mercredi 16 janvier 2013

Mythes et légendes de Belgique.

*
*   *

16 janvier.

- (Lamium purpureum.) Saint-Adelwin; 

saint-Honorat, évêque; saint Marcel, pape.



C'est le dernier jour que je sache où l'on trouve indiquée dans les comptes des villes belges la cérémonie bien connue d'un fol-évêque.

Ces fêtes des Fous, qui de temps immémorial avaient lieu dans presque toute l'Europe romane et teutonique, ne dépassaient pas, dans la règle, les douze nuits et, surtout, le dertiendag ou le treizième jour. Cependant, à Malines, la ville présenta, le 16 janvier 1445, « vingt-quatre pintes de vin à l'abbé factice de Bruxelles venu à Malines pour y rendre une visite à l'évêque de Sinte-Romoude (St.-Rombaut) [82] » et, le 13 janvier 1458, on y présenta la même quantité de vin à Jean van der Eyken, évêque de Sint-Romoude, lorsqu'il donna son repas au Beyart (hôtel de ville) [83].

Les comptes généraux du chapitre des chanoinesses de sainte Waudru nous donnent également des indications pareilles sur la fête des Fous célébrée le 10 et le 13 janvier :

« À maistre Jehan Sampson, chanosne de l'église Saint-Germain, il  fut donné le Xe jour de janvier, que lors il faisoit sa feste de pappalitte des folz, fu donné, au commandement de mesdamoiselles, deux escus de... » Compte de 1491-1492.

Et:

« A sire Hector de le Pierre, chappellain de l'église Saint-Germain de Mons, fu donné le XIIje jour de janvier, que lors il faisoit sa feste de légat, pour l'absence et négligence du pape des folz, lequel ne voelt faire sa feste, eu ayde de ses despens pour luy et ses gens récréer ensemble... cs. » Compte de 1495-1496 [84].

Dans quelques localités, ces folies qu'on appelait la liberté des « douze nuits, » de « décembre, » de «janvier, » prenaient déjà cours à la Noël, lorsque les « ânes » et leurs imitateurs chantaient dans les églises; quelquefois aussi c'était le « jour des Innocents » qui en marquait le commencement. Les jours principaux de ces fêtes étaient le 1er janvier, où se faisait, dans la plupart des localités, l'élection des chefs des Fous, et le 2 janvier, où les Fous commençaient leurs processions grotesques, qu'ils continuaient communément jusqu'à l'Épiphanie [85].

Quoique déjà interdites par le concile de Tolède, en 635, ces fêtes n'en continuèrent pas moins d'être en usage plusieurs siècles après, et en quelques endroits de la France elles se sont perpétuées jusqu'au dix-huitième siècle, malgré les défenses réitérées de l'Église.

Une fête des Fous d'une espèce toute particulière eut encore lieu, l'an 1551, à Bruxelles :

Le 22 du mois de juillet, dit l'auteur d'un manuscrit flamand du 15e siècle, intitulé Anecdota Bruxellensia, fut célébré à Bruxelles une fête ou triomphe en l'honneur des Fous qui s'étaient rendus, à cet effet, dans cette ville de toutes les parties du pays. Cette fête avait été inventée et préparée par un certain Jean Colyns, peintre de son métier, qu'on désignait sous le sobriquet d'Oomke (mon oncle). Cette fête était une plaisante et étrange chose. On y donnait plusieurs prix en argent. Le mardi, le prince des Fous, appelé Oomken, fit son entrée triomphale avec tous les Fous qui s'étaient rendus à son invitation. Ils commencèrent par une très-belle procession religieuse, avant le dîner, et partirent du Marché, s'arrêtant à la fontaine nommée « Putte-borre, » où assistaient à ce spectacle Éléonore, veuve douairière de France, et sa sœur Marie, passèrent par le Marché-au-Bois, toujours avec leur prince Oomken, qui était voituré dans un petit chariot, et se dirigèrent vers l'église de Sainte-Gudule où l'on célébra une messe solennelle avec chant et jeu d'orgues.

Après le service les Fous sortirent de l'église, descendirent la rue d'Assaut, passèrent devant le couvent des Frères-Prêcheurs, rue courte des Fripiers, devant celui des Filles du Repentir, devant l'église de Saint-Nicolas et retournèrent ainsi au Marché. Un prix avait été fixé pour cette singulière procession [86].

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire