mercredi 6 février 2013

Dans l'ombre des templiers.

‎13 / DANS L'OMBRE DES TEMPLIERS


Sans cesse nous les poursuivions, et cela devenait un jeu pour nous de rivaliser avec l’ennemi comme au bon vieux temps, lorsque nous étions en croisade contre les Infidèles. Nous n’avions pas peur de mourir !... Dieu veillait sur nous ! Suite à notre vigilance et à notre rapidité pour agir, les coupe-jarrets pris d’une grande frayeur se résignèrent à quitter les deux vallées pour ne plus revenir dans le pays. N’ayant plus d’occupation guerrière, nous reprirent notre vie monastique. La solitude commença alors à nous peser…

Les années passèrent et je me voyais vieillir. Je ressentais une immense fatigue me pénétrer… Je ne pouvais plus veiller sur mes frères ni sur notre maison. Après la visite du Commandeur Templier de province, je fus dispensé des matines, mais je devais chanter les treize oraisons ordonnées tout en me reposant. « In conspectu angelorum psallam tibi » «Je chanterai pour toi devant les anges »…

Le souvenir des croisades lui revenait à l’esprit, lui qui participa à l’une d’entres elles. Il se rappelait aussi d’avoir lu Fouchet de Chartres dans son « Historia Hierosolymitana », où il décrivait le prêche enflammé du pape Urbain II appelant le 27 novembre 1095, l’Occident chrétien à la guerre sainte contre les Infidèles.

« Comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu du Moyen Orient, les Turcs, s’est avancé jusqu’à la Méditerranée, au détriment des terres des Chrétiens. (…) Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu. (…) Aussi je vous exhorte et je vous supplie, et ce n’est pas moi qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même, vous les hérauts du Christ… Je vous exhorte donc de les persuader tous, chevaliers, piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le Christ l’ordonne. A tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui participeront à ce voyage, en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu. Quelle honte, si un peuple aussi méprisé, aussi dégradé, esclave des démons, l’emportait sur la nation qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! Qu’ils aillent donc au combat contre les infidèles, ceux-là qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam des fidèles ! Qu’ils soient désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n’étaient que des brigands ! Qu’ils luttent maintenant, à bon droit, contre les barbares, ceux-là qui se battaient contre leurs frères et leurs parents ! Ce sont les récompenses éternelles qu’ils vont gagner, ceux qui se faisaient mercenaires pour quelques misérables sous. Que ceux qui voudront partir ne tardent pas. Qu’ils louent leurs biens, se procurent ce qui sera nécessaire à leurs dépenses, et qu’ils se mettent en route, sous la conduite de Dieu, aussitôt que l’hiver et le printemps seront passés.»

LA SUITE SAMEDI...

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