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dimanche 16 décembre 2012
Les origines flamandes du Roman de Renart.
REINAERDE DEN VOS
(Renart le Goupil)
Les origines flamandes du Roman de Renart
Il n’y a plus à présenter, sans doute, le Roman de Renart et ses multiples historiettes qui mettent en scène Renart le Goupil, Ysengrin le Loup, Chantecler le Coq, Noble le Lion, Tybert le Chat, Brun l’Ours, etc. Satire de la société du moyen-âge, le Roman de Renart nous passionne toujours, parce que les fondements de la société n'ont guère changé : il y a toujours des princes, des tyrans, des riches, des gouvernants divers qui sous couvert de démocratie ou d'inspiration divine - on choisira selon ses affinités propres - nous harcèlent, nous trompent, nous mènent où bon leur semble... et ne nous rendent pas plus heureux. Renart le Goupil est une sorte de rebelle, un "desperado", dont la seule arme, face aux pouvoirs, est l'ironie et la dérision.
Renart le Goupil est aussi le symbole du « trickster », fripon, farceur, personnalité chaotique à la fois bonne et mauvaise, sérieux ou drôle, individualiste, anarchiste, qui remet en cause les institutions, les lois, la morale… Ce type de personnage est présent dans de nombreuses mythologies et traditions. Il est la « face cachée » des dieux, et peut-être, quelque part, la justification-absolution des côtés sombres de l’âme humaine. On le retrouve dans les mythes nordiques, sous les traits de Loki, dieu qui s’oppose aux dieux; chez les Indiens d’Amérique, c’est le Coyote ; Amaguq chez les Inuits ; le Lièvre en Afrique ; etc. Sa « psychologie » et son rôle dans les affaires humaines et divines, ont été fort bien expliqués par Mircea Eliade, Claude Levi-Strauss, Carl-Gustav Jung, entre autres. Il est encore ce Thyl Ulenspiegel des premiers textes, avant que Charles De Coster n’en fasse un héros très recommandable.
Renart, finalement, est un sale type. Mais il est sympathique. Et un sale type sympathique face aux sales types antipathiques des pouvoirs... le peuple aura vite fait son choix. Nobody's perfect.
Tous les petites Belges, les petits Français, les petits Allemands, et d’autres, ont entendu cette fable, un jour ou l’autre.
Diverses versions de ce « roman » ont été écrites, en France et en Allemagne principalement. Mais ce que l’on aurait bien tendance à ignorer, c’est que la première version, qui servit de bases aux versions ultérieures, a été écrite par un Flamand, Nivard de Gand, en l’an de grâce 1150, en vers latins, sous le titre « Reinardus Vulpes, carmen epicum seculis IX et XII conscriptum ».
Une version postérieure a été écrite en flamand (dans sa variante « thioise », ou « Diets », parlée entre 1200 et 1500), qui situe l’action du roman en Flandre, principalement dans le territoire-frontière entre Zeeuws-Vlaanderen (Pays-Bas) et Oost-Vlaanderen (Belgique). Tirée du Manuscrit de Combourg (fin XIVème siècle), cette version, écrite par Willem, est également inspirée par des versions françaises (l’une d’elle est probablement le « Plaid »), elles-mêmes postérieures au « Reinardus Vulpes » de Nivard de Gand.
J.F. Willems, dans un article publié en 1833 dans le Messager des sciences et des arts de la Belgique, nous livre l'une des plus intéressantes études qui tende à démontrer les origines flamandes du Roman de Renart. Je vous en livre ici la teneur.
Sources : Charles Saint-André
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