La « prostitution sacrée »
Mésopotamie
Jean Bottéro est un des rares historiens à s'être posé la question des origines de la prostitution dans son ouvrage Mésopotamie1. Il considère que les premières femmes à avoir été consacrées à la prostitution sacrée pour honorer la déesse de la fertilité, Inanna à Sumer, devenue Ishtar pour les Babyloniens, étaient les femmes stériles ; ne pouvant assurer la procréation au sein d'une famille avec un seul homme, elles trouvent une place dans la société en servant la déesse, devenant l'épouse de tous.[réf. nécessaire]Les Hébreux connaissaient éventuellement aussi la prostitution sacrée. Dans 2 Rois, le roi Josias, vers -630 « ordonna [...] de retirer du sanctuaire de Yahvé tous les objets de culte qui avaient été faits pour Baal, pour Ashéra et pour toute l'armée du ciel [...]. Il démolit la demeure des prostituées sacrées, qui était dans le temple de Yahvé[...] »2. Ce passage est souvent interprété comme renvoyant à de la prostitution au sein du temple, alors que le terme hébreu d'origine peut simplement désigner l'adoration religieuse sans connotation sexuelle, comme dans l'expression "se prostituer auprès d'autres dieux". Ailleurs dans la Bible, la prostitution sacrée, au sens sexuel, est clairement évoquée dans le Deutéronome XXIII:18. En outre, dans la Genèse XXXVIII, l'histoire de Tamar fait également allusion à la prostitution au sens moderne du terme, mais il n'est pas explicitement précisé qu'il s'agisse de prostitution sacrée.
Hérodote parle dans son premier livre des prostituées sacrées, quelquefois nommées harots des temples d'Ishtar et d'autres divinités des civilisations de Mésopotamie. Le code d'Hammourabi, notamment la loi 181, fait référence à une hiérarchie des prostituées sacrées sans faire ouvertement référence à une rémunération par les fidèles.
Les prostitués masculins apparaissent avoir été à l'origine ceux qui, par malformation naturelle ou par accident, ne pouvaient pas davantage assurer la continuité de l'espèce ; eux aussi trouvaient ainsi, au service de la déesse, une place dans la société.[réf. nécessaire]
Dans le culte de Cybèle, la déesse-mère de l'Orient, il existait une prostitution sacrée particulière. Le parèdre de Cybèle, Attis, s'étant émasculé pour plaire à la déesse, les prêtres de Cybèle en faisaient autant. Ces eunuques portaient le nom de galles, et étaient connus dans toute l'antiquité pour se livrer à une prostitution sacrée dans le temple et ses abords.[réf. nécessaire]
Aux premiers temps de la civilisation méditerranéenne, le point de départ de la prostitution semble à la fois religieux et familial. Dans les cultes religieux, les rites reproduisent l’action divine exemplaire. Les cultes de la déesse-amante, présents dans toutes les sociétés anciennes, ont pour rite essentiel l’union sexuelle des hommes avec des prostituées sacrées, qui sont des femmes (ou des hommes, généralement castrés) au service de la déesse. Ces unions sont censées ressourcer la force génitale des fidèles masculins et cette force étendre ses effets positifs à la fertilité des troupeaux et des sols. On trouve encore aujourd’hui des femmes « maraboutes » vivant dans des demeures qui regroupent les filles spirituelles d’un saint et se livrant à l'exercice de la prostitution sacrée. Parfois même toutes les femmes d’une tribu sont concernées par cette pratique qui apparaît comme une survivance de rites d’initiation sexuelle.[réf. nécessaire]
Aux époques historiques, dont on a conservé les écrits, ces comportements se monnaient : les sanctuaires s’enrichissent des sommes payées par les fidèles désirant accomplir le rite, de même que les chefs de famille rentabilisent le prêt des femmes qui sont leur propriété. Les responsables des États, à Babylone comme dans tout le Moyen-Orient, ne laissent pas échapper cette source de revenus, et se mettent à créer leurs propres maisons de prostitution. Les prostituées se multiplient autour des temples, dans les rues et dans les tavernes.
Cette vision de la prostitution sacrée est depuis quelques décennies remise en cause. Johanna Stuckey relève ainsi que les sources sont polémiques (la Bible, et notamment le Deutéronome) ; d’autres traductions ont souffert d’une généralisation hâtive. De plus, les auteurs ne distinguent jamais le cas d’une sexualité rituelle, et celui d’une prostitution dont le produit irait à un temple. Il semble que à Ugarit, il n’y avait donc pas de prostituées sacrées. Des différents mots traduits comme « prostituée sacrée », naditu, qadishtu, et entu, aucun ne désigne une prostituée. Les naditu sont les filles de l’aristocratie et, comme les qadishtu, il n’est jamais fait allusion à une tâche de nature sexuelle, sacrée et rémunérée. Pour les entu, la seule sexualité évoquée a lieu avec le roi, rituellement, et peut être uniquement symboliquement3.
Sources Wikipédia.http://boutic.annik.1tpe.fr
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