Qui se doutait que le 73 de la rue Charlot (III e ) cachait
derrière une façade ordinaire les vestiges de l’une des tours d’enceinte
de l’ancien enclos des Templiers, édifiée vers 1240 ? Alerté par un
riverain, Gérard Simonet,
président de
l’association Vivre le Marais, s’est alarmé de l’environnement délabré
dans lequel se trouve ce joyau du patrimoine parisien. « C’est pourquoi
j’ai voulu prévenir les habitants du Marais et la mairie du III e de

l’existence
de ce site exceptionnel. Il faut absolument conserver la mémoire d’un
monument historique aussi remarquable. » Dernière trace matérielle du
célèbre enclos des Templiers qui fut détruit en 1806 sur ordre de
Napoléon,
cette tour de pierre, portée par un très beau mur d’assise, fait 5 m de
diamètre pour environ 10 m de hauteur. Elle est désormais au milieu de
gravats accumulés pendant les travaux de rénovation entrepris depuis
trois ans par la copropriété de l’ensemble
immobilier.
Pourtant, la rue Charlot se situe dans le quartier historique du
Marais, un secteur protégé selon les règles d’urbanisme très strictes du
plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV). Connue des architectes
des Bâtiments de France La tourelle est connue des architectes des
Bâtiments de France (ABF) qui confirment « surveiller » régulièrement
l’évolution des travaux. « Le chantier en cours est conforme mais
n’avance pas, regrette Sophie Hyafil, en charge des III e et IV e
arrondissements pour les ABF. Il semble en effet s’être stoppé. » « De
toute façon, cette tour, on ne la voit pas », prétexte le syndic de la
copropriété. « Il s’agit d’une propriété privée qui n’est pas ouverte
aux visiteurs », argumente encore une

personne
chargée du dossier. Par manque de moyens et sans doute d’intérêt, ce
vestige très rare n’a jamais bénéficié d’une attention digne de son
histoire. Des constructions parasites se sont greffées sur lui au fil du
temps, avec, notamment, un atelier qui a été détruit ces dernières
années. Ces bâtiments, qui accueillent des locataires et des activités
commerciales, ne peuvent plus aujourd’hui être déconstruits. « C’est
très dommage », confie Sophie Hyafil. « L’idéal aurait été de faire, au
cours des travaux actuels, un grand hall qui aurait mis en valeur
l’édifice. » Pour monter un tel projet, la solution serait de se tourner
vers des associations telles que la Fondation du patrimoine, qui essaye
de préserver le petit patrimoine situé dans des domaines publics et
privés en les soutenant financièrement. Mais pour obtenir cette aide, le
vestige doit impérativement être visible de la voie publique… ce qui
n’est pas le cas de la tourelle. Résultat, aujourd’hui, de nombreux
Parisiens passent encore chaque jour devant le 73 de la rue Charlot…
sans deviner le trésor qui leur échappe.
Cet article a été publié dans la rubrique Paris III. Le Parisien.
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