Dragon et Guerrier, le Sacrifice de Caïn et Abel (voir aussi à Chalon), Adam et Eve chassés du paradis, Hériodade et Hérode, deux Pélicans au bord de l’eau (pilastre: le Sacrifice d’Isaac par Abraham), Samson et Dalila, l’Abbé de Vézelay rendant Justice, Joseph et la femme de Putiphar (repris au narthex), Abdemelech obtient la grâce de Sediacus de Jérémie, le Martyre de Saint Andoche , la Construction de l’Arche de Noé (pilastre: lion et atlante), le Meurtre d’Amnon, la Pendaison de Judas (fameux sujet d'Autun et de Saulieu. Pilastre: atlantes), Ours et personnage caché dans les feuillages. Restent à mentionner le chapiteau du Combat de lions du côté ouest de la nef sous la chapelle Saint-Michel et un médaillon d'une femme assise avec l’église de Vézelay dans une arcade du côté sud de la nef.
Chapiteau
des parties hautes : Adam et Eve
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Sacrifice
de Caïn et Abel
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Hériodade
et Hérode
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L'abbé
de Vézelay rendant justice
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Joseph et la
femme de Puthipar
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Construction
de l'arche de Noé
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Lutte de guerrier
et dragon
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Meurtre d'Amnon
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Combat de lions
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Le chœur et la crypte
Le chœur et le transept sont construits à la fin du 12e siècle dans le nouveau style gothique primitif après l'incendie en 1165 qui détruisit le choeur roman des années 1100. Cette partie de l'église est très lumineuse et s'oppose à la nef romane par son style très différent. Cependant, l'ensemble est d'un équilibre parfait et étonnant. C'est l'un des premiers exemples de l'art gothique qui deviendra la gloire de l'Ile-de-France, connu de Sens et de Saint-Denis. On y trouve les caractères du gothique naissant : voûtes d'ogives, épanouissement vertical, arcs de profil brisé, tribunes avec arcatures légères, déambulatoire avec hautes colonnes, grandes baies et chapelles rayonnantes carrées et semi-circulaires. Un tympan trilobé du 13e siècle est déposé dans le croisillon nord. A côté du croisillon sud est construit le deuxième clocher de la basilique : la tour Saint-Antoine. Cette dernière est construite vers 1160 et possède des grandes ouvertures sur deux étages, tandis que sa flèche octogonale avec lanternons est détruite.
Chevet
gothique de la basilique
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Le
choeur lumineux
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La
tour Saint-Antoine
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Sous le choeur se trouve la crypte où sont conservés depuis longtemps les reliques de Sainte Madeleine. Elle conserve les vestiges d'une première crypte de l'abbatiale carolingienne du 9e siècle. Le petit espace voûté en berceau du côté ouest de la crypte, où est conservée la châsse de reliques, serait un confession de cette époque. La crypte actuelle a été construite après l'incendie de 1165 dans un style mi-roman, mi-gothique. Les voûtes d'arêtes des 7 travées sont portées par des colonnes monolithes aux chapiteaux lisses. Quelques fresques du 13e siècle y sont conservées, dont un Christ en majesté.
La
crypte sous le choeur
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Les bâtiments de l'ancienne abbaye
Ayant complété la visite de l'église abbatiale, on continue avec les vestiges des bâtiments de l'abbaye. Autrefois, un ensemble important de bâtiments monastiques se trouvait au flanc sud de l'église autour d'un cloître central. Ces constructions ont été en grande partie détruites après la Révolution. Aujourd'hui ne subsiste que le bâtiment des moines contre le transept de l'église. Le rez-de-chaussée de ce bâtiment date de la seconde moitié du 12e siècle et se compose de deux salles d'un bel art roman tardif. La plus importante est la Salle capitulaire, aujourd'hui chapelle du Saint-Sacrement. Restaurée par Viollet le Duc, cette salle est voûtée d'ogives sur deux colonnes centrales séparant six compartiments. La sculpture des chapiteaux est évoluée et les voûtes sont dotées de médaillons sculptés avec scènes variées : Agneau Pascal, animaux fantastiques, Samson terrassant le lion, Saint Michel combattant le dragon. Les arcades du côté ouest s'ouvraient sur une galerie du cloître et ses chapiteaux et archivoltes sont décorés. La petite salle suivante de deux travées est également voûtée d'ogives, elle ne se visite pas. Le premier étage du bâtiment était le Dortoir des Moines. Divisé en deux salles, il est occupé par le Musée de l’Oeuvre (voir ci-dessous). Restaurée en 1967-1969, la plus grande salle se compose de trois travées gothiques voûtées d'arêtes. Ce bâtiment était à l'origine flanqué à l'ouest du cloître, reconstruit au 13e siècle puis détruit à la fin du 18e siècle. Une seule galerie a été reconstituée par Viollet-le-Duc en 1854 et fait communiquer l'église et la Salle capitulaire. L'emplacement du préau du cloître est clairement visible et un puits y est encore conservé. Des sarcophages et pavements ont été trouvés par des fouilles en 2012. Ici se trouve sous terre une Citerne d’eau romane, importante mais inaccessible, à deux nefs en berceau porté par neuf colonnes. Contre le mur latéral de la basilique sont déposées ici, depuis 1851, les grandes pierres de l'ancien tympan du grand portail de la façade. La sculpture abîmée est très difficile à reconnaître, compte tenu des mutilations de la Révolution. On voit encore les vestiges du Christ en Majesté et d'un ange, peut-être de la main de Gislebertus, célèbre maître sculpteur de la cathédrale d'Autun. Le grand linteau du portail est déposé devant : les figures des Apôtres sont très mutilées. Plus loin, vers la terrasse de l'ancien Château abbatial détruit à la Révolution, les vestiges d'un autre bâtiment de l'abbaye sont conservés. Il s'agit d'un mur aux larges ouvertures de l'ancien Réfectoire du 12e siècle, dans un enclos privé. Jetant un coup d'oeil sur les constructions du 18e siècle, comme l'ancien doyenné et les Maisons canoniales du chapitre flanquant la basilique au côté nord, on a visité tous les vestiges des bâtiments de l'abbaye. Prenez le temps d'admirer la vue sur les environs depuis la terrasse derrière la basilique.
