Saint-Paul-de-Fenouillet Sur la piste d'un trésor enfoui
Le 09 février à 08h46 par Sophie Babey | Mis à jour le 09 février
Amusons-nous un peu. Pour cela, remisons un instant nos certitudes au placard. Le temps d’un voyage en pays cathare, hors des sentiers battus. Imaginons un trajet qui partirait de Rennes-le-Château, sur la piste de l’abbé Saunière, serpenterait au pied du mont Bugarach -l’Illustre !-, et pousserait gentiment jusqu’à Saint-Paul-de-Fenouillet. Un itinéraire au parfum d’intrigues. 43 km au compteur, dominés par les reliefs calcaires des Corbières, pour atteindre un ancien monastère à la croisée des chemins des amateurs d’art sacré, des chercheurs de trésors et autres mystiques de tout poil. Et ce n’est que le début.
Car il y a du sérieux dans cette histoire, et suffisamment de mystère aussi pour ouvrir la porte à toutes les interprétations. Bref, tous les ingrédients pour faire de Saint-Paul un nouveau haut-lieu de la curiosité populaire. Au commencement donc, était une maison de 1000 m2 , achetée à un particulier en 2008, grâce à une petite annonce sur l’Indépendant (sic). Il s’agit en fait de la moitié du chapitre de Saint-Paul, ancien monastère du IXe siècle érigé en église collégiale au début du XIVe siècle. Le nouveau propriétaire est un agent immobilier ayant pignon sur rue à Perpignan.
Franck Amiel, qui se dit lui-même “habitué aux coups de chance”, se lance avec un certain courage dans un chantier de réhabilitation de longue haleine, qui deviendra au fur et à mesure de plus en plus prenant... Dans les années 1970 avaient été mis au jour les restes remarquables d’une fresque médiévale recouverte par plusieurs couches de plâtre. Dans la partie supérieure de l’ancienne salle capitulaire, transformée depuis des siècles en écurie, un Christ en majesté (ou Dieu le Père, lire l’avis de la restauratrice ci-dessous) domine une galerie de personnages bibliques presque tous assez facilement identifiables. Le tout dans des tons soutenus d’ocre et de bleu. L’œuvre murale, malheureusement piquée au burin, ne peut s’observer qu’à la lumière artificielle. Car la pièce est quasi-aveugle, à l’exception d’une antique porte, gardienne du temple, qui ne consent qu’à contre-cœur à laisser s’épancher la lumière du jour. Entre un vieux plancher percé et un toit récent qui a remplacé le dôme, la fresque s’étale sur quelque 8 m de long et 6 de haut, encadrée par des départs de voûte.
Une “force” religieuse
Rapidement, Franck Amiel se rapproche de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles) du Languedoc-Roussillon, et dès 2009, la fresque de Saint-Paul-de-Fenouillet est inscrite au patrimoine au titre des monuments historiques. A partir de là vont commencer à se greffer toutes sortes d’événements et d’histoires propres à faire sourire les plus cartésiens. Le bruit commence à courir que la fresque recèlerait une force religieuse hors du commun, pourvoyeuse d’apaisement, voire plus...
«Petit à petit, des gens sont venus la voir, ont ressenti le besoin de venir prier devant et ont commencé à dire qu’elle apportait du réconfort. Et aujourd’hui, plusieurs personnes m’ont affirmé qu’elle avait exaucé leurs vœux», explique Franck Amiel, légèrement mal à l’aise à l’idée qu’on pourrait le prendre pour un illuminé.
Médaille et fragments d’os humains
Il poursuit pourtant son récit en expliquant qu’au cours de ses travaux ces dernières années, il est allé de trouvaille en trouvaille. Tant et si bien qu’il commence à se demander ce que recèle encore sa maison.
Dans les murs ou dans le puits, des pierres sculptées, des poteries anciennes, des fragments d’ossements humains, un chandelier de style byzantin, une pièce, une médaille napoléonienne... autant de trésors d’époques différentes qui laissent à penser qu’au fil de l’histoire de nombreux objets auraient été cachés. C’est là où la réalité rejoint la légende. Car il circule beaucoup d’histoires à Saint-Paul. Tout d’abord, plusieurs écrits historiques mentionnent l’existence de souterrains, notamment sous la collégiale, qui servaient aux moines qui occupaient les lieux à fuir en cas d’attaque. Il se dit aussi qu’à la Révolution notamment, et peut-être auparavant lors d’incursions catalanes, les fuyards auraient mis leurs biens en lieux sûrs.
Sondage par scanner
Ainsi Franck Amiel a-t-il retrouvé de nombreux documents authentiques des XVIII e et XIXe siècle, relatant la vie de Saint-Paul-de-Fenouillet, « cachés dans la paille du plancher, au grenier». Chaque pièce, mur, niche est une cachette potentielle. Mais surtout, les sols sont l’objet de toutes les interrogations. C’est pourquoi sont programmées la semaine prochaine des opérations de “scannérisation” des sous-sols, à la recherche de cavités, dont on espère même obtenir un aperçu du contenu. Etant donné les nombreuses pages d’Histoire que la demeure abrite, toutes les hypothèses sont permises. Plusieurs voyants et médiums ont déjà donné leur avis sur la chose : des trésors liturgiques et archéologiques, des pièces d’or, des restes humains. Tout a été avancé. Reste à savoir si la réalité surpassera l’imagination.
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