(suite) La fin des templiers par Rudy Cambier auteur de l'oeuvre du vieux moine le dernier chemin des templiers.
Partout et toujours, au mieux l’homosexualité fut traitée comme nous le
faisions il y a quarante ans, brocardée, vous vous en souvenez, par les
"vrais mâles".
Ce qu'on nomme normalité n’est que le certificat d’appartenance à un groupe dominant et pour servir de victime, il suffit d’être
réputé autre. Chez les bipèdes, dans l’espèce à la bite brandie, les
homos, les handicapés, les novateurs, les hérétiques et les sorcières
sont à la mauvaise place. En tous lieux, tout comme celui des autres
«bizarres », le sort des homosexuels navigua entre l’apitoiement un
tantinet réprobateur et l’assassinat judiciaire.
Il ne faut pas
écouter ce que des sots sottement militants racontent, des délirants
qui vont disant que c’est le christianisme et la société moderne qui ont
stipendié l’homosexualité fort bien tolérée ailleurs. C’est faux. Leur
honneur tout nouveau d’êtres humains, les homosexuels le doivent au
fabuleux courage des gays californiens, puis au courage de ceux qui ont
repris le flambeau de la dignité, un point, c’est tout. Dire que
l’homosexualité était acceptée voire socialement légitimée pendant
l’Antiquité gréco-romaine païenne est un mensonge basé sur une illusion :
ce n’est pas à la largeur d’esprit des Anciens que l’homosexualité dut
de ne pas générer chez quelques Grecs et quelques Romains – de ne pas
toujours générer – l’habituelle réaction agressive. Non ! cette société
était gouvernée par une telle débauche, une telle inventivité dans les
vices, que, mon dieu ! être à vapeur ne se remarquait pas trop.
Rappelons par exemple que le prix d’une passe avec un ou une putain
équivalait au prix d’un verre de vin dans une taverne. Prostitués et
prostituées commençaient leur carrière à l’âge de 8 ans au plus tard et
quand ils et elles atteignaient une douzaine d’années, leur mac, qui
était souvent leur père, les vendait comme main-d’œuvre pour les mines.
C’est le dégoût de cette pourriture de la société païenne qui fit le
succès du christianisme au début de notre ère.
Le tout-venant
des humains du Moyen-Âge n’était pas beaucoup plus saint que les
ancêtres. Les mœurs des laïcs étaient assez immondes, mais la grande
nouveauté était que contrairement aux prêtres antiques qui organisaient
les orgies, le clergé chrétien tempêtait contre la débauche et obligeait
les débauchés à faire pénitence. Pour les religieux, le sexe était
l’outil du démon et menait droit en Enfer. La baise était toujours un
péché. Elle devenait un péché toléré pour les besoins de la reproduction
à la condition expresse qu’elle soit pratiquée entre époux et sans
plaisir. Si ça vous avait fait du bien, il fallait réciter des paters et
des aves et promettre qu’à l’avenir vous ne sentiriez plus par où ça
passait. La reine Blanche de Castille se dissimulait derrière une
tenture pour épier son fils Saint Louis au lit et s’il avait laissé
échapper un soupir de contentement, elle le gourmandait et l’envoyait à
confesse. Pour racheter alors son horrible faute, le futur saint se
flagellait… Le peuple médiéval se sentait donc tout le temps coupable de
fornication peccamineuse (une chose que bien entendu il faisait avec
une ardeur diabolique) et même en danger de brûler dans la Géhenne pour
avoir seulement effleuré le songe d’intromettre son braquemart :
l'Église nommait cela "pécher en pensée".
Vous imaginez bien le
sentiment de répulsion qui frappait les homosexuels : on ne concevait
pas qu’il pût exister une tare pire, c’était un péché dans le péché. Au
Moyen-Âge chez nous, comme naguère en Chine, comme encore aujourd’hui en
terres d’Islam, l’homosexualité n’était pas seulement un péché, c’était
un crime : le crime de bougrerie passible de châtiments infâmes. Comme
pour les autres crimes, le seul moyen d’échapper parfois au supplice
était de faire un pèlerinage après une confession publique. Le clergé
organisait alors un spectacle délirant, avec procession, ostension de
reliques, prières reprises en chœur par la foule, litanies, sonneries de
glas, supplications à l’adresse de Dieu et de la Vierge (une dame qui
s’était pourtant laissé surprendre...). Quant à la tapette mise au
repentir obligatoire, sans arrêt et sans faiblir, on l’exhortait à se
convertir, on l’assommait d’obsécrations, on lui versait des cendres sur
la tête et on l’arrosait d’eau bénite. Richard Cœur de Lion lui-même,
qui était pédé comme un phoque, par deux fois devant le peuple assemblé
en kermesse dut se soumettre à cette mascarade et jurer sur les reliques
que désormais il baiserait à l’endroit.
Qui aurait osé avouer
être de l’autre nature ? Se faire prendre, se faire soupçonner, voulait
dire sa vie détruite ! L’humain que la destinée avait gratifié de
pulsions homo vivait l’enfer. Une épreuve sans nom, un chemin de croix,
un tourment, un épouvantable secret.
Qui aurait osé avouer être
de l’autre nature ? Eh bien Yves de Lessines l’a fait ! Et sans se
faire prendre. Évidemment, pour l’apercevoir il faut être dressé à
l’exégèse, c’est-à-dire savoir lire les textes du Moyen-Âge avec leurs
tours et leurs détours de pensée. Les plus simplistes sont rédigés au
moins en "double-entendre" ; quant aux autres, sur la suite de mots que
vous lisez viennent se greffer parfois trois, parfois quatre sens
complémentaires que les médiévaux entendaient donner à toute phrase
écrite, sauf dans les domaines de la technique, de la science et du
droit.
Je vais en proposer un bref exemple extrait des
Centuries sans exposer le détail des explications : ne voyons que le
sens des mots.
La verge en main mise au milieu de Branches
De londe il moulle et le limbe et le pied
La verge en main : difficile d’être plus cru et les cuisses sont les
deux grosses branches sortant du tronc : tout le monde connaissait cette
image triviale. L’onde, c’est l’eau en mouvement, l’eau agitée, le
flot, la vague, le courant, mais encore l’eau considérée comme un des 4
éléments, mais aussi un liquide quelconque, et encore le bouillonnement
et encore l’agitation, la tempête, la tourmente, le trouble, et enfin
l’ondée, c’est-à-dire une averse qui vient d’un coup et cesse presque de
même. Le limbe, c’est le bord d’une chose en général, aussi la bordure
d’un vêtement, et aussi une bande (quelque chose d’allongé), un liseré,
une frange. Et moulle se prononçait mouille : c'est l'ancienne
orthographe correcte.
Pas besoin de faire un dessin : c’est à
la fois une confession et du ciné porno, c'est un enculage terminé par
une éjaculation. Et c’est signé ! à la manière médiévale, bien entendu :
par une anagramme. Voici le quatrième vers : Splendeur divine le divin
pres sassied. Le divin pres : l’Ivin Depres, que nous nommons
aujourd'hui Yves Desprez, dit en son abbaye Yves "de Lessines" parce que
né en ce lieu.
à suivre...
livres associés Les
centuries : Nostradamus la fin d'un mythe de Jehans de la Oultre et La
gardienne de la 9e porte d' Annik Couppez Véronèse d'Olrac.
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