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Arcatures
de la salle capitulaire
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Intérieur
de la salle capitulaire
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Ancien Réfectoire
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Dortoir avec
musée lapidaire
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Pierres déposées
de l'ancien tympan du grand portail
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Le Musée de l'œuvre
On pourra ensuite compléter la visite de l'abbaye de Vézelay par le Musée de l'œuvre qui se trouve dans l'ancien Dortoir des moines à côté de la basilique. C'est un musée lapidaire très intéressant qui regroupe de nombreuses sculptures romanes déposées au milieu du 19e siècle par Viollet-le-Duc pendant la grande restauration. A cette époque, le restaurateur remplaçait les chapiteaux trop mutilés de la basilique par des copies. Les pièces d'origine étaient conservées à l'origine dans les tribunes du narthex ont été installées en 1979 dans le nouveau Musée. De nombreuses pièces de sculpture médiévale provenant de la basilique, des bâtiments abbatiaux ou de fouilles y sont conservées. Beaucoup de chapiteaux romans, clefs de voûtes et statues de la façade y sont exposées, et aussi beaucoup d'estampages et moulages du 19e siècle qui étaient utilisés pour faire les copies, plans et dessins de l'église avant les restaurations. On y recensera également d'autres témoins de la grande campagne de restauration. La première salle regroupe les pièces provenant des bâtiments de l'abbaye: un beau chapiteau provenant du cloître roman, des fragments provenant de la Salle capitulaire, des fragments d'un fronton historié attribué à Gislebertus le maître d'Autun, et quelques vitrines aux fragments divers. Ensuite, la Salle de la Madeleine expose les sculptures provenant de la basilique. Je ne peux pas donner l'aperçu complet ici, mais le plus admirable sont les chapiteaux romans suivants provenant de la nef (en particulier la Tentation de St-Antoine, la Lutte du bien et du mal, les Animaux Musiciens, les funérailles de St-Paul ermite, le Sacrifice de l’ancienne loi et la Sirène) et ceux des tribunes du narthex (le Combat des Anges et des démons, le Festin de Balthazar, Pharaon et les sages Femmes, l’Ascension, les anges, St-Georges à cheval transperçant le Dragon, les Animaux affrontés, la Résurrection de Lazare). Contre le mur de fond, sont réunies un grand nombre de sculptures de la façade de la basilique : chapiteaux romans des portails (Lions mangeant du raisin, la Délivrance de St-Pierre, l’Annonciation couronnée, les colombes, un ange donnant à Loth l’ordre de quitter Sodome, une centauresse tirant à l’arc), des fragments d'archivoltes, statues et culots gothiques. En outre, l'ancien vicariat possède une réserve où sont conservées d'autres sculptures moins lisibles. Le catalogue exhaustif des collections du musée a été fait par Lydwine Saulnier et Neil Stratford en 1984 sous le titre La sculpture oubliée de Vézelay.
Chapiteaux du
Musée
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Chapiteau du cloître
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Médaillons
de la Salle capitulaire
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Combat des
anges et des démons
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Sujet inconnue
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Tentation de St-Antoine
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Le Festin de
Balthazar
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Pharaon et
les sages femmes
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Chapiteau du
trumeau
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A
voir aussi à
Vézelay :
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Visite
La basilique se visite toute l'année de l’aube au crépuscule. En été, la CASA propose des visites guidées de la basilique. Le Musée de l'Oeuvre se visite en Juillet et Aout de 14h à 18 h.
Pour en savoir plus sur Vézelay, vous pouvez visiter les sites internet suivants :
Site de la basilique: http://vezelay.cef.fr/.
