Arrivés il y a plus de dix mille ans en Gaspésie, les Micmacs ont conquis Terre-Neuve et plusieurs provinces maritimes du Canada. Ces « premiers hommes », comme ils se nommaient, venus de l'Ouest via le détroit de Béring, étaient déjà présents dans cette partie du monde bien avant la colonisation des Vikings1.
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Ethnonyme
Selon certaines sources, « Mi'kmaq » signifierait « les Ligués » ou « mes amis », mais les débats sur ce sujet se poursuivent. Parmi les variantes du nom, on trouve « Migmagi », « Mickmaki » et « Mikmakique ». Il y a plusieurs sous-groupes parmi les Micmacs, comme les Gaspésiens de Le Clercq (au Québec oriental)2, les Souriquois3 de la tradition jésuite (au centre et au sud de la Nouvelle-Écosse). Le qualificatif de « Tarrantine » fut introduit par les Britanniques au XVIIe siècle. Le nom le plus répandu aujourd'hui est « Micmac », bien que la graphie « Mi'kmaq » soit plus exacte. L'Office québécois de la langue française recommande le féminin « Micmaque »4 mais on retrouve aussi « Micmacque » et parfois « Micmac ». L'OQLF recommande également l'ajout d'un « s » pour le pluriel4.Langue
La langue micmaque, en marge du français et de l'anglais, est encore parlée par les quelques groupes micmacs toujours existants qui se répartissent aujourd'hui entre quinze grandes réserves et encore en une douzaine d'autres réserves plus petites. On distingue plusieurs dialectes, si bien que les Micmacs du Québec éprouvent des difficultés à comprendre la langue de leurs congénères de Nouvelle-Écosse. Pourtant, le recul des traditions indiennes fait de la langue le principal ciment identitaire de la nation micmaque. Ce peuple pratiquait une forme primitive d’écriture hiéroglyphique gravée sur de l'écorce de bouleau ou du cuir.Il y a environ 200 ans, les Micmacs mirent au point une écriture alphabétique en s'inspirant de l'alphabet latin. Cette écriture devint très populaire : le père Pacifique de Valigny la perfectionna pour traduire les Saintes Écritures, rédiger des manuels scolaires et publier un journal destiné aux Amérindiens, The Micmac Messenger, qui parut tout au long du XVIIe siècle5.
Territoire
Au XVIe siècle, les Micmacs occupaient l'ensemble du pays au sud et à l'est de l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, qui comprend les provinces maritimes du Canada et la Gaspésie. Ces terres de plaine étaient alors densément boisées, parsemées de nombreux lacs et de rivières qui se déversaient dans de profonds golfes tout le long de la côte. Les hivers y sont rigoureux et les étés courts se prêtent peu aux cultures de légumes et de céréales. Mais le réseau des rivières permettait de traverser rapidement le pays en canoë. En rapprochant les habitants, il contribua à la formation d'une identité ethnique forte, regroupant à peu près dix mille individus.Le peuple s'appelait lui-même « Elnou », ce qui signifie « Hommes », et devait défendre son territoire contre d'autres tribus. Ainsi les Micmacs disputèrent-ils la possession de la presqu'île de Gaspé aux Mohawks, tandis qu'ils devaient surveiller les marches méridionales de leur territoire, en particulier la vallée du fleuve Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, des incursions des Malécites et des Pentagouets. Les chasseurs micmacs occupèrent occasionnellement l’île d'Anticosti et touchèrent même les côtes du Labrador, où ils affrontèrent les Inuits. La colonisation de Terre-Neuve marqua le début de l'extinction des tribus Béothuks, dans laquelle les Micmacs jouèrent un rôle décisif5.
Aujourd’hui, les Micmacs peuplent le territoire québécois, néo-brunswickois, néo-écossais, prince-édouardien et terre-neuvien. Au Québec, leur territoire est surtout situé dans la Gaspésie à la hauteur de la baie des Chaleurs. Il vivent dans trois communautés, comme Listuguj (1 600 résidents), Gesgapegiag (1 100 résidents) et celle de Gespeg (800 résidents). Des trois communautés, seule celle de Gespeg n'a pas de territoire de réserve.
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