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8 janvier.
(Tremella deliquescens.) Sainte-Gudule,
patronne de la collégiale de Bruxelles.
L'an
de la naissance de cette sainte Vierge est aussi incertain que la date
de sa mort. Sous le règne du roi Dagobert ou de son fils Sigebert,
vivait en Brabant un comte nommé Witger. Sa femme Amalbelge, qui,
dit-on, était la sœur de Pépin de Landen, lui donna plusieurs enfants:
Rainilde, Pharaïlde, à qui Baldéric donna le nom de Sarachilde, et
Emebert qui occupa le siége épiscopal de Cambrai et fut depuis élevé au
rang de bienheureux. Elle était de nouveau enceinte, lorsqu'un ange vint
lui annoncer qu'elle donnerait le jour à un enfant dont la vie serait
un modèle de sainteté. Peu de jours après naquit sainte Gudule, sa
cousine sainte Gertrude la tint sur les fonds-baptismaux, et prit soin
de ses premières années.
A
peine sortie de l'enfance Gudule résolut de fuir le monde. Elle et sa
sœur Rainilde se rendirent au monastère de Lobbes, et demandèrent à
pouvoir y partager la solitude des moines, mais comme on ne recevait pas
de femmes dans cette abbaye, leurs instances furent d'abord inutiles.
Au bout de trois jours, Gudule, rebutée, s'en alla; Rainilde, plus
persévérante resta et fut admise à Lobbes, où plus tard elle prit le
voile. Gudule retourna demeurer près de ses parents. Veilles, jeûnes
aumônes, elle n'épargnait rien pour mériter la protection divine. A deux
milles du lieu de sa résidence, il y avait un village nommé Morzelle
(aujourd'hui Mortzel ou Moorsel) et un oratoire dédié au Sauveur ; elle
s'y rendait tous les matins dès que le coq avait donné le signal du
réveil. Le démon éteignit un jour la lumière qu'une servante portait
devant elle; abandonnée dans les ténèbres, au milieu de campagnes
désertes, elle ne savait que devenir. Gudule se jette à genoux et
adresse au ciel une fervente prière; aussitôt sa lumière se rallume, et,
pleine de joie, elle reprend sa route. D'autres miracles augmentèrent
encore la vénération qu'elle inspirait. Lorsqu'elle mourut, tout le
peuple accompagna son convoi funèbre. Son corps fut déposé le 8 janvier
712, d'après l'opinion la plus commune, dans un tombeau qu'on avait
élevé devant la porte de l'oratoire du village de Ham [50].
Le lendemain on vit avec surprise qu'un peuplier d'une grandeur
prodigieuse avait crû sur sa tombe,et qu'il s'était couvert de feuilles
malgré la rigueur de la saison.
Les
riches ornements qui couvraient les dépouilles mortelles de la plus
jeune des filles de Witger, tentèrent la cupidité d'un voleur de
profession. A la faveur de la nuit il ouvrit le tombeau de sainte Gudule
et s'empara de son collier, des croissants qui ornaient sa poitrine, de
ses boucles d'oreilles, de ses bagues, de ses bracelets, tous d'or ou
d'argent, de ses vêtements de pourpre, rehaussés d'or, de son voile de
lin, de sa ceinture ornée de perles. Mais, à quelque temps de là, une
jeune fille qui avait habité avec sainte Gudule, aperçut un des
bracelets de la sainte au bras d'une de ses compagnes avec qui elle
dansait, mais qui nia obstinément ce fait. L'évêque Emebert apprit cette
profanation avec une vive douleur. Un jour qu'il se trouvait dans
l'église de Ham, il s'écria : Que les coupables soient anathèmes! qu'un
signe divin les frappe eux et leurs descendants : les hommes seront
boiteux, quant aux femmes, on les reconnaîtra à leurs goîtres! » Et en
effet, dit Baldéric, tous les descendants du profanateur furent accablés
d'infirmités.
De
nouveaux miracles ayant signalé la sépulture de la sainte, on plaça ses
restes dans une châsse qu'on résolut de transférer dans une localité
plus populeuse. Nivelles, Mons et Maubeuge furent successivement
choisis; mais au moment fixé pour le départ, le cercueil devenait
tout-à-coup si pesant, qu'on ne pouvait l'enlever. Enfin, un vieillard,
qui dans sa jeunesse avait connu Gudule, apprit à la foule la
prédilection de la sainte pour l'église de Mortzel. Un nombreux cortége y
porta son corps, et cette fois, aucun obstacle n'arrêta la marche qui
fut signalée par plusieurs prodiges. Le peuplier qui ornait l'église de
Ham fut miraculeusement enlevé, et s'offrit, le jour suivant, aux
regards étonnés des habitants de Mortzel.
Lorsque
Charlemagne vint à Mortzel, il y institua, dit-on, un monastère auquel
il donna de riches ornements, et, de plus, le village lui-même, avec
tous les serfs qui le peuplaient. Mais ce couvent disparut pendant les
temps d'anarchie qui suivirent la mort de son fondateur, et le corps de
sainte Gudule, longtemps errant devant les Normands, arraché ensuite au
baron pillard qui s'était approprié Mortzel, fut enfin transféré à
Bruxelles, où depuis 1047 une magnifique basilique éternise la mémoire
de la fille de Witger.
A
Hamme, près de Releghem, où une localité s'appelle encore « le champ de
sainte Gudule, » les habitants célèbrent également la fête de cette
sainte et montrent encore aujourd'hui, dans la ferme principale de la
commune, l'emplacement qu'aurait occupé sa chapelle, actuellement
convertie en four [51].
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