Site anglais avec autre description (belles photos des chapiteaux):
http://vrcoll.fa.pitt.edu/medart/menufrance/vezelay/vezintro.html.
Site de l’Office de Tourisme: http://www.vezelaytourisme.com/.
Site informatif de la ville: http://www.ville-vezelay.com/.
Maison du Visiteur : http://www.vezelay-visiteur.com/.
Vézelay photo : http://www.vezelay-photo.com/.
Site non officiel de la ville: http://membres.lycos.fr/vezelay/Francais/Menufr.html.
La basilique sur art-roman.net: http://www.art-roman.net/vezelay/vezelay.htm.
Vézelay sur Architecture religieuse: http://architecture.relig.free.fr/vezelay.htm.
Page en anglais: http://titan.iwu.edu/%7Ecallahan/vezelay-panorama-e.html.
Série de photos sur romanes.com: http://www.romanes.com/Vezelay/.
Vous pouvez également consulter l'un des nombreux livres écrits sur Vézelay :
- Adhémar J., Vézelay, 1959.
- Alban E., Les caves de Vézelay, Paris, Université de Paris IV, 1954.
- Angheben M., Les Chapiteaux Romans de la Bourgogne.
- Angheben M., Le combat du guerrier contre un animal fantastique: á propos de trois chapiteaux de Vézelay, Bulletin monumental, 1994.
- Arms J.T., Basilica of the Madeleine, Vézelay, 1929.
- Bataille A. et al., Vézelay, Haut lieu de Lumières, Dijon, 1998.
- Baussan C., La Basilique de Vézelay, Paris.
- Bécet M., Vézelay.
- Calmette J. et david H., Les grandes heures de Vézelay, Paris, 1951.
- Claudel P., Vézelay, Paris, 1950.
- Druon M., Vézelay, colline éternelle.
- Erlande-Brandenburg A., Vézelay, Paris, 2002.
- Feldman J.S., The Narthex portal of Vézelay: Art and the monastic self image, Texas, 1988.
- Forsyth I., The Ganymede capital at Vézelay, 1976.
- Frizot J., Vézelay, 2002.
- Gréal J., La basilique de Vézelay, Guide et plans.
- Haasé P., Actes de la Journée d’Etude des Sous-Sols batis, Les Amis de Vézelay, 1988.
- Haasé P. et Tollard P., Vézelay et ses environs, Guide, Promenade, 1984.
- Huys-Clavel V., La Madeleine de Vézelay, cohérence du décor sculpté de la nef, 1996.
- Janet le Caisne, E.-M., Vézelay. Paris, 1963.
- Jean-Nesmy C., Vézelay, Zodiaque, 1970.
- Katzenellenbogen A., The central tympanum at Vézelay, Its encyclopedic meaning and its relation to the first crusade, 1944.
- Martin N.L., Précis historique et anecdotique sur l’ancienne abbaye de Vézelay et les alentours, Auxerre, 1832.
- Miehoff F., La sculpture oubliée de Vézelay, Zeitschrift für Kunstgeschichte, 1989.
- Moreau A., Vézelay, Nouvelles Editions Latines.
- Morel M., Vézelay, Paris, 1946.
- Murphey K., Memory and Modernity: Viollet-le-Duc at Vézelay, The Pennsylvania State University Press, 2000.
- Oursel R., Bourgogne Romane, Zodiaque, 1968.
- Oursel R., Lumières de Vézelay, Zodiaque, 1993.
- Porée C., L’Abbaye de Vézelay, Paris, 1920.
- Poulene J. et B., Le tympan de Vézelay.
- Pujo B., Histoire de Vézelay.
- Rouchon-Mouilleron V., Vézelay, Livre de Pierre, Paris, 1997.
- Roy J., Vézelay ou l’Amour Fou, 1990.
- Roy J., Vézelay, a sentimental guide.
- Salet F., Cluny et Vézelay, l'oeuvre des sculpteurs, Paris, Société Française d'Archéologie, 1995.
- Salet F., La Madeleine de Vézelay, Melun, 1948.
- Saulnier L. et Stratford N., La sculpture oubliée de Vézelay, Catalogue du Musée Lapidaire, Genéve, 1984.
- Taylor M., The Pentecost at Vézelay, 1980.
- Turgot A., Histoire de la Ville et de l'Abbaye de Vézelay, 1826.
- Vogade F., Vézelay.
- Vorreux D., Vézelay, 1992.
- Editions Flohic, Le Patrimoine de la Basilique de Vézelay, 1999.
Ce texte est créé par Eduard van Boxtel. Toute discussion sur le contenu du texte est possible par le mail. Si vous pensez que certaines dates ou faits historiques sont faux, si vous voulez corriger mon français assez pauvre, ou si vous doutez de quelques datations, hypothèses ou conclusions, n’hésitez pas à me contacter. Je vous répondrai rapidement et si vous avez des arguments convaincants, le texte sera corrigé de suite.
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