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mercredi 1 mai 2013
la fin des templiers par Rudy Cambier. (suite).
absolument impossible de neutraliser la sauvegarde. Au début du 14ème siècle, ce signe, un sceau, avait été confié au visiteur de Flandre. Le signe, c'est la croix du Chapitre du Temple mais dont le bras gauche est brisé. Le bras gauche, celui qui tient le bouclier : le Temple n'a pas su se protéger, mais le bras droit, celui de l'épée, est intact.
Photo de l'auteur.
De divers côtés, les Templiers avaient été avertis que quelque chose se tramait contre eux. Même la Curie romaine et la reine de France passèrent des informations, disent les Centuries, qui ajoutent que le comte de Flandre Robert de Béthune, revenu d'une entrevue avec Philippe le Bel à Tours en mars 1307 au cours de laquelle le roi l'avait sondé sur ce sujet, lui aussi sonna l'alarme. Dès le retour du comte, Henri se rendit à Paris où les grands dignitaires de l'Ordre – Jacques de Molay entre autres – se moquèrent de ses craintes, refusèrent de prendre des mesures de sauvegarde et le chassèrent ignominieusement. Ça a dû chauffer car, à en croire les Centuries, il y eut de la bagarre physique lors de cette entrevue et Henri de Montigny dut menacer de son couteau la gorge du Maître Jacques de Molay pour pouvoir se dégager et quitter le Temple de Paris.
Henri de Montigny, dont les dignitaires ignoraient évidemment la fonction secrète, décida de passer outre à l’ukase des grands et résolut de faire pour le mieux. Mais faire quoi ? Il vint demander conseil à son frère aîné, Jacques de Montigny, pour l’heure abbé de Cambron et ce dernier fit appel au vieil Yves Desprez, dit de Lessines, ex-ingénieur militaire devenu simple moine de la maison. Le moine Yves a la réputation d'avoir parcouru le monde et d'être le moine le plus intelligent de l'abbaye.
Les trois hommes – les Triumvirs comme ils sont nommés dans les Centuries – ont compris que puisque les aveugles grands dignitaires refusent de donner l'ordre de se défendre, le Temple ne pourra pas résister à l'attaque du roi. Ils décident de sauvegarder ce qui pourra l'être pour permettre à l'Ordre de renaître quand la tempête sera passée. Ils mettent au point un plan et le réalisent. Les trois hommes décident d’abandonner tout ce qui ne sera pas transportable et utile et de constituer avec le reste un trésor de résurrection.
Les ordres scellés du sceau de sauvegarde sont transmis dans toute l'Europe. Ils commandent d'envoyer en Flandre le numéraire et les objets précieux. (Ne nous illusionnons surtout pas sur le volume du trésor du Temple en pièces d’or : quelques litres ou tout au plus deux ou trois dizaines de litres ! La valeur d'une monnaie est son pouvoir d'achat et au Moyen-Âge, l'or, parce qu’il est très rare, a un pouvoir d'achat énorme : quelques grammes, deux pièces plus petites que l’ongle d’un doigt, achètent une maison !). Les objets du culte sont fondus en lingots en forme de poissons (pour garder symboliquement son caractère chrétien à la matière !). La plus grande part du volume du «trésor » est constituée de reliques (Yves de Lessines dit textuellement "les os" !) parce que justement leur valeur pécuniaire était énorme ! Souvenons-nous que la Sainte Chapelle dont l’édification a coûté une gigantesque fortune a coûté bien moins cher que le prétendu Saint Clou et la Sainte Épine que Saint Louis était si fier d’acquérir !
Tout ce que les Templiers rassemblèrent fut enfermé dans 21 tonneaux convenablement graissés. Pour faire bonne mesure, on ajouta des documents importants aux yeux des Templiers : l’original de la règle écrite par le moine Mathieu sous la dictée de Saint Bernard, les décisions des chapitres pendant 200 ans et " des documents qui prouvent que le pape est une ordure " (sic).
L'opération a commencé dans les derniers jours de mars 1307 et tout est terminé à la fin du mois de septembre ("au mois contraire et proche de vendange"). Philippe le Bel lance son attaque le 13 octobre. Deux semaines trop tard !
Presque vingt ans après ces faits, de 1323 à 1328, le vieux moine Yves devenu prieur, resté seul survivant et détenteur du secret, écrit un poème énigmatique de 4000 vers qui raconte cette histoire et l'intitule Les Centuriesen l'honneur de l'Ordre du Temple dont la force combattante s'appelait Legio Iesu Christi : la Légion de Jésus-Christ.
Comme tout texte médiéval, les Centuries doivent être lues à plusieurs niveaux, trois ou quatre. Nous nous attacherons ici au seul deuxième niveau, celui de la narration des événements contemporains de l'auteur. Par une multitude d’aspects littéraires, les Centuries procèdent directement des Sagas nordiques, connues en Europe au 13ème siècle et plus du tout au 16ème.
Que raconte donc cette saga ? Tout ce que je vous ai dit, plus ce qui suit :
Les tonneaux sont dissimulés dans des charrettes de foin à l'arrière desquelles il semble bien qu'ils avaient attaché deux vaches : une fabuleuse ruse de paysan : à cette époque, les bovins sont rares et valent très cher ; les paysans se souviendront d'avoir vu passer des vaches et parleront des vaches, pas de la charrette.
(à suivre).
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