vendredi 8 février 2013

Moyen Âge

Moyen Âge


Légende de saint Nicolas : le saint donne aux trois filles pauvres une dot, leur évitant ainsi la prostitution, Gérard David, v. 15001510, National Gallery of Scotland
Au Moyen Âge, les responsables de l’ordre public, municipalités, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques (évêques, abbés et pape), organisent progressivement la prostitution, déjà à partir du XIIe siècle, et surtout à partir du XIVe siècle, en tirant un profit financier. On trouve même des bordels possédés par des monastères ou des chapitres. La prostitution est toujours considérée comme naturelle, comme un moindre mal. En Italie du Nord, les autorités expliquent même que le recrutement de prostituées attirantes permettra de convaincre les jeunes gens de se détourner de l'homosexualité. Les villes et les bourgs ouvrent ainsi officiellement des maisons municipales de prostitution ou bien désignent les quartiers de la cité, généralement ses faubourgs, où la prostitution sera tolérée.
Les réglementations portent sur :
  • les restrictions aux libertés des prostituées (déplacements, fréquentations, habits) ;
  • les jours et les heures de fermeture obligatoire des maisons ;
  • les relations financières et autres entre les gérants de maison et leur personnel, d’une part, ou les autorités d’autre part.
Souvent est précisée la nature des clients : beaucoup de maisons ne peuvent théoriquement pas recevoir les hommes mariés, les prêtres et les Juifs. La tenue de la prostituée doit être distincte de celle des autres femmes afin que celles-ci ne risquent pas d’être importunées à tort. L’état d’esprit des règlements n’est pas de protéger les femmes prostituées contre la violence ou l’exploitation : dans une perspective du moindre mal, ces femmes sont sacrifiées pour un bien supérieur, l’ordre public. Souvent, en effet, c’est la permanence des viols par bandes organisées qui amène les municipalités à se poser la question d’organiser la prostitution afin de canaliser l’agressivité sexuelle des hommes. Pour ces femmes « perdues », l’idéal serait qu’après avoir rempli un temps leurs fonctions, elles se repentent, et sauvent leurs âmes, comme Marie-Madeleine, en référence à la parole de Jésus. Dans l’esprit de l’époque, les prostituées ne sont donc pas marginalisées, mais bien intégrées dans une société où elles ont leur rôle à jouer. Dans les fabliaux, parfois égrillards, du Moyen Âge, les prostituées se font complices d'autres femmes et les aident à se venger des prétendus séducteurs. La cathédrale de Chartres a d'ailleurs un vitrail qui a été offert par les prostituées, de la même façon que d'autres vitraux ont été offerts par la corporation des boulangers ou des regrattiers.
Les prostituées le sont pour des raisons financières, parce qu’elles sont sans ressources pour une raison ou une autre : tel est le cas pour les étrangères à la ville, les migrantes venant de la campagne, les filles exclues du système matrimonial parce qu’elles ont été violées, parce qu’elles sont des servantes enceintes et chassées, parce qu’elles sont veuves ou abandonnées. Mais il existe aussi une prostitution moins miséreuse, de femmes qui reçoivent discrètement chez elles des hommes de bonne condition, et que le voisinage tolère plus ou moins bien.
Les pratiques sexuelles, pour ce que l’on peut en savoir, semblent être communément orales, anales, manuelles et interfémorales, les femmes fuyant le rapport vaginal pour des raisons contraceptives.
La prostitution pendant la période médiévale fait l'objet d'un traitement inégal. La ville de Marseille, à elle seule, présente plus d'un revirement de sa réglementation qui va de la prohibition la plus sévère à une certaine complaisance en passant par une taxation par les autorités. Thomas d'Aquin pensait que si on supprimait la prostitution, le désir incontrôlable des hommes risquait de menacer le reste de la société et les honnêtes femmes, leur couple en particulier. Tullia d'Aragon et Rosa Vanozza furent des hautes figures de ce temps, la dernière devenant à trente ans la maîtresse attitrée du pape Alexandre VI et lui donnant quatre enfants. Un ordre de Sainte-Marie-Magdeleine fut instauré pour la réinsertion des prostituées. Leur réputation est cependant mauvaise, Jeanne d'Arc, par exemple, chassa les ribaudes qui suivaient son armée. Les prostituées furent souvent les compagnes des soldats.
À partir du milieu du XVIe siècle, la tendance à organiser la prostitution se renverse et la fermeture des maisons se généralisent dans toute l’Europe, en pays réformés comme en pays catholiques, même si un roi comme François Ier préfère une prostitution légale à une cachée : il paye ainsi officiellement (sur ordonnance) une mère maquerelle chargée de fournir des filles de joie aux hommes de sa cour8. En France, l’ordonnance de proscription date de 1560. À partir de ce moment, la prostitution sera pourchassée, mais comme les actions seront plus ou moins sévères et plus ou moins persévérantes, suivant les époques, le phénomène va perdurer : il lui suffit de s’adapter, et de se développer dans la clandestinité.Sources wikipédia.http://boutic.annik.1tpe.fr

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