Geoffroy
de Charnay, précepteur de Normandie, fut le premier des quatre
dignitaires du Temple à être interrogé, le 21 octobre 1307. Il était âgé
de cinquante-six ans. Il avait été reçu à l’âge de dix-huit ou dix-neuf
ans dans la commanderie d’Etampes, par frère Amaury de La Rroche, en
présence de frère Jean de Franceys, précepteur de Paris, et de quelques
autres, tous décédés.
« … Il dit aussi sous serment qu’après qu’on
l’eut reçu et qu’on lui eut mis le manteau au cou, on lui apporta une
croix sur laquelle était l’image de Jésus-Christ. Et le même frère qui
le reçut lui dit de ne pas croire en celui dont l’image y était
représentée, parce qu’il était un faux prophète et qu’il n’était pas
Dieu. Et alors celui qui le reçut lui fit renier Jésus-Christ trois
fois, de bouche non de cœur, à ce qu’il dit.
Requis de déclarer s’il
avait craché sur l’image elle-même, il dit sous serment qu’il ne s’en
souvient pas et qu’il croit que c’est parce qu’ils se hâtaient.
Interrogé sur le baiser, il dit sous serment qu’il baisa le Maitre qui
le recevait sur le nombril, et il entendit frère Gérard de Sauzet,
précepteur d’Auvergne, dire aux frères présents au chapitre qu’il
estimait qu’il valait mieux s’unir aux frères de l’Ordre que de se
débaucher avec les femmes, mais il ne le fit jamais et ne fut pas requis
de le faire, à ce qu’il dit.
Requis de déclarer sous serment s’il
avait reçu ou fait recevoir quelques frères dans l’Ordre susdit, il dit,
sous serment, que oui. Il dit aussi sous serment que le premier qu’il
reçut dans l’Ordre, il le reçut de la même façon qu’il fut reçu
lui-même, et tous les autres il les reçut sans aucun reniement ou
crachat ou quoi que ce fût de malhonnête, conformément aux statuts
primitif de l’Ordre, parce qu’il s’apercevait que la manière dont on
l’avait reçu était honteuse, sacrilège et contraire à la foi
catholique…. »
Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie,
interrogé le 21 octobre, fait l’effet d’un homme brisé moralement et
physiquement. Il a cinquante six ans. Il est Templier depuis trente-sept
ou trente-huit ans.Il avoue tout ce que veut l’inquisiteur : le
reniement, le baiser sur le nombril et l’incitation à l’homosexualité
par le précepteur d’Auvergne, Gérard de Sauzet. Ou bien il a réellement
perdu la mémoire, ou bien il divague. Car la carrière de Gérard de
Sauzet est parfaitement connue. Quand il était commandeur d’Antioche, il
provoqua la perte du château templier de Gastein. Il fut rétrogradé,
condamné à servir comme simple chevalier. Le Maître Guillaume de Beaujeu
ne le tira de l’obscurité qu’en 1289 pour le nommer précepteur
d’Auvergne. Or, il y avait une vingtaine d’années que Charnay avait été
reçu au Temple !Mais celui-ci met également en cause le vénérable et
vénéré Amaury de La Roche. A la fin de son interrogatoire, il semble
reprendre ses esprits ; il esquisse un moyen de défense, en affirmant
que les frères qui furent reçus par lui ou par les commandeurs de sa
province , l’ont été « sans aucun reniement ou crachat ou quoi que ce
fût de malhonnête, et conformément aux statuts primitifs de l’Ordre,
parce qu’il s’apercevait que la manière dont on l’avait reçu était
honteuse, sacrilège et contraire à la foi catholique ». Ce faisant,
Charnay soulève involontairement le délicat problème d’un double statut :
la règle approuvée par le concile de Troyes en 1128 et une règle
secrète, dont on ne sait rien et dont aucun exemplaire ne fut saisi par
les gens du roi. Il est d’autant plus incompréhensible que l’inquisiteur
se soit abstenu de le questionner sur cette règle secrète. Mais il
avait intérêt à ce que le mystère s’épaissit.
« … Il dit aussi sous serment qu’après qu’on l’eut reçu et qu’on lui eut mis le manteau au cou, on lui apporta une croix sur laquelle était l’image de Jésus-Christ. Et le même frère qui le reçut lui dit de ne pas croire en celui dont l’image y était représentée, parce qu’il était un faux prophète et qu’il n’était pas Dieu. Et alors celui qui le reçut lui fit renier Jésus-Christ trois fois, de bouche non de cœur, à ce qu’il dit.
Requis de déclarer s’il avait craché sur l’image elle-même, il dit sous serment qu’il ne s’en souvient pas et qu’il croit que c’est parce qu’ils se hâtaient.
Interrogé sur le baiser, il dit sous serment qu’il baisa le Maitre qui le recevait sur le nombril, et il entendit frère Gérard de Sauzet, précepteur d’Auvergne, dire aux frères présents au chapitre qu’il estimait qu’il valait mieux s’unir aux frères de l’Ordre que de se débaucher avec les femmes, mais il ne le fit jamais et ne fut pas requis de le faire, à ce qu’il dit.
Requis de déclarer sous serment s’il avait reçu ou fait recevoir quelques frères dans l’Ordre susdit, il dit, sous serment, que oui. Il dit aussi sous serment que le premier qu’il reçut dans l’Ordre, il le reçut de la même façon qu’il fut reçu lui-même, et tous les autres il les reçut sans aucun reniement ou crachat ou quoi que ce fût de malhonnête, conformément aux statuts primitif de l’Ordre, parce qu’il s’apercevait que la manière dont on l’avait reçu était honteuse, sacrilège et contraire à la foi catholique…. »
Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, interrogé le 21 octobre, fait l’effet d’un homme brisé moralement et physiquement. Il a cinquante six ans. Il est Templier depuis trente-sept ou trente-huit ans.Il avoue tout ce que veut l’inquisiteur : le reniement, le baiser sur le nombril et l’incitation à l’homosexualité par le précepteur d’Auvergne, Gérard de Sauzet. Ou bien il a réellement perdu la mémoire, ou bien il divague. Car la carrière de Gérard de Sauzet est parfaitement connue. Quand il était commandeur d’Antioche, il provoqua la perte du château templier de Gastein. Il fut rétrogradé, condamné à servir comme simple chevalier. Le Maître Guillaume de Beaujeu ne le tira de l’obscurité qu’en 1289 pour le nommer précepteur d’Auvergne. Or, il y avait une vingtaine d’années que Charnay avait été reçu au Temple !Mais celui-ci met également en cause le vénérable et vénéré Amaury de La Roche. A la fin de son interrogatoire, il semble reprendre ses esprits ; il esquisse un moyen de défense, en affirmant que les frères qui furent reçus par lui ou par les commandeurs de sa province , l’ont été « sans aucun reniement ou crachat ou quoi que ce fût de malhonnête, et conformément aux statuts primitifs de l’Ordre, parce qu’il s’apercevait que la manière dont on l’avait reçu était honteuse, sacrilège et contraire à la foi catholique ». Ce faisant, Charnay soulève involontairement le délicat problème d’un double statut : la règle approuvée par le concile de Troyes en 1128 et une règle secrète, dont on ne sait rien et dont aucun exemplaire ne fut saisi par les gens du roi. Il est d’autant plus incompréhensible que l’inquisiteur se soit abstenu de le questionner sur cette règle secrète. Mais il avait intérêt à ce que le mystère s’épaissit.
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