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dimanche 9 juin 2013
(suite) La fin des Templiers par Rudy Cambier.
Scène 5
***
Marie-Gertrude
Albert, je dois vous entretenir.
Albert
Mais non Marie-Gertrude, c'est moi qui vous entretiens et qui supporte toutes vos dépenses.
Marie-Gertrude
Ne jouez pas au plus bête avec moi !
Albert éclate de rire.
Je suis sûr de perdre !
Marie-Gertrude poursuit
Il n'y a pas de quoi rire ! Votre fils est un beau sujet de scandale !
Albert
Où voyez-vous de nouveau du scandale ?
Marie-Gertrude
Où je vois du scandale ? Vous ne voyez pas où je vois du scandale ? Évidemment, vos mœurs éhontées…
Albert
Scandale, mœurs éhontées … Marie-Gertrude, vous avez toujours eu la manie d'employer des grands mots pour parler des petites choses.
Marie-Gertrude
Votre fils s'acoquine publiquement avec de la roture !
Albert
Qui vous l'a rapporté ?
Marie-Gertrude
Personne.
Albert
Personne ?
Marie-Gertrude
C'est l'inspiration …
Albert
À mon idée, votre inspirateur se gouverne beaucoup plus mal que celui qu'il calomnie.
Marie-Gertrude
Je vous interdis de vous en prendre à ce jeune homme !
Albert
Merci Marie-Gertrude de me confirmer ce que j'avais deviné.
Un peu que Marie-Gertrude est gênée !
Albert
Calmons-nous un peu.
Marie-Gertrude agressive
Je suis calme.
Albert
Si vous vouliez bien réfléchir, Marie-Gertrude, vous verriez que ce ne serait pas une si mauvaise affaire.
Marie-Gertrude
Jamais je ne donnerai mon fils à une margoton paysanne.
Albert
Personne ne vous demande de donner quoi que ce soit, tout ce qu’on vous demande c’est de vous taire.
Marie-Gertrude
Je ne m'étonne d'ailleurs pas que ce mariage vous plaise.
Albert
Ah ! Et pourquoi donc ?
Marie-Gertrude
Vous invoquez le prétexte de l'argent, mais en vérité, vous aimez déchoir.
Excédé, Albert hausse les épaules. Marie-Gertrude poursuit
Et vous ne pouvez manquer de savoir que la mère est une roulure, une poule faisane.
Albert
Ce n'est pas la mère que Julien se propose d'épouser.
Marie-Gertrude
Je refuse de voir mon fils accouplé à un rejet de romanichels !
Albert
Romanichel ! Romanichel ! Vous savez, le Philosophe a les moyens, et il n'a qu'une fille. Et si je ne me trompe pas, le Philosophe a encore deux tantes de sucre du côté de sa mère. Et il héritera sûrement une bonne poignée de son oncle curé, le frère de son père. Tout ça ensemble fait beaucoup de terres et un gros tas de sous.
Marie-Gertrude
De toutes manières, il ne saurait être question d'aucune union : Julien a sa vocation.
Albert
Sa vocation ! Vous n'avez que ça à la bouche : Sa vocation ! Vous en causez partout et à tout le monde, vous ne cessez de répandre cette chanson, si bien que le pauvre Julien est le seul dans tout l'arrondissement à ne pas savoir qu'il a une vocation.
Marie-Gertrude
Il n'y a pas matière à discussion ! Un sacerdoce est nécessaire au salut de notre famille.
Albert
Ma chère, vous avez à vous toute seule prié, chanté, jeûné, confessé, pénitencé, neuvainé, rogationné et processionné assez pour garantir le salut des sept prochaines générations.
Marie-Gertrude
Vous blasphémez !
Albert
Et si jamais Dieu le Père paye un petit intérêt sur le capital que vous avez déposé à la banque des bigoteries, nos descendants sont parés pour les sept prochains siècles.
Marie-Gertrude
Mécréant vulgaire !
Albert
Bigote enfagotée !
Marie-Gertrude
Soudard !
Albert
Cruche.
Marie-Gertrude
Buffle.
Albert
Dinde péteuse.
Marie-Gertrude
Balourd !
Albert
Andouille !
Marie-Gertrude
Raté !
Albert
Harpie enfardelée !
Marie-Gertrude
Maquereau d'eau douce !
Albert
Poison ! Vous êtes une poison.
Marie-Gertrude
Courez donc vous étendre sur vos morues.
Albert
Je vais là pour préserver ma santé car à s'étendre sur vous, on risque la bronchite tant vous êtes froide.
Marie-Gertrude
Vous n'avez jamais été capable de me faire jouir.
Albert
Pas facile d'être enthousiaste en devant passer ma bite par la fente de votre chemise de nuit.
Marie-Gertrude
Salaud ! Salaud ! Immonde salaud ! Fumier ! Vous me répugneeeez…
Albert
C'est bien pour ça que je vais ailleurs.
Marie-Gertrude
Voilà vingt ans que vous courez la gueuse.
Albert
Parce que vous êtes inerte, insipide, marmoréenne et constipée. Il n'y a pas que vos airs qui sont glacés, vous êtes glaciale et aussi glaçante que l’hiver, vous êtes plate et polaire.
Marie-Gertrude
Vous n'êtes pas autre chose qu'un chien en rut perpétuel qui éjacule des bouillons de culture.
Albert
Ma production tient plus de la sauce blanche que de la soupe claire.
Marie-Gertrude
Dégoûtant ! Vous trimbalez dans vos glandes toutes les infections de l'arrondissement.
Albert
C'est faux et vous le savez. Vous savez que, sanitairement, je prends mes précautions.
Marie-Gertrude
C'est ce que vous dites.
Albert
C'est ce que je fais, par respect pour les maris.
Marie-Gertrude
Écoutez-moi ça ! Vous n'aimez que la boue. Mais qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour mériter cela ?
Albert
Moi je le sais. Je connais votre cœur, Marie-Gertrude : vous êtes une marie-salope bête et implacable.
Marie-Gertrude
Seigneur Jésus, par pitié, faites-le crever ! Ohohohohoh … faites-le crever !
Albert
Vous êtes une vraie méchante. Vos propos, vos regards et vos silences à mon endroit ont laissé de grosses cicatrices et même des plaies inguérissables. Grâce à vous je sais que les traînées qui font le trottoir ont bien moins d'imagination que les saintes Nitouche pour les vices et les coups bas.
Marie-Gertrude
Ça suffit ! Ça suffitçasuffitçasuffiiiii !
Tout d'un coup glaciale : Refusez de raisonner Julien et j'en aviserai mon père qui est, vous le savez, au mieux avec le comte, votre employeur. Est-ce que je me fais comprendre ? Est-ce que je me fais bien comprendre ?
Albert
Je savais que vous en viendriez là. Mais, tudieu ! Qu'est-ce que ça m'a fait du bien de vous servir quelques-unes de vos vérités !
C'est bon, j'essayerai.
Marie-Gertrude
Il conviendrait que vous fassiez mieux qu'essayer…
Albert très très ferme
J’essaierai. Rien de plus.
(à suivre).
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